Archive de décembre 2018

Perceval, version jeu vidéo !

vendredi 21 décembre 2018

Nous sommes des élèves de l’ULIS du collège de la Binquenais, en 5e5. Nous sommes allés au CDI pour interviewer la classe de 5e3, car ils travaillent sur la création d’un jeu vidéo avec La Criée.

Deux artistes sont en résidence pendant une semaine en décembre et une semaine en février. Tomavatars s’occupe de la programmation informatique et Éric Giraudet est artiste plasticien. Ce projet permet de travailler plusieurs matières : le Français, l’Histoire, les Arts Plastiques, la Technologie, l’Informatique… Ce jeu se passe au Moyen-Âge et le personnage principal est Perceval, un chevalier de la Table Ronde. Le but du jeu est de trouver le Graal. Il y aura plusieurs chapitres avec missions, des aventures, des énigmes, des combats. Nous ne verrons que les mains de Perceval parce que le joueur incarne le personnage.

  • Comment faites-vous pour créer le jeu ?
    Nous avons vu le film « Super Graal » avant de commencer. Nous avons fait des cadavres exquis et dessiné des blasons. Pour créer le jeu, chaque groupe fait un plan qui montre l’aventure de Perceval. Nous dessinons les personnages, les lieux.
  • Comment imaginez-vous les décors ?
    On fait des recherches sur Internet et dans des livres pour nous aider à créer des châteaux, des labyrinthes. Le jeu sera coloré, nous avons cherché des exemples d’enluminures pour les décors.
  • De quel matériel avez-vous besoin ?
    On a besoin de grandes feuilles pour faire des schémas, des dessins et des plans. On utilise aussi les ordinateurs pour écrire les chapitres.
  • Est-ce que ce travail est facile ?
    Pas forcément, il faut beaucoup d’imagination !
  • À quoi ressemble le Graal ?
    Le Graal ressemble à une coupe, dans laquelle il y a du vin magique.
  • Quel logiciel est utilisé pour le jeu vidéo et comment faites-vous pour les images ?
    Le logiciel est Unreal Engine 4, c’est Tomavatars qui s’en occupe.
  • Est-ce que les images seront super réalistes ?
    Non, car le monde sera imaginaire. Il y aura des dragons, des sorcières, des centaures, des loups… et on utilise des morceaux d’enluminures pour les motifs des décors.
  • Est-ce que ça sera violent ?
    Non.
  • Est-ce qu’on pourra y jouer ?
    Oui, on pourra y jouer sur le site du collège et sur le site de la Criée.

Il y aura cinq chapitres (un chapitre par groupe de travail). Un exemple de chapitre : « Perceval et sa Grande Conquête ». Les points de départ seront des portes de téléportation pour aller dans des mondes différents.

J – 5 : Labyrinthes et parcs d’attraction

vendredi 21 décembre 2018

Au terme de la première semaine de résidence, les élèves de 5e3 se sont attelés à finaliser leurs recherches de textures et d’images, afin que le game designer  Tomavatars les ajoute aux décors du jeu. Chacun leur tour, ils sont allés voir Tomavatars pour apporter de plus amples précisions sur le design de leurs chapitres. Entre-temps, ils ont affiné les énigmes de leurs personnages qui interpelleront le joueur lors de son déplacement dans les différents univers.

Quant aux élèves de 3e5, ils ont reçu pour consigne de créer une carte d’un parc d’attraction à thème médiéval en s’inspirant des schémas réalisés par les 5e3. Ils se sont servis des ressources mises à disposition (livres, iconographie), de leur culture personnelle et des souvenirs d’attractions qu’ils ont pu voir ou expérimenter. À partir de cette base, les élèves ont imaginé des parcs avec des labyrinthes, des spectacles tels que des tournois, une forêt enchantée ou encore une imprimante à crêpes.

À la fin de la journée, accompagnés de la webradio du collège, Éric Giraudet, Tomavatars,la classe de 5e3 et leurs professeurs ont fait ensemble un bilan de la semaine passée ensemble. Ils ont fait le lien entre les différents enseignements et le projet. Chaque élève a complété son carnet de bord, en mentionnant ce qu’il a aimé faire et ce qu’il souhaiterait améliorer pour la suite.

Cette première semaine de résidence a permis aux élèves de réinvestir plusieurs connaissances (notamment en français, mathématiques, histoire, technologie), de découvrir de nouveaux métiers (game designer, artiste plasticien) et de nouveaux mots (enluminure). Cette expérience leur a fait comprendre la complexité du travail que demande la production d’un jeu vidéo. Ils ont tous émis le souhait de finir le jeu lors de la seconde semaine de résidence.

