Archive de octobre 2024

La « smart city » de Dholera

lundi 7 octobre 2024

Pierre Jean Giloux, Biomimetic Stories #3 Dholera (capture d’écran du film), 2024, © adagp, courtesy de l’artiste et Solang Production.

Le film Biomimetic Stories #3 Dholera de Pierre Jean Giloux présente une projection virtuelle de ce que pourrait être la ville nouvelle de Dholera, demeurée à l’état de chantier. En 2015, le gouvernement indien a lancé le programme de construction « 100 smart cities » (des villes intelligentes) et a annoncé l’investissement de 1,2 milliard de dollars dans les vingt prochaines années. Parmi elles, la ville de Dholera a été imaginée sur 920 km2 dans l’état du Gujarat. Elle est située à 100 kms de la ville d’Ahmedabad, où Pierre Jean Giloux a tourné Biomimetic Stories #2 Pirana Dump Yard.

À l’origine, Dholera était une petite ville portuaire avec des maisons de pêcheurs. L’ancien gouverneur du Gujarat, l’actuel premier ministre Narendra Mody, a lancé en 2009 l’idée de construire une ville high-tech dans l’axe du corridor industriel Delhi-Mumbai. La ville marque l’évolution vers une « urbanisation entrepreneuriale »[1] ; elle a été planifiée par le cabinet de conseil international Halcrow, basé au Royaume-Uni, financée par l’état indien qui en a fait une « région spéciale d’investissement » (SIR) et des entreprises étrangères[2]. Le site de Dholera SIR (région spéciale d’investissement) présente la future « smart city » comme « une « ville verte » spectaculaire qui prendra en compte tous les composants nécessaires au développement d’un environnement vert vivant avec une empreinte carbone minimale. […] Dholera aspire à se développer comme une ville intelligente qui s’engage durablement pour le bien-être de la terre mère, de son environnement et des personnes qui y vivent. » Le site promeut une ville indienne où chaque maison est connectée à internet, au gaz, à l’eau et à l’électricité via un réseau intelligent. Tous les citoyens seront reliés les uns aux autres et aux installations municipales en temps réel. La ville utilisera des énergies renouvelables et ses systèmes de transport seront contrôlés par des centres de commande centraux afin de réduire le trafic et la pollution. C’est l’utopie urbaine du 21e siècle, une « smart city » semblable à celles développées en Chine, au Japon ou à Dubaï.

Le chantier a débuté avec l’installation de pilonnes et de bornes électriques, l’assèchement des zones inondées avec du béton et la plantation de quelques arbres. Le film de Pierre Jean Giloux montre l’état actuel du chantier qui lui est apparu comme « la promesse non tenue d’un futur envisagé[3] ».

La « smart city » de Dholera est actuellement en suspens. La viabilité économique du projet a été remise en cause par des organisations paysannes. Plusieurs investisseurs qui avaient initialement signé le protocole d’accord pour développer le projet se sont retirés et ont refusé d’investir.

Depuis, le gouvernement du Gujarat a lancé la construction d’un nouvel aéroport international pour la ville d’Ahmedabad à Dholera et projette la construction d’une autoroute reliant les deux villes.

Aujourd’hui, seul un petit panneau le long de l’autoroute indique la direction de Dholera SIR et comme le montre les images du film de Pierre Jean Giloux, la ville est une étendue de terre basse et stérile.

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[1] Ce concept est développé par la Dr Ayona Datta, professeure de géographie à l’université de Leeds, dans son article « Nouvelles utopies urbaines de l’Inde postcoloniale : l’urbanisation entrepreneuriale dans la ville intelligente de Dholera, Gujarat », 2015

[2] « En tant que ville intelligente, Dholera n’est pas pilotée par des architectes et des planificateurs visionnaires, mais plutôt par le secteur des entreprises qui cherchent à créer de nouveaux marchés mondiaux en Inde (comme par IBM).», Dr Ayona Datta dans l’article cité ci-dessus.

