jeudi 27 octobre 2016, par lacriee

Plier, déplier, replier …

Le pli dans l’art est issu d’une longue tradition à la fois picturale, sculpturale et même architecturale. En effet, dès l’Antiquité, le pli des vêtements des sculptures permet de prendre conscience d’une véritable évolution dans la technique des sculpteurs. A la fin de la période hellénistique, les plis sont si bien travaillés qu’ils permettent aux drapés d’être naturels et réalistes et rendent toute leur beauté aux héros représentés.

Dans la peinture aussi les artistes s’efforcent de montrer tout leur talent grâce aux drapés. Dès la Renaissance, les grands maitres s’attardent sur la représentation de nobles tissus aux plis délicats et ombragés. Pensons à La Vénus d’Urbino du Titien ou plus tard en France, aux drapés très travaillés de Nicolas Poussin.

Le pli dans l’art, ce n’est pas seulement ceux du tissu. D’autres matériaux se plient et se déplient comme par exemple le papier utilisé pour l’origami. Art populaire ancestral originaire d’Asie, il consiste en la réalisation de figures plus ou moins complexes à l’aide d’une simple feuille de papier.

L’art contemporain aussi se penche sur le pli et puise dans des traditions diverses. Piero Manzoni, à l’aide du Kaolin et de la toile, réalise des œuvres imitant des pliages en relief, comme dans sa série des Achromes autour des années 1960A la même époque et jusqu’aux années 1980, le peintre français Simon Hantaï systématise l’utilisation du pliage comme processus de création et laisse place au hasard dans la composition. Il froisse et plie les toiles, laissant la couleur s’imprimer aléatoirement sur la surface.

Le pliage se retrouve aussi en architecture. Franck Gehry joue avec la matière pour imaginer ses bâtiments comme le musée Guggenheim où l’acier imite les plis du papier. Christo quant à lui, emballe de célèbres monuments comme le Pont Neuf à Paris avec de la toile ou le Reichstag à Berlin pour qu’ils deviennent des sculptures de façon éphémère.

L’artiste contemporain Zimoun créé de grandes installations visuelles et sonores, notamment à l’aide de papier pliés qui reproduisent le bruit de la matière froissée ou  le son de l’automne et des feuilles mortes qui jonchent le sol.

Pour la Biennale Incorporated, Ismaïl Barhi  réalise Revers, une nouvelle vidéo où le spectateur peut entendre et observer les mains de l’artiste, plier, déplier et replier des pages de magazines jusqu’à ce que l’encre se transfert de la feuille jusqu’aux doigts agiles de l’artiste. Karolina Krassouli elle aussi aborde la question du pliage dans sa création artistique. Sa peinture reprend des poèmes écrits sur des enveloppes de formes variées d’Emily Dickinson, créant ainsi un langage pictural original. Enfin, Lucy Skaer replie le plancher de sa demeure familiale afin d’en faire des coffres qui laissent apparaitre des collections d’objets à la fois triviaux et précieux…