Archive de l'Auteur

Sensible – court métrage

jeudi 23 décembre 2021

Sensible interroge les interactions entre humain et non humain. Dans l’exposition « Molusma », le criquet survie dans un environnement privilégié. L’homme prend conscience du temps naturel de chaque chose. Le paysage évolue sous son influence. Les cannettes se confondent aux cailloux, pendant que la patiente moisissure colonise les algues.

Le cadre précise et dévoile l’enfermement dans la même démarche que Mommy de Xavier Nolan où le cadrage se rétrécie pour signifier une extension de liberté.

Les petits criquets regardent avec étonnement cette agitation. Lors de cette rencontre, l’un prend conscience de sa folle démiurgie pendant que l’autre survie jusqu’à la prochaine exposition.

ENTRE TERRE ET MER

jeudi 23 décembre 2021

COMMENT LA RÉCUPÉRATION DES DÉCHETS LOCAUX, PEUT-ELLE FAIRE OEUVRE ?

À la Criée est exposée l’oeuvre  Molusma d’Elvia Teotski.

« Molusma », qui signifie la tâche ou la souillure, consiste en l’étude de l’impact des déchets sur les fonds marins. 

L’artiste Elvia Teotski dans son exposition Molusma a pour but de revaloriser ce nom en ré-employant, elle-même, des déchets. Elle travaille les matériaux sous forme expérimentale. 

Ici, les déchets sont utilisés dans leur forme d’origine, ils ne sont pas transformés ou modifiés avant leur réemploi. L’exposition est composée d’arcs fabriqués à l’aide d’adobes, et également de moulures d’algues en plâtre. Ces adobes, elles, sont composées de déchets, notamment de terre de récupération de chantier et d’algues de récupération du littoral. On retrouve donc une analogie entre terre et mer.

La terre des adobes provient de deux zones différentes. La terre blanche est issue de Marseille et la terre plus orangée de Bretagne. Elles proviennent des chantiers de construction. En effet, c’est sur ces zones qu’il y la plus grande quantité de déchets à exploiter, notamment à Rennes.

Quant aux algues, elles proviennent du littoral. Régulièrement ramassées par les villes, surtout à l’approche de l’été, ces tonnes d’algues sont ensuite inexploitées. C’est à cause de ces marées vertes que cette artiste a voulu travailler avec ce matériau.

Photographies de l’exposition :

         Adobes, briques, moules, briquet, algues.

C’est la ville de Quiberon qui a accepté qu’Elvia Teotski récupère ces déchets. Durant le ramassage des déchets plastiques ont été retrouvés, comme par exemple un briquet, tuyaux de chantier, bâtons de bois flottés, lunette de soleil. Mais aussi des déchets naturels comme des moules, coquillages et huîtres. Elle a choisi d’intégrer tous ces éléments dans la construction comme matériaux de fabrication.

L’artiste revalorise ce que nous considérons comme des déchets pour leur donner une valeur plastique, mais également pour une question écologique afin de montrer une façon de réutiliser des déchets. 

Avant d’être déchet, ces matériaux sont avant tout un objet que nous utilisons pour leurs qualités et leurs caractéristiques. Ce qui fait d’eux des déchets c’est simplement le fait que l’homme n’en ai plus l’utilité. 

Nous pouvons comparer cette œuvre aux œuvres de Sue Webster et Tim Noble. Ils sont un couple d’artistes britannique et réalisent des « sculptures-ombres». Elles sont réalisées à base d’objets mis au rebut et de déchets en tous genres. Ces objets sont ensuite éclairés pour former des ombres-portraits sur les parois environnantes.

Ilona Janet et Pauline Balleroy

L’impact de la scénographie sur le comportement de l’usager

jeudi 23 décembre 2021

Comment la scénographie impact-elle le comportement et la gestuelle de l’usager dans une exposition ?

Tout d’abord, la médiation présentée lors de l’exposition d’Elvia Teotski  intitulé « Molusma » à la Criée permet aux usagers d’arborer une liberté de mouvement. Cette liberté donnée à l’usager permet de découvrir sans contrainte l’exposition et son message. En effet, dès l’arrivé du visiteur, il est invité à découvrir librement l’exposition. 

(suite…)

Les conséquences du vivant sur l’environnement « exposition »

jeudi 23 décembre 2021

 

          Le vivant. Elvia Teotski questionne cette notion sous ses différents aspects au sein d’une exposition intitulée « Molusma ». 

Du grec, « tâche », « souillure » le terme fut proposé dans les années 1960 par le biologiste marin Maurice Fontaine afin de désigner l’ère géologique actuelle, marquée par la production des déchets. Cependant, le terme fut délaissé en faveur de la notion d’anthropocène. Elvia Teotski cherche donc à rendre compte de l’impact qu’entraîne la production de déchets en faisant intervenir le vivant, principal acteur dans ce processus. Pour illustrer la notion de « vivant », Elvia Teotski introduit des vivant d’ordre végétal, animal mais aussi alimentaire. Tous ces vivant aux rythmes de vie divers, entraînent, de ce fait, des conséquences observables modifiant la perception de l’exposition dans le temps et l’espace. Les réalisations d’Elvia Teotski aux tons marrons et verts contrastent avec la pièce d’un blanc éclatant dans laquelle ils sont exposés.

