Archive de avril 2020

bibliographie autour de l’exposition De paroles en paraboles, on se sert

lundi 27 avril 2020

ESSAIS ET ART CONTEMPORAIN

Proverbes du Pays Bambara, une sagesse en images, Maurice Haslé et Djouldé Sow, association Gouesnou Mali Djiguiyasô et Coordination de la société civile de Bossofala
Art Contemporain/Art Traditionnel – Aller-Retour Mali-Mali, Nadine Martinez, L’harmattan, 2009
Africa Remix : L’art contemporain d’un continent, Simon Njami, Jean-Hubert Martin, Abdelwahab Meddeb, sous la direction de Marie-Laure Bernadac: Jean-Loup Amselle, Lucy Daran, Clémentine Deliss, Manthia Diawara, Abdelwahab Meddeb, Bernard Müller, Hudita Nura Mustafa, John Picton, éditions Centre Georges Pompidou,2005
Lumières africaines: L’élan contemporain, André Magnin, Mehdi Qotbi, 2018
Mali Kow, J-P. Colleyn, M. Diawara et C. De Clippel, co-édition parc de la Villette et le Museum d’histoire naturelle de Lyon, 2001

AUTRES ESSAIS ET ART CONTEMPORAIN AFRICAIN

Anthologie de l’art africain du XX siècle, Revue Noire Éditions, Paris, 2001
L’Art Africain Contemporain, Pierre GAUDIBERT, Éditions Cercle d’Art, Paris, 1991
Mami Wata. La Peinture Urbaine au Congo, Bogumil JEWSIEWICKY, Gallimard « Le Temps des Images », Paris, 2003
L’art contemporain africain, Sidney LITTLEFIELD KASFIR, Thames & Hudson, Paris, 2000
Qui a inventé les Africains?,  Hassan MUSA, Les Temps modernes, 2002

ROMANS

Oui mon commandant ! Amadou HAMPATE BA, Actes Sud, 1996
Sur les traces d’Amkoullel, l’enfant peul, Amadou HAMPATE BA, Arles, Actes Sud, 2000
Ségou, La Terre en miettes, Maryse CONDÉ, 2003

BIBLIOGRAPHIE JEUNESSE

La Rançon de la désobéissance et autres contes du Mali, seize contes issus des pays bamanan et sénoufo, MARIKO N’Tji Idriss, édition Présence Africaine
Devinettes bambara de Delphine Bournay , chez les Oiseaux de Passage

 

Pour en savoir plus sur l’art contemporain et l’actualité artistique africaine :

Cahier d’études africaines

l’article « Hot commodity ! » Comment l’art africain travaille à être contemporain ? Cédric Vincent, 2016

www.africultures.com

http://www.afrikadaa.com/

www.revuenoire.com

http://doualart.org/

http://www.rawmaterialcompany.org/_RAW_home

www.allafrica.com

www.afrik.com

www.grioo.com

Vous avez dit Bambara ?

mardi 21 avril 2020

 

Bambara, une langue et un peuple

« L’appellation Bambara désigne d’une part, une langue (bamana kan) parlée au Mali [représentée ci dessus en vert] et dans d’autres pays [représentés ci -contre en jaune], mais d’autre part aussi les populations de l’actuel Mali non converties à l’Islam, les deux ensembles ne coïncidant pas forcément. »1

Les Bambaras sont les plus nombreux du groupe Mandingue de l’Afrique de l’Ouest, établis principalement dans le sud de l’actuel Mali. Ils formèrent de la fin du 17e siècle au milieu du 19e siècle le royaume bambara de Ségou. Les Bambaras sont aussi présents en Guinée, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Gambie, en Guinée-Bissau, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal. Au Mali, ils sont surtout présents dans le centre Est à l’Ouest du pays, notamment autour de  Ségou, la ville natale d’Amadou Sanogo .

Les Bambaras auraient quitté la région du Mandé pour échapper à la domination des Malinkés, à l’époque de l’Empire du Mali. Leur nom signifie « ceux qui ont refusé de se soumettre » (de ban = « refus » et mana = « maître »). D’autre traduisent cette étymologie par « ceux qui ont refusé de se soumettre (à l’islam) ». Au 19e siècle, les royaumes bambaras du Kaarta et de Ségou, ont résisté à la conversion à l’Islam. Ils sont aujourd’hui majoritairement musulmans, et quelques groupes chrétiens. Les autres continuent de pratiquer la religion traditionnelle animiste. Néanmoins, les rites et traditions du passé sont toujours vivant et pratiqués chez les bambara, qu’ils soient musulmans ou d’autres confessions.