[3] extrait d’une interview de Pierre Jean Giloux dans « Biomimetic stories », in L’Art-Même N°94, sept-déc 2024

Le Corbusier et Chandigarh en Inde

lundi 7 octobre 2024
  1. Le Palais de l’Assemblée situé dans le complexe du Capitole de Chandigarh conçu par Le Corbusier, destiné à l’origine à servir de bâtiment à l’Assemblée législative de l’État bicaméral du Pendjab oriental

Dans le film Biomimetic Stories #4 BioluminescentTTower, Pierre Jean Giloux projette une réplique virtuelle de la Tour d’ombres de Le Corbusier qui se trouve dans la ville de Chandigarh en Inde. Cette ville, construite dans l’état du Penjab, a fait partie d’une vaste plan d’urbanisation projeté par le gouvernement indien, au lendemain de l’indépendance de l’Inde en 1947. Confiée à l’architecte français Le Corbusier, elle a été conçue comme un symbole de la Nouvelle République indienne, de la modernisation du pays, une utopie sociale avec un idéal d’équité et d’esthétique moderniste. Les travaux ont débuté en 1951 et ce sont achevés en 1965.

Les plans urbanistiques, réalisés par Le Corbusier, divise la ville en 61 secteurs, organisés autour de quatre fonctions : l’habitation, le travail, les loisirs et la circulation. L’architecte choisit d’abandonner la verticalité de ses Unités d’Habitations au profit de l’horizontalité, avec des maisons ouvertes sur l’extérieur avec des jardins. Il organise la ville et ses voies de circulation pour que tous les services soient accessibles en dix minutes.

Le Corbusier dessine également les plans du complexe du Capitole, le cÅ“ur du pouvoir régional. On y trouve quatre « édifices » : la Cour suprême, l’Assemblée législative, le Secrétariat et le Musée de la connaissance (qui symbolisent les fonctions principales de la démocratie), ainsi que six monuments disposés chacun au cÅ“ur d’un espace vert avec un aménagement paysagé particulier. Ces architectures monumentales sont réalisées en béton armé, avec des formes rectilignes et des structures légères. Le Corbusier suit la réalisation de ces édifices et monuments, mais aussi du mobilier, des luminaires, des tapisseries monumentales et des sculptures en bas-relief, coulées dans le béton.

Moins connu que son illustre cousin, l’architecte Pierre Jeanneret s’est installé à Chandigarh de 1951 à 1966 et a conçu une centaine de bâtiments et de nombreuses pièces de mobilier.

L’ensemble représente le Modernisme européen avec l’emploi des matériaux du XXe siècle et suit les principes directifs propres à Le Corbusier, en étant adapté aux contraintes locales. Il a ainsi pris en compte la demande de veiller aux conditions climatiques tropicales sans faire appel à des interventions mécaniques couteuses. Ces choix se manifestent dans l’orientation des bâtiments, la conception des brise-soleil et des systèmes complexes d’aération.

Disposés autour de l’axe central de l’Esplanade, les « Monuments » de Le Corbusier sont des éléments sculpturaux avec une portée symbolique. On y retrouve La Main ouverte qui incarne la devise de la ville (« ouverte pour recevoir les richesses créés… ouverte pour les distribuer à son peuple… »), le Modulor qui représente les principes de la « mesure harmonique à l’échelle humaine » conçus par l’architecte ou le Monument au Martyr, qui rend hommage aux morts pour l’indépendance indienne.

La Tour des Ombres, dite aussi Tour des quatre horizons, témoigne quant à elle des préoccupations corbuséennes : l’influence du soleil sur la vie quotidienne des hommes et les défis architecturaux que représentaient les complexités climatiques de Chandigarh. Ses façades proposent différentes solutions au problème de la maîtrise du soleil, suivant les quatre points cardinaux. Elles sont conçues avec Xenakis, ingénieur et géomètre, qui a travaillé à « l’étude Théorique de l’ensoleillement ». Il a pour cela réalisé un diagramme solaire et calculé tous les angles pour que le soleil n’entre pas directement dans le bâtiment.

