Archive de janvier 2017

Le lettrisme

mardi 17 janvier 2017

Les mots et l’art
L’émancipation des mots hors de l’espace de la page qui s’opère au cours du XXe siècle, instaure des rapports nouveaux entre écriture et art. Cette conquête est largement une affaire de poètes : Stéphane Mallarmé et son fameux poème Un coup de dés jamais n’abolira le hasard publié en 1897 ouvre la poésie à une multiplicité de lectures et donne sens au blanc même de la page. Le poème ne se constitue pas seulement de mots mais aussi de silence et on sait l’importance qu’accordera plus tard au silence un musicien comme John Cage dans ses compositions sonores. Les constructivistes russes, les futuristes russes et italiens, les dadaïstes de toute l’Europe et les surréalistes se servent des mots dans les tableaux pour brouiller les codes jusqu’à la fameuse et célèbre proposition surréaliste de Magritte intitulée « Ceci n’est pas une pipe » ; ces derniers pratiquent aussi l’écriture automatique. Tous auront participé, si divers soient leurs objectifs, à cette libération de la page, notamment par l’insertion de fragments de journaux et par des jeux typographiques extrêmement novateurs – cela dans l’idée d’accomplir une définitive émancipation des mots hors du langage.

Le lettrisme
Isidore Isou crée le lettrisme en 1945. Le lettrisme renonce à l’usage des mots et s’attache au départ à la poétique des sons, des onomatopées, à la musique des lettres.

Voici la définition qu’en donne Isidore Isou Goldstein en 1947 dans Bilan lettriste : « Art qui accepte la matière des lettres réduites et devenues simplement elles-mêmes (s’ajoutant ou remplaçant totalement les éléments poétiques et musicaux) et qui les dépasse pour mouler dans leur bloc des œuvres cohérentes. ». Par la suite, le Lettrisme se définira comme un mouvement culturel fondé sur la novation dans toutes les disciplines du savoir et de la vie, au moyen notamment de La Créatique ou la Novatique, ouvrage rédigé par Isou entre 1941 et 1976.
Le Lettrisme est l’un des principaux mouvements d’avant-garde depuis le dadaïsme et le surréalisme. Plus tard, Isou proposera le terme d’Hyper-créatisme ou d’Hyper-novatisme pour mieux définir ce mouvement qui ne s’est pas réduit à la poésie à lettres mais à l’ensemble des branches de la culture et de la vie.

“Il faut tout écrire” L’exemple de Ben
“Je fais des peintures-écritures depuis 1958. Si j’ai peint des écritures c’était le sens qui comptait et non pas le graphisme. C’était pour dire la vérité, vérités objectives, vérités subjectives. Ceci étant, la vérité n’est pas facile à trouver.” Ben
L’art de Ben (ou Benjamin Vautier), artiste actif de Fluxus, consiste le plus souvent en des messages peints sur des toiles. Au tout début des années 60, Ben commence à couvrir les murs de sa boutique, puis ceux de Nice, de phrases, de slogans, d’aphorismes, avant de les inscrire sur des panneaux, des toiles ou des objets.
Ses premières écritures étaient donc des graffitis réalisés sur les murs dans la rue à Nice avec ses amis artistes dont Arman. C’est Yves Klein qui incite Ben à utiliser les mots dans la peinture pour dire quelque chose, “pour y mettre sa recherche de la vérité”. Son écriture à la calligraphie enfantine, cursive, toujours porteuse d’un message simple mais percutant, est devenue sa signature artistique. Les mots, la pensée, l’écriture et le slogan caractérisent son œuvre. Artiste engagé, il s’exprime ouvertement dans ses œuvres par des phrases, telles des citations, avec ironie et humour. En 1993, il réalise l’installation de l’œuvre monumentale Il faut se méfier des mots sur le mur d’un immeuble de la place Fréhel à Paris.
Il choisira également le support du mail art afin d’échanger, de faire circuler les idées par-delà même les frontières.