Le bambara est devenu la langue principale au Mali. Elle fait figure de langue véhiculaire principalement dans le sud du Mali, même si le français est reconnu comme langue officielle.

À propos de la tradition orale bambara

La tradition orale représente un corpus de savoirs qui se transmet de génération en génération et qui a pour fonction d’expliquer le monde, l’histoire, les rites, la nature environnante, l’organisation sociale, les techniques ou les relations humaines. L’importance de la tradition orale est soulignée ici par Amadou Hampâté Bâ, écrivain malien :

« Dès l’instant où un être est doué du verbe, quel que soit son degré d’évolution, il compte dans la classe des grands privilégiés, car le verbe est le don le plus merveilleux que Dieu ait fait à sa créature. C’est par la puissance du verbe que tout a été créé. En donnant à l’homme le verbe, Dieu lui a délégué une part de sa puissance créatrice. C’est par la puissance du verbe que l’homme, lui aussi, crée. »

C’est le Komodibi, chantre de la société d’initiation du Komo, qui définit les possibilités de la parole : la parole est tout. Elle coupe, écorche. Elle modèle, module. Elle perturbe, rend fou. Elle guérit ou tue net. Elle amplifie, abaisse selon sa charge. Elle excite ou calme les âmes.2

La littérature orale comprend de nombreux genres : le conte et la fable, le mythe, l’épopée et les généalogies, les proverbes, devinettes et énigmes, les chants. Amadou Sanogo par son travail pictural autour des proverbes bambara s’inscrit dans cette circulation et cette transmission de la parole et cette actualisation constante de la tradition face aux mutations de la société.

Notes:
1. Jean-Paul Colleyn, anthropologue, in Bamana, 5 Continents, coll. « Visions d’Afrique », 2009
2. René LUNEAU, Louis-Vincent THOMAS, Les religions d’Afrique noire, Paris, Stock, 1995.

Sources :
Blog résumant la thèse d’ethnologie de René Luneau (1975), Béléko, bourg de brousse au Mali à 150 km à l’est de Bamako
Bamana Information  Arts & Life in Africa, Université de l’Iowa

 

A propos de la construction du Mali

mardi 21 avril 2020

Le Mali fut le berceau de trois grands empires : l’empire du Ghana, celui du Mali et l’empire Songhaï. Il fut par la suite une colonie française de 1895 à 1960. Quelques années après son indépendance et  jusqu’à 1990, année qui verra l’émergence d’un pluralisme politique, le Mali a vécu sous deux régimes autoritaires : l’un de type socialiste, sous la direction de Modibo Keita, l’autre de type militaire, sous la direction de Moussa Traoré.

L’ancien royaume mandingue, au Sud du fleuve Niger, fut le noyau de l’empire du Mali. C’est à partir de la victoire dite de Kirina au 12e siècle qu’il prit une importance décisive. Il succéda au Ghana, particulièrement bien placé sur les routes de l’or et du sel. Mais alors que le Ghana était resté réfractaire à l’influence musulmane, le Mali tira parti de l’Islam dont il fit un outil de centralisation politique. C’est aussi le premier État africain qui acquit une réputation internationale.

1. Constitution et apogée de l’empire du Mali au 15e siècle.

C’est le souverain Soundiata Keita que l’histoire retient comme celui qui transforma le peuple mandingue de cultivateurs prospères en un peuple guerrier. Jusqu’en 1255, il n’aura de cesse d’agrandir l’empire. Chaque province gagnée est gouvernée par un chef au nom du souverain. Les peuples vaincus sont astreints au tribut militaire. Toutes les nouvelles cultures comme le coton et les savoirs faire des artisans sont développés au profit d’un immense système de caravanes marchandes. Avec son successeur Mansa Kango Moussa, le Mali s’affirme comme le plus grand empire du Soudan jusqu’au début du 15e siècle. Il s’étend de l’Atlantique à Gao. Le rayonnement de la civilisation malienne, tout comme ses relations commerciales était alors connus dans le monde entier.