Dans le film Biomimetic Stories #4 BioluminescentTTower, Pierre Jean Giloux associe ces recherches sur la prise en compte des déplacements du soleil en architecture à celles menées aujourd’hui sur la création de la lumière avec de la biologie cellulaire. Il projette dans la Tour d’ombres, un laboratoire de recherche biologique spécialisé dans la bioluminescence des végétaux.

 

Qu’est-ce que le biomimétisme ?

lundi 7 octobre 2024

Frei Otto, architecture inspirée des toiles d’araignées

« Prenez vos leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur… » Léonard De Vinci

L’exposition Biomimetic Stories de Pierre Jean Giloux présente des fictions prospectives sur des utopies urbaines inspirées du biomimétisme. Ce concept a été développé en 1997[1] par la scientifique américaine Janine M. Benyus dans son ouvrage Biomimétisme (quand la nature inspire des innovations durables), traduit en français en 2022. Elle définit cette approche scientifique comme l’étude et l’imitation consciente du « génie de la nature » pour créer des technologies durables au service des humains[2]. Par exemple, il peut s’agir de s’inspirer de l’efficacité énergétique de la photosynthèse, de la solidité du corail ou de la résistance des fils de soie de l’araignée, pour penser de nouveaux modèles et répondre aux enjeux de l’urgence climatique. Parmi ceux-ci, il y a la question de la production de l’énergie future. La bioluminescence des bactéries et des végétaux est explorée comme une piste possible pour l’éclairage urbain dans les films Biomimetic Stories #1 Madurai et #4 BioluminescenTTower de Pierre Jean Giloux.

Pour son projet de quadrilogie filmique, l’artiste s’est particulièrement intéressé au biomimétisme en architecture et à ses adaptations dans le contexte urbain en Inde. Les villes indiennes sont confrontées aujourd’hui à la densification des habitations, aux chaleurs extrêmes et au manque d’eau. Comment la science et la technologie peuvent-elles répondre à ces enjeux ?

L’ouvrage Biomimétisme et Architecture de Michael Pawlyn abonde d’exemples de changements à l’Å“uvre dans l’usage des matériaux, les structures, l’énergie, les fonctions et les formes qui s’inspirent des systèmes vivants, pour faire en sorte que nos sociétés deviennent durables. L’auteur note bien la distinction entre le biomimétisme (qui s’attache aux aspects fonctionnels des organismes biologiques) et le biomorphisme qui s’attache davantage à imiter les formes de la nature ou ses structures organiques, avec parfois une portée symbolique (par exemple les colonnes arborescentes de la Sagrada Família de Gaudi, ou le terminal de l’aéroport JFK à New York de Eero Saarinen).

Pour son film Biomimetic Stories #1 Madurai, Pierre Jean Giloux a été particulièrement inspiré par les recherches menées par Frei Otto (1925-2015) sur les structures légères tendues. Cet architecte et ingénieur allemand est le premier à avoir construit des bâtiments avec des structures en nappes de câbles (par exemple, le pavillon de l’Allemagne de l’ouest pour l’Expo 1967 de Montréal, inspiré des toiles d’araignées). Il a créé dans les années 1970 l’institut des structures légères à Stuttgart et publié de nombreux ouvrages sur les principes de conception des structures observées dans la nature.

Pierre Jean Giloux s’est aussi nourri des recherches menées par l’architecte Mick Pearce sur la circulation de l’air dans les termitières. Les termites-boussoles en Australie ont la particularité de développer des constructions « zéro-déchet » dotées d’un système de climatisation avec des galeries internes et une couverture qui capte l’énergie solaire. Pour les ingénieurs et les architectes, la termitière offre une solution biologique de thermorégulation, permettant d’éviter la climatisation artificielle. Mick Pearce s’en est inspiré pour adapter ses constructions aux régions chaudes, comme par exemple l’Eastgate Center construit à Harare au Zimbabwe.