Sources:

Les théories du lettrisme

Mouvement lettriste et peinture

Benjamin Vautier

 

L’art conceptuel

mardi 17 janvier 2017

Joseph Kosuth, One and Three chairs (Une et Trois Chaises), 1965, installation, Chaise en bois et 2 photographies, 200 x 271 x 44 cm,. Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris

 

L’art conceptuel ne doit pas être considéré comme un mouvement mais plutôt comme une démarche intellectuelle, c’est l’idée qui prime sur la réalisation. Celle-ci s’est développée à partir de l’art minimal apparu au début des années 1960 aux États-Unis en réponse à l’expressionisme abstrait et à la figuration du pop art. Les artistes qui vont se réunir dans ce courant appliquent la célèbre formule de l’architecte Ludwig Mies Van der Rohe : « Less is more » et poursuivent la même démarche que certains peintres des avant-gardes historiques comme Malevitch. Les réflexions de ces artistes parmi lesquels Frank Stella, Carl André et Donald Judd ne se portent pas simplement sur un dépouillement extrême de l’œuvre mais sur la perception des objets dans l’espace. Certains artistes à l’image de Robert Morris ou encore Sol LeWitt vont pourtant s’en détacher concentrant leurs recherches et analyses sur la conception de l’œuvre, l’idée, et non le produit fini. La redécouverte des ready-made de Marcel Duchamp dans les années 1960 va impacter leur démarche. Ainsi, pour Sol le Witt, le cheminement intellectuel (conversations, croquis, études, pensées) prime à la réalisation de l’œuvre. L’art conceptuel ne peut donc être perçu comme un mouvement en tant que tel car il englobe de nombreuses démarches artistiques.

Néanmoins, certains artistes affiliés à cette démarche intellectuelle vont donner une toute autre acceptation à l’art conceptuel que celle de Sol LeWitt, en particulier Joseph Kosuth et le groupe anglais Art & Language fondé en 1968 par Terry Atkinson, David Bainbridge, Michael Baldwin et Harold Hurell. L’influence de leurs travaux va profondément marquer le développement de l’art conceptuel aux États-Unis et en Angleterre. Ces artistes vont limiter leur travaux à la production de tautologie de l’art, à la production de réponses logiques à la question « Qu’est-ce que l’art? » en analysant ce qui permet à l’art d’être art sans se contredire.

Reprenant la formule de Ad Reinhardt « Art as art as art », Joseph Kosuth  propose « Art is art » qui va devenir l’hymne des artistes conceptuels. Son installation One and three chairs réalisée en 1965 est emblématique de cette pensée tautologique. Ces trois chaises qui constituent des degrés différents de la réalité de l’objet nous renvoient au concept de chaise ici suggéré.

 

Le néon dans l’art contemporain

mardi 17 janvier 2017

Ce dispositif lumineux utilisé principalement dans l’affichage publicitaire attire depuis longtemps les artistes contemporains, qui y voient un médium nouveau à explorer. Dans l’histoire de l’art, la lumière est toujours source de fascination, principalement parce que c’est un élément très difficile à représenter qui demande une grande technique. Les peintres tels que Vermeer de Delft usaient même de la représentation de la lumière comme d’une signature picturale: ici les artistes l’intègrent directement dans leurs œuvres. Composé de tubes de verre recourbés et colorés, il s’agit d’un matériau relativement simple à façonner. C’est la pulsation de la lumière, elle-même, qui devient sculpture, alimentée par une source électrique.

D’un point de vue linguistique on distingue le néon du tube fluorescent: le premier émet une lumière rouge orangée, le second fonctionnant grâce à des gaz inertes comme l’hélium ou l’argon, peut produire une palette de couleur plus vaste.

La réception et l’appréciation de ce type d’œuvre est double: d’un côté par le sens véhiculé par le contenu ou les formes des néons, de l’autre par l’impact purement visuel et esthétique qui persiste dans l’œil du spectateur, comme si l’installation devenait une composition lumineuse.

Parmi les plasticiens célèbre ayant travaillé le néon on trouve: Jean-Michel Alberola, Martial Raysse, François Morellet, Claude Lévêque, Pierre Huygue, Pierre Bismuth, Daniel Buren, Dan Flavin, Bruce Nauman, Joseph Kosuth, Tracy Emin, Cerith Wyn Evans, Jeff Koons, Alfredo Jaar, Mario Merz, Carsten Höller…

Si certains retranscrivent des données mathématiques ou numériques, d’autres s’amusent à rédiger mots et phrases aux sens philosophiques, poétiques, absurdes, injonctifs, ou encore politiques: l’outil des publicitaires n’encourage donc plus à consommer mais à réfléchir ou à sourire.

