Une figure bouffonne aux airs de Polichinelle, un des plus anciens personnages de la commedia dell’arte apparaît dans les tableaux de Mathis Collins.
Véritable caméléon social, Polichinelle n’a peur de rien et surtout pas des conséquences. Il se place toujours du côté des vainqueurs, même si le triomphe accidentel est son quotidien. Ainsi si Polichinelle a le pouvoir d’ouvrir le carnaval, il porte aussi la responsabilité de le faire cesser. Ce sont les traits de cette personnalité animale et grotesque, duelle dans son rapport au pouvoir qui sont mis en scène dans les tableaux de Mathis Collins.
Quelle que soit l’époque à laquelle Polichinelle est représenté, il est ventru et bossu – le diable l’aurait pris par le dos puis l’aurait laissé tomber par terre -, il porte un masque et piaille pour attirer l’attention. Il parle en imitant le cri des oiseaux et enfin il marche comme une poule. Cela lui a valu le surnom de « Pullu Galinaceus » puis Pulcinella, du mot latin « poulet ».
Il est :
– soit fanfaron et lâche ; et de sa voix nasillarde, il excite la bêtise tout en étant fort conscient de la situation. Il paye alors ses dettes à coups de bâtons et divulgue à qui veut bien l’entendre les secrets qu’il ne peut garder.
– soit entreprenant et vif ; il singe l’intelligence et s’incarne en maître, magistrat ou savant, pour faire en sorte que ceux qui sont en deçà de son rang aient une bonne opinion de lui, tout en étant sûr d’apaiser ceux qui occupent des positions de pouvoir.
Valet d’origine paysanne, Polichinelle descendrait des bouffons Maccus et Bucco, des Atellanes, pièce de théâtre de rue de l’antiquité romaine. De l’un, il aurait hérité l’insolence et la méchanceté, de l’autre l’orgueil et le vice. Absent des représentations du Moyen-Âge, ce personnage est réinventé au XVIe siècle par Silvio Fiorello, comédien qui l’introduit dans les parades napolitaines. Il change alors d’allure : il est vêtu d’une large blouse de toile blanche, serrée au-dessus de son ventre par une grosse ceinture de cuir à laquelle un sabre de bois et une bourse de cuir sont attachés. À son cou, une large collerette molle et sur sa figure, un demi-masque noir. Il porte aussi un bonnet blanc. Il a prospéré sous cette forme dans la tradition de la commedia dell’arte. Polichinelle est avant tout devenu le personnage principal dans le théâtre de burattini, le théâtre de marionnettes napolitain et n’a jamais occupé une grande place dans la littérature dramatique bien que Molière l’ai introduit dans une des entrées de ballets de Psyché en 1671 et dans le premier intermède du Malade imaginaire en 1673 :
« Polichinelle dans la nuit vient pour donner une sérénade à sa maîtresse. Il est interrompu d’abord par des violons, contre lesquels il se met en colère, et ensuite par le guet composé de musiciens et de danseurs. »
Aujourd’hui son nom est synonyme de clown, zouave, pitre ou bouffon dans le langage courant et on retrouve Polichinelle dans les expressions populaires :
« Faire le polichinelle », se comporter de manière bouffonne, de façon déraisonnable, faire le guignol, le pitre, le zouave.
« Mener une vie de polichinelle », faire des frasques, avoir une vie de patachon.
« Un secret de Polichinelle » est un secret bien mal gardé, dont tout le monde connaît la substance.