jeudi 26 octobre 2023, par lacriee

En histoire de l’art, le ready-made renvoie à l’utilisation d’objets manufacturés, de la vie quotidienne qui sont érigés au rang d’œuvre d’art. Le terme de ready-made provient de l’anglais « already made » qui signifie « déjà fait ».

Les ready-made apparaissent dans le premier quart du XXème siècle dans le travail de Marcel Duchamp. En 1913, celui-ci propose son premier ready-made. Il s’agit de la célèbre Roue de bicyclette, qui comme son nom l’indique est une roue de bicyclette posée à l’envers sur un tabouret. À travers cette œuvre Marcel Duchamp s’inscrit dans une volonté de révolutionner l’art du XXème siècle. En effet, la juxtaposition de deux objets qui n’ont rien à voir ensemble pour en faire une œuvre d’art à part entière, questionne la nature même des œuvres et de l’art en général. Les ready-made bouleversent le monde artistique, en instaurant un autre regard sur les œuvres, tout en rompant avec un certain esthétisme de la beauté. Ainsi, ce n’est pas l’objet en lui-même qui est important et qui fait l’œuvre, mais bien le concept dont il découle.

Les ready-made peuvent être très controversés, comme en témoigne le plus célèbre de Marcel Duchamp : Fontaine (1917), qui est un urinoir renversé possédant une simple signature, « R. Mutt » (signature de Marcel Duchamp). Cette œuvre, initialement prévue pour être exposée au premier Salon de la Société des artistes indépendants de New York, a fait scandale. En effet, La Société, en marge des salons officiels, avait pour ambition d’accepter toutes les œuvres proposées, néanmoins, lorsque Marcel Duchamp a soumis cette œuvre sous couvert d’anonymat, un vote a été organisé pour savoir s’il était préférable ou non de l’exposer. La décision prise sera de placer la Fontaine derrière une cloison, au sein de l’exposition.

 

L’urinoir considéré comme un objet sale et vulgaire a été décrit comme étant une simple provocation de l’artiste, cependant, il faut noter que les œuvres de Marcel Duchamp et de tous les autres artistes qui s’en sont inspirés, ont contribué à une remise en cause de la place des artistes dans le processus de fabrication de l’œuvre.

Aujourd’hui, l’impact du ready-made résonne encore dans l’art contemporain. De nombreux artistes les utilisent. Dans l’exposition Avaler les Cyclones, Evariste Richer propose à travers son œuvre Festina Lente, un ready-made, associant une ammonite à un mégaphone. L’un est un minéral préfabriqué par la nature et l’autre, un objet produit de l’industrie. Ces deux éléments ainsi présentés ensemble, témoignent en un sens d’un oxymore, entre le silence imposé par le fossile et le bruit sous-entendu par le mégaphone. Leur exposition sur un socle et sous-verre, renforce leur caractère d’œuvre d’art.