La représentation artistique des données scientifiques météorologiques // Les correspondants

mercredi 7 février 2024, par DSAA Brequigny

 

Un événement météorologique extrême est un phénomène météorologique caractérisé par sa rareté, son intensité ou les dégâts qu’il provoque. Canicules, vagues de froid, cyclones tropicaux, séisme… Toutes ses catastrophes auxquelles on a tous été plus ou moins confronté suscitent toujours des émotions diverses voir même contradictoires chez les populations comme la peur, la tristesse, mais aussi de la fascination où encore de l’émerveillement. Chaque phénomène météorologique est étudié et contrôlé par des scientifiques afin de pouvoir retranscrire au public sa cause et de potentiellement pouvoir les comprendre. Ces événements mystérieux sont de réelles sources d’inspiration pour les artistes. Suite à notre visite de l’exposition Avaler les cyclones d’Evariste Richer, à la criée de Rennes qui invite le public à penser les liens ramifiés entre ciel et terre, nous nous sommes questionnés sur le sujet et plus particulièrement sur comment les artistes s’emparent des données scientifiques des événements météorologiques pour les retranscrire sensiblement, contrairement aux scientifiques ? Afin de répondre au mieux à ce questionnement, nous verrons, dans un premier temps, comment les scientifiques représentent les données scientifiques. Puis, dans un second temps, nous verrons quelles techniques utilisent les artistes pour retranscrire ces données et nous terminerons par l’impact que ces œuvres ont sur le spectateur.

 

I – Montrer la représentation scientifique 

Les données météorologiques constituent le fondement de la représentation scientifique. Des instruments comme les stations météorologiques, les satellites, les systèmes radar et les modèles numériques permettent de collecter et d’analyser ces paramètres, comme la température, l’humidité, les vents et les précipitations. Les outils de visualisation tels que les graphiques, les tableaux, l’imagerie satellitaire et les cartes climatiques aident les scientifiques à communiquer les modèles, les tendances et les variations climatiques à long terme. Cette représentation scientifique privilégie l’exactitude et l’objectivité, mais n’est pas toujours accessible au grand public. Ces documents permettent la communication de ces phénomènes entre scientifiques, sans laisser comprendre réellement au public leur enjeux et impacts, en plus de mettre de côté l’interprétation sensible qui est possible.

Par exemple, le Earth Observatory de la Nasa transmet ce type de photographie satellite, permettant de communiquer sur l’évolution d’un cyclone. L’image ne nous permet pas de ressentir ses effets, ou bien de comprendre sa provenance, entre autres. C’est là qu’on voit la limite des représentations scientifiques des événements météorologiques, uniquement pratique et non sensible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II- Montrer la technique utilisées par les artistes

 

a- Retranscrire un événement

Le monde foudroyé – Evariste Richer

Les artistes s’inspirent de ce qui les entoure. Que ce soit des personnes qu’ils côtoient, des lieux singuliers qu’il aperçoit, des évènements particuliers qui se déroulent, chacun d’entre eux ont leur madeleine de Proust. Les événements météorologiques sont donc un véritable terrain de jeu pour eux. Que se soit par le biais des analyses techniques des scientifiques ou simplement en voyant le phénomène, chacun va essayer de les interpréter, les retranscrire avec leurs propres moyens de communications. Nous pouvons le voir dans un premier temps avec l’exposition “Avaler les cyclones” de Evariste Richer et son oeuvre Le monde foudroyé. L’artiste a souhaité reproduire, à l’identique, une carte météorologique qui dépeint les impacts de foudre dans le monde grâce à l’aquarelle. L’éléments scientifiques devient alors une œuvre d’art accessible pour le public.

 

 

Le diamant d’une étoile a rayé le fond du ciel – Dove Allouche 2011

Pour continuer, nous avons également Dove Allouche, plasticien et photographe, qui lui aussi a été subjugué par les épisodes d’orages violents. Seulement, à la différence de Richer, l’artiste a reproduit non pas une carte scientifique, mais une photographie stéréoscopique d’un éclair parcourant le ciel un soir du début des années 1900. Son œuvre Le diamant d’une étoile a rayé le fond du ciel est un dessin de mine graphite et d’encre sur un papier rehaussé à l’encre de Chine noire.

 

 

 

 

 b-  Réinterpréter des données scientifiques

D’autres artistes utilisent ses données en les interprétant. Nathalie Miebach, artiste conceptuelle basée à Boston, tisse des sculptures complexes et colorées à l’aide de cordes, de bois, de papier, de fibres sur la base de données d’événements météorologiques.

Deux des dernières séries de l’artiste explorent l’impact des eaux pluviales sur nos vies et sur les écosystèmes marins.
La série « Changing Waters » utilise les données de l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère (NOAA) et du Système d’observation de l’océan du golfe du Maine (GoMOOS) ainsi que des stations météorologiques côtières pour montrer les relations entre les évènements météorologiques et les changements de la vie marine.

Nathalie Miebach – série “Floods »

De plus, l’artiste utilise les données météorologiques des tempêtes récentes, notamment l’ouragan Sandy, l’ouragan Maria et l’ouragan Katrina, pour réaliser sa série “Floods”, qui traite à la fois des récits d’expériences scientifiques et humaines. Les éléments coupés et tissés sont reliés entre eux pour former des formes et des motifs géométriques.

Chaque artiste utilise ses propres compétences pour pouvoir limiter le fossé qu’il peut y avoir entre le public et les scientifiques face à des événements météorologiques extrêmes. De plus, cela permet de démystifier ce type d’événement et de le rendre beaucoup plus compréhensible et accessible.

 

 

 

 

III- L’impact sur le spectateur/visiteur

Les interprétations artistiques des événements météorologiques ont un impact profond sur le spectateur ou le téléspectateur, en lui offrant une expérience plus immersive et plus engageante sur le plan émotionnel. En insufflant de l’émotion, de la narration et des perspectives culturelles dans leurs œuvres, les artistes établissent un lien avec le public, favorisant une appréciation plus profonde des complexités météorologiques. La subjectivité de l’expression artistique permet une expérience qui fait appel à plusieurs sens au-delà du visuel. Les spectateurs peuvent se retrouver à contempler des thèmes plus larges tels que le changement, l’incertitude ou l’interconnexion de l’humanité avec l’environnement, comme le montrent les œuvres d’Olafur Eliasson, qui explore souvent l’intersection entre l’art et les événements météorologiques. La collaboration entre l’art et la science encourage une compréhension sensible, enrichit la perspective du public et favorise un sentiment d’émerveillement et de curiosité.

Conclusion

Dans l’interaction entre la science et l’art, l’interprétation des données météorologiques témoigne de la diversité de la compréhension humaine. Alors que les scientifiques apportent un regard objectif, les artistes apportent subjectivité et émotion, transformant les données en récits captivants. Cette approche collaborative permet non seulement de mieux comprendre les événements météorologiques, mais aussi de renforcer le lien entre l’homme et le monde naturel. Grâce à l’interaction entre la représentation scientifique et la technique artistique, une compréhension plus profonde de la météorologie émerge, dépassant les limites de la compréhension traditionnelle des données. La synthèse de la rigueur scientifique et de la créativité artistique offre une perspective nuancée et enrichie, nous invitant à contempler la beauté et la complexité des événements météorologiques.

Laura M, & Sara H.

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