 

          Plusieurs espèces, macroscopiques comme microscopiques, habitent l’exposition Molusma. A commencer par les criquets. Initialement au nombre de 400, ces derniers ont été récupérés dans des élevages leur étant réservés. Ils ont été choisis par Elvia Teotski, comme point d’accroche à la thématique qu’explore l’artiste : l’agriculture intensive. En ce sens, riches en protéine, ils représentent une alternative (notamment pour les cultures asiatiques) à ces méthodes de production irraisonnées. Les conditions de l’exposition ont alors été repensées en leur faveur : augmentation de la température, installation de voilage à l’entrée et apport régulier de nourriture (pommes et salades) en provenance du marché de la Criée. 

Aussi, les criquets peuvent se déplacer librement dans toute l’exposition. Les visiteurs les trouveront plus particulièrement sur les différentes voûtes construites par l’artiste. Celles-ci sont composées de terre, de Marseille ou de Bretagne, et d’algues. La terre abrite de nombreux micro-organismes, qui interagissent avec le milieu, tandis que les algues sont à elles-seules des organismes vivants. La cohabitation entre ces deux éléments n’est pas anodine. Elle illustre la trace humaine et conte l’histoire de l’agriculture intensive. Cette dernière prend racine dans la terre et s’immisce par infiltration dans les nappes phréatiques, puis dans la mer. On observe alors une prolifération d’algues vertes, sur les plages. 

          L’exposition Molusma, donc richement habitée, a depuis son ouverture fortement évolué. Parmi les 400 criquets à l’origine introduits dans cet écosystème, plus des 3⁄4 sont morts. Il est néanmoins possible de voir les plus résistants se déplacer et se nourrir. 

Pommes et salades sont quotidiennement grignotées, même si, fréquemment remplacées. Le papier azyme et les encres alimentaires de Sans fin font aussi le bonheur gustatif de ces insectes. En outre, les feuilles de cette production sont altérées par l’humidité. Ce climat constitue un élément clef de l’exposition et notamment de l’oeuvre expérimentale, Le reste des vagues, sur laquelle apparait au cours du temps de la moisissure. ll participe en sus à l’évolution des voûtes. Celles-ci s’effritent et se craquellent, également à force d’être escalader et traverser par les criquets. Chaque structure présente alors une trace du temps différente qui dépend aussi de sa terre d’origine (Marseille ou Bretagne). Une fine poudre au sol témoigne de ce phénomène.

 

          Vous l’aurez donc compris, si vous vous êtes rendu à cette exposition dès le 25 septembre, vous n’avez sûrement pas vu la même chose que quelqu’un qui y est allé trois semaines après. L’exposition d’Elvia Teotski est une exposition évolutive au fil des jours, on peut même la qualifier d’éphémère. Les êtres vivants y naissent, se développent, y meurent, nous pouvons voir leur cycle de vie, là, ici, à La Criée. De plus, les criquets ont un rôle important dans l’exposition, pour la plupart, ils permettent de trouver des réponses dans l’intuitif, l’erreur, le hasard ou encore l’insoupçonné face aux différents phénomènes qui sont générés pendant l’exposition en raison de différents facteurs (humidité, moisissure).

Plusieurs autres expositions ont eu lieu, avec l’envie de faire apparaître du vivant et mettre en lumière les innombrables cycles de la matière vivante. Parmi elles, nous pouvons citer: Times in collapse de Nicolas Lamas, 23.01.20 – 29.08.21, CCCOD Tours, La fabrique du vivant, 20.02.19 – 15.04.19, Centre Pompidou, Paris, Toiles d’araignées, Tomás Saraceno, 17.10.18 – 06.01.19, Palais de Tokyo, Paris. Pour les curieux, l’exposition Vivants parmi le vivant, est visible actuellement à la Cité des sciences et de l’industrie, Paris.

 

 

De Salomé Vanneste-Bendelé, Tuanga Eden Wankana et Solène Hémart

 

 

 

 

 

Exposer le vivant

jeudi 23 décembre 2021

Classe de DSAA1 et Carole Brulard, Molusma, Elvia Teotski, 2021

L’exposition Molusma du 25 septembre au 19 décembre 2021, imaginée par Elvia Teotski, interroge très rapidement sur l’exposition du vivant.
Plus d’une centaine de criquets vivant (400 environs) ont trouvé résidence dans l’enceinte de la Criée, pour cette exposition qui explore les possibilités des matériaux vivants, mais aussi dits « rebuts » dans notre quotidien. Déchets, moisissures et insectes cohabitent donc dans l’espace d’exposition sans aucune restriction d’évolution, de mouvement.
Cette utilisation du vivant n’est certes pas nouvelle, mais demande à chaque artiste, lieux d’exposition et visiteurs une attention particulière. Il convient alors de s’intéresser aux contraintes qui peuvent naître d’une telle collaboration humain/vivant et les intérêts qui peuvent ressortir de cette pratique.  