Si le biomimétisme ne résoudra pas tous les problèmes écologiques auquel le monde est confronté, il offre un point de vue incontournable sur les arbres et la transition en cours, selon Gauthier Chapelle[3]. « Les arbres le savent, après les incendies, les forêts repoussent ». Cette résilience des arbres nous est donnée à voir dès l’entrée de l’exposition Biomimetic Stories de Pierre Jean Giloux, comme un futur possible.

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[1] 1997 est l’année de signature du protocole de Kyoto, le premier accord international sur le climat. 25 ans après, les hommes ont libéré dans l’atmosphère autant de gaz à effet de serre que toute l’humanité avant cette date.

[2] J. M. Benyus précise à ce sujet : « Contrairement à la révolution industrielle, la révolution biomimétique ouvre une ère qui ne repose pas sur ce que nous pouvons prendre dans la nature, mais sur la possibilité de changer notre façon de cultiver, de fabriquer des matériaux, de produire de l’énergie, de nous soigner, de stocker de l’information et de gérer nos entreprises, en allant chercher l’inspiration dans le vivant… »

[3] Gauthier Chapelle est un ingénieur agronome et docteur en biologie, conférencier et auteur d’ouvrages relatifs aux questions de transition écologique, de collapsologie et de résilience collective. Il est porte-parole et pionnier du concept de biomimétisme en Europe et auteur de la préface du livre Biomimétisme de Janine M. Benyus, réédité en français en 2022

Bibliographie Biomimetic Stories

lundi 7 octobre 2024

Bibliographie proposée par l’équipe du service des publics de La Criée et Rachel Guitton, professeure documentaliste, conseillère-relais pour le centre d’art autour de l’exposition Biomimetic Stories de Pierre Jean Giloux.

Catalogue de l’artiste

  • Pierre Jean Giloux, Invisible Cities, Zéro2 éditions, 2018 (version numérique gratuite)

Biomimétisme

  • Emanuel Delanoix, Biomiméthique – Répondre à la Crise du vivant par le Biomimétisme
  • Gauthier Chapelle et Michèle Decoust, Le Vivant comme modèle, Albin Michel, 2015,
  • Mat Fournier, Quand la nature inspire la science, Plume de carotte, 2016
  • Agnès Guillot et Jean-Arcady Meye, Poulpe fiction – Quand l’animal inspire l’innovation et L’or vert, 2014
  • Agnès Guillot et Jean-Arcady Meye, Quand les plantes inspirent l’innovation, 2020
  • Michael Pawlyn, Biomimétisme et architecture, Paris, Rue de l’échiquier, 2019

Biomimétisme, jeunesse

  • Veronika Kapsali, Le Grand Livre du Biomimétisme (s’inspirer de la nature pour inventer demain), Dunod, 2017
  • Carina Louart, Toutes les idées sont dans la nature (album documentaire sur le biomimétisme), Actes Sud jeunesse, 2019
  • Séraphine Menu, Biomimétisme, La nature comme modèle, les éditions La Pastèque, 2019

Architecture, urbanisme et utopie

  • Italo Calvino, Les villes invisibles, 1972
  • Kornelia Imesch (sous la dir.de), Utopie et réalité de l’urbanisme, La Chaux-de-Fonds-Chandigarh-Brasilia, Archigraphy, 2015.
  • François SHUITEN & Benoît PEETERS, BD, Les Murailles de Samaris, La fièvre d’Urbicande, Les Portes des possibles, Revoir Paris…

