L’art de conter
Le conte fait partie de la littérature la plus ancienne, la plus archaïque. C’est un genre littéraire qui a commencé dans les mondes qui nous ont précédés et qui étaient sans écriture : la littérature était orale, c’était un récit. Cela pouvait être aussi des proverbes, des devinettes, des chansons ou des berceuses. Tout était dit oralement, dans un instant, un lieu, une communauté, pour des personnes qui se rassemblaient et qui faisaient que ce conte était une sorte de parole partagée. Au Moyen-Age, toutes les classes de la population affectionnaient les contes. C’était la plupart du temps un serviteur, doué pour ce genre d’exercice, qui racontait à ses maîtres. Dans la bourgeoisie du XVIIIème siècle, il a été considéré que les contes étaient destinés aux enfants. Dans les classes populaires, cependant, les contes ont continués à vivre. Au XIXème siècle, le conte était l’apanage des gens des campagnes. Conter est un art difficile et exigeant qui demande à celui qui s’y risque une foule de qualités : du goût pour l’art de dire, une bonne mémoire, une excellente culture générale, du talent et un sens du merveilleux hors du commun.
Une histoire du conte
L’homme a toujours aimé les récits merveilleux et extraordinaires. Il s’est d’abord plu à écouter les épopées (contes héroïques) ; puis au fur et à mesure que l’esprit s’affina, le conteur prit pour objet de ses récits les événements de la vie réelle, qu’il transformait au gré de sa fantaisie, soit en leur donnant la couleur du merveilleux, soit en les présentant sous une forme satirique, soit encore en recueillant les traditions populaires.
L’Orient est la patrie des contes pleins d’aventures extraordinaires, où le merveilleux joue le principal rôle. Le Livre des Mille Et Une Nuits est un recueil anonyme de contes populaires d’origine persane et indienne écrit en langue arabe. Shéhérazade raconte chaque nuit à un cruel sultan, une histoire dont la suite est reportée au lendemain. Celui-ci qui avait l’intention d’exécuter la jeune femme ne peut s’y résoudre, reportant l’exécution de jour en jour afin de connaître la suite du récit. Parmi les plus célèbres on trouve: Aladin, ou la Lampe merveilleuse, Ali Baba et les Quarante Voleurs, Sinbad le Marin…
En France, les conteurs se succèdent sans interruption. Au XVIIème siècle paraissent les Contes d’Ouville, les Contes des Fées de Madame d’Aulnoy, les Contes de La Fontaine ainsi que les contes de Charles Perrault à partir de 1691. Auteur prolixe et formalisateur important du conte merveilleux, il est à l’origine entre autres de: Barbe bleue, le Belle au bois dormant, Cendrillon, le chat botté, peau d’âne, le petit poucet, le petit chaperon rouge, Riquet à la houppe… Les contes de la mère l’Oye, son chef d’œuvre, inspirera les générations suivantes de conteurs.
En Allemagne, il faut surtout mentionner Hoffmann et ses contes fantastiques, qui sont presque tous des chefs-d’œuvre: entre autres Casse-Noisette et le roi des souris publié en 1816, puis adapté en ballet par Tchaïkovski. Tout aussi renommés, les frères Grimm ont créé quantités de contes et légendes célèbres: Hansel et Gretel, La jeune fille sans mains, Raiponce, Le Roi-grenouille, Blanche-Neige, Tom Pouce… issus pour la plupart du recueil Contes de l’enfance et du foyer (1812).
Au Danemark, entre 1835 et 1850, Andersen rédige une quantité de contes qui deviendront illustres: la petite sirène, le vilain petit canard, la reine des neiges, la petite fille aux allumettes, la princesse au petit pois… Son inspiration provient de récits qu’il a entendus dans son enfance, de ses observations de la vie quotidienne, voire de sa propre vie (dimension autobiographique).
L’illustration de ces contes merveilleux participe également à nourrir l’imaginaire de ses lecteurs: les plus connues demeurent les gravures de l’artiste strasbourgeois Gustave Doré.
Typhaine Rouillard.
Sources: