Donald Woods Winnicott, Jeu et réalité, 1971 //

mercredi 26 avril 2017, par lacriee

Dans son exposition Félicia Atkinson installe une sculpture qu’elle nomme Ami(e) .

Celleci est le double un peu déformé d’une petite sculpture instantanée, réalisée quelques mois avant l’exposition. Il s’agit ici d’un passage à une autre dimension, celle du rêve et de « l’espace potentiel », comme dirait le psychanalyste pour enfants Donald Winnicott.

Ami(e) n’est pas complètement un personnage imaginaire et pas complètement un rocher. De ses tiges en fer se déploie une longue tresse nouée de différents morceaux de soie, de laine et de feutre qui s’échappe au milieu de la salle.

Ami(e) est une sculpture : c’est-à-dire un peu des deux, partageant la fantaisie de l’un et le sens de gravité de l’autre, sans genre ou espèce établis.

Ami(e) pourrait avoir pour ami(e) une sculpture de Franz West, Phyllida Barlow ou de Noguchi aussi bien qu’une roche de la côte bretonne ou du parc naturel de Joshua Tree en Californie.

Qui est Donald Winnicott ? Quel sont ces objets transitionnels?

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Né en 1896 à Plymouth, décédé en 1971.

Pédiatre et psychanalyste britannique,Winnicott est l’auteur de Jeu et réalité paru en 1971. Cet essai prend pour point de départ un article que l’auteur a consacré aux «objets transitionnels». L’auteur y présente une conception du jeu comme une capacité à créer un espace intermédiaire entre le dehors et le dedans. Cette capacité ne s’accomplit pas dans les jeux réglés, agencés comme des fantasmes ou des rituels, mais elle se situe à l’origine de l’expérience culturelle. À partir de la consultation thérapeutique des enfants, Winnicott développe une théorie psychanalytique de l’ «objet transitionnel» qui s’invente, se cherche et se trouve renouvelant notre perception du réel, de nous-même et de l’autre : l’espace potentiel.

Pendant les premières semaines, l’enfant vit dans un état de toute puissance magique. Pour renoncer à cette omnipotence, et reconnaître l’existence de la réalité extérieure distincte, il va fabriquer, concevoir entre l’interne et l’externe une aire intermédiaire qui n’appartient ni à l’un ni à l’autre. C’est l’espace transitionnel – ou potentiel-. Une des manifestations de cet espace sera l’objet transitionnel, dont on peut distinguer plusieurs caractéristiques : c’est un objet matériel (et non un fantasme ou une hallucination), réconfortant pour l’enfant. Il a une consistance. Ce qui est transitionnel, ce n’est pas l’objet lui-même mais son utilisation. Sa fonction est de représenter le passage entre la mère et l’environnement, de rétablir la continuité menacée par la séparation. L’objet transitionnel ne doit pas être changé par l’extérieur, et doit avoir une permanence. L’enfant a tous les droits sur l’objet. Il l’aime passionnément, et en même temps le maltraite et le mutile. L’objet survit à son agressivité.
Il sera délaissé quand l’enfant en aura progressivement retiré sa signification affective, l’objet s’étant alors répandu sur tout le territoire intermédiaire qui sépare la réalité psychique intérieure du monde extérieur. C’est le territoire de la culture et de la communication, du langage et du jeu, de l’art… L’aire transitionnelle est une zone entre le Moi et le non-Moi : l’objet transitionnel permet le passage dans cette zone. Il est à la fois une projection narcissique et une relation objectale. L’enfant l’aime comme si c’était quelqu’un d’autre et comme si c’était lui.

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