Les proverbes du pays Bambara, une sagesse en images //

lundi 23 mars 2020, par lacriee

Pour son exposition De paroles en paraboles, on se sert, Amadou Sanogo est retourné sur ses pas, dans sa ville natale de Ségou, en pays Bambara, pour collecter des proverbes. Ces paroles, usitées « chaque jour et à chaque situation » dans la vie courante, font partie des savoirs vernaculaires au Mali. La sagesse des hommes est dans les proverbes, dit un adage bambara et pour Amadou Sanogo, la richesse est dans leur apprentissage et leur transmission. Dans ses peintures, l’artiste tente de « matérialiser ce bien insaisissable et inestimable sur un espace donné ».

Dans Proverbes du pays Bambara, un sagesse en images [1], Maurice Haslé et Djouldé Sow ont constitué un Abécédaire de plus de 2300 proverbes métaphoriques suivi d’un Bestiaire de 1700 proverbes – deux approches en images de la culture Bambara, reflétant la philosophie de la vie et de l’homme dans la société malienne.  En voici un extrait :

« Un bon proverbe ne frappe pas aux sourcils, mais dans les yeux. Sa popularité, le proverbe le doit à son réalisme et à ses images et métaphores, mais aussi à ses caractéristiques formelles et musicales : lapidaire dans ses parallélismes et ses oppositions (surtout ses oppositions), toujours bien rythmé, nourri d’assonances et d’allitérations qui ont fonction poétique et mnémotechnique tout à la fois, le proverbe propose son humble message, sinon universel du moins généralisable à toute une culture. S’il affirme, conseille ou ordonne, c’est que par-delà le jugement, il se veut action ou morale. Son attitude reflète le système de valeurs du groupe qui l’a vu naître.»

Le proverbe bambara est une parole d’homme habilité à prendre la parole sous l’arbre à palabres ou sur les bancs à palabres que sont les assemblées représentatives. Le proverbe est le tam tam de la sagesse ; il est la parole des sages, des anciens. Prononcer un proverbe, c’est évoquer la sagesse des ancêtres, ceux qui font autorité dans la communauté.

«Les proverbes a donc naturellement triple fonction. D’abord, et c’est la fonction la plus connue, le proverbe est didactique : par son langage métaphorique, animalier par exemple, il se prête particulièrement bien à l’éducation des enfants. Mais juridique aussi : dans la société coutumière les palabres sont / étaient résolus par des proverbes judiciaires. Humoristique et satirique, enfin : dans une situation tendue entre des hommes porteurs de la parole, la bonne humeur et la sérénité seront restaurées par un proverbe exploitant la veine satirique. »

[1] Maurice Haslé et Djouldé Sow, Proverbes du Pays Bambara, une sagesse en images (ABCdaire et BESTIAIRE métaphoriques), Association Gouesnou-Mali Djiquiyasô, coordination de la société civile de Bossofala.

_

Autres références bibliographiques :

Amadou Hampâté bâ, Il n’y a pas de petites querelles, Stock, Paris, 2000

Mwamba Cabakulu, Le Grand livre des proverbes africains, Presses du Chatelet, Paris, 2003

Maurice Haslé et Djouldé Sow, Le coupe coupe et le sourire et autres contes du pays Bambara, Gouesnou, 2008

_

Maurice Haslé est professeur émérite de langue et littérature allemandes à l’université de Bretagne occidentale (Brest), préside l’association Gouesnou-Mali Djiguiyasô qui fait de la coopération décentralisée avec son partenaire malien, la Coordination de la société civile de Bossofala, chef-lieu Néguéla.

Djouldé Sow, enseignant à la retraite, conseiller du chef de village de Néguéla, adjoint maire de Bossofala, secrétaire général et responsable du groupe Culture de la Coordination. Cultive aujourd’hui mil et arachides sur les terres familiales.