Mime, Mathis Collins, La Criée, Rennes
Dans cet article, nous allons étudier la manière dont l’artiste s’approprie la technique de sculpture sur bois.
1. L’artiste
Mathis Collins est un artiste contemporain, autodidacte sur la pratique du bois. Très reconnu pour la mise en œuvre artisanale de ses sculptures, il se différencie des autres artistes en travaillant directement sur la matière. Ainsi cela nous amène à nous interroger sur la façon dont Mathis Collins s’approprie la sculpture sur bois.
2. Son procédé technique
En effet, l’artiste mène un procédé singulier en laissant de côté la phase d’esquisse, commune dans la sculpture du bois, afin d’exprimer son art de manière instinctive. Avant même de travailler la matière, il commence par l’assemblage de planches en bois de tilleul. Les planches sélectionnées, issues d’un atelier de menuiserie local, ont une épaisseur variant de 5 à 10 cm. Ce bois homogène de couleur claire, possède un grain tendre et fin qui facilite sa taille. Celui-ci est très apprécié dans la sculpture car il ne se rétracte pas et fissure peu, permettant d’éviter toutes déformations de l’œuvre.
Une fois l’assemblage réalisé, il dégrossit différents plans dans l’épaisseur des planches. Puis, recouvre celles-ci de peinture noire afin de faire ressortir le dessin sculpté, en clair, qu’il creuse dans la surface à coups de gouge. Cette technique lui permet de marquer définitivement des volumes et des textures propres à chacune de ses œuvres. Afin de rehausser les bas-reliefs de couleurs, l’artiste peint certaines surfaces qu’il ponce. Ce travail fastidieux, met en valeur les couleurs incrustées dans les entailles du bois. Par ailleurs, le bois peut se révéler imprévisible par ses irrégularités (nœuds, trous) offrant une part de hasard à l’œuvre.
Enfin, Mathis Collins termine ses œuvres en peignant des formes, de types personnages, décor ou autre, en couleur, en suivant la gravure. Pour parfaire son travail, il re-ponce l’ensemble et applique un vernis de finition.
À la suite de ces nombreuses étapes, le support final mesure environ 3 cm d’épaisseur. Il aura fallu deux mois à Mathis Collins pour réaliser 15 travaux (5 triptyques).
3. La technique de la taille de tableaux de bois et d’autres types de tailles de bois
La taille du bois est un art répandu dans le monde avec plusieurs manières de sculpter qui dépendent de l’héritage de savoir-faire de chaque artisan et des matériaux disponibles. Elle se différencie des autres matières utilisées dans cette discipline, notamment pour deux raisons principales.
Premièrement, les finitions pour bois sont particulièrement variées. Chacune permet une mise en valeur tant du bois que du sujet. La plus connue mais aussi la plus simple est la cire d’abeille. De plus, il existe aussi le vernis tampon qui fait ressortir le veinage du bois et lui donne un effet miroir. La dorure à l’or, par placage de feuilles d’or, donne une finition très particulière. Il existe beaucoup plus d’autres finitions, mais chacune est utilisée pour mettre en valeur l’œuvre.
Deuxièmement, comme mentionné auparavant, il faut fréquemment préparer le bois en assemblant différents morceaux. Cet assemblage varie selon ce que l’on désire réaliser : un bas-relief ou une sculpture statuaire. En effet, il existe différents types de techniques de sculpture sur bois.
La sculpture en bas-relief, contrairement aux sculptures complètes, consiste à travailler des figures dans le bois. L’artiste commence par un morceau plat de bois, et il sculpte des figures dedans, en laissant l’arrière à plat. Les œuvres de Mathis Collins appartiennent à ce type de sculpture. Néanmoins, ses techniques lui sont propres, l’opposant à d’autres artistes réalisant des bas reliefs, tel que Rémy Amato.
Le Grand Chêne, Rémy Amato, sculpture sur bois bas-relief
Amato, sculpteur français, fait également de la sculpture sur bois à la gouge, mais utilise différentes finitions dans chacune de ses œuvres. Il fait donc des sculptures sans teintures ou finitions apparentes, tel que Le Grand Chêne. L’artiste réalise également des œuvres avec des finitions, telles que la gravure sur bois de merisier Temple, représentant le Wat Siphoutthabath de Louang Prabang au Laos, doré à la feuille de cuivre jaune.
D’autre part on peut aussi évoquer la sculpture en rond ou sculpture complète, où tous les côtés sont sculptés, contrairement aux sculptures en relief. Thierry Martenon, sculpteur français, fait partie des artistes qui se consacrent à ce type de sculpture. Suivant une taille directe, semblable à celle de Mathis Collins, il travaille néanmoins sur des œuvres complètes. Son travail est caractérisé par une texture abondante résultant d’une démarche qui se concentre sur la recherche esthétique des formes abstraites et de la matière. Ainsi, utilisant un même procédé intuitif et une même matière, deux artistes arrivent à créer deux sculptures différentes tant en typologie de sculpture qu’en sujet sculpté.
n°021219 – Épicéa / Spruce – Diam. 1700 x 90 mm, Thierry Martenon
Finalement, la sculpture de bois est une technique extrêmement variée et riche, qui comprend des œuvres très diverses. Au vu du développement de ce domaine, on pourrait imaginer que tout a été découvert et réinventé. Néanmoins, on retrouve, encore aujourd’hui, des artistes qui essaient de renouveler et d’innover dans l’utilisation du bois sculpté. On peut faire appel à l’artiste russe Sergei Bobkov, par exemple. Ce sculpteur a développé une technique unique de sculpture sur bois. Son procédé : tailler une centaine de morceaux de bois de 5 à 8 cm, les plonger dans l’eau plusieurs jours, puis les retailler pour donner les copeaux avant l’assemblage. Il utilise ces copeaux de bois de cèdre de Sibérie et les assemblent de façon à créer d’incroyables animaux réalistes.
Sculpture d’un hibou en copeaux de bois, Sergei Bobkov
– Article rédigé par Élodie, Juliette et Alexia