La lumière dans l’art contemporain //

jeudi 19 janvier 2023, par lacriee
Depuis toujours la lumière est constitutive des pratiques artistiques. Depuis l’Égypte ancienne avec ses pyramides, en passant par le moyen-âge et les vitraux des cathédrales, la lumière sert à incarner la présence du divin. Dans les arts visuels et plastiques, la lumière est un élément incontournable. Dans la peinture, des artistes tels que Rembrandt, Vermeer, Caravage, ou Monet ont excellé dans l’imitation des effets de la lumière.
À la fin du 19e siècle, l’apparition de la lumière artificielle permet l’apparition de la photographie et du cinéma. Cependant c’est dans la première partie du 20e siècle avec l’apparition du néon en 1910, que la lumière va devenir un véritable outil de travail. D’abord pour les publicitaires puis dans l’art. En 1949 Gjon Mili photographie Pablo Picasso dessinant des formes dans le vide à l’aide d’une lampe de poche. En 1951, lors de la 9e Triennale de Milan, l’artiste Lucio Fontana, s’inspirant de ces photographies, réalise une œuvre monumentale en néons blancs « Luce spaziale ». Par la suite de nombreux artistes tels que : Martial Raysse, Joseph Kosutz, Mario Merz, Dan Flavin vont utiliser les néons comme matériaux pour leurs œuvres. (voir aussi : https://correspondances.la-criee.org/les-ressources-pedagogiques/neon-lart-contemporain/)
Dès le début des années 60, certains artistes utilisent la lumière pour créer des ambiances, des atmosphères qui sont données à vivre, à éprouver, et non plus à juste observer. C’est le cas des environnements immersifs de James Turell ou encore d’Olafur Elliasson avec notamment son œuvre The Weahter Project (2003). Aujourd’hui, la lumière artificielle est utilisée de nombreuses manières différentes : pour projeter des ombres (Changements d’humeurs brutaux, Tim Noble & Sue Wester, 2009-2010), pour créer des ambiances lumineuses dans la nature (Bioluminescent, Forest Friedrich van Schoor et Tarek Mawad, 2014), ou même pour créer une œuvre d’art transgénique (GFP Bunny, Alba, Eduardo Kac, 2000 : une lapine génétiquement modifiée pour être fluorescente à la lumière bleue, cette œuvre controversée à amener des débats éthiques sur la vie à l’ère de l’usage des biotechnologies).
Que ce soit dans les arts visuels, les arts vivants, l’architecture, le cinéma, etc. la lumière, artificielle ou non, est un médium, un paramètre important pour les artistes. Selon la façon dont elle est utilisée, modelée, elle peut susciter de nombreuses émotions : de l’émerveillement à la peur, du calme au tourment…

Dans l’œuvre de Judith Kakon c’est l’absence de lumière qui interpelle le spectateur. Face à des formes que celui-ci connait comme lumineuses et festives, elles sont cette fois en mode veille ou plutôt en mode stockage. Ce n’est donc par la lumière qui amène à émouvoir mais la forme, l’objet. Ceci entraîne également des questionnements sur l’usage et la valeur objet/œuvre, ainsi que sur l’espace d’exposition.