L’histoire raconte que Mansa Kango Moussa fit un spectaculaire pèlerinage à la Mecque et que lors de son passage au Caire il fit de de telles distributions d’or qu’il en fit baisser le cours durant plusieurs années.

L’empire était divisé en trois grands gouvernements, eux-mêmes répartis en cantons et en villages. Les gouverneurs étaient tout à la fois maîtres de la religion, de la justice et de l’armée. Ce fut une période prospère où se construisirent de nombreux monuments où les influences étrangères se combinaient harmonieusement avec les organisations tribales autochtones.

2.  Décadence du l’empire du Mali et apparition de l’empire Songhaï.

Peuple commerçant, les Mandingues se trouvèrent à partir du milieu du 15e siècle en contact avec les négociants de la plus grande puissance maritime européenne, le Portugal. Le centre de gravité du commerce malien se déplaça alors vers la côte, d’autant plus que les grandes cités sahéliennes (Tombouctou, Walata, Gao), relais du commerce transsaharien, lui avaient échappé. Avec de riches cultures de riz, de coton et d’importantes transactions avec les négociants portugais, l’empire se maintint durant les 15e et 16e siècles puis connu l’épreuve du passage sur ses frontières et dans ses propres domaines de la puissante armée de migration Peul, réputée pour  ne rien laisser intact derrière elle. Au début du 16e siècle, le Mansa du Mali (le souverain) perdit de son pouvoir dans ses provinces occidentales. Le Bourba Djolof (le roi en Wolof) occupa la rive nord de la Gambie. Et bien que le Mansa du Mali récupèra ses possessions dans les provinces gambiennes, les représentants du Mansa finirent par nouer des relations personnelles avec les Portugais et par détourner les fruits de leur commerce de l’autorité centrale. Les Peul Denianke au Nord et les Bambara à l’Est donnèrent à l’empire du Mali  son coup de grâce. Les trois siècles d’existence de l’empire du Mali (13e – 16e siècles) marquèrent profondément la civilisation de tout l’Ouest africain.

3. Une organisation sociale plurielle et complexe, régie par des principes religieux.

La société de l’empire du Mali reposait sur un principe de hiérarchie et de division entre hommes esclaves et hommes libres. A Tombouctou en 1591, les marocains découvrirent par exemple un propriétaire de 297 familles de serfs et habitant six villages. Ce fonctionnement reposait sur un système de « devoirs réciproques », le seigneur  devant en échange du travail accompli, une assistance absolue à ses vassaux. Cette hiérarchie sociale se trouvait fondée toute entière sur la croyance religieuse. Le chef ou souverain local ayant le pouvoir d’intercession auprès des puissances divines et religieuses.

A cette organisation centralisée, se superposait des structures sociales dites sans État, allant du cercle familial au village en particulier chez les peuples animistes. Chez les Somba du Dahomey par exemple, à la mort du père chef de famille, tous les fils s’éloignaient à une portée de flèche les uns des autres pour vivre indépendants, mais tous avaient en commun le culte des ancêtres et des liens rituels très forts autour des mêmes dieux et des même esprits de la terre. Contrairement aux sociétés étatiques, il s’agissait de démocraties tribales égalitaires. La division du travail, néanmoins était elle aussi fondée sur des principes religieux.  La transmission d’un métier à quelqu’un d’étranger au clan était par exemple impossible. Il ne suffisait pas à un forgeron d’apprendre son métier, s’il n’avait pas reçu de sa famille ou de son clan la mission héréditaire confiée par un génie du feu et de la forge à son premier ancêtre.

La hiérarchie sociale, calquée sur la hiérarchie politique a transformé les liens entre les hommes dictés alors majoritairement par la subordination au souverain. L’influence de l’Islam est le pilier de cette transformation, l’Islam imposant un dieu unique respecté de tous et incarné par le souverain, en lieu et place d’un panthéon de dieux protecteurs du clan.

Cette organisation se retrouva au sein de tous les grands empires islamisés, empire du Mali, Songhaï, Ghana mais aussi dans les royaumes restés animistes : Bambara, Mossi, Abomey qui imitèrent ces institutions pour résister à la puissante influence de leurs voisins.

