Archive de mars 2021

Qui habite dans la cour de récréation ?

lundi 15 mars 2021

Les 11 et 12 mars 2021 à l’école primaire Trégain, juste avant la venue de l’artiste Éléonore Saintagnan pour une semaine de résidence autour du projet Moineaux, les élèves des quatre classes de CM1/ CM2 ont mené une série d’enquêtes dessinées dans la cour de récréation : arbres, vers de terre, pie, corneille, pigeon, arbres, petites mousses, limaces, escargots, coccinelles, chenilles processionnaires et même écureuils constituent quelques-uns des habitants observés et dessinés !

Les élèves ont ensuite tenté de décrire cet écosystème en repérant leurs interrelations par exemple : qui mange qui ? qui produit quoi ? ou encore qui aide qui ?

De retour en classe, un petit quizz a été mis en place pour savoir quels autres animaux pourraient venir habiter la cour de récréation.  Enfin les élèves ont choisi leur animal préféré et procédé à un dessin d’observation de celui-ci sur différents formats.

Les élèves ont également eu l’occasion de découvrir un chant intitulé Un moineau dans mon panier, une composition inédite du musicien et chef d’orchestre Gabriel Mattei écrite pour le projet Moineaux.

Retour en images :

crédits photos : Francine Youinou

 

Les chimères et leurs habitats, rencontre et ateliers au collège de la Binquenais

lundi 15 mars 2021

Après avoir rencontré la classe des 5e6, Aurélie Ferruel et Florentine Guédon sont allées à la rencontre des 5e3 du collège de la Binquenais. Elles se sont présentées et ont montré aux élèves des photos de leurs pratiques et de leurs projets.

En retour, les élèves ont présenté aux artistes les petites bêtes « mal-aimées » qu’ils avaient imaginé lors d’un précédent atelier avec La Criée, à partir de leur invitation: araignées géantes fan de k-pop; un duo de souris ou encore un écureuil complétement vert.

Ensuite, les élèves se sont attelés, en groupe, à les faire fusionner pour créer des chimères. Ils.Elles ont réalisé des fiches descriptives de l’alimentation de leurs créatures hybrides, en précisant leurs prédateurs et leurs habitats. Les élèves ont retranscrit ces fiches par de grands dessins.

Ensuite, Ferruel et Guédon leurs ont proposé d’imaginer l’habitat de ces créatures en dessinant des maquettes puis en passant à des réalisations 3D.

Aurélie et Florentine ont accompagné les élèves dans leurs réalisations, les conseillant et les assistant à la construction. Ainsi des nids dans des grottes, des châteaux rose bonbon pour papillons et des toiles d’araignées ont été conçus.

Pour conclure l’atelier, les élèves ont présenté, par groupes, leurs créations 3D des habitats de leurs animaux fantastiques.

 

Les chimères et leurs habitats, rencontre et ateliers au collège de la Binquenais

vendredi 12 mars 2021

Lors de leur deuxième semaine de résidence à Rennes, les artistes Aurélie Ferruel et Florentine Guédon sont intervenues dans la classe des 5e6 au collège de la Binquenais. Elles se sont présentées et ont montré aux élèves des photos de leurs pratiques et de leurs projets. Les artistes et les élèves ont commenté ainsi ensemble leurs sculptures éphémères en paille tressée, en sable ou en bois, activées lors de performances et temps festifs.

Pour cet atelier, elles ont demandé aux élèves de dessiner des petits animaux parasites, « mal aimés » réels ou imaginaires. Les élèves ont d’abord travaillé individuellement puis en groupe, en fusionnant leurs différents animaux afin de créer des créatures fantastiques: une créature mi-oiseau mi-coccinelle; une araignée amphibienne avec des pattes-tentacules ou encore un loup avec deux bouches, une dedans, une dehors.

Ensuite, Ferruel et Guédon leur ont proposé d’imaginer l’habitat de ces chimères en dessinant des maquettes puis en passant à des réalisations 3D.

Ainsi de cartons, fil de fer et papiers mâchés sont nés des grottes, nichoirs et arbres maisons.

L’atelier s’est terminé par une courte présentation de chaque groupe de leur projet devant la classe.