Criquet, Molusma, Evia Teotski, 2021

Après discussion avec Carole Brulard, il a été plus facile pour nous de comprendre les enjeux d’une telle installation. Il est tout d’abord important de noter que parce que le vivant est aussi synonyme de fragilité et d’éphémérité les quelques 400 criquets n’étaient plus qu’une dizaine lors de notre visite (novembre), ce qui a à la fois modifié notre comportement (déambulation moins hésitante, vigilance décrue), mais en disait aussi beaucoup sur le facteur “hasard” d’une exposition avec des éléments vivants. L’exposition est évolutive et de plusieurs manières, contrôlée à différents degrés.
Pour le cas des criquets, ce n’était pas intentionnel, le centre d’art a dû faire face à des éléments qu’ils ne pouvaient que partiellement contrôler, la chute de température, la taille de l’espace d’exposition, et évidemment l’intervention humaine. Même avec de nombreuses précautions prises (augmentation du chauffage, lente chauffantes, partenariat avec des producteurs locaux des Halles à côté pour l’alimentation, l’installation de rideaux pour délimiter leur espace) le caractère aléatoire de l’installation s’en est trouvé impacté.
Cependant d’autres aspects du vivant on eût été une belle surprise pour l’artiste, le public et le lieu d’exposition. Comme les pièces en alginates moulées sur des algues, qui ont pu montrer une évolution (moisissure) due à l’humidité du matériau moulé et les conditions d’exposition. Il est donc possible d’observer pour les personnes ayant vu ces pièces en début d’exposition et enfin une différence notoire. Ce caractère évolutif montre l’impossibilité qu’à l’homme à contrôler l’ensemble du vivant qui l’entoure et permet un « renouvellement » dans les installations présentées, sur une certaine temporalité.

Elvia Teoski n’est pas la seule artiste à avoir fait intervenir le vivant dans son exposition et certains artistes se sont plongés dans cette dimension parfois beaucoup plus frontalement. Exposer le vivant veut aussi dire intéractif, il y a un lien étroit entre le public et l’œuvre et/ou artiste. Et cette interaction entre êtres vivants est aussi synonyme de hasards, ressentis particuliers. Abraham Pointcheval adepte des performances dont il fait partie intégrante a dû faire face au public pour la première fois lors de son installation “Oeuf” au Palais de Tokyo (2017). L’objectif est de faire éclore des œufs de poule en les couvant à 37° durant toute la période de couvaison. C’est peu commun qu’un artiste soit confronté au public à la manière d’une oeuvre, intouchable, sans possibilité d’intéraction (parole) directe. L’artiste a exprimé son malaise quant au fait de se retrouver autant exposé (enfermé dans une boîte en plexiglass) “Avant, je faisais corps, j’étais à l’intérieur des choses. Là, c’est une véritable transformation, je suis à l’extérieur, je suis celui qui entoure.”. Mais quelle réaction du public quand on floute la frontière de l’exposition en exposant le vivant Humain ?


Un malaise, des questionnements, de l’incompréhension, de la compassion peuvent être relevées, mais aussi et surtout de la curiosité. C’est ce qui a pu être observé lors de l’exposition Carte blanche à Tino Sehgal au Palais de Tokyo en 2016. Imaginez vous trouver dans un espace d’exposition totalement vide, aucune œuvre accrochée au mur, aucune installation déployée, aucune signalétique, toutes les portes sont ouvertes. Seuls les visiteurs en grand nombre sont présents, sont-ils vraiment tous.tes des visiteurs ?
C’est l’interrogation tout le long de la visite passant de pièce en pièce, chacunes animées par des groupes de personnes qui ne portent aucun signe distinctif et pourtant ça émerveille parce qu’au fur et à mesure le public se rend compte qu’il fait partie intégrante de l’installation vivante. Cette liberté donnée au public a cependant été un challenge pour le personnel du Palais de Tokyo, des spectateurs perdus dans les salles techniques, difficulté pour identifier les personnes ayant payé (pas de ticket), gestion de la centaine de figurants guidant les installations humaines. Toutes ces problématiques sont propres aux expositions interactives et faisant intervenir le vivant. Pourtant ces nouvelles pratiques se font de plus en plus nombreuses, nous questionnant sur ce qui pousse les artistes et lieux d’expositions à explorer ces pistes.