Architecture, urbanisme et utopie, jeunesse

  •  Julie Lardon, Les villes du futur, Albert le journal, Ed. La poule qui pond, 2021
  • Didier Cornille, La ville, quoi de neuf ?, Hélium éditions, 2019
  • Olivier Dain-Belmont, Permacité, la ville de mes rêves, éd. Sarbacane, 2021
  • Didier Cornille, Toutes les maisons sont dans la nature, Hélium, 2013
  • Didier Cornille, Le vaisseau de verre de Franck Gehry, Hélium, 2014
  • Magazine Georges n°65 : Architecture, Collectif Maison Georges (7-12 ans)
  • Olivier Morel, Caroline Larroche, Bauhaus : naissance de l’architecture du futur, Courtes et Longues, 2008
  • Caroline Larroche, Architecture, Palette, 2012
  • Florence Huguenin-Richard, Une ville verte, Fleurus, 2021
  • Yukiko Noritake, Forêt des frères, Actes sud jeunesse, 2020

Quelle relations entretenons-nous au vivant ?

  • Nous les arbres, catalogue de l’exposition à la Fondation Cartier, 2020
  • L’arbre monde, Richard Powers (essai)

Biographie de Pierre Jean Giloux

lundi 7 octobre 2024

Le travail de Pierre Jean Giloux se situe à la convergence de plusieurs pratiques, il est le résultat d’associations et d’hybridations. Utilisant les techniques numériques, vidéo, 2D et 3D il développe un travail de collage et de montage. Les interventions graphiques sur ses images lui permettent de créer des « mondes reconstruits » qui modifient les perceptions de la réalité. L’enjeu est de faire cohabiter le virtuel et le réel au sein d’un espace-entre et d’établir un dialogue pour les interroger.

Intéressé par les formes urbaines et leurs évolutions, ses fictions prospectives ont pour point de départ les réalités urbaines et sociales filmées et photographiées. Elles sont prolongées par des images de synthèse, ce qui permet de situer sa pratique artistique proche de ce que l’on appelle communément la réalité augmentée.

En 2015, l’artiste a participé à une résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto. Suite à cette expérience, il a créé Invisible Cities, une tétralogie vidéo qui dresse le portrait de plusieurs villes japonaises et repense le mouvement de l’architecture métaboliste. À l’occasion de ce projet, il a aussi édité sa première monographie éponyme.

À la suite d’une résidence en Inde à Kochi en 2020 (Kochi Biennale foundation), il travaille sur le projet générique Biomimetic Stories. Les deux premiers films de ce projet ont été projetés lors du « Novembre Numérique 2022 » en Inde dans les villes de Bangalore, Trivandrum, Chandigarh et Ahmedabad. L’installation originale Biomimetic Stories qui comporte quatre films est exposée cet automne à La Criée à Rennes, puis au Botanique à Bruxelles en mai 2025.

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Pierre Jean Giloux a exposé son travail dans différents centres d’art et musées, en France, en Europe et en Asie : Future of Cities, DMA Daejeon Museum of Art, South Korea / Promethée, le jour d’après, CDA Enghien-les-bains / Invisible Cities, Kochi Biennale foundation, India / Futurs spéculatifs, CWB Paris / Connectivités, Mucem, Marseille / Imagining Cities Beyong Technology. 2.0, SongEun Artspace, Seoul / Tendencies’19, The Overview Effect, Bozar Lab, Brussels / For A Brave New Brussels, Maat Lisbon / Impossible Architecture, The National Museum of Art, Osaka / The museum of Modern Art, Saitama / Niigata City Art Museum / Moca, Hiroshima / Utopia Dystopia, MAAT Lisbon / Into the Unknown, Barbican Center, London / Kunsthalle Roterdam / Onassis Center Athens / Parallel World, Kyoto Art Center / The legacy of Achitectonic Futurism, Bank MABsociety, Shanghai / Opline prize.