La technique de la couleur à travers l’outil dans les oeuvres de Mathis Collins

jeudi 11 mars 2021

   Mathis Collins, Artiste policier quittant Paris, 2020
Artiste policier et le Guignol’s Band, 2020
Artiste policier contre Poulbot, 2020

tilleul, teinte à bois, 200 × 120 × 3 cm, chaque panneau

 

La couleur est un médium pour donner un aspect et traduire une intention. Autrement dit c’est un moyen qui sert à reproduire et faire ressentir des émotions.

Nous pouvons voir la couleur comme n’étant qu’une modulation de la lumière résultant de la synthèse additive ou soustractive.

Sur le bois, la couleur peut être obtenue grâce à la teinture, à la peinture ou même par la sculpture. Couleur qui peut s’obtenir grâce à divers outils. Lui permettant  d’obtenir une texture, des motifs des dégradés… Des traces d’outils ou techniques d’application de la couleur sont d’ailleurs (parfois) observables. Comme des traces de pinceaux résultant de l’utilisation de ce dernier. Le choix d’une couche plus ou moins importante de couleur est aussi observable.

En ôtant ou en ajoutant de la matière grâce à divers outils tel que la gouge ou avec un objet contondant. Et à contrario pour ajouter de la matière, nous aurons tendance à utiliser de la peinture, de la dorure, de la céramique, de l’enduit ou encore du vernis.

 

  L’artiste peint une première fois le panneau de tilleul clair en noir, puis il ponce et répète ces deux actions successivement. Grâce à cette succession d’étapes, Mathis Collins accentue la couleur grâce au volume donné par la gravure. Quand nous parlons de peindre le panneau, il s’agit réellement de teindre l’œuvre. Dans la gravure de l’artiste nous remarquons une différence de graisse dans son tracé. Le jeu entre les traits fins et plus épais sculpte la surface où est appliquée la couleur. Ce qui a en finalité une incidence sur celle-ci. Et ne rendra donc pas le même effet. Ainsi, modeler la surface permet de modeler la couleur, c’est un moyen de transmettre une émotion de manière plus aiguisée.

Lorsque nous parlons de  densité de trait, que ce soit un trait fin pour un côté tracé ou un trait plus gras pour une forme, on perçoit une impression de couleur et d’ombre. L’ombre permet ici de matérialiser l’objet d’observation.

 

 

 

 

 

 

 

Mathis Collins, Artiste policier quittant Paris (détail), 2020
tilleul et teinte à bois, 200 × 120 × 3 cm

 

    Mathis Collins utilise principalement une gouge pour graver ses œuvres. Cet outil lui permet de créer des contrastes et de jouer avec les effets de textures. Le fait d’utiliser la gouge donne des effets de profondeur que l’artiste peut décider d’accentuer. Il utilise également un stylo à point pour obtenir des gravures plus fines, des traits, des rayures… Cette manière, dont l’artiste a de modeler la matière, a pour conséquence de modifier la perception de la couleur.

L’artiste choisit de poncer les panneaux de bois qu’il a au préalable peint pour donner un effet de palissade. Où il applique après coût les couleurs voulues. Étapes après étapes,  il obtient l’effet voulu.

 

 

                                                                                                                    

 

 

 

Ici, nous pouvons aussi parler de la couleur comme d’un moyen de mise en œuvre et de moyen de transmission sensible. La muséographie sur fond blanc, quand à elle, accentue la présence des couleurs et accentue donc l’intention de l’artiste à travers ses œuvres.

 

 

 

 

Mathis Collins, vue de l’exposition Mime, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2020

 

Le travail de Mathis Collins et de son père sont tout à fait différents. Ce dernier à une représentation plus sombre, sans aucune couleur contrairement à son fils qui ajoutera très fréquemment des pigments de couleur. Nous avons d’un côté la sobriété, et de l’autre l’abondance. Deux artistes aux travaux distincts, qui ont pourtant collaboré pour l’exposition de la Criée, à Rennes.

