Une Installation vidéo propose la mise en scène de l’image en mouvement dans un dispositif combinant un ou plusieurs médias qui une fois « installés», jouent avec les habitudes de perception du spectateur.
Plongé dans l’obscurité, l’installation vidéo multimédia de Meriem Bennani transforme l’espace de la Criée et offre une expérience immersive. La vidéo projection est éclatée – ou diffractée – sur un total de huit « écrans-sculptures », tous sont de tailles et formes différentes :
- Quatre sont de grandes dimensions et jouent avec la « forme type « de l’écran. L’un d’eux est courbe, de très grande dimension, un autre est rectangulaire et posé en équilibre sur un angle – tout en étant traversé d’un tube de lumière-, le troisième épouse tout à la fois la surface du mur et du sol, le quatrième est un immense écran circulaire où l’image est elle-même diffractée en six écrans concentriques.
- Deux autres écrans sont des sculptures inspirées des formes dessinées sur logiciel de 3D sur des principes d’extrusion ou d’ incorporation de formes. L’une est un tube sortant du sol sur un plan incliné, l’autre est un assemblage de trois tubes et trois formes planes en plexiglass-. Les deux derniers sont de petits écrans circulaires intégrés aux murs. Contrairement aux autres, ils diffusent un seul type d’image ; d’un côté semblent flotter des crabes en 3D, de l’autre, voler des papillons. Ces animaux sont inspirés des émojis et agissent comme une sorte de double émotionnel des personnages principaux de la vidéo : Siham et Hafida.
Des éclairages bleus et oranges viennent également structurer l’espace. Dans ce film de 30 minutes, le montage, la musique (live, enregistrée), les bruitages et les effets spéciaux empruntent autant aux langages du film documentaire, de l’animation 3D, qu’à ceux des réseaux sociaux ou du cartoon et mêlent ainsi réalité et fiction. Les visiteurs sont donc invités à regarder mais aussi à se déplacer et se laisser envelopper pour vivre une expérience physique immersive dans un paysage visuel et sonore composite.
La Criée a déjà accueilli par le passé d’autres installations vidéos. Parmi elles, en 2010, Julie C. Fortier expose Cinéma-Maison. Dans cette installation vidéo, la stabilité de la maison est malmenée. L’artiste propose deux écrans montrant de façon simultanée la construction et la déconstruction d’un pavillon. Ainsi, elle place le spectateur au sein d’un jeu d’assemblage et démantèlement et lui offre un autre regard sur ce qui nous entoure. A l’instar de Meriem Bennani, elle adapte ses dispositifs de présentation au contexte de chaque exposition.
D’autres formes d’installations vidéo existent. Shirin Neshat, une artiste iranienne qui aborde des questions sociétales de l’Iran présente sous forme de trilogie vidéo : Fervor, 1996, Turbulent 1998, Rapture 1999, toutes en noir et blanc. Ces vidéos proposent une image de la société islamique en s’intéressant à la position de la femme dans l’islam, les codes religieux ou les codes sociaux et culturels. Comme Julie C. Fortier, elle crée un dialogue entre chaque vidéo, notamment Turbulent et Rapture qu’elle présente sur deux écrans soit côte-à-côte, soit se faisant face. Parfaitement coordonnées, les deux vidéos créent de forts contrastes : hommes/femmes, noir/blanc, son/silence, qui lui permettent de souligner et dénoncer les contradictions iraniennes.