Le Corbusier et Chandigarh en Inde //

lundi 7 octobre 2024, par lacriee
  1. Le Palais de l’Assemblée situé dans le complexe du Capitole de Chandigarh conçu par Le Corbusier, destiné à l’origine à servir de bâtiment à l’Assemblée législative de l’État bicaméral du Pendjab oriental

Dans le film Biomimetic Stories #4 BioluminescentTTower, Pierre Jean Giloux projette une réplique virtuelle de la Tour d’ombres de Le Corbusier qui se trouve dans la ville de Chandigarh en Inde. Cette ville, construite dans l’état du Penjab, a fait partie d’une vaste plan d’urbanisation projeté par le gouvernement indien, au lendemain de l’indépendance de l’Inde en 1947. Confiée à l’architecte français Le Corbusier, elle a été conçue comme un symbole de la Nouvelle République indienne, de la modernisation du pays, une utopie sociale avec un idéal d’équité et d’esthétique moderniste. Les travaux ont débuté en 1951 et ce sont achevés en 1965.

Les plans urbanistiques, réalisés par Le Corbusier, divise la ville en 61 secteurs, organisés autour de quatre fonctions : l’habitation, le travail, les loisirs et la circulation. L’architecte choisit d’abandonner la verticalité de ses Unités d’Habitations au profit de l’horizontalité, avec des maisons ouvertes sur l’extérieur avec des jardins. Il organise la ville et ses voies de circulation pour que tous les services soient accessibles en dix minutes.

Le Corbusier dessine également les plans du complexe du Capitole, le cœur du pouvoir régional. On y trouve quatre « édifices » : la Cour suprême, l’Assemblée législative, le Secrétariat et le Musée de la connaissance (qui symbolisent les fonctions principales de la démocratie), ainsi que six monuments disposés chacun au cœur d’un espace vert avec un aménagement paysagé particulier. Ces architectures monumentales sont réalisées en béton armé, avec des formes rectilignes et des structures légères. Le Corbusier suit la réalisation de ces édifices et monuments, mais aussi du mobilier, des luminaires, des tapisseries monumentales et des sculptures en bas-relief, coulées dans le béton.

Moins connu que son illustre cousin, l’architecte Pierre Jeanneret s’est installé à Chandigarh de 1951 à 1966 et a conçu une centaine de bâtiments et de nombreuses pièces de mobilier.

L’ensemble représente le Modernisme européen avec l’emploi des matériaux du XXe siècle et suit les principes directifs propres à Le Corbusier, en étant adapté aux contraintes locales. Il a ainsi pris en compte la demande de veiller aux conditions climatiques tropicales sans faire appel à des interventions mécaniques couteuses. Ces choix se manifestent dans l’orientation des bâtiments, la conception des brise-soleil et des systèmes complexes d’aération.

Disposés autour de l’axe central de l’Esplanade, les « Monuments » de Le Corbusier sont des éléments sculpturaux avec une portée symbolique. On y retrouve La Main ouverte qui incarne la devise de la ville (« ouverte pour recevoir les richesses créés… ouverte pour les distribuer à son peuple… »), le Modulor qui représente les principes de la « mesure harmonique à l’échelle humaine » conçus par l’architecte ou le Monument au Martyr, qui rend hommage aux morts pour l’indépendance indienne.

La Tour des Ombres, dite aussi Tour des quatre horizons, témoigne quant à elle des préoccupations corbuséennes : l’influence du soleil sur la vie quotidienne des hommes et les défis architecturaux que représentaient les complexités climatiques de Chandigarh. Ses façades proposent différentes solutions au problème de la maîtrise du soleil, suivant les quatre points cardinaux. Elles sont conçues avec Xenakis, ingénieur et géomètre, qui a travaillé à « l’étude Théorique de l’ensoleillement ». Il a pour cela réalisé un diagramme solaire et calculé tous les angles pour que le soleil n’entre pas directement dans le bâtiment.

Dans le film Biomimetic Stories #4 BioluminescentTTower, Pierre Jean Giloux associe ces recherches sur la prise en compte des déplacements du soleil en architecture à celles menées aujourd’hui sur la création de la lumière avec de la biologie cellulaire. Il projette dans la Tour d’ombres, un laboratoire de recherche biologique spécialisé dans la bioluminescence des végétaux.