 

 

 

 

 

 

 

Paul Collins et Mathis Collins, History of Modern Art (for D. R.), 2020
acrylique sur lin, tilleul et teinte à bois, 146 × 97 cm

 

Nous pouvons voir que Mathis Collins à fait des œuvres avec des couleurs plus vives. L’effet palissade y est moins présent et le noir y a moins sa place que dans les œuvres présentent à la Criée. Ce qui produit des émotions différentes. Notamment nous ressentons moins l’effet de « dégoût », et sommes moins rebutés face aux scènes se trouvant sous nos yeux.

 

 

 

 

 

 

 

 

Bar-None, 2020, exhibition view, 15orient, New York.

Maxence et Pauline

L’aléatoire dans l’art et le design

mercredi 10 mars 2021

 

L’exposition inédite s’intitulant “Mime”, réuni père et fils au centre d’art contemporain La Criée, à Rennes. Via l’expression de pantins directement inspirés de la Commedia dell’arte, les deux artistes illustrent et dénoncent les nouveaux enjeux de leurs contemporains liés à la transmission des connaissances dans l’art. Tirés en satire, les personnages aux gags exagérés s’illustrent sur de larges panneaux en bois de Tilleul.

 

Proche des procédés de création d’un sculpteur, Mathis Collins révèle ces différentes saynètes en dégrossissant et en ponçant la matière. Cette révélation de l’œuvre, couche par couche, a su attiser notre curiosité et nous questionner sur l’intégration des opérations liées à l’aléatoires dans l’art et le design.  Tout en considérant l’aléatoire comme un fait imprévisible lié au hasard, comment peut-il apporter une plus-value à la finalité de la production de par son résultat incertain ?

 

Ce qui ne peut être prévu apporte une dimension supplémentaire à l’œuvre, elle lui attribue une histoire annexe et parfois être force de proposition. En effet, l’un des seuls artefacts aléatoires dénotés par la commissaire d’exposition, était la réaction du bois dans la salle d’exposition. Sa déformation légère pendant le confinement a permis à ce panneau de se démarquer des autres et d’apporter une irrégularité dans la série.

 

L’intégration de l’aléatoire dans le procédé créatif a été plus affirmée dans les œuvres du père, Paul Collins. En outre, il incorpore l’imprévisible dans la trame de ses œuvres. Pour ce faire, il s’arme d’une moustiquaire qu’il viendra froisser pour additionner un rendu moiré à sa peinture. C’est de ces effets d’ondulations aléatoires qu’un certain sentiment de surprise peut voir le jour. Ce sentiment de surprise a longtemps été recherché dans les créations artistiques car il permet de créer un lien direct avec le spectateur. C’est aussi le meilleur moyen de lui proposer une expérience unique et ainsi, de marquer ses souvenirs. 

 

De nombreux artistes se sont essayés à cette problématique dans le traitement de leurs œuvres. À travers de multiples outils (logiciels,…) ou machines, chacun a pu s’essayer à une nouvelle expression de leur art tout en rendant leur signature unique et inimitable.

 

 

 

César, Compression automobile, 1962

César, dans son œuvre Compression automobile, introduit l’aléatoire en n’intervenant pas directement sur le métal, mais en dirigeant une presse qui réduit en blocs des voitures, symboles du progrès technologique et des produits de consommation de la société industrielle. La nouvelle composition est organisée avec un enchevêtrement de morceaux métalliques polychromes et devient ainsi une sculpture très organique.
Le processus de compression est donc toujours le même, de par la technique,  mais le résultat sera toujours différent.

 

Raoul Ubac, Nébuleuse, 1939
Raoul Ubac, Sans titre, « Penthesilée », 1938

Dès les années 1930, Raoul Ubac joue sur la matière photographique pour déformer la figure humaine. Il utilise la technique de solarisation qui lui permet de figurer des corps flous, incomplets, informes, rongés par la lumière ou la chaleur. La solarisation consiste à réexposer un négatif au cours du développement d’un sujet photographié. Les valeurs sont alors inversées. Le corps se déréalise et devient fantasmatique. C’est un procédé incontrôlable lié au hasard qui révèle un caché graphique artistique.