Œuf, Abraham Pointcheval, 2017

Exposer le vivant. Exposer signifie disposer de manière à mettre en vue une matière qui vit ; dont les fonctions de la vie se manifestent de manière perceptible.
Molusma, exposition de la Criée, Abraham Pointcheval en poule humaine ou encore Tino Sehgal au Palais de Tokyo, nous ont montré la complexité de travailler avec le vivant et ses résultats. Mais finalement, pourquoi l’utiliser ? Quels intérêts et qu’est ce que ces performances apportent-elles vraiment ? À travers la déambulation dans l’exposition de la Criée, le spectateur a pu se confronter et se questionner sur son rapport au vivant dans l’art contemporain. Mais aussi une confrontation avec les problèmes environnementaux. Le spectateur est mis face à des matériaux vivants qui re-questionnent nos pratiques et nos habitudes face à la nature. On comprend alors que le vivant est utilisé ici pour réveiller les consciences et proposer des alternatives.  Il en est de même dans les performances de Michel Blazy. Artiste contemporain, Michel Blazy travaille avec l’organique et le spatiotemporel. Ses installations sont souvent vivantes : elles incluent, respectueusement, des formes de vie en train de persévérer dans leur être. Insectes, moisissures (fungi), végétaux… Michel Blazy explore les interstices du vivant, les formes évolutives (solitaires, grégaires) et les distributions des entités animées, dans le temps et l’espace (celui des lieux d’exposition). En ouvrant l’environnement contrôlé du musée à l’imprévisibilité des processus naturels, en créant ainsi une expérience multi-sensorielle et en constante évolution à mesure que ces matériaux périssables changent physiquement, les installations de Blazy encouragent le public à remettre en question les notions de répulsion et de dégoût et à repenser nos hypothèses sur la beauté esthétique. L’intérêt d’utiliser le vivant chez ses artistes relèvent donc de problématiques et enjeux sociétaux qui les animent et tentent de s’exprimer à travers ces œuvres.

Timeline, Michel Blazy, galerie des Ponchettes à Nice

Cependant, utiliser le vivant n’est pas uniquement utilisé pour provoquer le spectateur. Il est également envisagé pour l’artiste lui-même. Lors de ses performances en solitaire, Abraham Poincheval repousse ses limites physiques et mentales. Dans cette performance, Abraham Poincheval se confronte pour la première fois au monde vivant. À travers son intention étonnante de couver des œufs de poules jusqu’à leur éclosion, A. Poincheval y voit un moyen de défier le temps et les lois naturels.

Dispositifs évolutifs et installations éphémères leur permettent d’explorer la prolifération incontrôlée de micro-organismes dont les métamorphoses, transformations et changements d’état sont autant de moments nécessaires à l’activation des œuvres de ces artistes et à leur développement. Exposer le vivant est ainsi une expérience imprévisible qui ne dépend plus de l’artiste après sa conception, provoquant de nouvelles interrogations et de nouveaux intérêts supplémentaires. Utilisés de manière réfléchie et conceptuelle, ces dispositifs sont le fruit de plusieurs interrogations auxquels les artistes tentent d’apporter solutions ou analyses en provoquant, questionnant le spectateur ou eux-mêmes. Et vous, dans l’exposition Molusma, quelles contraintes et intérêts y avez-vous vécu ? 

Marie et Romane

Installation > Mutation > Sensations

jeudi 23 décembre 2021

 

Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, le sens figuré du terme immersion renvoie au fait d’être plongé dans une ambiance particulière. C’est un concept que de nombreux artistes utilisent dans leurs œuvres et notamment sous la forme d’installations. Ces dernières leur permettent de plonger les spectateurs dans une atmosphère singulière faisant appel à tous leurs sens, leur procurant ainsi différentes émotions. C’est le cas notamment de l’exposition On Air de Thomas Saraceno au Palais de Tokyo où il expérimente autour de notre rapport au vivant. Il s’agit d’une excursion dans un environnement mêlant le naturel à l’espace aseptisé d’une salle d’exposition. Le spectateur est confronté à une installation en constante évolution puisqu’une multitude d’araignées tissent leurs toiles au sein même de l’espace d’exposition. Il pose ainsi la question suivante : Le caractère évolutif d’une installation immersive possède-t-il un impact sur le ressenti de l’usager ? C’est une problématique qu’aborde Elvia Teotski dans son œuvre Molusma en introduisant 400 criquets à La Criée. Les émotions des spectateurs sont multiples et évoluent au cours de leur visite. Comment Elvia Teotski place ce ressenti au service d’un message à véhiculer ?

 

Courtesy the artist; Andersen’s, Copenhagen; Esther Schipper, Berlin; Pinksummer Contemporary Art, Genoa; Ruth Benzacar, Buenos Aires; Tanya Bonakdar Gallery, New York. © Photography Andrea Rossetti, 2018.

 

L’exposition Molusma, du grec tâche, souillure, met en avant une forme de revalorisation des déchets en ré-employant des matériaux déclassés ou abandonnés. Elle nous accueille dans un environnement mêlant l’habité et l’expérimental. Un lieu où des mouvements presque perceptibles s’en détachent, amenant une déambulation qui se veut attentive, dans un environnement où cohabitent différentes composantes organiques en constante évolution. Cette dernière est dûe à la présence d’êtres vivants (criquets) qui occupent l’espace de l’installation et impactent directement les œuvres. Au fur et à mesure de l’exposition, une altération s’opère, témoignant de la présence de ces insectes sur les productions de l’artiste (traces de terre sur le sol, disparition voulue et progressive des œuvres parfois comestibles, etc.). 

