jeudi 8 juin 2023, par lacriee

© Jeremy Deller. Courtesy the artist ; The Modern Institute/Toby Webster Ltd, Glasgow ; Art : Concept, Paris

Le travail de Jeremy Deller, très coloré et empreint de références à la pop culture, n’est pas sans rappeler les œuvres créées par les artistes du Pop Art. En 1986, à tout juste 20 ans Deller passera quelques jours dans la Factory, atelier d’artistes fondé par Andy Warhol.

 

Le Pop Art

Le mouvement du Pop Art apparait dans les années 1950 en Grande Bretagne et dans les années 1960 aux États-Unis. Il se met en place en réaction à l’expressionnisme abstrait et aux avant-gardistes de l’École de New York (Jackson Pollock ou Mark Rothko).

Le Pop Art pour « Popular Art » se caractérise par une utilisation des images issues de la culture populaire produites en masse : publicité, BD et télévision. Ce mouvement se veut critique du matérialisme et du consumérisme. Les sujets sont traités de façon impersonnelle et ironique faisant la part belle au kitsch. Le Pop Art signe également le passage de l’œuvre unique aux multiples par l’utilisation de techniques issues du monde industriel que ce soit par les matériaux (peinture acrylique, couleurs vives) ou par les techniques (sérigraphie, collage).

 

Le Pop Art anglais

L’Independant Group est considéré comme le précurseur du Pop Art anglais. Le groupe voit le jour en 1952 au sein de l’Institut d’art contemporain de Londres. Il est composé des peintres Eduardo Paolozzi et Richard Hamilton, du photographe Nigel Henderson, des architectes Alison et Peter Smithson, du critique d’art Lawrence Alloway et de plusieurs autres artistes.

Ensemble, ils réfléchissent à la place de l’art dans la société et aux rapports entre art et technologie. Les références à la science-fiction que l’on retrouve dans leurs œuvres témoignent de cet intérêt pour le progrès technique.

En 1956, l’Independant Group participe à l’exposition This Is Tomorrow (Whitechapell Gallery, Londres) sur le thème de la modernité. L’affiche de l’exposition créée par Richard Hamilton, intitulée Just what Is it That Makes Today’s Homes so Different, so Appealing ? (Qu’est-ce qui rend les intérieurs aujourd’hui si différents, si attirants ?), est considérée comme la première œuvre du Pop Art britannique. Paolozzi est le premier à faire référence au mot pop, le faisant figurer dans la fumée d’un revolver dans son œuvre collage I was a Rich Man’s Plaything de 1947. Mais c’est Lawrence Alloway qui, quelques années plus tard, en 1955, emploiera le terme Pop Art de façon officielle.

 

Le Pop Art américain

Le Pop Art américain nait quant à lui plutôt d’initiatives individuelles. Ce sont notamment les travaux de Jasper Johns qui lancent le mouvement. New York devient rapidement l’épicentre du Pop Art américain avec l’ouverture en 1957 de la Galerie de Leo Castelli, grand promoteur du mouvement. En 1958, Jasper Johns et Robert Rauschenberg y présentent leurs premières expositions personnelles.

Les artistes s’intéressent à la puissance des images et s’emparent avec humour des produits de marques.

Andy Warhol est considéré comme le Pope of the pop (le Pape du pop). En 1964, il fonde The Factory, célèbre studio artistique de Manhattan. Il débute dans le milieu de la publicité où il découvre la technique de la sérigraphie. Dans ses œuvres il interroge l’American way of life, la société de consommation et le star système.

Installation views, Modern Art, Oxford, 6 December, 2014 – 8 March 2015. ©Jeremy Deller

Roy Lichtenstein puise son inspiration dans le monde de la bande dessinée. Ses œuvres se caractérisent par la présence d’un trait noir et épais qui entoure les dessins, d’une trame de petits points serrés, d’aplats de couleurs, de bulles de dialogues, de mots ou d’expressions.

Kiss V, Roy Lichtenstein, 1964, sérigraphie, 90 x 90 cm.

Jasper Johns, quant à lui, s’empare plutôt des formes géométriques pour créer ses cibles et autres drapeaux. Il utilise principalement les couleurs primaires.

Three Flags, Jasper Johns, 1958, encaustique sur toile, 99,4 x 115,6 x 12,7 cm, Whitney Museum of American Art.

 

Patrick Caulfield (1939-2005)

Jeremy Deller présente l’affiche I Love Patrick Caulfield dans son installation Warning Graphic Content. Patrick Caulfield (1939-2005) est un peintre et graveur britannique associé au mouvement Pop Art.

En 1956, Caulfield intègre la Chelsea School of Art aux côtés de David Hockney et Allen Jones, artistes qui s’opposent à l’expressionnisme abstrait américain. En 1964, il présente ses œuvres dans l’exposition « New Generation » à la Whitechapel Art Gallery de Londres. Lors de cette exposition de nombreux artistes du mouvement Pop Art sont représentés. Cependant, Caulfield considère que le terme « Pop Art » n’est pas approprié pour qualifier son travail. On peut néanmoins retrouver des similitudes entre ses œuvres et celles de Lichtenstein ou de Warhol. Il emprunte notamment des images à l’affiche ou encore à la bande dessinée. Ses œuvres se caractérisent par la présence d’objets cernés de noir sur des zones monochromes. Ses compositions sont très stylisées et il y incorpore parfois des éléments de photoréalisme.

Caulfield est connu pour ses peintures et gravures, mais il a également travaillé la mosaïque, la peinture murale, le vitrail et les tapisseries.

 

Pop Art et musique

Le travail de Jeremy Deller est truffé de références musicales, il contribue à nourrir ce lien entre musique et art. Les artistes du Pop Art ne sont pas en reste. Richard Hamilton pense la pochette du célèbre White Album (1968) des Beatles. Celle de l’album Peel Slowly and See (1995) du groupe The Velvet Underground est, quant à elle, créée par Andy Warhol.