 

Marcel Duchamps, 3 stoppages-étalon

Pour Marcel Duchamp et ses Stoppages Etalon « hasard en conserve », le hasard occupe une place fondamentale dans le processus de sa création. Pour cette œuvre, l’artiste a laissé tomber sur des panneaux peints en bleu de Prusse, depuis une hauteur d’un mètre, trois fils d’un mètre chacun. Ensuite, trois règles en bois ont été réalisées d’après le dessin formé par ces fils, qui servent à Duchamp de « gabarit du hasard ».
C’est donc grâce à la chute de ces cordes et de leurs “atterrissages” aléatoires qu’est créé l’ensemble de l’œuvre, formant cet assemblage, entre peinture et readymade.

 

« Pour faire un poème dadaïste Prenez un journal.
Prenez des ciseaux.
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème. Découpez l’article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac. Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l’une après l’autre.
Copiez consciencieusement dans l’ordre où elles ont quitté le sac.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voilà un écrivain infiniment original et d’une sensibilité charmante, encore qu’incomprise du vulgaire. »

Tristan Tzara, Pour Faire Un Poème Dadaïste

Le dadaïsme ou dada est un mouvement littéraire et artistique fondé à Zurich en 1916 par Hugo Ball, Emmy Hennings, Tristan Tzara, Richard Huelsenbeck, Marcel Janco et Hans Arp. Ce mouvement avait pour principe de rejeter l’Art ‘conventionnel’ tel qu’il avait été connu et toutes les autres formes d’art – souvent parodiées – et idéalisés par la classe bourgeoise.
Pour comprendre ce que l’esthétique dadaïste dans le monde de la poésie, rien de mieux que de retenir le conseil que Tzara propose pour faire un poème dadaïste. Le poème en question Pour Faire Un Poème Dadaïste a été publié dans son recueil Manifeste de Dada sur l’Amour Faible et l’Amour Amer.
Grâce à cette “recette”, la méthode de réalisation d’un poème sera toujours la même mais son rendu en sera différent et aléatoire.

 

Jannis Maroscheck, Shape Grammars

Sur la base des travaux de Sol LeWitt, le graphiste Jannis Maroscheck a conçu et programmé ses propres algorithmes permettant de construire un nombre illimité de formes graphiques uniques et individuelles.
Le résultat de ces recherches est mis en forme dans ce catalogue systématique — une sorte de dictionnaire des formes — pour explorer et naviguer dans les différents systèmes géométriques, dans lesquels on peut toujours découvrir quelque chose de nouveau.
Shape Grammars est conçu tel un manuel pour les graphistes, aidant à la conception de polices de caractères, de logos et de pictogrammes. En plus des 150 000 formes générées grâce aux algorithmes en seulement une minute, cet ouvrage nous montre certaines possibilités et limites du design génératif. Dans un même temps, l’ouvrage sert de base à des recherches plus approfondies sur des systèmes plus complexes et sur l’intelligence artificielle. L’ordinateur peut donc déjà, de nos jours, fonctionner comme un partenaire de dialogue dans le processus de création.
Le but était ici d’observer combien de formes uniques peuvent être produites en masse grâce à un ordinateur et 12 systèmes différents.

 

Pollock

Jackson Pollock est le peintre représentant le mieux le hasard. Pour ses créations, il lance et laisse tomber des coulures de peinture sur ses toiles. Le tableau devient un champ d’actions où s’exprime un processus graphique dynamique sans accorder une préférence à une partie du tableau plutôt qu’une autre, à une orientation. Tâches, coulures, traces, lignes envahissent la totalité de l’espace au rythme des gestes et mouvements de l’artiste.

 

Rédigé par Agathe Prévot et Tristan Regnault

L’évolution des couleurs primaires dans les œuvres d’art

mercredi 10 mars 2021

Le symbolisme des couleurs est présent dans notre quotidien. Ces couleurs évoquent en nous des sensations, des sentiments dans certains cas. Elles ont des significations claires. Nous allons ici nous concentrer sur les couleurs primaires. Les couleurs primaires se retrouvent dans tous les domaines comme l’architecture, la peinture ou encore la sculpture. Elles sont utilisées par tous et sont généralement la base du vocabulaire de l’artiste. Chaque couleur primaire possède alors sa signification et son utilisation varie en fonction du style artistique.

Prenons comme exemples 3 périodes différentes avec leurs propres significations.