 

Sources :
Sur le site Persée,  L’empire du Mali aux XVe et XVI e siècles, par Madina Ly. Publications de la Société française d’histoire des outre-mers, 1981 (extrait d’un numéro thématique : 2000 ans d’histoire africaine. Le sol, la parole et l’écrit. Mélanges en hommage à Raymond Mauny. Tome II)

Histoire des peuples noirs, Assoi Adiko et André Clérici, CEDA centre d’édition et de diffusion africaines, collection Histoire à l’usage des écoles des pays africain, Abidjan, 1963.

Petite histoire de l’Afrique au sud du Sahara de la préhistoire à nos jours, Catherine Coquery-Vidrovitch, La Découverte, 2011

lecture complémentaire :

Le conflit de 2012 et la détonation malienne, les ressorts de la crise, mémoire de master 2, Myriam Arfaoui, sous la direction de Olivier ZAJEC, 2014_2015, sciences politiques, université Jean Moulin, Lyons 3. Relations Internationales. Parcours Diplomatie.

 

 

 

 

Abécédaire De paroles en paraboles, on se sert.

mardi 21 avril 2020

Abécédaire

A  frique : l’Afrique est un continent qui couvre 6 % de la surface de la terre et 20 % de la surface des terres émergées. Avec 1,2 milliards d’habitants, c’est le 2ème continent le plus peuplé après l’Asie. Il y a 54 états africains répartis entre l’Afrique du Nord limitée par le Sahara (peuples arabes et berbères) et l’Afrique subsaharienne subdivisée en quatre sous-régions (Afrique de l’Ouest, de l’Est, centrale et australe). Les frontières des États sont en grande partie issues de la colonisation.

B ambara : Les Bambara sont un peuple mandingue d’Afrique de l’ouest saharienne, établis principalement au Mali. Ils formaient le « Royaume Bambara de Ségou » et constituent l’ethnie la plus importante au Mali. Leur langue appartient au groupe mandé.

C ouleurs : Amadou Sanogo travaille la peinture sur la base des quatre couleurs primaires, du noir et du blanc, directement sur la toile. Chaque couleur a une signification : le bleu par exemple correspond dans la culture bambara à l’eau et à ses mouvements changeant- il est associé à la peur. Le jaune renvoie à l’or et est synonyme de richesse, mais aussi de jalousie ; le rouge renvoie à la bravoure et le noir au flou, à ce qui est méconnu ; le blanc à la lumière.

D ouche est le titre d’une œuvre d’Amadou Sanogo, repris en esquisse lors des ateliers. L’eau sortant de la douche est teintée de rouge et symbolise la critique des élites, trempés dans certaines affaires de corruption.

E squisse : une esquisse est le premier jet d’une œuvre dessinée, préalable à un travail ultérieur, peint par exemple. C’est une première forme, traitée à grands traits et généralement en dimensions réduites, de l’œuvre projetée. Les peintures d’Amadou Sanogo exposée dans la seconde salle à La Criée sont des esquisses peintes.

F leurs : motif récurrent dans les peintures d’Amadou Sanogo, elles symbolisent pour l’artiste l’harmonie entre les hommes, la joie et l’amour.

G ants de boxe : autre motif présent dans les peintures d’Amadou Sanogo, ils symbolisent la combativité, que ce soit pour ne pas nuire à soi-même (Il est difficile de se battre contre soi-même) ou aux autres (Si tu te baisses pour regarder le derrière de quelqu’un, quelqu’un se baissera pour regarder le tien)

H umour : certains proverbes bambaras sont teintés d’humour et d’ironie. Ils permettent de prendre de la distance sur un état de fait. Par exemple, Le cavalier du cheval à tige de mile ne fait que cavaler lui-même évoque les enfants qui font la course avec des tiges de mile comme s’ils s’agissaient de chevaux. S’ils gagnent, ils disent que c’est leur cheval qui a gagné, mais s’ils tombent, les parents leur rappellent que ce n’est pas le cheval qui aura mal.

I nstitut national des arts (INA) de Bamako est un centre d’apprentissage culturel et artistique, où a étudié Amadou Sanogo. Il a été créé en 1933 sous le nom de Maison des artistes soudanais. Il fut rebaptisé ensuite École artisanale de Bamako, avant de devenir l’INA en 1963. Le centre comporte cinq sections : peinture, musique, arts dramatiques, métiers d’arts et animation socio-culturelle.

