Bactéries bioluminescentes : une illustration de l’interdépendance dans la nature //

mardi 26 octobre 2021, par lacriee

L’écologie marine est l’étude des interactions entre les organismes marins, et ce, du plus petit au plus gros, des virus marins aux baleines, en passant par les planctons, les algues, ou encore les poissons. Les biologistes qui se penchent sur cette question des écosystèmes sont appelés à résoudre aujourd’hui de nombreuses problématiques : la protection des milieux marins et leurs ressources face à la surpêche, la pollution ou encore le trafic maritime. Ces problématiques relatives à l’ère géologique de l’anthropocène sont au cœur du travail d’Elvia Teotski. Par exemple, dans la vidéo Zone sensible, l’artiste utilise des bactéries marines bioluminescentes.

Les animaux bioluminescents, qu’ils soient terrestres ou marins, émettent de la lumière grâce à une réaction chimique se produisant directement dans leur organisme. Ils possèdent des photophores, des organes contenant deux molécules, la luciférase et la luciférine qui lorsqu’elles se rencontrent, créent cette lumière caractéristique.

Dans un des laboratoires de l’Institut Méditerranéen d’Océanologie de Marseille, aidée de l’équipe scientifique, Elvia Teotski a fait passer de l’eau de mer remplie de Pyrocystis Lunula dans un tuyau. Par la pression, ces bactéries ont été agitées, entrainées par le courant et en réaction, elles se sont illuminées. Ce dispositif a permis de laisser apparaître le nom qu’elle donnera à son œuvre : Zone Sensible. Ces bactéries bioluminescentes se trouvent à la surface de la mer et réagissent aux mouvements qui peuvent les entourer. C’est d’ailleurs à elles que l’on doit les sillons lumineux créés par le passage des bateaux.

Ces bactéries bioluminescentes ont également un double rôle de sentinelle. Par exemple, dans leur habitat naturel, lorsqu’un crustacé s’approche pour les dévorer, elles s’éclairent afin d’effrayer l’ennemi et parallèlement alerter leurs consœurs. Elles tiennent ce même rôle pour certains scientifiques. En effet, très sensibles aux substances toxiques tel que les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAPs), elles perdent leur capacité à produire de la bioluminescence. Grâce à ce phénomène, elles aident les scientifiques souhaitant protéger les eaux de la pollution. Elles leurs servent de baromètre pour l’évaluation des taux de pollution présents dans les eaux. Ces bactéries deviennent alors, à la fois une espèce à sauver de la prolifération d’hydrocarbures dans les eaux marines et un allié, en tant qu’outil de repérage.

Les bactéries, qu’elles soient bioluminescentes ou non, ont une faculté à interagir et participer à des relations d’interdépendance dans le milieu dans lequel elles vivent. Les Pyrocystis Lunula en sont un parfait exemple. Elles cohabitent avec les autres êtres vivant qui les entourent. Chacun vit avec l’autre mais aussi grâce à l’autre, entre cohabitation et interdépendance.

Voir aussi :

COSSART Pascale, HYBER Fabrice, Le monde invisible du vivant : bactéries, archées, levures/champignons, microalgues, protozoaires et … virus, Odile Jacob, Paris, 2021.

ROUILLARD Typhaine, « Le néon dans l’art contemporain », Correspondance – La Criée, 17 janvier 2017. [En ligne] URL : https://correspondances.la-criee.org/les-ressources-pedagogiques/neon-lart-contemporain/?section=42. Consulté le 18/10/2021.

VADON Catherine, « Des feux dans la mer, la bioluminescence marine », dans : Le Chasse-marée n°319, 3 février 2020. [En ligne] URL : https://www.chasse-maree.com/des-feux-dans-la-mer-la-bioluminescence-marine/. Consulté le 18/10/2021.

« La bioluminescence comme sentinelle marine : présentation d’ateliers scolaires organisés dans le cadre de la Fête de la science 2021 », Fête de la Science 2021, 5 octobre 2021. [En ligne] URL : https://www.fetedelascience.fr/scolaires-la-bioluminescence-comme-sentinelle-marine-0. Consulté le 18/10/2021.