 

 

De leur côté, les visiteurs de l’exposition se retrouvent directement confrontés à ces êtres vivants. Selon la période à laquelle ils se rendent à La Criée, leurs ressentis varient. En effet, cette installation évolutive témoigne du cycle de vie des criquets. Sa mutation est perceptible par la quantité d’insectes présents aux différents stades de l’exposition : au début de l’installation, il y en avait environ 400, à la fin, seulement une dizaine. Cela change complètement l’expérience des visiteurs vis à vis des œuvres. Dans un premier temps, nous pouvons observer un certain inconfort chez les spectateurs, dû au foisonnement de ces êtres vivants. Leur démarche et déambulation se voient adaptées : ils prennent leur temps, les observent et leur accordent une attention particulière afin de ne pas les écraser. Une certaine empathie s’en dégage, renforcée par le rapport d’échelle entre les humains et ces petits êtres vivants. Dans un second temps, dès lors que le nombre d’insectes diminue, le ressenti des spectateurs évolue. Ils cherchent dorénavant les criquets, là où, au départ, ces derniers venaient à eux. Les visiteurs ne ressentent plus vraiment la peur de s’immiscer dans un environnement qui ne leur est pas dédié. L’évolution des émotions provoquées par l’exposition pousse les spectateurs à questionner leur rapport à l’environnement naturel, en dehors du cadre de La Criée.

 

Cette prise de conscience pousse les spectateurs à questionner leur attitude globale face à la nature et leur place dans l’environnement. Les productions d’Elvia Teotski se composent de matériaux déclassés. Elles poussent les visiteurs à se questionner sur la façon dont on considère ces matières, perçues comme envahissantes et nuisibles. 

Cette installation questionne le rapport aux œuvres et la distance que l’on instaure habituellement avec celles-ci dans les lieux d’expositions (distance, préciosité, etc). Cependant, le fait de placer des êtres vivants dans ce contexte d’installation, élève le statut de la nature au grade d’œuvre d’art. Le spectateur peut transposer ce lien directement avec les êtres vivants dans un environnement naturel. En effet, lors d’une promenade en forêt, on ne pense pas aux insectes que l’on est susceptible d’écraser, alors que dans cette exposition, on y porte une attention plus particulière. En même temps de créer une distance, ces êtres vivants viennent chercher cette proximité avec le spectateur en re-questionnant cette posture habituelle auquelle l’exposition fait appel. Le spectateur se sent donc légitime de briser cette barrière et un certain équilibre se met en place entre les deux entités.

 

 

Ainsi, l’installation d’Elvia Teotski développe chez le visiteur des émotions différentes, selon sa personnalité, sa sensibilité envers l’environnement, ou encore la période à laquelle il se rend à l’exposition. La présence de criquets dans l’installation le confronte directement à une problématique environnementale qu’est l’impact de l’homme sur notre planète. Le spectateur peut ressentir un certain inconfort qui va accentuer et intensifier ses réflexions. Cette sensation de mal être face aux êtres vivants a notamment été développée par Hitchcock dans son film Les oiseaux. Une ambiance de terreur est instaurée par une multitude d’oiseaux venant attaquer un village américain. En sortant de la projection, le public est sous le choc, beaucoup ont, depuis, développé une peur inconditionnelle de ces volatiles. L’immersion dans le milieu naturel des êtres vivants peut ainsi provoquer chez le spectateur des sensations fortes, au service de messages à véhiculer, en particulier l’urgence écologique dans laquelle nous nous trouvons. 

 

Les Oiseaux (The Birds) est un thriller américain, réalisé par Alfred Hitchcock, sorti en 1963.

 

Camille Correia, Mathilde Galy et Léa Garait

Étude comparative de deux œuvres exploitant les déchets marins dans l’art contemporain.

mercredi 15 décembre 2021

Les déchets sont des objets en fin de vie ou une substance ayant subis une altération physique ou chimique, qui ne présentent plus d’utilité ou sont destinés à l’élimination. Les déchets peuvent être de source naturelle, constitués, pour l’essentiel, de matière organique naturelle pouvant être décomposées. Par exemple: des algues, feuilles…

 

1-  LES DÉCHETS TRANSFORMÉS EN NOUVEL USAGE

L’artiste Elvia Teotski utilise les déchets de façon peu visible par les spectateurs, elle vient les mêler à travers les matériaux qui composent les briques, c’est-à-dire la terre sur les chantiers et les algues délaissées par la mer.

Les arches sont fabriquées à base d’algues récupérées sur le littoral de Quiberon, de déchets plastiques qui étaient mélangés aux algues et de terres récupérés sur des chantiers de Bretagne et de Marseille, ce qui explique les variations de couleurs. Ces arches sont faites avec des panneaux de médium et une fois la structure sèche, elle évide certaine brique pour créer des « fenêtres ».

