Archive de septembre 2020

Conflit historique Comédie-Française et commedia dell’arte

lundi 28 septembre 2020

 

Le conflit historique entre la Comédie-Française et la commedia dell’arte

  • Des troupes italiennes aux ressorts burlesques

Genre du théâtre populaire italien, la commedia dell’arte apparaît dans les

années 1550 en Italie. Elle puise ses origines dans la Rome antique et les farces médiévales. Les troupes sont presque toutes itinérantes et voyagent de ville en ville, se représentant sur des tréteaux en plein air ou bien dans des théâtres. La commedia dell’arte est en rupture avec la tradition du texte écrit, les acteur.trice.s improvisent leurs comédies qu’il.elle.s ponctuent d’acrobaties, de chants et de danses. Le jeu se base sur des figures stéréotypes de la société, mises en scène dans des situations burlesques où ruse et tromperie règnent en maître. À l’exception des rôles romantiques, les personnages sont associés à des masques portés par les comédien.ne.s. Le travail des acteur.trice.s réside principalement dans un jeu corporel et gestuel (acrobaties, costumes, etc.) qui met en exergue les traits caricaturaux qu’il.elle.s doivent incarner. Parmi les figures emblématiques on retrouve par exemple Pierrot et Polichinelle – très présents dans les dernières Å“uvres de Mathis Collins.

  •  Le succès croissant de la commedia dell’arte en France

Ce genre de théâtre populaire connaît un véritable essor à partir du XVIIe siècle, si bien que des figures éminentes réclament la venue de ces troupes dans toute l’Europe. C’est tout particulièrement en France que la commedia dell’arte acquiert une réputation sans pareil. Intégrées à la capitale au milieu du XVIIe siècle, les troupes italiennes ont une véritable influence sur le théâtre français, notamment chez Molière. Dans le même temps, les tensions avec les comédien.ne.s français.e.s, jalousant cet engouement pour la commedia dell’arte, ne cessent de s’accroître. De plus, ces dernier.ère.s bénéficient du soutien des autorités religieuses et politiques qui se trouvent parfois offusquées par les gestes et les propos des acteur.trice.s. En effet, à partir de 1668 les comédien.ne.s italien.ne.s commencent à s’exprimer en français. Parallèlement à la montée de la popularité du théâtre italien, la troupe de Molière gagne aussi en reconnaissance à tel point qu’elle passe sous la tutelle de Louis XIV en 1665 et porte alors le nom de « Troupe du Roi », associée au Palais Royal. La mort de Molière en 1673 fait naître des désaccords entre les comédien.ne.s qui se divisent. Certain.e.s rejoignent l’hôtel de Bourgogne, théâtre parisien de renom, et d’autres tentent de sauver ce qu’il reste de la Troupe du Roi ; il.elle.s se retrouvent à l’hôtel de Guénégaud pour jouer.

  •  Monopole du dialogue pour la Comédie-Française

En 1680, Louis XIV ordonne la fusion des troupes de l’hôtel de Guénégaud et celle de l’hôtel de Bourgogne. Il s’agit de l’acte fondateur de la Comédie-Française. L’union de ces deux troupes est encore aujourd’hui célébrée lorsque, avant chaque spectacle, trois coups sont frappés deux fois sur scène. Le document déclare aussi que la Comédie-Française devient la troupe unique des comédien.ne.s du Roi ; elle jouit désormais du monopole du dialogue en français à Paris et dans ses faubourgs. Une troupe italienne reconnue par Louis XIV subsistait encore sous le nom de Comédie Italienne. Cependant en 1697 les comédien.ne.s italien.ne.s du roi présentent La Fausse Prude, satire de Mme de Maintenon, épouse secrète du Roi. Louis XIV s’empare de ce prétexte comme atteinte à la morale et chasse de sa cour la Comédie Italienne. Désormais plus rien ne se joue sans l’accord du Roi, la censure est de mise. En réponse à cette répression de la parole, les troupes de théâtre de rue se réinventent et ont recours à des tours de passe-passe pour contourner l’interdiction. On retrouve certaines de ces parades dans les gravures sur bois de Mathis Collins : mimes, théâtres de marionnettes et autres funambules peuplent ses Å“uvres.

Bibliographie et références Mathis Collins

vendredi 25 septembre 2020
Émilie Renard & Mathis Collins,
Bibliographie et références thématiques

 

 

  • COMMEDIA DELL’ARTE, CARNAVAL

Giorgio Agamben, Polichinelle ou Divertissement pour les jeunes gens en quatre scènes, Paris, éd. Macula, 2017.

« Le Monde à l’Envers, Carnavals et Mascarades d’Europe et de Méditerranée », MUCEM, 2014 (exposition).

