Dans l’exposition de Yann Sérandour, la scène des récitals s’intitule Dance Floor. Cette œuvre reprend la forme d’un damier, motif récurent dans les peintures de la Renaissance et de l’époque baroque. La scène en perspective était l’élément du décor sur lequel étaient disposés les personnages et les objets, afin de raconter une histoire. On le retrouve notamment dans des scènes avec un clavecin.
L’association de ce motif avec l’univers de la musique remonte à l’époque médiévale. En effet, on le retrouve comme décor sur la caisse de résonance d’un mystérieux instrument qui lui donna son nom : l’Échiquier. Ce petit instrument léger et transportable est apparu au XIVe. Il est composé de 8 à 9 touches. On pense qu’il s’agit du premier instrument à clavier à corde. Certaines sources indiquent qu’il s’agissait d’un instrument à cordes frappées: les touches actionnent le mécanisme dont l’extrémité est composée d’une petite pièce métallique qui frappe la corde (également en métal). En réalité, on ne détermine pas bien encore s’il s’agit d’un instrument à corde frappées, ou pincées, comme le clavecin.
Le décor est composé de 81 cases. Malgré son nom, Il diffère des jeux traditionnels d’échecs tels qu’on les connait aujourd’hui qui en comportent 64. Cependant, il pourrait renvoyer aux « tables à compter » ou aux tables à jouer de l’époque. En effet, l’arithmétique et la musique étaient très proches à l’époque médiévale.
Comme le clavecin qui tomba dans l’oubli après la révolution, cet instrument de facture médiévale a disparu progressivement au XVIe siècle. Aujourd’hui, seules deux représentations situées à la cathédrale Saint-Julien du Mans témoignent de son existence. On le retrouve parmi les 47 anges musiciens du Concert Céleste peint par Jean de Bruges qui orne la voûte de la Chapelle de la Vierge ainsi que sur l’un des vitraux de la cathédrale.
On pense que cet instrument servait à donner la note aux chanteurs. Depuis sa reconstitution par des spécialistes en 2011, on dispose d’informations contradictoires quant à sa fonction ; il s’agirait d’une machine « Énigme Médiévale » c’est-à-dire un appareil à décrypter les messages.
Malgré l’intérêt que cet instrument suscite, il conserve le mystère sur sa signification et le motif de son décor.
Sources :
http://nicolas.meeus.free.fr/NMOrgano/NMEchiquier.pdf
http://www.lavieb-aile.com/article-les-deux-echiquiers-de-musique-de-la-cathedrale-du-mans-123797641.html
http://amidache72.blogspot.fr/2014/03/anges-musiciens-de-la-chapelle-de-la.html
http://amidache72.blogspot.fr/2015/06/de-quelques-vitraux-de-la-cathedrale.html
http://unesarthoise.blog50.com/archive/2011/08/21/l-echiquier-de-musique.html
Voici les deux seules représentations connues à ce jour à la cathédrale Saint-Julien du Mans :
Détail d’un des vitraux de la Rosace, où on retrouve 5 représentations sur le thème des Anges musiciens, l’un d’entre eux portant un échiquier de musique.
Le Concert Céleste peint par Jean de Bruges qui orne la voûte de la cathédrale reprend également la figure de l’ange portant un échiquier.