On a parfois la surprise de l’apercevoir en train d’arpenter les rues de Saint-Brice-en-Coglès de sa démarche nonchalante, lui qui auparavant a baroudé tout autour du globe. On le repère de loin avec sa silhouette élancée et amaigrie. Quand on s’approche, on peut observer ses mains agiles, ses longs doigts toujours prêts à jouer quelques accords de guitare. Il porte des vêtements sobres, dans des camaïeux de gris et noir. Son visage raconte son histoire : des sourcils épais comme une haie de buis mal taillés, des rides qui soulignent ses yeux vifs, de longs cheveux qu’il a conservés depuis les années soixante-dix et une barbe à présent grisonnante. Il porte des lunettes au design très contemporain, de couleur vive ainsi qu’une montre moderne. Derrière ses lunettes, on découvre ses yeux délavés, des yeux d’artiste, de ceux qui voient au-delà. C’est un musicien guitariste mais aussi un poète ancré dans son époque et qui a su en traverser plusieurs.Il est artiste , ciseleur de mots, façonneur de mélodies, passeur d’émotions et aussi, un habitant du Coglais. C’est Nicolas Peyrac.
Titouan Raffray, Lucie Hautbois, 4ème C
De Saint-Brice-en-Coglès où l’homme est resté en résidence pendant deux ans, il regarde le paysage avesnois de ses yeux bleus clairs, couleur océan. Pour lui, le temps est poème. L’homme : un corps gourmand, un visage rond, comme celui de l’enfant qu’il est resté, des cheveux ondulés comme les mots que dessine l’encre sur les pages, une bouche fine habituée à dire, des dents plus blanches que le papier, un teint rosé et frais, deux mains larges qui galopent sur la page. Un front extraordinaire aussi, derrière lequel il habite d’autres vies, d’autres temps, d’autres lieux. Sa pensée, les saisons qui passent. Ses poèmes, son intimité découverte. Le poète, un monde à lui tout seul : Dominique Sampiero.
Manon Janvier, Léa Vaslet, 4ème C
A la fin de sa vie, c’était un homme âgé, fatigué. D’une grande carrure, taillant mieux la pierre que les mots, il marchait lentement, d’un pas lourd. Il avait les yeux ridés, la bouche mince, les mains abîmés par la pierre. Souvent il était assis à table, avec un livre entre les mains, sa façon de passer le temps. C’est le souvenir que j’ai de mon grand-père, vague souvenir que je garde de mon jeune âge car il est décédé lorsque j’avais sept ans. A ce jour, il n’est plus là, la maladie de la pierre, la silicose, l’a emporté. Quand il était malade, il gardait l’oxygène à proximité car il éprouvait des difficultés pour respirer et il ne pouvait s’éloigner de la maison. La silicose est une maladie qui a touché de nombreux granitiers, les protections étaient inexistantes contre les poussières de granit. Ma grand-mère m’a appris qu’il est né en 1930, qu’il a travaillé dès l’âge de quatorze ans comme apprenti tailleur de pierre, après son certificat d’études. Il est ensuite devenu ouvrier, « picaou », comme on les nommait dans le pays. Après treize années d’exercice, il s’est installé comme artisan granitier dans le Coglais, dans les vallées du Tiercent, puis au Val où il a exercé jusqu’à l’âge de la retraite. Son métier consistait à extraire le granit pour la fabrication de voiries (bordures de trottoir), d’ouvrages pour le bâtiment. Il faisait d’un bloc de pierre une cheminée, des entourages de fenêtres ou de portes d’entrée.
Apprécié et impliqué dans la vie de sa commune pendant trente ans, au travers de ses mandats politiques, il a été conseiller municipal (six ans), premier adjoint au maire(cinq ans) et maire pendant dix-neuf ans. Il s’est engagé pour l’éducation, la création d’emplois et le développement du Coglais. C’est ainsi qu’il été délégué de l’Éducation Nationale et il s’est donné corps et âme pour le maintien des écoles dans le milieu rural, avec le regroupement scolaire. Ce travail m’a permis de redécouvrir mon grand-père, de mieux le connaître au travers de sa vie professionnelle, politique, de sa vie d’homme tout simplement.
Solène Lemoine, 4ème C
L’homme semble appartenir au passé. Il reste figé dans son fauteuil, intemporel. Son corps est comme desséché. Ses cheveux blancs et ses rides, traces du temps, témoignent de la longueur de sa vie. Ses yeux ont tout vu, ses oreilles tout entendu du passé du Coglais. Il le connaît si bien qu’il peut le raconter sans que sa voix n’ait une seconde d’hésitation. Il semble triste, nostalgique. Il conserve précieusement de vieux objets comme un bilboquet en bois avec lequel il joue. Il a le regard vide, comme s’il avait oublié le présent. Mais, quand il raconte des histoires, des anecdotes, il s’anime, devient plein d’entrain, bon vivant, joyeux. Son talent de conteur hypnotise tout le monde. C’est Philippe le Conteur.
Elio Ortega, 4ème C