Pour l’exposition Mime, Paul Collins a produit l’ensemble History of modern art, qui rassemble différentes peintures se référant aux ouvrages qui ont marqué sa formation artistique, débutée dans les années 1970 à l’école d’art de Toronto, puis en tant que photograveur.
- History of Modern Art
Quatre de ses toiles reproduisent les pages de l’ouvrage History of Modern Art (p. 249, p.344, p.617, p. 624) un livre écrit par H. H. Arnason[1], qui a été la référence pour nombre d’étudiant.e.s en école d’art dans les années 1970 en Amérique du Nord. Cet ouvrage retrace une histoire de l’art occidental, depuis la Révolution française jusqu’aux années 1960. Sur ses toiles, Paul Collins représente le texte des pages par des bandes moirées. Les images du livre restent quant à elles reconnaissables.
Les œuvres que l’on peut reconnaître dans cette série sont notamment :
- Marcel Duchamp (1887-1968), 3 Stoppages-étalon, 1913-64, trois morceaux de ficelle d’un mètre chacun, toile peinte, 28 x 129 x 23 cm chaque panneau
- Hans Arp (1886-1966), Trois objets désagréables sur une figure, 1930, bronze, 21.5 x 36.5 x 26 cm
- Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) et Lilly Reich (1885-1947), Fauteuil Barcelona, 1929
- Ellsworth Kelly (1923-2015), Derrière le miroir n°149, 1964, lithographie, 38 x 27 cm
- Bridget Riley (1931), Drift 2, 1966, peinture émulsion sur toile, 232.41 x 227.33 cm
Ces différent.e.s artistes sont représentatif.ve.s des mouvements d’avant-garde qui se sont succédés au XXe siècle en Europe et aux États-Unis. Icône des avant-gardes européennes, Marcel Duchamp a côtoyé les mouvements du cubisme, du futurisme, du dadaïsme, etc. Dans son œuvre, il cherche à s’affranchir des normes de l’art. Hans Arp côtoie les mêmes cercles artistiques, il est à l’origine du mouvement dada à Zurich en 1916. Reproduit sur une toile de Paul Collins, le fauteuil Barcelona a été dessiné par Mies van der Rohe et Lilly Reich, membres de l’École du Bauhaus. Il fait partie des créations emblématiques du mobilier moderne au XXe siècle. Une autre toile fait référence à Ellsworth Kelly dont l’œuvre est associée à l’histoire de l’art abstrait américain de la seconde moitié du XXe siècle. Enfin, on identifie une œuvre de Bridget Riley, artiste anglaise de l’art cinétique – Op Art – des années 1960, mouvement d’expérimentation autour des effets d’optique.
- At Five in the Afternoon
Parmi ces références à l’histoire de l’art, un artiste a une place toute particulière pour Paul Collins. Il s’agit de Robert Motherwell (1915-1991) ; Paul Collins reproduit sa toile At Five in the Afternoon (1949) en conservant son titre et en accentuant les effets mécaniques de la copie. Artiste américain, Motherwell est associé à l’expressionnisme abstrait, premier grand mouvement artistique aux États-Unis qui voit le jour après la seconde guerre mondiale. Paul Collins apprécie tout particulièrement le calme qui émane des toiles de Motherwell, souvent composées de noir et de blanc. La peinture de Motherwell fait référence au titre d’un poème de Federico Garcia Lorca (1898-1936), « at five in the afternoon », qui a également inspiré un poème de Ted Berrigan dont Paul Collins a reproduit la mise en page dans sa toile, at five o’clock in the afternoon (2020). L’artiste révèle ainsi son intérêt pour la peinture abstraite américaine et la poésie concrète. On devine à travers la mise en page des textes moirés de quel type d’ouvrage il s’agit.
Pour découvrir la toile de Motherwell, rendez-vous sur le site du Moma.
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[1] H. H. Arnason, History of Modern Art : Painting, Sculpture, Architecture, New York, Harry Abrams Inc., 1968.