« La plupart des « carnavaleux » savent qu’il s’agit d’une fête largement répandue dans le temps et dans l’espace, même s’ils y participent surtout pour se sentir membres de leur communauté. Vécu à la fois comme une fête identitaire et universelle, le carnaval, par ses jeux de masques et de dévoilement, nous parle des sociétés contemporaines. »

Joseph de Lafont, Alain-René Lesage, La Querelle des théâtres. Prologue, Théâtre Classique, 1710.

Jeanne-Marie Hostiou, « De la scène judiciaire à la scène théâtrale : l’année 1718 dans la querelle des théâtres », Littératures classiques, 2013/2 (N° 81), pages 107 à 118.

 

  • LES CLOWNS et LES MARIONNETTES

Jean Starobinski, Portrait de l’artiste en saltimbanque, Paris, Gallimard, 2004.
« Depuis le romantisme, le bouffon, le saltimbanque et le clown, ont été les images hyberboliques et volontairement déformantes que les artistes se sont plu à donner d’eux-mêmes et de la condition même de l’art. Il s’agit là d’un autoportrait travesti, dont la portée ne se limite pas à la caricature sarcastique ou douloureuse. Une attitude si constamment répétée, si obstinément réinventée à travers trois ou quatre générations requiert l’attention.»

Sophie Basch, Jean Clair, Constance Naubert-Riser, Didier Ottinger, Mélanie Racette, Jean Starobinski et d’Ann Thomas, sous la direction de Jean Clair, La Grande parade. Portrait de l’artiste en clown, coédition Gallimard/Musée des beaux-arts du Canada, 2004 (suite à une exposition au Grand Palais).

 

  • COSMOGONIES NOCTURNES et PARISIENNES

Laure Murat, Passage de l’Odéon. Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris dans l’entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 2003.

Francisque Poulbot (1879-1946), illustrateur populaire et fondateur d’un refuge pour les orphelins et les enfants des rues de la Butte-Montmartre vers 1920.
La figure des titis parisiens, des gavroches et des enfants apaches.

 

  • AUTODIDACTES

Musée de La Fabuloserie, art d’autodidactes.
« Tout au long de sa vie de créateur et plus encore de collectionneur, l’architecte Alain Bourbonnais s’est interrogé sur la manière de présenter sa collection. Au milieu des années 70, il réfléchit à un lieu qui, à partir de sa collection apparentée à l’art brut et de la nécessité de la mettre en espace, soit à même de rendre compte du caractère hors-normes des œuvres hors-réseaux qu’il collectionne. Ce musée offre un cadre singulier pour une collection hors-normes. »
Le « manège » de petit Pierre fait partie du musée.

Baptiste Brun, membre du comité de la Criée.
Mots-clés associés à ses domaines de recherche : Art et anthropologie / Art et psychiatrie / Primitivisme / Art brut / Transferts artistiques / Art contemporain / Agentivité de l’œuvre d’art / Écritures de l’histoire de l’art.

 

  • ART SOCIAL / THÉORIES CRITIQUES

Grant Kester, Conversation Pieces, Community and Conservation in Modern Art, California Press Whitney Museum, 2013.
« The artist doesn’t occupy a position of pedagogical or creative mastery (C. Bishop). » (p.151)

Tom Finkelpearl, What We Made : Conversations on Art and Social Cooperation, Durham, NorthCarolina : DukeUniversityPress, 2013.

Claire Bishop, « The Social turn : collaboration and its discontents », Artforum, fév. 2006.
« All artists are alike. They dream of doing something that’s more social, more collaborative, and more real than art. » Dan Graham (citation en tête d’article).

Markus Miessen, The Nightmare of Participation. (Crossbench Praxis as a Mode of Criticality), Sternberg Press, Berlin, 2011.
L’auteur juge l’apport de la participation dans l’art et la politique comme une manipulation et un leurre. « Welcome to Harmonistan ! Over the last decade, the term « participation » has become increasingly overused. When everyone has been turned into a participant, the often uncritical, innocent, and romantic use of the term has become frightening.»

 

  • HISTOIRES / CONTRE-CULTURE EN FRANCE

Michelle Zancarini-Fournel, Les Luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Paris, La Découverte/Zones, 2016.

