La littérature jeunesse Suédoise //

vendredi 19 mars 2021, par lacriee

Aujourd’hui la littérature jeunesse des pays nordiques est très connue : citons les contes d’Hans Christan Anderson inspirés des légendes Franco-germaniques telles que La petite sirène, Le vilain petit canard ou encore La petite fille aux allumette; Pippi Langstrump ou, plus communément en français, Fifi Brindacier, créée par l’auteure suédoise Astrid Lindgren; Les Moumines, petits trolls bienveillants et scandinaves crées par l’auteure Tove Jansson au sortir de la seconde guerre mondiale et tant d’autres ouvrages traduits dans de nombreux pays pour les petits de ce monde.

Jusqu’au XIXe siècle, la littérature nordique destinée à la jeunesse consiste surtout en des ouvrages de pédagogie. Durant le XIXe siècle et la période romantique, beaucoup de folkloristes ou recenseurs de poésie orale adaptent des récits régionaux en contes destinés au jeune public. On peut citer parmi eux les norvégiens Asbjørnsen et Moe auteurs entre autre du Recueil de contes populaires norvégiens, le finlandais suédophone Zacharias Topelius et son Comte du château d’Åbo ou le célébrissime auteur danois : Hans Christian Andersen. On lui doit en tout environ cent cinquante contes. Si certains de ces contes ont inspiré des adaptations, comme Walt Disney l’a fait par exemple, il faut garder à l’esprit que derrière toutes ces histoires se cache une morale à destination des petits et des grands. En effet, à l’époque, la littérature de jeunesse n’a pas pour visée première de divertir mais bien d’éduquer.

Au XXe siècle, les choses évoluent et deux femmes écrivaines vont compter énormément dans le bouleversement de la représentation de l’enfant en littérature de jeunesse.

La suédoise Astrid Lindgren va créer le personnage de Fifi Brindacier (ou Pippi au longues chaussettes selon la version originale). Fifi est une petite fille impétueuse qui vit seule avec ses amis. Son père est un pirate, il n’est donc pas présent pour l’éduquer et elle a la force de soulever un cheval. On retrouve ici l’image d’une enfant dotée de capacités égales voire hautement supérieures à celles d’un adulte et qui a pris son destin en main. Elle n’a plus besoin de recevoir de leçons de personne.

Tove Jansson, écrivaine et illustratrice suédophone de Finlande, va quant à elle développer tout un univers fait de tolérance. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, la Vallée des Moumines est une terre d’asile pour tous les gens différents. Une famille de trolls gentils, les Moumines, ouvrent leur porte à tous les êtres qui demandent de l’aide. Tous ensemble, ils forment une grande famille recomposée, hétéroclite mais harmonieuse.

Cette recherche de l’acceptation de l’autre « tel qu’il est » se retrouve aujourd’hui beaucoup dans la littérature pour adolescents. Il est notamment question de racisme, de sexualité ou de violence. Des thématiques qui entretiennent un lien fort avec la situation sociale actuelle. La littérature de jeunesse actuelle semble alors s’envisager comme un vecteur social de rapprochement. Elle peut aussi servir de pont vers de nouvelles préoccupations comme le recyclage.

La littérature jeunesse en Suède est imprégnée de mythes, contes et légendes souvent peuplés de lutins, fées, sorcières, elfes ou trolls prenant vie parmi la faune sauvage des pays nordiques. De nombreux auteurs se sont inspirés de cette culture scandinave, par exemple l’auteur Wil Huygen, (1922-2009) un écrivain néerlandais spécialisé en littérature d’enfance et de jeunesse et de fantasy. Il est surtout connu pour ses livres sur les gnomes illustrés par Rien Poortvliet. Son livre le plus connu est Les Gnomes (Leven en werken van de Kabouter) suivi par Le Livre secret des gnomes (De oproep der Kabouters). L’originalité de ces livre repose sur l’usage des codes encyclopédiques à propos d’êtres imaginaires.

Ces littératures sont ancrées dans une tradition millénaire, celle des sagas (« saga » est d’ailleurs le terme courant en suédois pour se référer aux contes et légendes), dans un socle mythologique et légendaire commun, et encore vivace. Un monde invisible, entrelacé avec la nature sauvage,  forme un cadre stable dans les imaginaires nordiques. Malgré une christianisation tardive, intervenue autour du Xe siècle pour les pays scandinaves et du XIIIe siècle pour la Finlande : l’histoire des littératures nordiques se décline avant tout autour de l’appel du merveilleux et de la nature.