Abécédaire Biomimetic Stories

lundi 7 octobre 2024

Androïde : robot humanoïde, c’est-à-dire celui qui ressemble à un homme. Dans la vidéo de Pierre Jean Giloux intitulée BioluminescenTTower, les androïdes modelés sur l’ordinateur en 3D montrent le fonctionnement des lumières inspirées par des plantes bioluminescentes.
Animation : méthode artistique qui vise à créer l’illusion de mouvement par le biais d’une succession d’images dessinées à la main ou créés sur l’ordinateur. L’artiste utilise cette technique pour présenter ses projets de villes imaginaires de la manière la plus réaliste possible.

Architecture : discipline artistique destinée à créer des projets des constructions et des bâtiments divers. Certaines Å“uvres architecturales ne sont jamais réalisées par les ingénieurs à cause de leur côté peu pratique ; dans ce cas, on parle de « l’architecture de papier ». Grâce aux technologies numériques, on peut aujourd’hui faire vivre les projets les plus utopiques sous forme d’animation, comme le fait Pierre Jean Giloux.

Biologie : ensemble des sciences qui étudient le vivant sous ses multiples formes. Le projet Biomimetic Stories a été conçu par l’artiste en partenariat avec des scientifiques biologistes.

Bioluminescence : capacité de certains organismes vivants à produire et émettre de la lumière. L’artiste Pierre Jean Giloux imagine comment on pourrait utiliser ce principe chimico-biologique pour créer des sources de lumières biomimétiques et écologiques dans son Å“uvre BioluminescenTTower.

Biomimétisme : terme défini en 1997 par la scientifique américaine Janine Benyus comme « une science qui étudie la nature en vue de l’imiter ou de s’en inspirer pour résoudre des problèmes humains ». Conception phare de l’urbanisme et de design écologiques, dans Madurai de Jean Pierre Giloux, elle permet, entre autres, de s’inspirer des termitières pour remédier aux hautes températures dans la ville.

Brutalisme : style architectural né dans les années 1950 qui se distingue par l’utilisation du béton, la répétition des formes et l’absence de décoration. L’artiste Pierre Jean Giloux s’inspire de la « Tour d’ombres » construite par le prédécesseur de ce mouvement Le Corbusier à Chandigarh, en Inde. Dans la vidéo BioluminescenTTower l’édifice est transformé pour abriter un laboratoire de bioluminescence.

Canopée : couche supérieure de l’écosystème de la forêt, les cimes des arbres. Pour une de ses vidéos, Pierre Jean Giloux imagine une canopée artificielle qui protégerait la ville de Madurai de la chaleur.

Climat : ensemble statistique des conditions météorologiques dans une région donnée pendant une période donnée. En collaboration avec des scientifiques, Pierre Jean Giloux imagine des solutions qui pourraient aider à adapter les villes au dérèglement climatique présent et futur (l’augmentation des températures, la raréfaction de l’eau, la pollution etc.) L’artiste présente ses recherches sous forme d’installations vidéo.

Documentaire : Les Å“uvres de Pierre Jean Giloux sont souvent basées sur le mélange des vidéos documentaires et d’animations créées par l’artiste. Pour le projet Biomimetic Stories il présente une vidéo intitulée Pirana Dump Yard qui ne contient que les captations réelles d’une décharge à ciel ouvert de la banlieue d’Ahmedabad en Inde ; plus d’utopie, ni de futur ici.) mot déjà utilisé pour l’abécédaire de Respiro

Dessin : technique artistique qui vise à représenter des objets sur une surface par les moyens graphiques (crayon, craie etc.). Le dessin sert souvent de préparation à la réalisation des peintures, des installations ou des vidéos. À La Criée, les dessins de Pierre Jean Giloux sont exposés pour montrer les phases du développement de son projet Biomimetic Stories.

Drone : petit avion télécommandé utilisé, entre autres, pour la photo et la vidéo. Il permet aux vidéastes, comme Pierre Jean Giloux, de filmer à distance une vue plongeante de grands espaces, par exemple, de la ville.

Écologie : science qui étudie les interactions des êtres vivants entre eux et avec leur milieu. Ce terme est souvent utilisé dans un sens plus étroit pour parler de l’étude de l’influence humaine néfaste sur les écosystèmes et les solutions pour la minimiser, par exemple, avec l’architecture biomimétique.