Guillaume Désanges, François Piron, Contre-cultures 1969-1989 : l’esprit français, Paris, La Découverte, 2017.
« Un sentiment persistant sous-tend cet ouvrage et l’exposition qu’il accompagne : c’est par ses marges que la France a produit ce qu’elle a de meilleur. Au sortir des années 1960 et jusqu’à la fin des années 1980, une génération est marquée par la « pensée 68 », qui mêle toutes les libérations politiques, sociales, esthétiques et de modes de vie, sur fond de crise sociale et économique grandissante. Cette situation paradoxale affecte différentes formes de contre-culture où les arts populaires (rock, bande dessinée, presse, télévision, graffiti, etc.) influent sur les champs plus traditionnels de la culture en les subvertissant. »

Biographie Paul Collins

vendredi 25 septembre 2020

Paul Collins

Né en 1955 à Toronto
Vit et travaille à Paris
Représenté par General Hardware Contemporary (Toronto)

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Paul Collins a étudié à l’Université de York et à la New School of Art de Toronto. Sa pratique pluridisciplinaire alterne et combine la peinture, l’imprimé et la musique. À Toronto, il a travaillé au Coach House Press, exposé au Museum of Contemporary Canadian Art, A Space, YYZ, Mercer Union et il a joué de la musique improvisée et post punk à la Cabana Room du Spadina Hotel. Il a contribué à Only Paper Today et a co-fondé Permanent Press sur Mercer Street. Il a exposé au Musée des Beaux-arts de l’Ontario pour l’exposition « Canadian Art in the 1960s and 1970s through the lens of Coach House Press. » 2009.  Il s’est installé à Paris en 1982, où il a exposé et donné des performances à la Fondation Cartier, Paris ; au Crédac, Ivry sur Seine ; au Musée des Beaux-arts de Mulhouse ; à l’Artothèque de Caen ; à l’Impasse, Moments artistiques, La Générale (Belleville et Sèvre), aux Instants Chavirés et à Treize à Paris. Dès 1986, il commence à enseigner dans les écoles d’art en France. Actuellement, il enseigne la peinture, l’estampe et la musique expérimentale à l’École supérieure d’arts et média, Caen/Cherbourg. En 2015, il a joué avec The Glenn Branca Orchestra à la Philharmonie de Paris. Son dernier livre d’artiste, Vent : Photographs 1977 – 2017, a été publié en 2016. Son duo, Protocol Warum, a joué au Palais de Tokyo et leur dernier disque est paru en 2017.

Sa musique peut être écoutée sur soundcloud.

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MIME

Œuvres exposées

 

Titres, 2019

sérigraphie sur papier
33,5 × 50 cm

 

Les formats, 2020

acrylique sur lin
100 × 81 cm

 

Basic Typography – p. 84, 2020

acrylique sur lin
100 × 81 cm

 

Basic Typography – p. 85, 2020

acrylique sur lin
100 × 81 cm

 

History of Modern Art – p. 344, 2020

acrylique sur lin
100 × 81 cm

 

History of Modern Art – p. 249, 2020

acrylique sur lin
100 × 81 cm

 

History of Modern Art – p. 624, 2020

acrylique sur lin
100 × 81 cm

 

History of Modern Art – p. 617, 2020

acrylique sur lin
100 × 81 cm

 

At Five in the Afternoon, 2020

acrylique et encre sur lin
81 × 100 cm

 

PARACHUTE 7, 2020

acrylique sur lin
100 × 81 cm

 

at five o’clock in the afternoon, 2020

acrylique sur lin
100 × 81 cm

 

Paul Collins et Mathis Collins, History of Modern Art (for D. R.), 2020

acrylique sur lin, tilleul, teinte à bois
146 × 97 cm

 

Toutes les œuvres de Paul Collins : courtesy de l’artiste et de General Hardware Contemporary, Toronto.

« Chaque jour l’oreille va à l’école. »

jeudi 3 septembre 2020
« Chaque jour l’oreille va à l’école. »
« L’eau est le refuge du poisson. »
« Deux lunes ne peuvent paraître en même temps, mais une belle étoile apparaît à coté de la lune. »
« La nuit, toutes les vaches sont noires. »

Ces proverbes bambaras ont été illustrés lors des ateliers en famille menés par l’artiste Line Simon au sein l’exposition De parole en paraboles, on se sert d’Amadou Sanogo. Enfants et parents ont collaboré pour réaliser une image en monotype faisant écho à la démarche de création du peintre malien pour son exposition.

Un monotype est un procédé d’impression qui permet de faire un tirage unique.
La couleur est déposée sur un support lisse qui va garder l’encre à la surface et permettre de transférer le dessin réalisé sur une feuille par un système de pression.
C’est ce qu’on appelle aussi une estampe.
Comme pour la gravure, le dessin sera inversé une fois imprimé.
En jouant sur les formes, les symboles et couleurs, Amadou Sanogo traduit en peintures des proverbes bambaras qui l’ont inspiré tout au long de son parcours.
Ici ce sont de nouvelles « sagesse imprimées » que les duo parents-enfants ont fait apparaître.