1.LE MOYEN-ÂGE :
C’est au Moyen Âge que le bleu est peu à peu devenu la couleur emblématique de l’Occident chrétien. Couleur de deuil éclaircie, égayée, elle est devenue celle de la Vierge
-Or (jaune) : richesse, noblesse, foi,avarice, fausseté, félonie, trahison, paresse, envie
-Gueules (rouge) : force, courage, largesse, charité; orgueil, cruauté, colère
-Azur (bleu) : loyauté justice, sagesse, science, fermeté, amour fidèle, sottise, roture, bâtardise

2.LA RENAISSANCE:
Au début du XIVe siècle, les théories sur la couleur issues de l’Antiquité et du Moyen-âge continuent à prédominer, alors que certains esprits scientifiques s’essayent à la construction des premiers espaces de couleurs. Parallèlement à cette évolution, les peintres et les artistes ont déjà une bonne connaissance des mélanges de couleurs. On découvre alors que l’ensemble des couleurs peuvent être obtenues à partir d’une base de trois couleurs primaires : le bleu, le rouge et le jaune.
Les artistes cherchent à imiter les couleurs de la nature sans forcement y apporter une symbolique.

3.L’ART CONTEMPORAIN:
Anish Kapoor fait des installations avec des pigments qu’il sculpte selon des formes variées. La couleur se fait œuvre et espace. La couleur a donc connu des périodes où elle a changé de sens pour passer du symbolique à la couleur locale à partir de la Renaissance. À l’époque contemporaine elle est utilisée pour ses qualités propres comme nous le montre Anish Kapoor. Elle devient sculpture monumentale avec sa densité propre. Elle s’expose avec les monochromes.
Aujourd’hui beaucoup d’artistes se basent sur la symbolique des couleurs dans leur oeuvres, or certains, comme Mathis Collins, qui n’y apporte peu d’importance.

Signification des couleurs d’après Michel Pastoureau:

 Michel Pastoureau est un historien médiéviste français, spécialiste de la symbolique et de l’histoire culturelle des couleurs, des emblèmes, de l’héraldique, et de l’histoire culturelle des animaux.
«Les couleurs ne sont jamais là par hasard, elles véhiculent des sens cachés, des codes, des tabous ou des préjugés. Elles pèsent sur notre vie quotidienne, notre langage et notre imaginaire. Elles ne sont ni immuables ni universelles et ont une histoire mouvementée.» Extrait d’un récit de Michel Pastoureau.

Rouge: Révolutionnaire, censeur et aguicheur, c’est la couleur archétypale. Le rouge appartient aux rois ou au Diable, à la charité ou aux guerriers. Le rouge est sans doute la couleur la plus ambivalente qui soit.

Bleu: Longtemps silencieux jusque dans le lexique latin où il ne trouve guère d’équivalent, le christianisme médiéval le pousse soudainement sur le devant de la scène. Dans le jeu hiérarchique des identités, Dieu devient lumière. «Et la lumière devient… bleue !», raconte Michel Pastoureau.
Fixé dans l’iconographie liturgique, le bleu a intégré un système de valeurs et s’est posé en nouveau contraire du rouge. Mais jamais, en Occident. Il éclate dans les vitraux gothiques, fait son entrée en politique en parant le roi de France.

Jaune: Celui à qui l’or a ravi son prestige depuis le Moyen Âge, absorbant les symboles positifs de la lumière et de la puissance. Aujourd’hui mal-aimé, le jaune ne l’a pas toujours été. Les peuples de l’Antiquité révèrent en lui le soleil et lui accordent une place importante dans les rituels religieux.

 

 

 

Ces 3 couleurs apparaissent dans le cubisme, l’abstraction le dadaïsme ou le fauvisme. On les retrouve dans des œuvres connues:                                                                                                                                                        Joan Miro, qui utilise une palette de couleur noir blanc et primaires et tout support comme architecture, sculpture et peinture.                                                                                                                                                Mondrian (1920, nouveau réalisme), avec le tableau New York, avec une accumulation de lignes et de couleurs primaires créant au public une vibration optique apportant un rythme à l’œuvre.

Et dans les oeuvres de Mathis Collins ?