Photographies de l’exposition « Molusma » de l’artiste Elvia Teotski, installée à la Criée de Rennes.

 

2- DÉCHETS REVALORISÉS PLASTIQUEMENT

La sensibilisation à l’environnement est importante car elle a des effets positifs sur la santé environnementale, le développement durable et la réduction du réchauffement climatique.

La sculpture Baleine, est faite de déchets, elle sort de l’eau, et est située à l’extérieur dans une rue passante. Les déchets sont essentiellement en plastique: bidons, caisses plastiques classées par couleur, principalement du bleu et du blanc.

L’objectif premier de cette sculpture est de sensibiliser les passants à la pollution des eaux et océans en imitant une baleine (espèce sous marine menacée) faite totalement de plastique.

Les déchets utilisés pour cette sculpture proviennent essentiellement de déchets de l’océan Pacifique.

Skyscraper, la gigantesque baleine de Bruges faite de déchets, réalisé par StudioKCA.

 

3- COMPARAISON DES ŒUVRES

Les œuvres ont pour point commun de dénoncer les effets néfastes de l’activité humaine sur notre environnement, mais avec des procédés artistiques différents. Elvia Teotski utilise principalement des déchets organiques mélangés à quelques déchets provenant des humains, peu visibles. Le StudioKCA, utilise uniquement des déchets qui proviennent de l’activité humaine, et les laissent dans leur états physiques d’origine.

La valorisation des déchets dans l’art contemporain sont un moyen pour les artistes de faire passer un message et sensibiliser les spectateurs à des enjeux sociétaux, tel que la cause environnementale.

Édité par Chloé et Julia

Vous êtes tranquillité

mercredi 15 décembre 2021

Point de vue d’une des œuvres

Molusma est une exposition qui nécessite un temps certain d’observation pour une compréhension des détails de l’œuvre. Pour se faire, tout d’abord, elle appelle le lecteur à effectuer une série de gestes. Il faut s’accroupir, s’abaisser, regarder en dessous, au-dessus, prendre du recul et attendre. L’exposition demande à ce que vous enquêtiez de manière visuelle avec elle. De plus, la diversité des éléments de composition y sont présents. Molusma propose beaucoup de détails aux murs, au sol, avec différents supports, différentes couleurs. Le plus important : elle n’est pas figée dans le temps, c’est une œuvre qui évolue, qui change d’aspect et d’ambiance constamment. Que ce soit par la température, par l’impact de petits êtres vivants ou par le temps qui passe, Molusma se développe en son espace. Le temps nous fait supposer que l’œuvre à un total non contrôle sur son avenir visuel et structurel. Elle propose ces changements avec lenteur, et donc, on comprend une fois à l’intérieur qu’il faut être lent avec elle.

L’état d’immersion pour chaque lecteur de l’œuvre dépend du ressenti personnel de chacun et de votre compréhension des indices laissés par l’artiste. Vos sens seront essentiels à votre état immersif, il est important de laisser le temps à vos perceptions d’entrer au contact de l’œuvre afin de vous questionner et de découvrir toutes les facettes de chaque point de vue. “A force de regarder, on voit des choses nouvelles” Carole.

DS & LE

La technique de la couleur à travers l’outil dans les oeuvres de Mathis Collins

jeudi 11 mars 2021

   Mathis Collins, Artiste policier quittant Paris, 2020
Artiste policier et le Guignol’s Band, 2020
Artiste policier contre Poulbot, 2020

tilleul, teinte à bois, 200 × 120 × 3 cm, chaque panneau

 

La couleur est un médium pour donner un aspect et traduire une intention. Autrement dit c’est un moyen qui sert à reproduire et faire ressentir des émotions.

Nous pouvons voir la couleur comme n’étant qu’une modulation de la lumière résultant de la synthèse additive ou soustractive.

Sur le bois, la couleur peut être obtenue grâce à la teinture, à la peinture ou même par la sculpture. Couleur qui peut s’obtenir grâce à divers outils. Lui permettant  d’obtenir une texture, des motifs des dégradés… Des traces d’outils ou techniques d’application de la couleur sont d’ailleurs (parfois) observables. Comme des traces de pinceaux résultant de l’utilisation de ce dernier. Le choix d’une couche plus ou moins importante de couleur est aussi observable.

En ôtant ou en ajoutant de la matière grâce à divers outils tel que la gouge ou avec un objet contondant. Et à contrario pour ajouter de la matière, nous aurons tendance à utiliser de la peinture, de la dorure, de la céramique, de l’enduit ou encore du vernis.

 

  L’artiste peint une première fois le panneau de tilleul clair en noir, puis il ponce et répète ces deux actions successivement. Grâce à cette succession d’étapes, Mathis Collins accentue la couleur grâce au volume donné par la gravure. Quand nous parlons de peindre le panneau, il s’agit réellement de teindre l’œuvre. Dans la gravure de l’artiste nous remarquons une différence de graisse dans son tracé. Le jeu entre les traits fins et plus épais sculpte la surface où est appliquée la couleur. Ce qui a en finalité une incidence sur celle-ci. Et ne rendra donc pas le même effet. Ainsi, modeler la surface permet de modeler la couleur, c’est un moyen de transmettre une émotion de manière plus aiguisée.