Certains artistes se jouent des mots et de la langue formant des énoncés proches des contrepèteries (Bruce Nauman), d’autres parviennent à créer des palindromes (phrases pouvant être lues de gauche à droite et de droite à gauche) comme Joseph Kosuth.

Création plus pessimiste, Jean Michel Alberola compose le mot « rien » à l’aide de ces tubes de verres, la disposition des lettres ressemblant à s’y méprendre à un crâne. L’avancée technologique permet donc aux artistes de continuer à s’atteler à des sujets récurrents comme ici la vanité, si chère aux peintres flamands.

Typhaine Rouillard.

Sources:

Néon et art contemporain

Le néon et la mort

Les néons publicitaires

Les lampes néons

Lexique des genres littéraires et oraux

mardi 17 janvier 2017

A necdote: Petit récit qui vaut par l’intérêt piquant qu’il procure.
Aphorisme: Sentence très courte qui résume une idée.
Apologie: Discours écrit visant à défendre, justifier une personne ou une doctrine.
Apologue: Petit récit illustrant une leçon morale.
Autobiographie: Récit de la vie d’un auteur écrit par l’auteur lui-même.

B allade: Petit poème narratif en strophe avec un refrain et terminant par un envoi, c’est-à-dire une strophe plus courte.
Bande-dessinée: Mode de narration utilisant une succession d’images dessinées, incluant, à l’intérieur de bulles, les paroles, sentiments ou pensées des protagonistes.
Biographie: Récit sur la vie d’une personne.
Blague: Histoire plaisante imaginée pour amuser ou pour tromper.

C arte Postale: Morceau de papier cartonné utilisé pour envoyer un message par courrier postal à une personne.
Chanson: Texte en vers destiné à être chanté et composé en général de couplets de refrains.
Charade: Énigme où l’on doit deviner un mot de plusieurs syllabes décomposé en parties formant elles-mêmes un mot, d’après la définition des parties et du tout. (La charade se présente ainsi : Mon premier est…, mon second est…, etc., et mon tout est…).
Chronique: Récit historique qui suit l’ordre du temps. Se dit également d’une rubrique de presse écrite ou audiovisuelle relative à l’actualité.
Comédie: Genre théâtral, littéraire ou cinématographique qui met en scène des personnages de condition moyenne et des évènements communs qui se termine bien, et dont le but est de faire rire.
Comptine: Poésie enfantine simple et rythmée.
Conte: Récit assez court d’évènements imaginaires et présentés comme tels.
Critique: Texte portant un jugement sur une œuvre littéraire ou artistique, l’examinant en détail.

D evinette: Question le plus souvent plaisante, posée à une personne par jeu pour qu’elle trouve la réponse.
Dicton: Sentence populaire devenue proverbe.
Discours: Forme oratoire prononcée devant un groupe de personnes.
Drame: Pièce de théâtre, film, roman… d’un caractère général grave, mettant en jeu des sentiments pathétiques et des conflits sociaux ou psychologiques (à l’opposé de la comédie).

E popée: Poème narratif qui chante les exploits guerriers d’un héros hors du commun. Le merveilleux y joue un rôle important.
Essai: Ouvrage de réflexions de forme très libre.

F able: Petit récit souvent en vers, accompagné d’une moralité.
Fait divers: Rubrique de presse comportant des informations sans portée générale, relatives à des faits quotidiens.
Farce: Petite pièce de théâtre d’un comique volontairement primaire et grossier.
Fiction: Tout récit de faits non réels.

H istoire: Récit portant sur des événements ou des personnages réels ou imaginaires, et qui n’obéit à aucune règle fixe ; anecdote visant à amuser, à divertir.
Histoire: Le passé de l’humanité, la suite des événements qui le constituent, considérés en particulier dans leur enchaînement, leur évolution.
Histoire drôle: Petit récit destiné à provoquer le rire, au moyen d’un ressort humoristique.
Homélie: Livre, discours ennuyeux, empli d’affectation moralisante.

J ournal: Récit au jour le jour, de la vie d’une personne par elle-même.
Journal intime: Notes journalières sur des événements personnels, des émotions, des sentiments et des réflexions intimes.

L ecture: Action de lire, de déchiffrer toute espèce de notation, de prendre connaissance d’un texte.
Légende: Récit oral, populaire et merveilleux d’un évènement héroïque ou divin.
Lettre: Écrit sur feuille de papier, adressé personnellement à quelqu’un et destiné à être mis sous enveloppe pour être envoyé par la poste.