Pour finir la journée, Tomavatars a projeté en direct les cinq chapitres du jeu et l’artiste a annoncé aux élèves les étapes à venir : créer un hub* à l’image d’une salle de classe d’où le joueur pourrait ouvrir cinq portes menant aux cinq chapitres et univers entièrement imaginés par les élèves.

La suite : du 4 au 8 février  2019 !

* hub : point central où se regroupent toutes sortes de communications.

J – 4 : Trolls bienveillants et blasons

jeudi 20 décembre 2018

Pour ce quatrième jour de résidence, Éric Giraudet a proposé à la classe de 3e5 de regarder les cartes réalisées par les 5e3 comme s’il s’agissait de plans de parcs d’attraction. En partant de cette idée, les élèves ont dû imaginer une histoire se déroulant à l’époque contemporaine. Pour appuyer leur écriture et jouer avec les points de vue, chacun a reçu une consigne de l’artiste :

« Raconte une histoire à tes amis (au présent) » :

  • Lors d’une journée avec un/une copain/copine au parc d’attraction. Tu lui as révélé un secret que tu lui cachais depuis longtemps. Raconte ce qu’il s’est passé.
  • Lors d’une journée au parc d’attraction, tu as le cÅ“ur brisé. Que s’est-il passé ?
  • Tu as gagné un séjour d’une journée au parc d’attraction avec deux stars, mais tout ne s’est pas déroulé comme tu le pensais. Raconte ce qu’il s’est passé.
  • Tu as prévu de retrouver ton/ta copain/copine au parc d’attraction pour passer toute la journée à deux, en amoureux. Un événement imprévu a changé tes plans. Raconte ce qu’il s’est passé.

Avec l’artiste, les élèves de 5e3 ont découvert Le Grand Armorial Équestre de la Toison d’or, illustré par les armoiries de nombreux chevaliers. Partant de leurs formes, symboles, et de leurs propres histoires, chaque élève a dessiné son blason. Ils ont ensuite choisi deux motifs parmi les images de nombreux ouvrages pour les dessiner à la peinture, en salle d’arts plastiques. Ces éléments serviront de décors pour les chapitres (sur les murs, dans les cieux ou autres).

Pour finir, accompagnés de leur professeur de français, les 5e ont repris l’écriture de leurs histoires sous format numérique, en détaillant les dialogues de chaque scène.

J – 3 : Écriture des scenarii

mercredi 19 décembre 2018

Au cours de ce troisième jour de résidence, les élèves de 5e3 se sont familiarisés avec l’univers numérique.

Dans un premier temps, ils ont repris l’écriture de leur chapitre en précisant chaque scène (en mots et en images) afin d’imaginer ensuite les dialogues entre leurs personnages.

Dans un second temps, les élèves ont continué leur recherche de textures à partir du site de la BNF et de Gallica permettant d’accéder à des images d’enluminures numérisées, de les zoomer et d’en détourer les éléments intéressants (des motifs par exemple). D’autres élèves sont partis en quête de licornes et autres personnages en explorant Internet. Par la suite, ils les ont découpées à l’aide d’un logiciel de traitement d’image, Photofiltre.

Par petits groupes, les élèves ont étudié avec Tomavatars la faisabilité technique de leurs demandes et découvert la programmation de jeux vidéo.

Pendant ce temps, d’autres élèves ont lu des passages de Perceval ou le Conte du Graal afin de se familiariser avec l’écriture en vers de Chrétien de Troyes.

Les cartes des mondes en images et récits

mardi 18 décembre 2018

Trois groupes d’élèves racontent leur chapitre du jeu :

J – 2 : Les cartes des chapitres

mardi 18 décembre 2018

Pour ce deuxième jour de résidence, Tomavatars a présenté à la classe de 5e3 la modélisation d’une carte, créée la veille par l’un des groupes. Ce premier jet a permis aux élèves d’éclaircir le lien entre le format papier en 2D et le format numérique en 3D, en passant par la programmation.