Lorsque nous parlons de  densité de trait, que ce soit un trait fin pour un côté tracé ou un trait plus gras pour une forme, on perçoit une impression de couleur et d’ombre. L’ombre permet ici de matérialiser l’objet d’observation.

 

 

 

 

 

 

 

Mathis Collins, Artiste policier quittant Paris (détail), 2020
tilleul et teinte à bois, 200 × 120 × 3 cm

 

    Mathis Collins utilise principalement une gouge pour graver ses œuvres. Cet outil lui permet de créer des contrastes et de jouer avec les effets de textures. Le fait d’utiliser la gouge donne des effets de profondeur que l’artiste peut décider d’accentuer. Il utilise également un stylo à point pour obtenir des gravures plus fines, des traits, des rayures… Cette manière, dont l’artiste a de modeler la matière, a pour conséquence de modifier la perception de la couleur.

L’artiste choisit de poncer les panneaux de bois qu’il a au préalable peint pour donner un effet de palissade. Où il applique après coût les couleurs voulues. Étapes après étapes,  il obtient l’effet voulu.

 

 

                                                                                                                    

 

 

 

Ici, nous pouvons aussi parler de la couleur comme d’un moyen de mise en œuvre et de moyen de transmission sensible. La muséographie sur fond blanc, quand à elle, accentue la présence des couleurs et accentue donc l’intention de l’artiste à travers ses œuvres.

 

 

 

 

Mathis Collins, vue de l’exposition Mime, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2020

 

Le travail de Mathis Collins et de son père sont tout à fait différents. Ce dernier à une représentation plus sombre, sans aucune couleur contrairement à son fils qui ajoutera très fréquemment des pigments de couleur. Nous avons d’un côté la sobriété, et de l’autre l’abondance. Deux artistes aux travaux distincts, qui ont pourtant collaboré pour l’exposition de la Criée, à Rennes.

 

 

 

 

 

 

 

Paul Collins et Mathis Collins, History of Modern Art (for D. R.), 2020
acrylique sur lin, tilleul et teinte à bois, 146 × 97 cm

 

Nous pouvons voir que Mathis Collins à fait des œuvres avec des couleurs plus vives. L’effet palissade y est moins présent et le noir y a moins sa place que dans les œuvres présentent à la Criée. Ce qui produit des émotions différentes. Notamment nous ressentons moins l’effet de « dégoût », et sommes moins rebutés face aux scènes se trouvant sous nos yeux.

 

 

 

 

 

 

 

 

Bar-None, 2020, exhibition view, 15orient, New York.

Maxence et Pauline

L’aléatoire dans l’art et le design

mercredi 10 mars 2021

 

L’exposition inédite s’intitulant “Mime”, réuni père et fils au centre d’art contemporain La Criée, à Rennes. Via l’expression de pantins directement inspirés de la Commedia dell’arte, les deux artistes illustrent et dénoncent les nouveaux enjeux de leurs contemporains liés à la transmission des connaissances dans l’art. Tirés en satire, les personnages aux gags exagérés s’illustrent sur de larges panneaux en bois de Tilleul.

 

Proche des procédés de création d’un sculpteur, Mathis Collins révèle ces différentes saynètes en dégrossissant et en ponçant la matière. Cette révélation de l’œuvre, couche par couche, a su attiser notre curiosité et nous questionner sur l’intégration des opérations liées à l’aléatoires dans l’art et le design.  Tout en considérant l’aléatoire comme un fait imprévisible lié au hasard, comment peut-il apporter une plus-value à la finalité de la production de par son résultat incertain ?

 

Ce qui ne peut être prévu apporte une dimension supplémentaire à l’œuvre, elle lui attribue une histoire annexe et parfois être force de proposition. En effet, l’un des seuls artefacts aléatoires dénotés par la commissaire d’exposition, était la réaction du bois dans la salle d’exposition. Sa déformation légère pendant le confinement a permis à ce panneau de se démarquer des autres et d’apporter une irrégularité dans la série.

 

L’intégration de l’aléatoire dans le procédé créatif a été plus affirmée dans les œuvres du père, Paul Collins. En outre, il incorpore l’imprévisible dans la trame de ses œuvres. Pour ce faire, il s’arme d’une moustiquaire qu’il viendra froisser pour additionner un rendu moiré à sa peinture. C’est de ces effets d’ondulations aléatoires qu’un certain sentiment de surprise peut voir le jour. Ce sentiment de surprise a longtemps été recherché dans les créations artistiques car il permet de créer un lien direct avec le spectateur. C’est aussi le meilleur moyen de lui proposer une expérience unique et ainsi, de marquer ses souvenirs. 

