Teresa Margolles // Les ressources pédagogiques

jeudi 27 octobre 2022, par lacriee

Teresa Margolles
née en 1963 à Culiacán, Sinaloa, Mexico
vit et travaille à Mexico City et Madrid

représentée par la galerie Peter Kilchmann, Zurich

 

Margolles a étudié l’art et les communications à l’Universidad Nacional Autónoma de México et a également reçu une formation en médecine légale. Elle a été l’un·e des membres fondateur·trice·s du collectif de performance SEMEFO (acronyme espagnol du Service de médecine légale du Mexique). À la fin des années 1990, elle a amorcé sa propre démarche, créant des œuvres avec différents médias – installation, sculpture, art textile, photographie, vidéo – en réaction à la situation sociopolitique et économique du Mexique. Elle a été en partie influencée par les langages esthétiques de l’art post-conceptuel, du minimalisme politique et de la performance.

En 2009, Margolles a représenté le Mexique à la 53e Biennale de Venise et a également participé à de nombreuses autres biennales et expositions internationales. Elle a été récipiendaire de plusieurs prix dont, notamment, en 2012, celui de l’organisation Artes Mundi de Cardiff, le prix le plus prestigieux décerné en Grande-Bretagne à un(e) artiste dont l’œuvre traite de « la réalité sociale, l’expérience vécue et la condition humaine ». Ses œuvres ont fait l’objet de multiples expositions monographiques au Mexique et à travers l’Europe. Parmi les récentes on citera : A New Work by Teresa Margolles, Witte de With, Rotterdam ; Sutura, Daadgalerie, Berlin ; Ya Basta Hijos de Puta, Padiglione d’Arte Contemporanea (PAC), Milan, 2018 ; Mundos, Musée d’art contemporain de Montréal, 2017 ; We Have a Common Thread, une exposition itinérante au Neuberger Museum, New York, 2015, au Colby Museum of Art, Maine, 2016, et à l’El Paso Museum of Art, Texas, 2017.

source : MACM / Musée d’art contemporain de Montréal, Galerie Peter Kilchmann

_

Œuvres exposées

Nkijak b’ey Pa jun utz laj K’aslemal
(Opening Paths to Social Justice), 2012-2015
200 x 200 cm.

Broderie sur tissu imprégné de sang provenant du corps d’une femme assassinée à
Guatemala City, créée avec la participation de femmes mayas membres de l’Asociación
de Desarrollo de la Mujer K’ak’a Na’ (ADEMKAN)

L’œuvre fait partie d’une série réalisée par Teresa Margolles de 2012 à 2015, où l’artiste a invité des femmes de différentes communautés des Amériques (dont les Kunas du Panamá, les Taharamaras de Mexico et les Mayas au Guatemala), à réaliser des broderies à partir de linceuls de femmes ayant subi une mort violente. Cette broderie en particulier a été réalisée sur un tissu imprégné du sang d’une femme ayant été assassinée à Guatemala City. Elle a été brodée par un groupe de femmes mayas membres de l’Asociación de Desarrollo de la Mujer K’ak’a Na’ (ADEMKAN). Teresa Margolles a choisi de présenter l’œuvre sur un caisson lumineux, dans la pénombre, derrière un rideau de perle.

Pour la commissaire de l’exposition Tessa Giblin, « Le choix de présenter la broderie sur un caisson lumineux témoigne de la démarche toute en nuances de Teresa Margolles. L’artiste refuse en effet d’instaurer une distance entre les broderies et les visiteur·euse·s. Elle désire également mettre en lumière les différents niveaux de lecture des « messages » inscrits au cœur de ces tissus, des lignes nettes et colorées du travail de broderie, aux tâches de sang délavées. La broderie, devenue un objet complexe mêlant la terreur, les traumatismes, la guérison, la foi, l’amour et la communauté, est présentée dans la pénombre. Elle vibre avec la lumière blanche projetée en dessous et l’éclairage tamisé du dessus. Bien que l’artiste se défende de vouloir interpréter des reliques, le mode de présentation de son ouvre évoque irrésistiblement le sacré.»

Nkijak b’ey Pa jun utz laj K’aslemal
(Opening Paths to Social Justice), 2015
vidéo coulour, son, 10 min 59 sec
courtesy de l’artiste et Galerie Peter Kilchmann, Zurich

Cette vidéo documentaire dévoile le processus de création de la broderie. On y découvre le groupe de femmes mayas, brodant le linceul, en témoignant leur compassion et leur respect à l’égard de la femme assassinée. Le travail autour de l’objet traumatique devient support d’échanges sur la violence et les problèmes sociaux qui affligent leur communauté. Les femmes mayas évoquent leur environnement et leur amour de la nature, qui inspirent les motifs brodés : « Regardez le lac qui nous entoure. Nous vivons au milieu de l’eau, des montagnes, de la nature. Toutes ces choses nous apportent une grande joie. Vous avez peut-être remarqué que nous avons brodé une lune sur le tissu. La lune est notre grand-mère. Elle veille sur nous en permanence, même sous la pluie ou dans la brume. Ce tissu parlera pour la sœur qui y a versé son sang, et au nom de toutes celles qui veulent trouver la paix en ce monde. »