Apparu dans les années 1960, Fluxus ne peut être défini comme un mouvement en tant que tel. Traversant les disciplines et les époques, Fluxus s’apparente plus à un courant de pensée remettant en cause les fondements même de l’art et proposant d’abolir les frontières entre l’art et la vie. Cet état d’esprit est né de l’enseignement d’un musicien inspiré par la pensée zen et qui aura marqué la musique expérimentale de la seconde moitié du XXème siècle : John Cage. Les cours qu’il va dispenser à la New School for Social Research entre 1958 et 1961 vont marquer de nombreux artistes tel que George Brecht et Dick Higgins qui deviendront plus tard les ambassadeurs de cette mouvance au rayonnement international.
Le terme apparaît pour la première fois avec George Maciunas en 1961 à la galerie AG où il organise des évènements-performances. En 1962, il organise le Fluxus Internationale Festspiele Neuester Musik à Wiesbaden en Allemagne qui marque les débuts des concerts Fluxus qui deviendront populaires. Ces concerts proposent une vision entre parodie du concert classique et approche radicale de produire du son à partir d’instruments en détournant leurs usages conventionnels et les codes pour créer une « musique d’action » qui doit être autant visuelle que sonore. Quelques années plus tard, en 1965, Maciunas propose un manifeste Fluxus dans lequel il tente de définir les lignes directrices de ce courant sans jamais parvenir à dégager une réelle définition.
Par leur rejet des institutions, du statut même de l’œuvre d’art et la promotion du non-art, les fondateurs de Fluxus vont poursuivre les idées révolutionnaires de leurs précurseurs dadaïstes à travers l’organisation de happenings et d’évènements spontanés. Cultivant un esprit d’autodérision cher à John Cage qui admirait la musique d’ameublement du compositeur Erik Satie, les artistes affiliés à Fluxus vont rompre avec la sacralité de l’œuvre d’art pour renouer avec le banal, l’insignifiant. C’est ainsi qu’il faut comprendre la composition de John Cage 4’33 interprété par David Tudor le 29 août 1952, au Maverick Concert Hall de Woodstock dans l’État de New York et durant laquelle le pianiste a laissé place à une autre mélodie, celle du silence.