 

De nombreux artistes se sont essayés à cette problématique dans le traitement de leurs œuvres. À travers de multiples outils (logiciels,…) ou machines, chacun a pu s’essayer à une nouvelle expression de leur art tout en rendant leur signature unique et inimitable.

 

 

 

César, Compression automobile, 1962

César, dans son œuvre Compression automobile, introduit l’aléatoire en n’intervenant pas directement sur le métal, mais en dirigeant une presse qui réduit en blocs des voitures, symboles du progrès technologique et des produits de consommation de la société industrielle. La nouvelle composition est organisée avec un enchevêtrement de morceaux métalliques polychromes et devient ainsi une sculpture très organique.
Le processus de compression est donc toujours le même, de par la technique,  mais le résultat sera toujours différent.

 

Raoul Ubac, Nébuleuse, 1939
Raoul Ubac, Sans titre, « Penthesilée », 1938

Dès les années 1930, Raoul Ubac joue sur la matière photographique pour déformer la figure humaine. Il utilise la technique de solarisation qui lui permet de figurer des corps flous, incomplets, informes, rongés par la lumière ou la chaleur. La solarisation consiste à réexposer un négatif au cours du développement d’un sujet photographié. Les valeurs sont alors inversées. Le corps se déréalise et devient fantasmatique. C’est un procédé incontrôlable lié au hasard qui révèle un caché graphique artistique.

 

Marcel Duchamps, 3 stoppages-étalon

Pour Marcel Duchamp et ses Stoppages Etalon « hasard en conserve », le hasard occupe une place fondamentale dans le processus de sa création. Pour cette œuvre, l’artiste a laissé tomber sur des panneaux peints en bleu de Prusse, depuis une hauteur d’un mètre, trois fils d’un mètre chacun. Ensuite, trois règles en bois ont été réalisées d’après le dessin formé par ces fils, qui servent à Duchamp de « gabarit du hasard ».
C’est donc grâce à la chute de ces cordes et de leurs “atterrissages” aléatoires qu’est créé l’ensemble de l’œuvre, formant cet assemblage, entre peinture et readymade.

 

« Pour faire un poème dadaïste Prenez un journal.
Prenez des ciseaux.
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème. Découpez l’article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac. Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l’une après l’autre.
Copiez consciencieusement dans l’ordre où elles ont quitté le sac.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voilà un écrivain infiniment original et d’une sensibilité charmante, encore qu’incomprise du vulgaire. »

Tristan Tzara, Pour Faire Un Poème Dadaïste

Le dadaïsme ou dada est un mouvement littéraire et artistique fondé à Zurich en 1916 par Hugo Ball, Emmy Hennings, Tristan Tzara, Richard Huelsenbeck, Marcel Janco et Hans Arp. Ce mouvement avait pour principe de rejeter l’Art ‘conventionnel’ tel qu’il avait été connu et toutes les autres formes d’art – souvent parodiées – et idéalisés par la classe bourgeoise.
Pour comprendre ce que l’esthétique dadaïste dans le monde de la poésie, rien de mieux que de retenir le conseil que Tzara propose pour faire un poème dadaïste. Le poème en question Pour Faire Un Poème Dadaïste a été publié dans son recueil Manifeste de Dada sur l’Amour Faible et l’Amour Amer.
Grâce à cette “recette”, la méthode de réalisation d’un poème sera toujours la même mais son rendu en sera différent et aléatoire.

 

Jannis Maroscheck, Shape Grammars

Sur la base des travaux de Sol LeWitt, le graphiste Jannis Maroscheck a conçu et programmé ses propres algorithmes permettant de construire un nombre illimité de formes graphiques uniques et individuelles.
Le résultat de ces recherches est mis en forme dans ce catalogue systématique — une sorte de dictionnaire des formes — pour explorer et naviguer dans les différents systèmes géométriques, dans lesquels on peut toujours découvrir quelque chose de nouveau.
Shape Grammars est conçu tel un manuel pour les graphistes, aidant à la conception de polices de caractères, de logos et de pictogrammes. En plus des 150 000 formes générées grâce aux algorithmes en seulement une minute, cet ouvrage nous montre certaines possibilités et limites du design génératif. Dans un même temps, l’ouvrage sert de base à des recherches plus approfondies sur des systèmes plus complexes et sur l’intelligence artificielle. L’ordinateur peut donc déjà, de nos jours, fonctionner comme un partenaire de dialogue dans le processus de création.
Le but était ici d’observer combien de formes uniques peuvent être produites en masse grâce à un ordinateur et 12 systèmes différents.

 

Pollock

Jackson Pollock est le peintre représentant le mieux le hasard. Pour ses créations, il lance et laisse tomber des coulures de peinture sur ses toiles. Le tableau devient un champ d’actions où s’exprime un processus graphique dynamique sans accorder une préférence à une partie du tableau plutôt qu’une autre, à une orientation. Tâches, coulures, traces, lignes envahissent la totalité de l’espace au rythme des gestes et mouvements de l’artiste.

 

Rédigé par Agathe Prévot et Tristan Regnault