1er couplet (l’héroïne)
C’est une femme, elle a 35 ans
Elle est artiste
Elle est musicienne
Elle est éditrice aussi
C’est Félicia Atkinson
Pour La Criée, elle a imaginé Spoken Word
Refrain
C’est une exposition
C’est un paysage où l’on n’arrive jamais
C’est une pièce sonore-île déserte dans laquelle on peut se promener
C’est un film muet qui cache une musique inouïe
C’est une série de sculptures activables sans objet
C’est un jeu à deux sans règles
C’est une frise de miroirs aux reflets déformés
2e couplet (celui de la salle blanche)
Il y a trois grandes sculptures
On peut s’y appuyer, on peut passer au‑dessous
Elles sont des rochers des arbres des instruments des cactus des totems des meubles
Il y a le désert (rouge)
Il y a aussi une dizaine de sculptures qui tiennent dans la main
Et avec lesquelles on pourra jouer à deux, assis à une table
On peut saisir l’art, le toucher, le caresser
Il y a le désert (rocheux)
Il y encore des cartes sans mémoire, qui sont de grandes impressions numériques sur aluminium, accrochées au mur
Ce sont des collages de mots et de formes simples, des amorces d’histoires, des indices
On peut presque s’y voir
Et puis il y a des formes colorées qui poussent sur les murs
Refrain
C’est une exposition
C’est un paysage où l’on n’arrive jamais
C’est une pièce sonore-île déserte dans laquelle on peut se promener
C’est un film muet qui cache une musique inouïe
C’est une série de sculptures activables sans objet
C’est un jeu à deux sans règles
3e couplet (celui de l’espace entier)
Il y a une bande sonore
qui, chaque jour, dure aussi longtemps que l’exposition est ouverte
(le temps du voyage et du rêve)
Il y a le désert (Sonoran)
Cette bande est parfois électronique (un synthétiseur modulaire)
Parfois c’est le son du désert californien
Parfois c’est celui des îles sauvages bretonnes
Parfois ce sont des samples d’audio books
C’est une bande sonore qui chante un récit, éparpillé, sans début ni fin ni milieu ni intrigue
Il y a le désert (miraculeux)
Refrain
C’est une exposition
C’est un paysage où l’on n’arrive jamais
….
4e couplet (celui de la salle noire)
Il y a un film muet (derrière un rideau lourd souple de couleurs fondues)
Il y a les cactus géants du désert de Saguaro
Ils sont des totems des sculptures des humains des arbres des instruments
Il y a le désert (écoutez-le)
Félicia joue pour les cactus
Félicia fait des gestes lents pour les cactus, des gestes de sculpteure
Félicia danse pour les cactus
Il y a le désert (regardez-le)
Il y a la beauté des gestes
La beauté est une décision et un désir inexplicable
Refrain
C’est une exposition
C’est un paysage où l’on n’arrive jamais
….
5e couplet (les Rayons verts)
D’autres œuvres naissent de l’exposition
Le 10 mai, Félicia invite la poète et artiste Hanne Lippard pour qu’elle parle parmi les œuvres
Les litanies les mélodies le timbre la tessiture
La voix est un instrument
L’invention du disuel
Le 20 mai, elle invite la danseuse Elise Ladoué pour qu’elle danse lentement parmi l’exposition
Elle l’accompagne de ses sons,
Presque un concert
Il y a encore un livre qu’elle a publié chez Shelter Press, sa maison d’édition,
qui s’appelle Audio Book,
qui est à la fois le croquis de l’exposition, ses sources et son prolongement
Sophie Kaplan, janvier 2017