J

K

L angues : La langue officielle du Mali est le français, mais la plus utilisée est le bambara qui est parlé par plus de 50 % de la population. Cette dernière, ainsi que douze autres (bobo, bozo, dogon, peul, soninké, songhaï (ou songoy), sénoufo-minianka, tamasheq, hassanya, khassonké, mandinka, et le maninkakan) sont reconnues par l’État comme des langues nationales.

M otifs : Le motif, dans le domaine artistique, est une forme esthétique à répétition, par exemple : pois, rayures, damier. Amadou Sanogo a commencé à travailler les motifs en peinture avec la technique du Bogolan, un tissu de coton traditionnel teinté avec de l’argile et des feuilles d’arbres bouillies. Sur ses toiles, il utilise différents motifs, comme les points par exemple, qui symbolisent pour lui les questionnements.

O mbre : dans la culture Bambara, l’ombre est comme une seconde entité ; elle est celle qui te suit et te précède. Elle est le reflet de la personne.

P roverbe : est une formule langagière de portée générale contenant une morale, une expression de sagesse populaire ou une vérité d’expérience que l’on juge utile de rappeler. Il n’est pas attribué à un auteur : les proverbes sont souvent très anciens, d’origine populaire et par conséquent de transmission orale.

P arabole : Une parabole est une des variétés de l’allégorie. La parabole est une figure de rhétorique consistant en une courte histoire qui utilise les événements quotidiens pour illustrer un enseignement, une morale ou une doctrine.

Q

R encontres photographiques de Bamako : dans sa peinture On lui confie la tête, mais on lui retire la langue, Amadou Sanogo évoque un fait d’actualité qui a eu lieu lors de ces rencontres aussi appelées Biennale de la photographie. C’est une manifestation biannuelle organisée à Bamako au Mali depuis 1994 pour promouvoir les artistes africains dans le domaine de la photographie africaine contemporaine.

S upports/Surfaces : est un mouvement artistique français qui a vu le jour en 1969, qui s’est attaché  à énoncer les composants de « la peinture » : la toile, le plus souvent sans châssis, ses dimensions, la couleur et son étendue, le lieu et l’accrochage, pour en finir avec le tableau comme illusion d’un thème. C’est l’une des inspirations d’Amadou Sanogo.

S énoufo : Amadou Sanogo est d’origine Sénoufo. Les Sénoufos, constituent une population d’Afrique de l’Ouest, présente au Burkina Faso, dans le sud du Mali et en Côte d’Ivoire. Les Sénoufos sont essentiellement des paysans qui cultivent le riz, le mil, le maïs, l’igname, le coton, le karité, la mangue ou encore le thé.

T ransmission : est l’ action de transmettre, de faire passer quelque chose à quelqu’un ou d’un émetteur à un récepteur. Ce terme est utilisé pour évoquer l’enseignement et la passation de savoirs. Pour Amadou Sanogo, les proverbes sont vecteurs de transmission. Ils sont la parole des sages, des anciens et enseignent aux enfants à réfléchir par eux-mêmes. Amadou Sanogo fait aussi acte de transmission auprès des jeunes artistes africains, en créant  en 2014 l’Atelier partagé Badialan, lieu de création et de projets collectifs.

U

V ache : on retrouve cet animal peint dans la toile Si tu ne respectes pas la vache qu’on trait pour le lait matinal respecte là pour le lait du soir. Elle est représentée avec des cornes. Il s’agit d’une Azawak, une race bovine commune au Mali et au Niger. Son nom provient de l’Azawagh qui signifie pie rouge ou pie noire, mais aussi fauve mouchetée de blanc. Dans la peinture d’Amadou Sanogo, elle symbolise le couple ou la famille.

W ax (cire en anglais), également appelé « tissu africain », est un textile de coton ciré sur les deux faces. Cette technique est inspirée de celle utilisée pour produire le batik javanais. Alors que le wax affiche des couleurs flamboyantes, le bogolan conjugue des nuances de marron et présente des teintes plus sobres comme le noir, le blanc ou l’ocre, obtenues grâce à un mélange de soude, de céréales et de cacahuètes.

