Né en 1969 à Kobe, Japon
Vit et travaille à Berlin, Allemagne
www.shimabuku.net
Représenté par Air de Paris, Paris
www.airdeparis.com
Shimabuku parcourt le monde accumulant les rencontres insolites. Renouant avec une esthétique de la dérive situationniste, il a étudié à Osaka puis à San Fransisco pour ensuite voyager à travers différents ports du monde, au Japon, au Brésil, en France, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. L’artiste expérimente différentes interactions possibles avec le vivant afin de repousser les limites physiques ou imaginaires. Ses œuvres sont très souvent accompagnées du récit de leur conception, révélant la part dûe au hasard. Elles se laissent volontiers raconter tout en véhiculant une image forte, transformant les personnages de ses mises en scènes en véritables icônes. La pieuvre apparaît ainsi ponctuellement dans différentes situations imaginées par l’artiste.
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Œuvre exposée:
Octopus Stone (Pierre de pieuvre), 2013-2017
Pierres et coquillages, socle, texte,
Plexiglas, 150 x 50 x 60 cm
Comme un emblème, Octopus Stone rassemble une quinzaine de pierres et de coquillages en apparence anodins, accompagnée d’une explication laconique de Shimabuku lui-même: «Les pieuvres ramassent souvent des pierres et des coquillages au fond de la mer […]. Et j’aime à collectionner ces objets à mon tour». Mise en abyme complexe du travail de l’artiste, ces quelques mots suffisent à conférer une aura de mystère à ces débris marins, dont la matérialité brute se dissout dans la rêverie du spectateur. Chez Shimabuku, le débris intervient non plus pour son potentiel esthétique ou sa valeur subversive, mais plutôt pour sa capacité de signifiance. Artiste qui collectionne, combine et distille, à l’heure où le réel se dérobe, Shimabuku s’efforce de faire ressurgir des mondes engloutis.
La pieuvre apparaît ponctuellement dans différentes situations imaginées par Shimabuku :
Dans Octopus Road Project (1991), il se rend à Akashi, le marché au poisson de Tokyo. Là, il acquiert une petite pieuvre, il l’emmène avec lui dans une glacière, de la mer intérieure de Seto jusqu’à la mer du Japon pour la rendre à son milieu naturel. Le récit de cette aventure est épique mais finit de façon tragique, la pieuvre n’ayant pas supporté les conditions du voyage.
Plus tard, on peut lire «Si la force de gravité disparaissait de la terre, alors une pieuvre et un pigeon pourraient se rencontrer en toute équité ». Ainsi commence le texte qui accompagne la présentation de Rencontre de la Pieuvre avec un Pigeon (1993) au musée de Nagoya, une performance documentée par des photographies. Dans ce texte, l’artiste relie deux faits à l’origine de ce projet, il raconte une discussion dans l’avion avec une jeune femme coréenne sur le mariage mixte, et explique que les abords du musée de Nagoya sont envahis par les pigeons. Il met ainsi en place les conditions d’une rencontre improbable.
« If the gravity left the Earth, then the octopus and the pigeons would meet each other in fairness –
Fighting against gravity.
At first,I thought of this project for the Space.
After a while, I started to think of this project on the planet first.
I tried to organize the encounter of the octopus with the pigeons.
I brought the octopus from my home town, Kobe, to the space in front of the museum, in Nagoya.
There were stairs for the access from the park. I was hoping that the pigeons would come down
the stairs to see the octopus, because the octopus came with me to the city of the pigeons.
I tried to bring the pigeons, but it was not easy.When I started to feel lost, two dogs appeared suddendly.
Then they had an encounterwith the octopus.
After few days, I brought the octopus back to the sea in my home town
with some memory of the city of the pigeons. » Shimabuku
C’est ensuite en Italie, à Albisola qu’il crée l’installation principale de l’exposition « Catching Octopus With Self-Made Ceramic Pots » (2003). Ou comment pêcher la pieuvre selon une technique ancestrale japonaise, à l’aide de poteries artisanales, au large, sur une embarcation très légère.
« Je me suis vraiment senti comme à la maison à Albisola, parce qu’il y avait la mer, les montagnes et les pieuvres exactement comme dans ma ville d’origine, Kobe ! J’étais très surpris de voir qu’on proposait de la pieuvre au restaurant de l’hôtel ! Je me suis alors demandé comment faisant les gens d’Albisola pour attraper les pieuvres. Dans ma ville, les gens attrapent les pieuvres à l’aide de poteries. Ils enfilent de nombreux pots sur une longue corde et les plongent au fond de la mer. On n’utilise aucun appât. Quand le piège est relevé toutes les 24 ou 48 heures, les pieuvres sont nichées au fond des pots. Cette méthode prend en compte le fait que les pieuvres aiment se réfugier dans des espaces très étroits. Danilo, mon artisan potier m’a révélé que les italiens utilisaient une méthode similaire y il a très très longtemps. Danilo et moi avons décidé de reprendre cet usage ancien en Italie et qui perdure dans ma ville d’origine pour attraper des pieuvres à Albisola avec des poteries artisanales »
Shimabuku