Les groupes ont repris l’écriture de leurs histoires tout en poursuivant le dessin de leurs cartes. Entre-temps, ils ont établi un travail de recherche à partir de nombreuses ressources : les livres mis à disposition au CDI en lien avec l’univers médiéval, les sites web de la Bibliothèque nationale de France (BnF), Gallica et autres supports iconographiques. Éric Giraudet a proposé aux élèves d’y récolter des éléments pour les utiliser comme textures dans le jeu (éléments de décors, objets, etc). Ils ont précisé par la suite les différents fragments manquant à leurs scénarii en listant les personnages présents dans leurs chapitres, les objets ainsi que les lieux.

Les 5e3 ont également donné un titre à chaque production. Ces mêmes titres correspondent aux cinq chapitres du jeu : Perceval et sa Grande Conquête, La Forêt Enchantée, La Quête du Graal, L’énigme du Graal et enfin La défaite de Perceval.

Éric Giraudet et Tomavatars ont également rencontré la classe de 3e5. Leurs camarades de 5e leur ont expliqué le projet et chacune de leurs histoires. L’artiste et le game designer ont alors dévoilé le rôle des 3e dans la conception du jeu : ils seront des « trolls bienveillants » en créant des éléments perturbateurs, issus de l’univers contemporain, dans chaque chapitre.

J – 1 : L’histoire de Perceval

lundi 17 décembre 2018

Pour leur premier jour au collège de la Binquenais, Éric Giraudet de Boudemange et Tomavatars ont investi le CDI du 17 au 21 décembre 2018.

L’artiste plasticien Éric Giraudet de Boudemange et le game designer et créateur de jeux vidéo Tomavatars ont présenté aux élèves de 5e3 leurs métiers respectifs. Puis, ils ont annoncé le point de départ du jeu vidéo qu’ils vont développer ensemble : l’histoire de Perceval ou le Conte du Graal, racontée dans le roman inachevé de Chrétien de Troyes, au XIIe siècle. La lecture de quelques passages a permis aux élèves de se saisir des premiers éléments scénaristiques de cette œuvre du Moyen-Âge.

Par la suite, Éric Giraudet a questionné les élèves sur leurs connaissances de l’époque médiévale. Ils ont parlé de ce qu’ils avaient appris en cours d’histoire, des chevaliers, des troubadours, etc. En retour, Éric Giraudet leur a présenté quelques sources d’inspiration : des extraits des films Perceval le Gallois d’Éric Rohmer – tourné avec des décors en carton – et Sacré Graal! des Monty Python, en terminant par des images de bandes-dessinées, de dessins animés, etc. C’est alors qu’Éric Giraudet et Tomavatars ont proposé à la classe de découvrir Yvain!, le premier volet du jeu qu’ils ont créé ensemble et à partir duquel les élèves imagineront une suite en cinq chapitres.

Pour amorcer l’écriture de ces chapitres, les élèves ont expérimenté le « cadavre exquis », un exercice d’écriture collective au cours duquel chacun écrit un mot sur une feuille et la replie pour la transmettre à son voisin, tout en suivant les consignes de l’artiste.

Inspirées de l’univers médiéval et de leur culture personnelle, de nombreuses phrases incongrues ont ainsi émergé : « La forêt féérique meurt avec des ailes bleues » ; « Le Graal Super se bat avec une barbe à papa énorme » ; « Le chevalier gentil mange avec le roi Arthur ivre » ; « Mon singe vert et moche bois avec une épée », etc.

Répartis par groupes de cinq, les collégiens ont été orientés vers la rédaction de scénarii inspirés de Perceval ou le conte du Graal en appliquant les principes de la narration vus en classe avec leur professeur de français. Tomavatars a par la suite précisé les enjeux d’un gameplay*, permettant de poser quelques consignes pour guider les élèves dans l’écriture de leurs histoires :

  • Le héros est Perceval
  • Quelles sont ses actions ? Quelles aventures va-t-il vivre ? Quels obstacles va-t-il rencontrer ?
  • Quels sont les lieux traversés ?
  • Avec qui ? Des compagnons ? Des ennemis ?
  • Dans quel but ? À quelle fin ?

À partir de cette base, chaque groupe a pu établir l’ébauche d’une carte racontant son histoire. Ces schémas ont permis aux élèves de transmettre leurs indications à Tomavatars, qui les a modélisés en direct en utilisant un logiciel de programmation : Unreal Engine 4.

* gameplay : terme désignant l’ensemble des règles d’un jeu vidéo, la manière avec laquelle le joueur est censé y jouer, etc.

