L’environnement est d’après le Larousse, ‘ce qui entoure de tous côtés’.

Gareth Moore expose ses sculptures tout en transformant la criée en un endroit pluriel oscillant entre sanctuaire et magasin. Il opère une série de tranformations; il redessine les murs et la circulation, ajoute une porte, un catalogue, une affiche, dispose quelques objets dans « l’arrière boutique », perce les murs de trois ventilations, autant d’actions qui transforment  la galerie d’exposition en un nouvel environnement.

Un environnement est un mot souvent employé dans l’art contemporain pour désigner une oeuvre qui ocupe l’ensemble d’un espace dans lequel le visiteur est invité aÌ€ déambuler. Le spectateur n’est pas devant l’oeuvre mais dans l’oeuvre.

Les environnements se sont surtout développés aÌ€ partir des années 1960, meÌ‚me si l’on peut trouver des prémisses de cette forme d’art avec les expositions des groupes d’artistes Surréaliste ou Dada dès les années 1920. A la meÌ‚me époque on trouve également un premier exemple d’environnement avec l’oeuvre de Kurt Switters, artiste allemand du mouvement Dada, appelé Merzbau. Pendant vingt cinq ans, l’artiste a transformé son appartement en un capharnaüm, en accumulant toutes sortes d’objets récupérés et recyclés.

Les environnements sont des mises en scènes qui peuvent être réalisés aussi bien avec des sculptures, des photographies, de la projection vidéo, du son et /ou de la lumière. Ils créent un univers dans lequel le spectateur est immergé physiquement, mentalement et où tous ses sens peuvent réagir.

Le temps est une dimension qui ne peut eÌ‚tre parcourue que dans un seul sens. En effet on ne peut revenir en arrière, le présent se transforme toujours en passé, tandis que le futur n’est pas encore advenu, on s’y projette. Ces trois temps régissent notre existence: passé, présent et futur. L’eÌ‚tre vivant avance comme sur une ligne, il évolue et grandit avec le temps.

Cette condition temporelle des eÌ‚tres vivants est une source d’inspiration artistique ancienne, ainsi de nombreuses Å“uvres ont pour thème la fuite du temps et le temps lui meÌ‚me. Certaines Å“uvres rappellent la mémoire de ce qui disparaiÌ‚t ou se vivent aÌ€ l’instant présent, d’autres imaginent le monde du futur.

Dans l’environnement qu’il dessine aÌ€ la Criee, Gareth Moore convoque « les temps », et ceci dans une dimension quasi atemporelle ou infini; sur l’affiche on peut lire cette proposition pleine d’humour « pour 400 siècles ou plus? », les dessins grattoirs évoquent eux, une sorte d’alphabet immémoriel, tandis que les matières organiques vivent au temps présent de l’exposition: la terre sèche, les feuilles de sauge se consument au contact du feu. Certains des temples semblent laÌ€ depuis toujours et pour toujours, d’autres évoquent un quotidien familier, ils pourraient également tous appartenir aÌ€ une catégorie où les choses seraient en train de se faire.

Le temps de l’Å“uvre semble ainsi étiré et suspendu. Il peut susciter différentes attitudes et réflexions chez le spectateur: contemplation, méditation sur l’écoulement du temps, hésitation entre convocation de la mémoire et projection face aÌ€ ces objets et matières qui évoquent aÌ€ la fois un vécu et appellent une utilisation aÌ€ venir.

A ssemblage:  c’est l’action d’unir différents matériaux. Par exemple une boiÌ‚te de conserve rouillée et une feuille d’argent, du bois et du formica…

B outique: Les kiosques ou magasins sont des formes qui traversent le travail de Gareth Moore. Parfois il investit une boutique, parfois il crée un kiosque. A la Criée, il transforme la galerie en magasin de temples.

C ollection: Une collection rassemble des objets ayant une ou plusieurs caractéristiques communes, choisis pour leur beauté, leur rareté, leur caractère curieux, leur valeur documentaire ou marchande. A La Criée, Gareth Moore présente la collection de temples qu’il a créé et qu’il continue d’enrichir.

D on: Donner quelque chose aÌ€ quelqu’un, c’est lui faire un cadeau.