X

Z

Entretien avec Ferruel et Guédon dans l’émission Par les temps qui courent, sur France culture

mercredi 8 avril 2020

A l’occasion de leur exposition La suée du dindon au 19 CRAC de Montbéliard (du 15 février au 19 avril 2020), Aurélie Ferruel et Florentine Guédon se sont prêtées au jeu de l’entretien radiophonique pour l’émission Par les temps qui courent de France culture. Elles reviennent à cette occasion sur leur parcours traversé de rencontres, de transmissions, et évoquent leur rapport à la matière, central dans leur création.

Un extrait d’archive lance la discussion et nous fait entendre la voix d’Annette Messager, pour qui « l’art est une croyance ». Aurélie et Florentine nous parlent alors de leurs propres croyances : leur amour commun, « presque passionnel », pour la matière, et son articulation avec la performance, qui naît d’une « envie de geste ».

Les deux artistes abordent leur rencontre, et le début de leur cheminement artistique en duo. L’une complétant la phrase de l’autre avec une complicité certaine, elles disent leur admiration mutuelle.

Entre discussions en commun et travail individuel de la matière, Aurélie et Florentine nous décrivent les étapes de travail par lesquelles elles passent lors d’une création. Elles notent aussi l’existence d’une « 3ème entité » qui les accompagne dans ce processus.

La discussion se porte ensuite sur leur intérêt pour la notion de groupe, et sur les questionnements que celle-ci engendre. Leurs échanges avec les personnes qu’elles rencontrent sont au coeur de leur travail, et nourrissent leurs créations. Les artistes évoquent également l’importance de la transmission dans leur pratique.

Un interlude musical avec Le dindon digne de Raymond Devos est l’occasion d’aborder le mastodonte animal qui trône au centre de leur dernière exposition. Elles nous parlent de leur « fascination tant sculpturale que symbolique » pour cet animal.

L’entretien se dirige enfin vers le sujet des traditions populaires, au centre de beaucoup de leurs recherches. Aurélie et Florentine s’intéressent au côté vivant de ces traditions et savoirs. Ceux-ci sont, tant par le chant que le costume ou la nourriture, à la fois signes d’identité collective et de distinction individuelle.

Pour (ré)écouter l’émission :

France culture, Par les temps qui courent

Pour en savoir plus sur le travail des artistes :

Biographie des artistes

Site internet des artistes

Site internet du 19 CRAC

Site internet de Vent des forêts

Portfolio

 

Le Bogolan

mercredi 1 avril 2020

Amadou Sanogo a été formé initialement à la peinture sur Bogolan à Ségou au Mali. Il s’agit d’une peinture traditionnelle sur un tissu de coton, emblématique de la culture malienne.

La technique de fabrication du Bogolan ou Bògòlanfini est usitée au Mali, mais aussi au Burkina Faso, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Cependant, c’est le modèle Bambara, peuple mandingue d’Afrique de l’Ouest sahélienne qui est devenu le plus diffusé à travers le monde.

Le mot bɔgɔlan, de la langue bambara, vient des mots bɔgɔ la terre, et lan, suffixe bambara sans équivalent en français signifiant « issu de ». Il désigne à la fois le tissu et un style particulier de teinture.

La technique utilisée dans la commune de San et dans la région de Ségou au Mali, qui est le centre traditionnel de la production du Bògòlanfini, est la suivante : un tissu de coton est trempé dans un bain de teinture à base de feuilles d’arbre (N’ gallama, le bouleau d’Afrique)  broyées et bouillies, avant d’être séché au soleil. Il est ensuite peint à plusieurs reprises, à l’aide de morceaux de métal ou de bois afin de réaliser des motifs complexes. Une boue faite d’argile fermentée est ensuite appliquée sur le tissu teint pour lui donner une couleur brune. Le colorant jaune obtenu à partir des feuilles d’arbres séchées et trempées est retiré des parties non peintes du tissu, pour faire apparaitre les parties blanches.

Dans la culture malienne traditionnelle, héritière de l’Empire médiéval du Mali, le Bògòlanfini était porté par des chasseurs. Ils s’en servaient comme camouflage ou protection rituelle. Il est aujourd’hui porté par toutes les ethnies et par les acteurs de cinéma ou les musiciens, comme expression d’une identité culturelle. Les différents designs du Bògòlanfini peuvent se référer à des événements historiques (batailles anti-coloniales), mais aussi aux animaux de la mythologie Bambara ou encore à des proverbes.

