mardi 14 février 2017, par lacriee

Dans La Savane présentée à la Criée pour l’exposition « alors que j’écoutais moi aussi… », Virginie Yassef s’inspire de la nouvelle d’anticipation du même nom écrite par Ray Bradbury. Cette nouvelle fait partie d’un recueil de dix-huit nouvelles rassemblées sous le titre de L’Homme illustré (The Illustrated Man) et publiées aux Etats-Unis en 1951. Le prétexte de ces nouvelles est la rencontre entre le narrateur et l’ « homme illustré ». Ce dernier est un employé de cirque dont le corps a été entièrement tatoué par une vieille femme qui prétend pouvoir lire l’avenir. Ainsi, pour chaque nouvelle, l’un de ces tatouages prémonitoires prend vie.

Il retira sa chemise et la roula en boule. De l’anneau bleu tatoué atour de son cou jusqu’à la taille, il était couvert d’illustrations. « Et c’est comme ça jusqu’en bas », précisa-t-il, devinant ma pensée. « Je suis entièrement illustré. Regardez ! ». Il ouvrit la main. Sur sa paume, une rose. Elle venait d’être coupée ; des gouttelettes cristallines émaillaient ses pétales délicats. J’étendis ma main pour la toucher, mais ce n’était qu’une image. « Mais elles sont magnifiques ! » m’écriais-je. « Oh oui, dit l’homme illustré. Je suis si fier de mes illustrations que j’aimerais les effacer en les brûlant. J’ai essayé le papier de verre, l’acide, le couteau… Car voyez-vous, ces illustrations prédisent l’avenir. »

La Brousse (ou La Savane) est l’une de ces nouvelles de science-fiction. Elle traite du progrès technique et scientifique tout en faisant une critique de cette technologie. En effet, dans la nouvelle, les personnages vivent dans la « maison du bonheur », un logement high-tech du futur dont chaque objet est autonome. La famille (Lydia, Georges et leurs deux enfants Peter et Wendy) finit par devenir complètement dépendante de toute cette technologie qui les assiste au quotidien, jusqu’à ce que les parents se rendent compte de ses dangers. Mais il est déjà trop tard… Les deux autres thèmes essentiels de la nouvelle sont la relation entre enfants et parents ainsi que la limite entre réel et imaginaire. Les enfants, gâtés par leurs parents, ont reçu en cadeau une « nursery », créée à l’origine dans le cadre de recherches en psychologie. Il s’agit d’une salle de jeu connectée aux pensées des enfants et qui permet d’anticiper le moindre de leurs désirs. Peter et Wendy peuvent y faire apparaître tout ce qu’ils souhaitent, et leur choix se porte rapidement sur la savane et ses lions féroces, ce qui commence à inquiéter les parents…

Pour savoir la suite, vous pourrez trouver la nouvelle ici : La Brousse – Ray Bradbury.

Recueil L’Homme Illustré édité chez Folio

Affiche du film Fahrenheit 451 par François Truffaut, adapté de la nouvelle de Ray Bradbury

 

Ray Bradbury

Né en 1920 dans l’Illinois aux Etats-Unis, Ray Bradbury est un auteur de science-fiction. Il est particulièrement connu pour ses nouvelles, bien qu’il ait eu une activité d’écriture très variée (théâtre, polar, autobiographie…). Avant de se consacrer entièrement à sa carrière d’auteur, il a été vendeur de journaux et rédacteur de fanzine. C’est son recueil de nouvelles Chroniques martiennes, publié en 1950, qui l’a rendu célèbre, ainsi que Fahrenheit 451, histoire d’un pompier contraint de brûler des livres, adapté au cinéma par François Truffaut. Son œuvre est proche des célèbres romans de science-fiction anglophones d’Aldous Huxley (Le meilleur des mondes) et Georges Orwell (1984, La ferme des animaux). Ray Bradbury a reçu en 2000 la médaille de la fondation nationale américaine du livre (National Book Foundation) pour sa contribution remarquable à la littérature américaine, ainsi que la médaille nationale des Arts en 2004. Il est décédé en 2012 à l’âge de 91 ans.

Pour en savoir plus : site officiel.