Film : production artistique, une vidéo montée. Les œuvres de Pierre Jean Giloux sont des films court-métrages, ils durent entre 8 et 12 min.

Inde : pays en Asie du Sud où le projet Biomimetic Stories est né. Quatre parties de l’installation Biomimetic Stories présentent les villes de Madurai, Dholera, Ahmedabad et Chandigarh.

Immersif (art) : multisensoriel, art qui fait plonger le visiteur dans l’Å“uvre et vivre une nouvelle expérience. Pour rendre ses vidéos immersives, l’artiste les présente sur de grands écrans.

Laboratoire : espace aménagé pour faire de la recherche et des expériences. Dans la vidéo BioluminescenTTower, le bâtiment inspiré de la ville de Chandigarh est un laboratoire de biologie. Les scientifiques qui travaillent dans ce laboratoire sont des vraies personnes à qui l’artiste a demandé de jouer leur propre rôle.

Modélisation : présentation d’une idée sous forme de modèle physique ou numérique. Après avoir fait les dessins préparatoires et avant la réalisation des vidéos, Pierre Jean Giloux a développé des modèles numériques des bâtiments qu’il voulait faire apparaître dans ses Å“uvres.

Montage : assemblage des vidéos, des sons et des effets spéciaux pour produire un film. C’est souvent le montage qui permet à l’artiste-vidéaste de construire un récit fictionel.

Pollution : dégradation de l’environnement (de terre, d’eau, d’air) par des substances ou des déchets ; problème écologique majeur. L’artiste y sensibilise le public à travers la vidéo intitulée Pirana Dump Yard.

Réalité augmentée : superposition d’images créées par ordinateur à des captations du réel. Trois des quatre vidéos présentées dans l’exposition incluent la réalité augmentée.

Science-fiction : genre artistique qui unit de réelles inventions scientifiques à des éléments fantastiques. Les vidéos de Pierre Jean Giloux sont inspirées par la science-fiction.

Smart City : « ville intelligente », modèle urbain où les technologies modernes sont appliquées pour le bien des habitants et de l’environnement. La ville de Dholera en Inde a été initialement conçue vers 2015 pour être l’une des 100 nouvelles smart city indiennes. Pourtant, le projet n’a jamais abouti. Pierre Jean Giloux imagine comment la ville aurait pu devenir dans la vidéo Biomimetic Stories.

Technologies vertes : ensemble des outils et des techniques qui ont pour but de résoudre des problèmes écologiques et de minimiser l’impact négatif de l’activité humaine sur l’environnement. Les technologies biomimétiques qui ont inspirés l’artiste en font partie.

Transformation : action de changer de forme. L’artiste transforme les captations du réel à l’aide du montage numérique pour créer ses Å“uvres.

Urbanisme : ensemble de pratiques destinées à construire, à transformer et à aménager les villes. Les vidéos présentées à La Criée par Pierre Jean Giloux sont des projets utopiques d’urbanisme.

Utopie : construction imaginaire d’un monde idéal, rêvé, parfois peu réaliste et qui s’exprime dans les création artistiques (science-fiction, cinéma, littérature, architecture, etc..) L’exposition de Pierre jean Giloux présente des architectures utopiques.

Ville : Milieu géographique et social formé par un ensemble de constructions où plus de 2 000 personnes habitent. Le thème de la ville est centrale dans l’Å“uvre de Pierre Jean Giloux.

Virtuel : D’un côté, le mot « virtuel » décrit quelque chose qui a été simulé par des logiciels numériques. D’un autre côté, « virtuel » veut aussi dire « possible » ou « éventuel ». L’exposition Biomimetic Stories présente des Å“uvres qui englobent les deux significations de ce mot ; l’artiste utilise les logiciels pour créer l’image des villes qui pourraient exister dans le futur.