Mathis Collins fait parti du mouvement d’art brut. On retrouve dans la plupart de ses œuvres du bleu, du jaune et du rouge. Parfois utilisé en fond ou alors pour colorer ses personnages. Nous pouvons alors nous demander s’il y a une signification particulière à l’utilisation de ces couleurs ?

L’Art brut est le terme par lequel le peintre désigne les productions de personnes sans culture artistique. Définissant un art de « ceux qui travaille en dehors des circuits classiques», un art qui comprend à la fois l’art des fous et celui de marginaux de toutes sortes : prisonniers, reclus, mystiques, anarchistes ou révoltés. Des couleurs pour déconstruire les idées reçues et tenter d’appréhender l’art brut :

-le rose pour l’enfance, évoquant cette confusion tenace entre le dessin d’enfant et l’art brut
-le noir pour les liens qui unissent malgré eux l’art brut et l’art primitif
-le rouge pour le génie ou la folie
-le vert pour le sauvage, prétexte à déconstruire l’idée d’un art non civilisé
-le gris pour la notion d’enfermement
-le bleu pour nous provoquer au point de vu politique

Dans ces œuvres, Mathis Collins aborde principalement des sujets liés a la politique. On peut voir sur plusieurs tableaux, le symbole de la Révolution Française. La cocarde avec les couleurs du drapeau français.
On peut donc alors faire un lien entre les œuvres de Mathis Collins et la symbolique des couleurs de Michel Pastoureau, avec la présence du bleu (politique) et du rouge (révolutionnaire).
L’utilisation des couleurs primaires n’a pas réellement d’importance, et n’est pas le sens principal du tableau, mais cela permet seulement de mettre en avant les caractéristiques de ses personnages.

 

 

 

Salomé Vidal et Coline Wepierre.

La sculpture sur bois : une technique propre à l’artiste

mercredi 10 mars 2021

 

Mime, Mathis Collins, La Criée, Rennes

Dans cet article, nous allons étudier la manière dont l’artiste s’approprie la technique de sculpture sur bois.

 

1. L’artiste

Mathis Collins est un artiste contemporain, autodidacte sur la pratique du bois. Très reconnu pour la mise en œuvre artisanale de ses sculptures, il se différencie des autres artistes en travaillant directement sur la matière. Ainsi cela nous amène à nous interroger sur la façon dont Mathis Collins s’approprie la sculpture sur bois.

 

2. Son procédé technique

En effet, l’artiste mène un procédé singulier en laissant de côté la phase d’esquisse, commune dans la sculpture du bois, afin d’exprimer son art de manière instinctive. Avant même de travailler la matière, il commence par l’assemblage de planches en bois de tilleul. Les planches sélectionnées, issues d’un atelier de menuiserie local, ont une épaisseur variant de 5 à 10 cm. Ce bois homogène de couleur claire, possède un grain tendre et fin qui facilite sa taille. Celui-ci est très apprécié dans la sculpture car il ne se rétracte pas et fissure peu, permettant d’éviter toutes déformations de l’œuvre. 

Une fois l’assemblage réalisé, il dégrossit différents plans dans l’épaisseur des planches. Puis, recouvre celles-ci de peinture noire afin de faire ressortir le dessin sculpté, en clair, qu’il creuse dans la surface à coups de gouge. Cette technique lui permet de marquer définitivement des volumes et des textures propres à chacune de ses œuvres. Afin de rehausser les bas-reliefs de couleurs, l’artiste peint certaines surfaces qu’il ponce. Ce travail fastidieux, met en valeur les couleurs incrustées dans les entailles du bois. Par ailleurs, le bois peut se révéler imprévisible par ses irrégularités (nœuds, trous) offrant une part de hasard à l’œuvre. 

Enfin, Mathis Collins termine ses œuvres en peignant des formes, de types personnages, décor ou autre, en couleur, en suivant la gravure. Pour parfaire son travail, il re-ponce l’ensemble et applique un vernis de finition.

À la suite de ces nombreuses étapes, le support final mesure environ 3 cm d’épaisseur. Il aura fallu deux mois à Mathis Collins pour réaliser 15 travaux (5 triptyques). 

