vendredi 19 mars 2021, par lacriee

Henry Darger, Storm brewing. This is not strawberry the little girl is carrying, détail, décalque, aquarelle, 77×317 cm

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L’ART BRUT, UNE SOURCE D’INSPIRATION

L’Art brut est le terme par lequel le peintre Jean Dubuffet désigne les productions de personnes exemptes de savoir artistiques. Il s’agit d’un art « étranger à la culture ». Les artistes « bruts » se trouvent donc à inventer leur propre style, leur propre méthode, à créer à partir de rien – ou presque. C’est également l’art du recyclage. Dans les productions de Jockum Nordström, les matériaux sont à la fois simples et variés. Nous y trouvons des sculptures en boites d’allumettes – en carton usagé, divers collages et découpes en papier. À l’exception de ces œuvres principalement réalisées avec des matériaux dits « pauvres », il y a cet aspect dans les œuvres de Jockum Nordström qui fait écho à l’art brut, celui du « prétendu mal fait », qui est volontaire de sa part. Les formes, les personnages débordent du cadre, les traits sont parfois grossiers, tremblants. Des couleurs volontaires, des parties inachevées voire même effacés, des découpes pas nettes, des pliures pas droites.

Plusieurs artistes d’art brut inspirent le travail de Jockum Nordström :

Henry Darger  (1892-1973)

Né en 1892 à Chicago, Henry Darger n’a pas eu une enfance facile, marquée par des tragédies familiales. À l’âge de quatre ans, sa mère décède, l’enfant vit alors seul avec son père avant d’être placé dans un orphelinat. Très intéressé par l’histoire qui découle de la Guerre civile américaine alors qu’il est à l’école, ce sont ses professeurs qui remarquent des troubles chez l’enfant âgé de douze ans. Il est alors examiné puis interné dans un centre de Lincoln, destiné aux enfants atteints de troubles mentaux. À la suite du décès de son père, Henry Darger âgé de dix-sept ans revient s’installer dans sa ville d’origine où il travaille dans les hôpitaux de la ville, jusqu’à sa retraite en 1963.

Toute sa vie durant, Henry Darger composa un récit de 15.145 pages dactylographiées intitulé « In the Realms of the Unreal » ainsi qu’une autobiographie de 5.084 pages. Son œuvre retrace l’histoire des « Vivian Girls », ces petites filles représentées pourvues de sexes masculins, dans un éternel combat entre les forces du mal et du bien dans le pays d’Abbiennia.Ses écrits et dessins furent découverts suite à sa mort par Nathan Lerner, son logeur. Cette œuvre colossale a occupé l’artiste pendant une soixantaine d’années et relève une technique de reproduction incroyable, entre collages, décalquages et dessins à l’aquarelle.

 

James Castle

James Castle (1899-1977) était un artiste américain qui s’inspirait des détritus de la vie quotidienne, principalement des matériaux recueillis chez sa famille, tels que des enveloppes, des emballages, des publicités et des carnets d’allumettes. Travaillant principalement avec de la suie, de la broche et des outils artisanaux, il a pu créer un style riche et complexe qui lui était propre. Castle est né sourd et avait des moyens de communication limités. Cependant, grâce au soutien de sa famille, il avait un espace dédié, des fournitures et beaucoup de temps pour faire de l’art. Bien qu’il n’ait été reconnu pour son art que dans les années 1950, le travail de Castle est maintenant exposé dans des musées et des galeries du monde entier.