mardi 21 avril 2020, par lacriee

 

Bambara, une langue et un peuple

« L’appellation Bambara désigne d’une part, une langue (bamana kan) parlée au Mali [représentée ci dessus en vert] et dans d’autres pays [représentés ci -contre en jaune], mais d’autre part aussi les populations de l’actuel Mali non converties à l’Islam, les deux ensembles ne coïncidant pas forcément. »1

Les Bambaras sont les plus nombreux du groupe Mandingue de l’Afrique de l’Ouest, établis principalement dans le sud de l’actuel Mali. Ils formèrent de la fin du 17e siècle au milieu du 19e siècle le royaume bambara de Ségou. Les Bambaras sont aussi présents en Guinée, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Gambie, en Guinée-Bissau, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal. Au Mali, ils sont surtout présents dans le centre Est à l’Ouest du pays, notamment autour de  Ségou, la ville natale d’Amadou Sanogo .

Les Bambaras auraient quitté la région du Mandé pour échapper à la domination des Malinkés, à l’époque de l’Empire du Mali. Leur nom signifie « ceux qui ont refusé de se soumettre » (de ban = « refus » et mana = « maître »). D’autre traduisent cette étymologie par « ceux qui ont refusé de se soumettre (à l’islam) ». Au 19e siècle, les royaumes bambaras du Kaarta et de Ségou, ont résisté à la conversion à l’Islam. Ils sont aujourd’hui majoritairement musulmans, et quelques groupes chrétiens. Les autres continuent de pratiquer la religion traditionnelle animiste. Néanmoins, les rites et traditions du passé sont toujours vivant et pratiqués chez les bambara, qu’ils soient musulmans ou d’autres confessions.

Le bambara est devenu la langue principale au Mali. Elle fait figure de langue véhiculaire principalement dans le sud du Mali, même si le français est reconnu comme langue officielle.

À propos de la tradition orale bambara

La tradition orale représente un corpus de savoirs qui se transmet de génération en génération et qui a pour fonction d’expliquer le monde, l’histoire, les rites, la nature environnante, l’organisation sociale, les techniques ou les relations humaines. L’importance de la tradition orale est soulignée ici par Amadou Hampâté Bâ, écrivain malien :

« Dès l’instant où un être est doué du verbe, quel que soit son degré d’évolution, il compte dans la classe des grands privilégiés, car le verbe est le don le plus merveilleux que Dieu ait fait à sa créature. C’est par la puissance du verbe que tout a été créé. En donnant à l’homme le verbe, Dieu lui a délégué une part de sa puissance créatrice. C’est par la puissance du verbe que l’homme, lui aussi, crée. »

C’est le Komodibi, chantre de la société d’initiation du Komo, qui définit les possibilités de la parole : la parole est tout. Elle coupe, écorche. Elle modèle, module. Elle perturbe, rend fou. Elle guérit ou tue net. Elle amplifie, abaisse selon sa charge. Elle excite ou calme les âmes.2

La littérature orale comprend de nombreux genres : le conte et la fable, le mythe, l’épopée et les généalogies, les proverbes, devinettes et énigmes, les chants. Amadou Sanogo par son travail pictural autour des proverbes bambara s’inscrit dans cette circulation et cette transmission de la parole et cette actualisation constante de la tradition face aux mutations de la société.

Notes:
1. Jean-Paul Colleyn, anthropologue, in Bamana, 5 Continents, coll. « Visions d’Afrique », 2009
2. René LUNEAU, Louis-Vincent THOMAS, Les religions d’Afrique noire, Paris, Stock, 1995.

Sources :
Blog résumant la thèse d’ethnologie de René Luneau (1975), Béléko, bourg de brousse au Mali à 150 km à l’est de Bamako
Bamana Information  Arts & Life in Africa, Université de l’Iowa