M axime: Formule qui résume un principe de morale, une règle de conduite ou un jugement d’ordre général.
Mélodrame: Drame populaire dont l’intrigue est invraisemblable et dans lequel tout est outrancier afin de faire pleurer.
Menterie: Propos par lequel on donne pour vrai ce qu’on sait être faux.
Mémoires: Œuvre littéraire où une personne relate des événements qui se sont passés durant sa vie, et dans lesquels elle a joué un rôle ou dont elle a été le témoin. (cf. autobiographie)
Mythe: Récit symbolique qui met en scène des héros et donne une explication du monde.

N otice: Écrit succinct sur un sujet déterminé (notice historique), ou livret groupant les indications relatives à la construction, à l’entretien et à l’utilisation d’une machine, d’un appareil ou d’une installation.
Nouvelle: Récit assez court en prose.

O dyssée: Voyage mouvementé, semé d’incidents variés, d’aventures.

P amphlet: Texte polémique qui attaque violemment une personne ou une idée.
Poésie: Texte en vers ou en prose rythmée.
Prière: Ensemble de formules, en général codifiées, par lesquelles on s’adresse à une divinité.
Prophétie: Toute prédiction faite par quelqu’un qui prétend connaître l’avenir.
Proverbe: Court énoncé exprimant un conseil populaire, une vérité de bon sens ou une constatation empirique et qui est devenu d’usage commun.

R ébus: Jeu d’esprit qui consiste à exprimer des mots ou des phrases par des lettres, des mots, des chiffres, des dessins et des signes dont la lecture phonétique révèle ce que l’on veut faire entendre.
Recette: Description détaillée de la façon de préparer un plat.
Récit: Terme qui désigne tous les textes narratifs.
Reportage: Ensemble des informations écrites, enregistrées, photographiées ou filmées, recueillies par un journaliste sur le lieu même d’un événement.
Rhétorique: Ensemble de procédés constituant l’art du bien-dire, de l’éloquence.
Roman: Récit long, en prose. On peut distinguer plusieurs types de romans (réaliste, historique, psychologique, fantastique, science-fiction, policier…).
Rumeur: Information non vérifiée et parfois non vérifiable, qui circule plus ou moins vite au sein d’un groupe d’individus.

S aynète: Mini-pièce de théâtre le plus souvent comique avec un nombre d’actes et de personnages très réduits.
Sermon: Le sermon est un discours prononcé dans des circonstances religieuses.
Slam: Poésie orale, urbaine, déclamée dans un lieu public, sur un rythme scandé.
Slogan: Phrase courte, concise, originale ou formule choc employée plus particulièrement en publicité ou en politique pour servir d’accroche et être facilement mémorisée.
Sonnet: Pièce de poésie, de quatorze vers, composée de deux quatrains et de deux tercets.

T héâtre: Tout texte destiné à être représenté sur scène.
Tragédie: Pièce de théâtre dans laquelle les héros sont de rang élevé, les évènements exceptionnels et la fin malheureuse. Les sentiments qu’elle vise à inspirer sont la terreur et la pitié.

U topie: Conception imaginaire d’une société idéale.

Fluxus : un état d’esprit

mardi 17 janvier 2017

Apparu dans les années 1960, Fluxus ne peut être défini comme un mouvement en tant que tel. Traversant les disciplines et les époques, Fluxus s’apparente plus à un courant de pensée remettant en cause les fondements même de l’art et proposant d’abolir les frontières entre l’art et la vie. Cet état d’esprit est né de l’enseignement d’un musicien inspiré par la pensée zen et qui aura marqué la musique expérimentale de la seconde moitié du XXème siècle : John Cage. Les cours qu’il va dispenser à la New School for Social Research entre 1958 et 1961 vont marquer de nombreux artistes tel que George Brecht et Dick Higgins qui deviendront plus tard les ambassadeurs de cette mouvance au rayonnement international.

Le terme apparaît pour la première fois avec George Maciunas en 1961 à la galerie AG où il organise des évènements-performances. En 1962, il organise le Fluxus Internationale Festspiele Neuester Musik à Wiesbaden en Allemagne qui marque les débuts des concerts Fluxus qui deviendront populaires. Ces concerts proposent une vision entre parodie du concert classique et approche radicale de produire du son à partir d’instruments en détournant leurs usages conventionnels et les codes pour créer une « musique d’action » qui doit être autant visuelle que sonore. Quelques années plus tard, en 1965, Maciunas propose un manifeste Fluxus dans lequel il tente de définir les lignes directrices de ce courant sans jamais parvenir à dégager une réelle définition.

Par leur rejet des institutions, du statut même de l’œuvre d’art et la promotion du non-art, les fondateurs de Fluxus vont poursuivre les idées révolutionnaires de leurs précurseurs dadaïstes à travers l’organisation de happenings et d’évènements spontanés. Cultivant un esprit d’autodérision cher à John Cage qui admirait la musique d’ameublement du compositeur Erik Satie, les artistes affiliés à Fluxus vont rompre avec la sacralité de l’œuvre d’art pour renouer avec le banal, l’insignifiant. C’est ainsi qu’il faut comprendre la composition de John Cage 4’33 interprété par David Tudor le 29 août 1952, au Maverick Concert Hall de Woodstock dans l’État de New York et durant laquelle le pianiste a laissé place à une autre mélodie, celle du silence.

L’internationale situationniste

mardi 17 janvier 2017

Guy Debord, Directive n°1: «Dépassement de l’Art», huile sur toile, 17 juin 1963 (reproduction d’un ektachrome BnF, dpt. Manuscrits, fonds Guy Debord)

 

« Nous pensons d’abord qu’il faut changer le monde. Nous voulons le changement le plus libérateur de la société et de la vie où nous nous trouvons enfermés. Nous savons que ce changement est possible par des actions appropriées. »¹

Par ces mots prononcés en 1957, Guy Debord fonde l’Internationale situationniste. Cette plateforme collective fondée par huit artistes observant une certaine forme de radicalisme international se développer dans la seconde moitié des années soixante va réunir près de 70 membres de 16 nationalités différentes. Dès ses débuts, le situationnisme souhaite dépasser les mouvements artistiques révolutionnaires des avant-gardes du XXème siècle comme le dadaïsme, le surréalisme et le lettrisme.

Les germes de l’internationale situationniste se trouvent dans l’internationale lettriste fondée en 1952 par des lettristes dissidents dont Jean-Louis Brau et Guy Ernest Debord, futur chef de file de l’IS. En rupture avec les lettristes et les surréalistes, les membres de ce groupe qui vont répandre la pratique du détournement, souhaitent dépasser l’art pour transformer la vie. S’insurgeant contre l’art bourgeois, ils vont lutter avec le mouvement Cobra pour un art populaire. Partant d’une critique de la vie quotidienne et se référant au mouvement ouvrier anti autoritaire et à la pensée marxiste, le situationnisme va très vite s’orienter vers une critique de la société du spectacle, titre du célèbre essai politique et philosophique de Guy Debord  publié en 1967, associé à un désir de révolution. Très radical, les artistes sont exclus du mouvement en 1962 au profit des révolutionnaires après une scission au sein du groupe.

Dissout en 1972, l’Internationale situationniste aura influencé le mouvement de Mai 68 confirmant le climat révolutionnaire propagé par les situationnistes.

 

¹ Guy Debort, Rapport sur la construction des situations et sur les conditions de l’organisation et de l’action de la tendance situationniste internationale, International situationniste, Paris, 1957.

Herbert Lang et L’okapi

mardi 17 janvier 2017

Dans la vidéo Red Rivers (In Search of the Elusive Okapi), Simon Starling revient sur le périple de l’allemand Herbert Lang en quête d’un okapi: un animal aussi rare que légendaire.

Herbert Lang
Herbert Lang est un zoologiste allemand, né le 24 mars 1879 à Oehringen dans le Wurtemberg et mort le 29 mai 1957 dans les environs de Pretoria. Il commence à travailler comme taxidermiste au muséum d’histoire naturelle de Zurich. Il émigre en 1903 aux États-Unis et est embauché par le National Museum of Natural History comme taxidermiste. Durant trois ans, il travaille sur des dioramas et des expositions d’oiseaux. Il participe en 1906 à une première expédition en Afrique conduite par le chasseur Richard Tjader et qui est chargée de collecter des spécimens au Kenya. L’expédition rapportera 178 spécimens de mammifères et 232 oiseaux. C’est Lang lui-même qui assurera le catalogue et les préparations des spécimens. En 1919, il devient assistant-conservateur au département de mammalogie du Muséum où il travaille sur la faune du Guyana.

L’Okapi
L’okapi (Okapia johnstoni), est une espèce de mammifères ruminants de la même famille que la girafe, venant des forêts équatoriales de l’Afrique centrale. Bien que connu par les Pygmées, il est «découvert» en 1901 par Sir Harry Johnston à qui il doit son nom. C’est l’un des derniers grands mammifères à être observé scientifiquement sur la planète. Cet animal dont l’allure rappelle à la fois celle du zèbre et de la girafe vit exclusivement dans une petite région au nord-est de la République démocratique du Congo, la forêt tropicale de l’Ituri, où une réserve lui est spécialement dédiée. L’okapi mesure environ 1,80 m au garrot et pèse au maximum 200 à 230 kg.
Il figure sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN.

Découverte
Sir Henry Morton Stanley, le célèbre explorateur britannique est le premier occidental à oser s’aventurer dans l’immense forêt de l’Ituri lors de sa dernière expédition en 1887. L’expédition fut l’une des plus importantes et des mieux équipées jamais organisées en Afrique. Le plan de l’expédition était de se rendre au Caire, puis à Zanzibar, puis de contourner l’Afrique par Le Cap, continuer en se rendant à l’embouchure du fleuve Congo, pour le remonter à l’aide de bateaux à vapeur. Le reste du parcours jusqu’au Soudan, devait se faire à pied à travers la profonde forêt d’Ituri alors inconnue des occidentaux. Cependant la faim, les maladies, les attaques des pygmées M’buti rendirent cette expédition catastrophique. La forêt de l’Ituri y gagna le titre de « forêt la plus inhospitalière du monde ».
Lors de cette traversée, Stanley entendit parler auprès des pygmées d’un animal inconnu des occidentaux qu’ils appelaient o’api. Stanley en parlera comme d’un âne proche du zèbre…
Dix ans plus tard, alors que l’okapi est devenu une légende en occident, un autre explorateur Sir Harry Johnston décide de partir à la recherche d’un spécimen complet dans l’espoir d’ajouter un nouveau membre à la liste des mammifères. Johnston organise une expédition en 1901 de laquelle il rapportera plusieurs peaux et un squelette complet en Angleterre. L’animal n’est pas un âne, pas un cheval, ni une sorte d’éland ou de zèbre mais une espèce de Giraffidé. La découverte est l’une des dernières d’un grand mammifère terrestre. Elle fit la Une de tous les journaux.
Il faudra encore près de dix ans pour capturer un okapi vivant. Cette fois se sont des américains qui dirigent l’expédition. En 1909, Herbert Lang et James Paul Chapin sont envoyés par le National Museum of Natural History de Washington dans la forêt du Congo dans le but d’étudier la faune et son environnement mais aussi pour rapporter aux États-Unis un ou plusieurs spécimens vivants. Malgré 5 années passées sur place et les talents de chasseurs des pygmées M’buti, les deux scientifiques échouèrent à capturer un okapi vivant… A l’exception d’un juvénile qui hélas mourut au bout de 10 jours par manque de lait maternel. La Première Guerre mondiale interrompit l’expédition. Lang et Chapin permirent néanmoins de mieux connaître l’animal et son territoire.

Typhaine Rouillard.

Sources:

Herbert Lang

Les fantômes de la forêt de l’Ituri

Rencontre avec une photographe de l’Inrap

lundi 16 janvier 2017

Mardi 10 janvier 2017, l’artiste Clémence Estève a rencontré Emmanuelle Collado, une photographe de l’Inrap qui a bien voulu lui ouvrir les portes de son bureau et lui apporter ses connaissances techniques. Elle a expliqué comment elle photographie les vestiges archéologiques stabilisés qui traversent son bureau avant de retourner où ils sont archivés.

Elle a ainsi commencé par évoquer les conventions propre à la photographie en archéologie. La photographe a expliqué que la lumière sur la photographie doit toujours venir d’en haut à gauche et qu’il s’agit là d’une convention partagée en dessin. Bien que la photographie et le dessin archéologique partagent des conventions et un code déontologique, le dessinateur tente d’interpréter l’objet qu’il dessine contrairement au photographe.