De nos jours, le Bògòlanfini se porte à travers le monde et inspire la mode et la haute couture. Le styliste malien Seydou Doumbia, dit Chris Seydou a largement contribué à son rayonnement à travers ses collections dans les années 1980. Depuis les années 2000, les tissus bogolan sont exportés dans le monde entier.

Le cabinet de curiosités de Christophe-Paul de Robien

mercredi 1 avril 2020

En menant leur recherche autour des collections patrimoniales rennaises, les artistes Aurélie Ferruel et Florentine Guédon ont eu l’occasion de rencontrer François Coulon, conservateur au musée des beaux-arts, qui leur a fait découvrir l’histoire de la collection privée De Robien, devenue collection publique.

Christophe-Paul de Robien (1698-1756) était un intellectuel et collectionneur amateur breton. Né dans une grande famille de Parlementaires, il succède à son père au titre de Président à mortier du Parlement de Bretagne. Son fils occupera également cette place après lui.

Durant près de quarante ans, De Robien constitue une collection qui compte des milliers d’objets. Parmi ces objets on trouve des peintures, des dessins, des objets d’histoire naturelle, du monde et archéologique, des gravures, des livres, des monnaies… Il conserve son cabinet de curiosité dans son hôtel particulier, rue du Champ-Jacquet, à Rennes. Lui-même ne se déplace pas mais fait venir des objets du monde entier, qu’il achète, troc, commande… Il ordonne des fouilles, et publie notamment un inventaire des recherches mégalithiques en Bretagne. Christophe-Paul De Robien récupère également des objets issus de collections d’autres collectionneurs, qui comptaient s’en débarrasser.

Le XVIIIe siècle annonce le début d’une certaine déchristianisation de l’Europe. Une nouvelle vision du monde se développe, qui s’appuie sur le naturalisme : la matière est ce qui lie tous les êtres vivants. Les cabinets de curiosités s’inscrivent dans cette nouvelle pensée. Le cabinet de Robien témoigne en effet de cette quête de sens, de cette volonté de comprendre le monde qui amène les collectionneurs à rassembler des naturalia (règne minéral, végétal et animal) et à en tenter une classification. On perçoit également chez Robien l’influence encore présente du XVIIeme siècle, et ce goût pour le fantastique, le mystérieux. Il affiche la volonté de sauvegarder des reliques d’un passé perçu comme révolu. Se croisent alors naturalia et artificialia (créations humaines : productions artistiques ou antiquités, ou encore exotiques).

Les cabinets de curiosité sont construits selon la méthode de l’ars memoriae : « l’art de la mémoire », ou encore mnémotechnique. Cette méthode s’appuie sur la logique d’association d’idées basée sur le système des loci (lieux) : associer des éléments à des lieux afin de les garder en mémoire. Il s’agit tout d’abord de choisir un lieu, ou monument, par exemple un temple, et d’en mémoriser tous les éléments (les colonnes, chapiteaux, frontons…). On vient alors « disposer » mentalement les connaissances ou objets à retenir sur le lieu, en catégories emboîtées : une colonne = une catégorie, chaque étage de cette colonne = une sous-catégorie etc. Une fois ceci mémorisé, il suffit d’activer mentalement le chemin conduisant à un élément pour s’en rappeler.

Suivant cette méthode, le cabinet de Robien cherche à présenter une trame des croyances : en quoi croient les gens, et comment le montrer par des objets ?

A la mort de Christophe-Paul de Robien, son fils Paul-Christophe de Robien conserve sa collection et l’enrichit.

En 1794, c’est la saisie révolutionnaire : l’appropriation des collections privées par la nation. Par chance, le cabinet de Robien est conservé dans son ensemble. Cependant, la ville ne dispose d’aucune compétence locale pour s’en occuper. La collection est alors entreposée et déplacée cinq ou six fois, et beaucoup de pièces sont détruites ou disparaissent.

A la fin des années 1850, on construit un grand bâtiment pour les stocker. Les objets y sont classés par catégories : beaux-arts, archéologie…

Cette collection est à la source des tous les fonds Rennais : Bibliothèque de Rennes Métropole, Musée des Beaux-arts, Musée de Bretagne et Universités de Rennes.

