Depuis 1960, une forme d’œuvre d’art s’est peu à peu imposée sur la scène artistique contemporaine: la performance. Elle consiste en une réalisation « en direct » d’une œuvre par un artiste devant un public ou non. À mi-chemin entre le théâtre, la danse, la musique ou bien la poésie et les arts plastiques, cette action permet à un artiste d’expérimenter le corps en action ou en situation ou avec des objets.
Le geste est au centre de l’esthétique de la performance et induit des questionnements quant à sa trace. En effet, la performance est parfois filmée ou bien photographiée mais elle peut aussi être évoquée par le biais de l’exposition d’objets témoins, comme c’est le cas dans l’œuvre de Julien Bismuth présentée à La Criée.
Avant lui, de nombreux artistes se sont tournés vers cette pratique transdisciplinaire avec l’idée de bouleverser les codes traditionnels de la représentation. Des figures tutélaires comme John Cage ou encore Robert Rauschenberg se sont essayés à l’improvisation lors de happenings. Plus tard, Dan Graham par exemple, désoriente le spectateur grâce à des jeux de miroirs et de vidéos. Les mouvements féministes lient aussi les arts plastiques et les arts vivants dans des actions parfois provocantes comme c’est le cas d’Adrian Piper. À La Criée également, des artistes ont participé à cette histoire de la performance: Latifa Laâbissi en 2007 puis Olga Kisseleva en 2011. Ces exemples témoignent du fait que l’art de la performance s’inscrit dans une généalogie large et complexe et sa définition s’en trouve ainsi insaisissable.
Aujourd’hui, Julien Bismuth traverse à son tour les frontières entre les disciplines artistiques. Il propose à la fois des traces de performances passées ou récentes et des performances à venir où il expérimentera l’écriture improvisée.
sources : Art Press n° 331, février 2007. Dossier performance / Numéros spéciaux Art Press 2 n°7, novembre-décembre-janvier 2008, Performances contemporaines, et n°18, 2 août-septembre-octobre 2010, Performances contemporaines.