Le temps est une dimension qui ne peut être parcourue que dans un seul sens. En effet on ne peut revenir en arrière, le présent se transforme toujours en passé, tandis que le futur n’est pas encore advenu, on s’y projette. Ces trois temps régissent notre existence: passé, présent et futur. L’être vivant avance comme sur une ligne, il évolue et grandit avec le temps.
Cette condition temporelle des êtres vivants est une source d’inspiration artistique ancienne, ainsi de nombreuses œuvres ont pour thème la fuite du temps et le temps lui même. Certaines œuvres rappellent la mémoire de ce qui disparaît ou se vivent à l’instant présent, d’autres imaginent le monde du futur.
Dans l’environnement qu’il dessine à la Criee, Gareth Moore convoque « les temps », et ceci dans une dimension quasi atemporelle ou infini; sur l’affiche on peut lire cette proposition pleine d’humour « pour 400 siècles ou plus? », les dessins grattoirs évoquent eux, une sorte d’alphabet immémoriel, tandis que les matières organiques vivent au temps présent de l’exposition: la terre sèche, les feuilles de sauge se consument au contact du feu. Certains des temples semblent là depuis toujours et pour toujours, d’autres évoquent un quotidien familier, ils pourraient également tous appartenir à une catégorie où les choses seraient en train de se faire.
Le temps de l’œuvre semble ainsi étiré et suspendu. Il peut susciter différentes attitudes et réflexions chez le spectateur: contemplation, méditation sur l’écoulement du temps, hésitation entre convocation de la mémoire et projection face à ces objets et matières qui évoquent à la fois un vécu et appellent une utilisation à venir.