De manière générale, la performance désigne un exploit, une prouesse souvent sportive.
En art ce terme désigne un mode de création pour lequel l’artiste utilise son corps et produit un geste improvisé ou organisé. Le corps devient ainsi le matériau de l’artiste. L’action qui constitue l’oeuvre est éphémère puisqu’elle ne se produit qu’une seule fois.
Ce qui nous est transmis ce sont des traces de ce geste : des photographies ou vidéos par exemple.
Ce medium s’est développé dans les années 1950 aux États-Unis au moment où certains artistes cherchent às’émanciper en brisant le cloisonnement entre les pratiques traditionnelles. Ils développent alors une forme d’art qui touche à la fois à la danse, au théâtre, à la musique et aux arts plastiques.
Elle a historiquement toujours eu pour but de mettre en scène une forme d’expérimentation, d’ouvrir de nouveaux champs de recherche et d’engagement, de transgresser la norme et de questionner la production artistique. La performance a permis d’ouvrir un espace extrêmement large de pratiques interdisciplinaires.
Quelques exemples de performances qui ont inspiré les ateliers d’Éric Giraudet :
– Walking in an Exaggerated Manner around the Perimeter of a Square, 1968, Bruce Nauman
16 mm black-and-white film, silent, 10 minutes, Courtesy Electonic Artists Intermix, New York, © Bruce Nauman
Bruce Nauman a tourné ce film dans son atelier comme une référence au travail chorégraphique de Meredith Monk et Merce Cunningham. Après avoir tracé un second carré autour de celui qui servit pour Dance or Exercise… Bruce Nauman place un pied devant l’autre en suivant le tracé extérieur, et en déportant exagérément son poids d’une hanche sur l’autre.
Par moment, le reflet de cet exercice de contrebalancement peut être vu dans un miroir posé contre le mur du fond, offrant un angle de vue différent.
– Accumulation, 1971, Trisha Brown
New York City, Musique : Uncle John’s Band, The Grateful Dead
Ce solo astucieux et désormais légendaire est basé sur le dispositif très simple qui consiste à ajouter un geste à l’autre, un seul à la fois, en répétant le mouvement qui s’allonge à chaque enchaînement.
La danse se charge peu à peu des expressions du danseur qui répond à l’action physique de l’oeuvre et réagit au public. La pièce Accumulation a été pensée autour du principe générique de l’accumulation, basé sur la répétition, la série et l’addition des mouvements.
« Je me demandais ce que signifiait vraiment l’abstraction en danse. le contraire de la narration, ça c’est sûr. […] J’ai commencé en répétition à faire ce mouvement très simple que j’ai répété, puis j’ai ajouté une variation et ainsi de suite. Le résultat a donné Accumulation. À partir de là, la complexité a grandi d’elle-même. J’ai la chance d’avoir un corps aux articulations d’une souplesse extraordinaire. J’étais une véritable « rubber girl » [fille caoutchouc] lorsque je faisais des acrobaties enfant. J’ai pu aller dans toutes les directions que je voulais avec mon corps. » / Trisha Brown