Mini bio de Meriem Bennani

jeudi 13 décembre 2018

Meriem Bennani

Née en 1988 à Rabbat, Maroc
Vit et travaille à New-York, États-Unis

meriembennani.com

Meriem Bennani a étudié à The Cooper Union, New York et à l’ENSAD, Paris. Son travail mêle la vidéo, l’animation, la sculpture, le dessin et l’installation, et investit la narration en empruntant aux langages de la télé-réalité, de la publicité, du documentaire, des vidéo-clips, de la mode ou de l’esthétique commerciale des grandes marques (elle a d’ailleurs créé avec sa sÅ“ur la griffe Jnoun). Ses films, installations et environnements immersifs associent avec humour et fantaisie, des références à la culture populaire mondialisée aux représentations vernaculaires et traditionnelles de la culture et de l’histoire marocaines. Bennani s’intéresse à la question des identités fracturées dans la société contemporaine, aux histoires de genre qu’elle bouleverse à travers le filtre des technologies numériques. Elle diffuse régulièrement ses vidéos ou images animées sur les réseaux sociaux, notamment sur ses comptes Instagram et Snapchat.

Parmi ses Å“uvres, Fardaous Funjab (2014) est une fausse émission de télé-réalité itinérante centrée sur un créateur de hijab fictif qui crée des designs kitchs et absurdes, tels qu’un hijab en forme de panier de balle de tennis ou d’un gâteau de mariage à plusieurs niveaux.

L’installation vidéo Fly, exposée en 2016 au MoMA PS1, propose une expérience vidéo immersive. Celle-ci reprend la structure en mosaïque des yeux d’une mouche avec un patchwork de projecteurs. L’œuvre se compose d’une succession de séquences, filmées dans la ville natale de Bennani à Rabat. Une mouche animée fait office de guide en nous faisant traverser des scènes fragmentées de marchés, de mariage et d’entretiens avec des proches, arrêtant de temps en temps pour chanter une version déformée de «Kiss It Better» de Rihanna.

En 2017, Meriem Bennani présente pour la première fois l’installation vidéo Siham & Hafida, à la galerie The Kitchen à New York, puis à Stanley Picker à Londres, et en 2018 à La Criée à Rennes pour la biennale A cris ouverts.

Éric Giraudet de Boudemange et Tomavatars

mercredi 12 décembre 2018

Éric Giraudet de Boudemange et Thomas Rougeron, dit Tomavatars, sont tous deux en résidence au collège de la Binquenais, en décembre 2018 et février 2019.

Éric Giraudet de Boudemange
né en 1983 à Boulogne Billancourt
vit et travaille à Paris

Éric Giraudet de Boudemange est diplômé en 2007 de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et en 2009, du Fresnoy, studio national des arts contemporains. Il réside en mai 2012 à la Townhouse Gallery, au Caire tout en poursuivant son expérience à la Rijksakademie à Amsterdam (2012-2013).
En 2016, il a participé à l’exposition collective Une forme olympique à HEC (Jouy en Josas) et réalisé des performances aux États-Unis puis à la fondation Ricard à Paris en 2017.

Les projets d’Éric Giraudet de Boudemange commencent généralement par un travail de terrain, une expérience ethnographique en dehors de l’atelier. Ces dernières années, il a axé ses recherches autour des jeux traditionnels et les pratiques sportives cachées en France, Belgique et aux Pays-Bas, les utilisant comme des outils pour créer de nouveaux récits personnels et poétiques. Ses récits mêlent avec humour aussi bien l’histoire, la littérature, les cultures populaires ou folkloriques, le paysage, la biologie ou les nouvelles technologies.

En 2017-2018, il est invité par La Criée centre d’art contemporain en résidence à l’ESPE Bretagne – site de Rennes où il réalise l’exposition Yvain mout fus or oublians, en coopération avec les étudiants enseignants M2 arts plastiques, CPE et documentalistes.

Thomas Rougeron, dit Tomavatars
né en 1984 à Figeac
vit et travaille à Rennes

Tomavatars est game designer compositeur de musique free lance pour jeux vidéo et multimédia à Rennes. Auparavant, il a exercé la musique en tant que producteur et interprète sur scène.

Il a travaillé sur les jeux vidéo Wondershot (sortie sur PS4, Xbox One et WiiU en février 2016, compositeur et sound designer de l’ensemble du jeu), Mac Guffin the Atomic Robbery. Il a également développé le jeu Humanoplancton avec l’artiste Mioshe, un jeu pour application Android sur Unreal Engine 4 avec La Criée dans le cadre de sa saison artistique « Fendre les Flots ».