Dans le cadre de l’exposition L’Épais Réel, Abraham Poincheval fait une performance « La Vigie urbaine »:
« Installé sur une plateforme d’un mètre quatre‑vingt‑dix de long sur un mètre de large, je séjourne une semaine en totale autonomie. À ce radeau des cimes, je suis attaché par une ligne de vie ainsi que tout le matériel embarqué à bord : un sac waterproof, une trousse de premiers secours, les repas pour une semaine, deux jerricans de neuf litres, un rouge et un blanc, un bidon étanche, des sacs‑poubelle, un réchaud à gaz, du matériel de cuisine, deux briquets, du papier toilette, des vêtements de rechange, un sac de couchage haute montagne, un sursac de couchage de protection contre la pluie, une cape de pluie, un tapis de couchage, une lampe frontale, un harnais d’escalade, une ligne de vie, une dizaine de mousquetons, une corde de treize mètres. » — Abraham Poincheval
VIGIE URBAINE
Vigie des âmes coagulées
elle ne descend pas du mât
tout ce qu’elle peut regarder
s’offre à sa vue ici et là
Foule marchant d’un pas morose
d’un air joyeux ou d’un train las
elle repère ce qui se dispose
à s’offrir dans tous les cas
Vigie des places bousculées
Vigie des allées surpeuplées
elle distingue dans la vase
la modification des phases
Raymond Queneau,
extrait de la partie Fendre les Flots du recueil Courir les rues, Battre la campagne, Fendre les flots, (1966 à 1968)