Les dualités soulevées par le travail de Mathis Collins // Les correspondants

mercredi 10 mars 2021, par DSAA Brequigny

Mathis Collins, artiste autodidacte, à travers de l’exposition Mime s’approprie la technique artisanale de la sculpture à la gouge en s’affranchissant des codes pour la relier à son processus de création. Il alimente ainsi le débat éternel entre l’art, un travail centré sur l’esthétique, la sémantique et l’artisanat.

L’artisanat et plus précisément le travail du bois, est régi par des codes, un savoir-faire ancestrale demandant un long apprentissage ainsi qu’une rigueur dans le travail. L’artisanat ne laisse rien au hasard.

L’artisanat dans l’Art a été mis en valeur par le mouvement stylistique des Arts and Crafts dont William Morris a été le pionnier. Selon lui, la reconnaissance des savoir-faire des ouvriers permet un travail de qualité qui fait sens pour celui qui le pratique et pour le client. William Morris crée alors une rupture avec la société industrielle de l’époque, concentrée sur une production quantitative plutôt que qualitative.

Mathis Collins met, dans son travail de création, en valeur le travail artisanal en lui donnant une dimension artistique. Son support, le bois, n’est utilisé que comme canevas. Il laisse apparent les trames du bois mais pas son veinage. Sa taille du bois est généreuse, ses panneaux de bois laissent peu de place au vide, l’espace est rempli. Le travail du bois et l’utilisation des bas-reliefs lui permet de développer une forme d’expression proche de l’art de rue, où les palissades sont supports d’expression libre. Son travail vient alors en opposition aux planches de théâtre et aux tréteaux utilisés dans le théâtre académique qui utilise également ce même matériau.

L’utilisation du travail de la sculpture sur bois permet à Mathis Collins de donner une dimension intuitive à son œuvre, il utilise une approche libre de la création. Il travaille sans plans, sans pré-esquisses, sans finalités fonctionnelles. Il contourne ainsi les règles de bases du travail de l’artisanat.

L’utilisation du bois permet à Mathis Collins de mettre en exergue la naissance des arts vivants et des arts de la rue accessible à tous en opposition avec des formes d’arts plus académiques. L’utilisation de ce support nomade, glané autour de lui, permet à l’artiste de manifester son attachement à une forme artistique libre, proche du peuple comme l’était les théâtres de marionnettes et qui permettaient une parole libre et d’opposition.

Le bois est depuis toujours un médium utilisé à travers tous les arts, par tous et sans distinction sociale. C’est en cela qu’est sa force.

Myriam, Marie, Rosalie

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