vendredi 20 septembre 2019, par lacriee

Les couvertures Nubi étaient très répandues dans les foyers coréens jusque dans les années 1980. Dans un souci pratique, la partie centrale, autrefois cousue de figures symboliques d’animaux en fil de soie, se détachait afin de pouvoir laver la couverture. Dans les années 1980 de simples bandes de couleur ornaient cette partie centrale. La couverture Nubi est fabriquée à la main, selon la technique de matelassage « Tonyeong Nu » équivalent du Sashiko japonais, du Boutis provençal ou encore du Piqué marseillais. Celle-ci permet de garder la chaleur tout en s’aérant grâce au relief créé par le rembourrage de coton surpiqué, la structure du tissu étant ainsi renforcée.

ci-dessus une couverture Nubi traditionnelle

Depuis 2014, Seulgi Lee travaille à la création de l’ensemble « U »en collaboration avec des artisans de Tongyeong – ville portuaire située à l’extrême sud de la Corée qui a donné son nom aux couvertures- . La particularité de la technique Tongyeong Nubi réside dans le fait que le tissu est cousu à la machine ligne par ligne. Les soies colorées de l’ensemble « U » prennent ainsi un léger relief qui réfléchit la lumière. Chaque couverture raconte un proverbe. Seulgi Lee les a choisis pour leur puissance d’évocation et leur humour. Elles les a traduits en différentes compositions colorées abstraites, dont les symétries sont liées à la particularité du format de la couverture. Cependant, son dessin influe aussi parfois sur la forme, pour exemple, le tracé d’un arc-de-cercle a récemment donné lieu à l’invention d’un nouveau type de couture en lignes courbes transformant ainsi la technique de confection traditionnelle.

Les couvertures de l’ensemble U sont considérées par Seulgi lee comme des « sculptures votives » qui mêlent le tangible et l’invisible. Dans un usage quotidien, elles imprègnent les rêves du dormeur d’un imaginaire collectif. « Celui qui dort sous cette couverture peut rêver au proverbe et tourner comme une boussole ».

De gauche à droite :
U : Mon nez est long de trois pieds. = J’ai tellement de problèmes que je ne peux pas prendre soin des autres
U : Même la sandale en paille trouve sa paire. = Une âme sœur existe pour chacun·e.
U : Réparer l’étable après avoir perdu la vache.= Trop tard.

U : 유언비어 (流言蜚語). Yu-eon-bi-eo.
U : Mots coulent comme de l’eau, rampent comme un insecte. = Rumeur.
soie de Jinju, coton, 155 x 195 x 1 cm, 2019
collaboration avec Seungyeon Cho de Tongyeong, Corée
production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes
courtesy Gallery Hyundai, Séoul

U : 짚신도 짝이 있다. Jip-sin-do Jjag-i It-da.
U : Même la sandale en paille trouve sa paire. = Une âme soeur existe pour chacun·e.
soie de Jinju, coton, 155 x 195 x 1 cm, 2017
collaboration avec Sukhee Chung et Seungyeon
Cho de Tongyeong, Corée
courtesy galerie Jousse Entreprise, Paris

U : 우물 안 개구리 (井中之蛙). Ou-moul An Gyeguri.
U : Une grenouille au fond d’un puits. = Esprit étroit.
soie de Jinju, coton, 155 x 195 x 1 cm, 2018
collaboration avec Sukhee Chung et Seungyeon
Cho de Tongyeong, Corée
courtesy Gallery Hyundai, Séoul

U : 소 잃고 외양간 고친다 (亡牛補牢). So Il-ko Wae-yang-kan Go-tchin-da.
U : Réparer l’étable après avoir perdu la vache. = Trop tard.
soie de Jinju, coton, 155 x 195 x 1 cm, 2018
collaboration avec Sukhee Chung et Seungyeon Cho de Tongyeong, Corée
courtesy Gallery Hyundai, Séoul

U : 내 코가 석자 (吾鼻三尺). Ne Ko-ga Seok-ja.
U : Mon nez est long de trois pieds. = J’ai tellement de problèmes que je ne peux pas prendre soin des autres.
soie de Jinju, coton, 155 x 195 x 1 cm, 2018
collaboration avec Sukhee Chung et Seungyeon Cho de Tongyeong, Corée
courtesy Gallery Hyundai, Séoul

U : 수박겉핥기. Su-bak-keul-hal-ki.
U : Lécher l’extérieur de la pastèque. = Bâcler.
soie de Jinju, coton, 155 x 195 x 1 cm, 2014
Sukhee Chung et Seungyeon Cho de Tongyeong, Corée
courtesy The National Gallery of Victoria, Melbourne