La photographe a ensuite présenter son équipement (support de fond, réflecteurs, luxmètre, mire, etc…). Ajustant la luminosité avec un luxmètre pour prendre la photo d’une petite sculpture, elle en a profité pour délivrer quelques astuces en photographies. Elle a commencé par les bases en expliquant que la lumière doit toujours être plus forte à gauche et moins forte à droite pour déboucher les ombres de l’objet. Elle a poursuivi en révélant comment rendre visible en photographie les inscriptions sur une pièce de monnaie et travailler avec une lumière rasante.

Après avoir abordé les types de photographies qu’elle a réalisé parmi lesquels la photographie aérienne, à perche et à pieds, elle a parlé des techniques et du matériel qu’elle utilise pour aboutir à la représentation étendue d’un chantier de fouille et notamment de la photogrammétrie aérienne et terrestre. Avant de quitter son studio, elle a précisé les particularités de prises de vues selon les différents types de pièces photographiées, passant en revue les différents objectifs et leur utilisation pour la photographie de paysage et d’objet.

Cette rencontre a permis à l’artiste de découvrir la photographie en archéologie et le travail réalisé dans le centre de documentation de l’Inrap à Cesson-Sévigné après les fouilles effectuées sur différents chantiers dont celui de l’Hôtel-Dieu.

 

Références bibliographiques :

Les dossiers de l’archéologie, n°13, Novembre/Décembre 1975.

Chéné A., Foliot P., Réveillac G., La pratique de la photographie en archéologie, Edisud, 1 janvier 1999.

 

Zin Taylor

vendredi 6 janvier 2017

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Né en 1978 à Calgary, Canada
Vit et travaille à Paris, France
www.zintaylor.com
représenté par la galerie Supportico Lopez, Berlin
www.supporticolopez.com

Son travail s’oriente vers des installations mêlant la performance, la sculpture, le dessin, les œuvres imprimées et la vidéo. Son œuvre se développe essentiellement sur un mode narratif, sous la forme d’histoires qui empruntent autant à la culture populaire (en particulier aux scènes musicales underground) qu’à l’art contemporain. Partageant une fascination pour le langage avec de nombreux artistes de sa génération, Zin Taylor examine les liens entre le mot et l’image à travers des publications ou des livres d’artiste qu’il publie généralement pour accompagner ses expositions.

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Œuvre exposée:

Thoughts of a dot as it traverses a space (The Attic), 2017

La pensée d’un point traversant un espace (Le Grenier)

Wall drawing, production sur place
production : La Criée centre d’art contemporain
courtesy l’artiste et Supportico Lopez, Berlin

Virginie Yassef

vendredi 6 janvier 2017

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Née en 1970 à Grasse, France
Vit et travaille à Paris, France
Représentée par la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris
www.galerie-vallois.com

Les vidéos, photographies, sculptures et installations de Virginie Yassef révèlent la poésie du quotidien, soulignent les décalages qui viennent perturber la réalité, parfois de manière infime. Dans son univers, l’étrangeté, voire, le surnaturel surgissent toujours là où on les attend le moins. Son travail se développe à partir du déplacement, celui de ses voyages (en Chine, aux Etats-Unis, en Laponie…) et celui qu’elle propose aux spectateurs de ses installations. Au travers des objets qu’elle détourne et auxquels elle impose des variations d’échelle ou de texture, Virginie Yassef met en doute nos repères géographiques, spatiaux et temporels pour créer des fictions à la fois drôles et cruelles.

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Oeuvre exposée:

La Savane, 2017
Installation
Production : La Criée centre d’art contemporain
courtesy l’artiste et Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris

Le travail de Virginie Yassef affiche une référence non dissimulée à l’auteur de nouvelles d’anticipation Ray Bradbury et plus particulièrement à La Brousse (1950). Ce texte bref aborde à la fois les thématiques du progrès, des relations parents/enfants, de la réalité et de l’imaginaire.

Dans un futur proche Georges et Lydia, ont transformé la nursery des enfants grâce à une technique révolutionnaire qui permet de changer de décor avec des images virtuelles. Apparait un nouveau décor de brousse africaine virtuelle, où vivent des lions plus vrais que nature. Cette technique a pour but de révéler les états mentaux des enfants et de les traiter, si besoin avec l’aide d’un psychologue. Or, le système va déraper.