jeudi 1 avril 2021, par lacriee

Aurélie Ferruel est originaire de Basse-Normandie et Florentine Guédon, de Vendée. Elles se rencontrent alors qu’elles sont étudiantes à l’école des Beaux-Arts d’Angers. Elles partagent un schéma familial similaire, et un intérêt commun pour la tradition en tant que lien intergénérationnel, vecteur de transmission de gestes et de savoirs.

À Florentine, sa grand-mère enseigne l’art de la couture, et l’aiguille à coudre devient l’outil principal de sa pratique artistique. Le père d’Aurélie excelle aux concours de bucheron. Il transmet à sa fille une technique particulière : la sculpture à la tronçonneuse, qu’Aurélie fait sienne pour ses créations.

À elles deux, elles forment depuis 2010 le duo Ferruel et Guédon. Travailler ensemble, c’est se placer au milieu, créer un commun qui ne pourrait exister si l’on était seul. Se former en un groupe c’est également une façon de mettre en avant ce qui nous lie, nos ressemblances, tout en gardant en tête les différences. Aurélie et Florentine partagent leurs idées, leurs pensées, et conçoivent leurs productions ensemble. Elles réalisent ces productions dans leurs ateliers respectifs,  Aurélie travaillant le bois et Florentine le textile, avant de les mettre en commun.

Elles s’intéressent particulièrement à l’idée du groupe, du clan. Comment et pourquoi se rassemblent des gens ? Qu’est-ce qui fait groupe, quelle identité commune et quelles différences ? Elles inscrivent leur réflexion plastique dans une véritable démarche anthropologique, travaillant en immersion avec les communautés qu’elles rencontrent pour en déchiffrer les traditions, les mœurs, les rites, les chants, les danses et les objets. Elles recherchent les savoir-faire, les gestes particuliers que ces microsociétés peuvent leur enseigner, qu’ils soient proches comme leurs familles, ou plus lointains comme des bikers.

En 2013, elles rassemblent leurs deux familles pour produire l’installation Sisi la famille. Celle-ci se compose de treize coiffes et d’une photographie. Toutes les coiffes ont une structure identique, mais se démarquent par les différents objets qu’elles arborent. Ces objets sont ceux par lesquels les membres de cette double famille ont choisi de se représenter. Une manière de refléter l’identité de chacun au sein de l’ensemble, de naviguer entre l’individuel et le collectif.

L’humain, son histoire, sa mémoire et son savoir, est au cœur de leur pratique. Ferruel et Guédon s’imprègnent des cultures et traditions, les questionnent et les interprètent. Il en émerge des sculptures mêlant travail du bois et du tissu, céramique ou tissage. Parées de leurs  costumes, elles activent leurs sculptures par leurs danses et leurs chants lors de performances. il s’agit pour les artistes de « replacer le vivant qui est à la base de leur recherche, dans le processus de création qui les a nourries, comme les rencontres »1.

Pour en découvrir davantage : http://ferruelguedon.com/

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1 extrait de l’entretien de Ferruel et Guédon dans le cahier d’exposition La Suée du didon, au CRAC Le 19, 15 février au 19 avril 2020 : http://le19crac.com/expositions/suee-dindon