Wallace Stevens, La Voile d’Ulysse //

mercredi 21 juin 2017, par lacriee

Dans le film Sibyl Sybil, l’actrice Laure-Lucille Simon récite un fragment du poème The Sail of Ulysses (La Voile d’Ulysse) du poète américain Wallace Stevens.

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Wallace Stevens
Né en Pennsylvanie en 1879
Mort dans le Connecticut en 1955

Wallace Stevens est un poète, précurseur majeur de la poésie moderne américaine. Alliant la poésie à son métier d’avocat, il publie son premier livre, Harmonium, en 1923. Moins reconnu de son vivant que d’autres poètes de sa génération (tels que Ezra Pound, T.S. Eliot), il reçoit en 1955 le National Book Award pour Collected poems et le Prix Pulitzer. La même année, il obtient un titre honoraire de l’Université Yale.

Wallace Stevens explore le réel, sa pauvreté et sa grandeur, sa tristesse morne et sa beauté exaltante. Mû par un désir qui est aussi désespoir, il a sans cesse oscillé entre les séductions de la réalité et l’attrait de l’imaginaire. Par le poème, Stevens refait le monde, invente une cosmogonie qui englobe à la fois les données de la perception et le surgissement de l’imaginaire. C’est dans cette symbiose que résident le pouvoir et le charme de cette œuvre majeure.
Le passage extrait par Julien Bismuth du poème The Sail of Ulysses évoque la figure de la Sibylle :

It is the sibyl of the self,
The self as sibyl, whose diamond,
Whose chiefest embracing of all wealth
Is poverty, whose jewel found
As the extractest central of the earth
Is need. For this, the sibyl’s shape
Is a blind thing fumbling for its form,
A form that is lame, a hand, a back,
A dream too poor, too destitute
To be remembered, the old shape
Worn and leaning to nothingness,
A woman looking down the road,
A child asleep in its own life.

 

Dans la vidéo Sybil Sibyl, le poème est traduit comme tel en français:

Quelle forme a la sybille ?


C’est la sibylle du soi,
Le soi comme sibylle, dont le diamant,
Dont le plus haut embrassement de toute richesse
est pauvreté, dont le joyau trouvé
au central le plus exact de la terre
est besoin. Pour cela, la forme de la sibylle
Est une chose aveugle qui tâtonne, à la recherche de sa forme,
Une forme qui est faible, une main, un dos,
Un rêve trop pauvre, trop démuni
Pour qu’on s’en souvienne, cette vieille forme
Usée courbée vers le néant,
Une femme qui regarde au loin sur la route,
Un enfant assoupi dans sa propre vie.

 
Sources :
Stevens Wallace, Opus posthumous : poems, plays, prose, New York, A. A. Knopf, 1957
http://www.universalis.fr/encyclopedie/wallace-stevens/