E ncens: C’est une résine extraite de l’écorce d’arbre, provenant traditionellement d’Inde et surtout d’Afrique. L’encens brûle en dégageant un parfum. Il est employé dans les cérémonies religieuses, souvent mélangé aÌ€ d’autres résines, il est utilisé aussi dans les maisons pour sentir bon.

F oyer: le foyer est éthymologiquement l’endroit où brûle un feu, le foyer est aussi le lieu où l’on vit, la maison.

G areth Moore: est né en 1975 à Matsqui en Colombie-Britannique (Canada). Il développe une œuvre qui associe la sculpture, le dessin, les objets trouvés, le collage, l’installation ou la performance. Son esthétique se construit sur la durée, par accumulation et juxtaposition d’objets, de formes ou de matériaux glanés au gré de ses voyages.

H ousehold Temple Yard : c’est le titre de l’exposition, traduit en français par Foyer Temple Cour.

M agique, mythique: Quelque chose de magique est enchanteur ou merveilleux. L’idée de magie demande d’admettre l’existence d’une autre forme de réalité qui ne dépend ni du religieux, ni du scientifique. Quelque chose de mythique est issu d’une croyance qui, sans eÌ‚tre certifiée « vraie » se rapporte aÌ€ des éléments concrets exprimés de façon symbolique et partagée par un nombre significatif de personnes.

O bjets: Nous vivons entouré d’objets. Nous pouvons les toucher, ils sont nos outils, nos meubles, nos jouets. Nous avons des objets préférés, des objets décoratifs, des objets encombrants. Dans son travail, Gareth Moore joue avec les objets et la relation que nous entretenons avec eux.

Q uotidien: Beaucoup d’objets et matériaux qui composent les temples de Gareth Moore sont des objets quotidiens, c’est aÌ€ dire qui nous entourent, ils ont d’ailleurs souvent été jeté au rebut avant de devenir des temples.

R ebut, rognure, déchet, détritus… On dit « jeter au rebut » quand on veut se débarrasser d’un objet.  Par ses gestes Gareth Moore transforme les objets et le regard qu’on leur porte. ils acquièrent ainsi un nouveau statut. Ils deviennent beaux, pratiques, précieux, mystérieux, symboliques. C’est une forme de réinsertion dans la société des objets.

S pirituel ou Subversif ? : Le spirituel regroupe les qualités de l’esprit et de l’âme, il désigne aussi une queÌ‚te de sens. Quelque chose de subversif renverse la valeur des choses admises par le plus grand nombre.

T emple: C’est un lieu qui abrite quelque chose de précieux. En général c’est un lieu public et sacré, placé sous la protection d’une divinité et où un rite est consacré au culte de cette divinité.

V entilation: La ventilation renouvelle l’air par sa mise en mouvement. Dans l’exposition trois ventilations permettent aÌ€ l’air du dehors et du dedans de circuler et de se renouveller.

Y ard : veut dire la cour en anglais

Z en: Une des traductions du mot Zen est recueillement parfait.  De nombreux visiteurs emploient ce mot  pour décrire l’atmosphère sérenne qui se dégage de l’exposition. Le Zen est d’ailleurs une forme de bouddhisme qui pratique beaucoup de méditation.

Ce Matin, 18 élèves de grande section de l’école maternelle des Gantelles sont venus visités l’exposition de Gareth Moore.

Ils ont découvert les grattoirs, un grand livre en bois  faits de dessins en  grattoirs d’allumettes et se sont livrés aÌ€ leur interprétation:  « c’est un cerf, non une girafe, non un arbre!… un cinq déformé, des bouches tristes, des tunnels, des « c » aÌ€ l’envers, des feutres, des antennes de télévision.. » Ils ont appris que pour faire ces dessins, Gareth moore s’est inspiré de signes d’alphabets aujourd’hui disparus ou d’alphabets un peu particulier comme celui de Charles Bliss.

Ils ont pu expérimenter la création de nouveaux signes avec une planche à dessin  faite de sable en grattant, caressant, traçant des lignes du bout des doigts.

Puis ils ont découvert le foyer et ses matières odorantes,  ils  ont cherché avec quels matériaux étaient fait les temples grâce aux échantillons de la boîte à outils.

Enfin nous avons raconté l’histoire de quelques temples et imaginé comment s’en servir.

Les enfants ont beaucoup apprécié « le magasin des temples qui sent bon »!