Le diagramme de Venn est la représentation classique de la théorie mathématique des ensembles et des sous-ensembles. Cette représentation topologique explicite les relations logico-mathématiques d’inclusion et d’exclusion et par voie de conséquence, les logiques de notions telles que l’union, la complémentarité et la formation de groupes.
La dictature de 1976-1983 en Argentine jugeait ces thématiques comme très sensibles. Ainsi, durant les années 70, la théorie du diagramme de Venn fut bannie des programmes de l’école primaire son propos jugé enclin à troubler l’ordre social et susceptible d’encourager les pensées subversives.
Née en 1978, Amalia Pica a elle-même connu cette école primaire qui interdisait l’évocation de la théorie des ensembles.
Pica définit l’art comme étant une « manière de résister au manque de signification des choses, un essai désespéré de donner du sens à l’absurdité et au caractère aléatoire du monde, et c’est aussi une manière de le célébrer ». À travers son travail d’artiste, Pica explore des thèmes politiques au sens étymologique du terme tels de la communication, les rituels, etc.
La force symbolique du diagramme de Venn lui inspire Venn Diagrams (under the spotlight), une projection lumineuse de deux cercles colorés, présentée lors de la 54ème Biennale de Venise en 2011.
L’œuvre met ainsi en avant la dimension politique inhérente aux échanges d’informations. Amalia Pica interroge les raisons qui ont poussées à considérer l’enseignement des mathématiques modernes comme un risque potentiel de rébellion au sein de l’école, en tant que « premier lieu d’homogénéisation des images ».
En 2013 au Musée Tamayo à Mexico avec l’exposition A∩B∩C, puis à la galerie Herald St. à Londres, la Kunsthalle de Lisbonne, au Van Abbemuseum d’Eindhoven et aujourd’hui à La Criée à Rennes, Amalia Pica poursuit son travail sur les enjeux soulevés par la théorie des ensembles.