L’exposition Molusma, du grec « souillure », prend son point de départ dans les recherches approfondies menées par l’artiste Elvia Teotski le long des littoraux breton, marseillais et mexicain, territoires entre lesquels elle tisse des liens et interroge les connexions.
Les algues vertes sont un ensemble d’algues dont les pigments photosynthétiques principaux sont les chlorophylles a et b. Elles font partie intégrante du paysage breton. Mais depuis les années 1970 surviennent chaque année des « marées vertes », lors desquelles les plages se retrouvent recouvertes de ces algues qui ont proliféré avant de s’échouer sur le sable.
Ces végétaux apprécient les eaux peu profondes. Lorsque vient le printemps, le soleil les réchauffe rapidement et aide à la croissance des algues. Au-delà de bonnes conditions environnementales, ces plantes ont besoin de nutriments, notamment d’azote pour grandir. Or, la Bretagne accueille de nombreux élevages intensifs, qui déversent leurs déchets dans les cours d’eau. L’azote s’y retrouve, sous forme de nitrates, et rejoint le littoral breton. C’est un moment de festin pour les algues : eau chaude, peu de courant et nutriments !
Une fois échouées sur les plages, les problèmes commencent et les ramasseurs d’algues s’activent avec leur pelleteuse. En plus d’être glissantes et encombrantes, lorsque les algues pourrissent en couche épaisse sur les plages, elles rejettent un gaz toxique. À partir d’une certaine concentration de ce gaz dans l’air, notre nez n’y est plus sensible et nous ne pouvons pas le détecter.
C’est ainsi qu’ont eu lieux plusieurs drames en Bretagne : un coureur retrouvé mort à la fin des années 1980, puis un cheval et son cavalier, dont seul ce dernier a survécu. En 2009 c’est un ramasseur d’algues qui est retrouvé auprès de sa machine, puis deux chiens, qui décèdent pendant une promenade.
Pour l’exposition Molusma, Elvia Teotski décide d’utiliser ces algues échouées comme matériau de construction dans ses briques en terre crue. La valeur de l’algue est alors complètement changée : de rejet de la mer potentiellement toxique, elle devient utile et matière première. Le « déchet » est valorisé !
Pour en savoir plus sur l’affaire des algues vertes :
Algues vertes : rompre le silence – Ép. 1/2 – Algues vertes : le déni (franceculture.fr)
Algues vertes : l’affaire Morfoisse – Ép. 2/2 – Algues vertes : le déni (franceculture.fr)
Agir contre les algues vertes en Bretagne – Algues-vertes.com