Une partie du cabinet est aujourd’hui présentée au Musée des Beaux-arts, tel qu’il l’était à l’époque par de Robien. Celui-ci avait en effet réalisé un inventaire manuscrit de sa collection, et fait trace de son agencement dans l’espace. Le parti pris de conserver ce cabinet intact est presque unique en Europe, les autres musées ayant choisi de disséminer les pièces sous vitrine ou par département.

A l’opposé des musées répondant à la nécessité d’une compréhension plus immédiate de l’objet présenté, le cabinet restaure en effet les étapes essentielles d’initiation, de découvertes et d’émerveillement de tout processus d’apprentissage. Les objets et leur sens ne sont pas donnés, il faut d’abord s’étonner, puis s’interroger et chercher pour découvrir.

Sources : entretien avec François Coulon, conservateur au musée des beaux-arts ; livret du cabinet de curiosités de Robien ; site internet du musée des beaux-arts : http://mba.rennes.fr/

Collections

mercredi 1 avril 2020

A l’occasion de son cycle artistique Lili, la rozell et le marimba, La Criée invite les artistes Aurélie Ferruel et Florentine Guédon à mener un travail de recherche autour des collections patrimoniales des musées de Bretagne et des beaux-arts à Rennes. Dans le cadre du jumelage intitulé Là d’où je viens, là d’où je suis et là où je vais, les collégiens de la Binquenais à Rennes sont invités également à découvrir ces collections et à en constituer de nouvelles. 

Le terme collection vient du latin collectio, qui désigne l’action de réunir. Une collection est donc avant tout un ensemble d’objets ou d’êtres vivants, que l’on a réunis dans un même endroit.

Les premiers grands collectionneurs que l’on connaisse en Europe apparurent au XVIIème siècle. Il s’agissait en général de rois, d’hommes politiques, de savants, d’artistes célèbres… On appelait leurs collections des « cabinets du curiosités ». Ceux-ci rassemblaient des objets très divers, avec des objectifs différents au fil des siècles : manifestes de la curiosité humaine, collectes des savoirs du monde, quêtes de sens, les collectionneurs cherchaient dans tous les cas à rassembler et à étudier ces objets pour tenter de comprendre le monde qui nous entoure. Les plus beaux cabinets apportaient également une certaine notoriété à leurs créateurs. Christophe-Paul de Robien était un grand collectionneur rennais. Son cabinet est encore visible en partie au musée des beaux-arts de Rennes. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter cet article

Il existe aujourd’hui toutes sortes de collections. Il peut s’agir d’objets du quotidien ou d’animaux, d’œuvres d’arts ou de bouchons en plastiques… On les regroupe pour leur intérêt esthétique, scientifique ou historique, parce qu’on aime accumuler ou parce qu’on veut les présenter au public. Une collection peut se faire par plusieurs entrées. On peut choisir de regrouper plein d’objets de même sorte, des timbres par exemple, ou au contraire plein d’objets différents mais qui partagent un attribut commun : ils sont de la même couleur, viennent de la même époque, du même endroit, étaient utilisés par une même catégorie de personnes…

Tout le monde peut collectionner et chaque collection est unique. Ce qui rassemble les collectionneurs est cette passion de l’objet.

Une collection peut être publique ou privée. Les collections publiques sont exposées dans des musées et sont accessibles à tous. On parle de collections patrimoniales. Les collections privées appartiennent le plus souvent à des particuliers, mais peuvent aussi être la propriété d’entreprises, d’universités, d’hôpitaux… Certains voient leur collection comme quelque chose d’intime, de personnel, qu’ils veulent garder pour eux. D’autres ont envie de la partager et peuvent ainsi la prêter pour des expositions, voire créer des musées ou fondations pour la présenter en permanence au public. Pour montrer sa collection, on peut aussi publier des livres, ou l’exposer en ligne.

Une grande partie des collections des musées est conservée dans les réserves. Il s’agit de grands espaces dans lesquels sont stockées, rangées, restaurées et étudiées les collections qui ne sont pas exposées au public. Une équipe de conservateurs, chercheurs et restaurateurs travaillent dans ces réserves. Toutes les collections des musées sont classées dans des catalogues : des listes détaillées des éléments qui les composent.