 

3. La technique de la taille de tableaux de bois et d’autres types de tailles de bois

La taille du bois est un art répandu dans le monde avec plusieurs manières de sculpter qui dépendent de l’héritage de savoir-faire de chaque artisan et des matériaux disponibles. Elle se différencie des autres matières utilisées dans cette discipline, notamment pour deux raisons principales.

Premièrement, les finitions pour bois sont particulièrement variées. Chacune permet une mise en valeur tant du bois que du sujet. La plus connue mais aussi la plus simple est la cire d’abeille. De plus, il existe aussi le vernis tampon qui fait ressortir le veinage du bois et lui donne un effet miroir. La dorure à l’or, par placage de feuilles d’or, donne une finition très particulière. Il existe beaucoup plus d’autres finitions, mais chacune est utilisée pour mettre en valeur l’œuvre. 

Deuxièmement, comme mentionné auparavant, il faut fréquemment préparer le bois en assemblant différents morceaux. Cet assemblage varie selon ce que l’on désire réaliser : un bas-relief ou une sculpture statuaire. En effet, il existe différents types de techniques de sculpture sur bois. 

La sculpture en bas-relief, contrairement aux sculptures complètes, consiste à travailler des figures dans le bois. L’artiste commence par un morceau plat de bois, et il sculpte des figures dedans, en laissant l’arrière à plat. Les œuvres de Mathis Collins appartiennent à ce type de sculpture. Néanmoins, ses techniques lui sont propres, l’opposant à d’autres artistes réalisant des bas reliefs, tel que Rémy Amato. 

Le Grand Chêne, Rémy Amato, sculpture sur bois bas-relief

Amato, sculpteur français, fait également de la sculpture sur bois à la gouge, mais utilise différentes finitions dans chacune de ses œuvres. Il fait donc des sculptures sans teintures ou finitions apparentes, tel que Le Grand Chêne. L’artiste réalise également des œuvres avec des finitions, telles que la gravure sur bois de merisier Temple, représentant le Wat Siphoutthabath de Louang Prabang au Laos, doré à la feuille de cuivre jaune.

Home, Rémy Amato

D’autre part on peut aussi évoquer la sculpture en rond ou sculpture complète, où tous les côtés sont sculptés, contrairement aux sculptures en relief. Thierry Martenon, sculpteur français, fait partie des artistes qui se consacrent à ce type de sculpture. Suivant une taille directe, semblable à celle de Mathis Collins, il travaille néanmoins sur des œuvres complètes. Son travail est caractérisé par une texture abondante résultant d’une démarche qui se concentre sur la recherche esthétique des formes abstraites et de la matière. Ainsi, utilisant un même procédé intuitif et une même matière, deux artistes arrivent à créer deux sculptures différentes tant en typologie de sculpture qu’en sujet sculpté.

n°021219 – Épicéa / Spruce – Diam. 1700 x 90 mm, Thierry Martenon

Finalement, la sculpture de bois est une technique extrêmement variée et riche, qui comprend des œuvres très diverses. Au vu du développement de ce domaine, on pourrait imaginer que tout a été découvert et réinventé. Néanmoins, on retrouve, encore aujourd’hui, des artistes qui essaient de renouveler et d’innover dans l’utilisation du bois sculpté. On peut faire appel à l’artiste russe Sergei Bobkov, par exemple. Ce sculpteur a développé une technique unique de sculpture sur bois. Son procédé : tailler une centaine de morceaux de bois de 5 à 8 cm, les plonger dans l’eau plusieurs jours, puis les retailler pour donner les copeaux avant l’assemblage. Il utilise ces copeaux de bois de cèdre de Sibérie et  les assemblent de façon à créer d’incroyables animaux réalistes. 

Sculpture d’un hibou en copeaux de bois, Sergei Bobkov

 

– Article rédigé par Élodie, Juliette et Alexia

Bicorne ou l’Art contemporain en mouvement

mercredi 10 mars 2021

Dans l’exposition Mime consacrée à un ensemble de triptyques de Mathis Collins, l’une des œuvres présentées se démarque par le fait qu’elle soit en mouvement. Celle-ci se nomme Bicorne. C’est un panneau peint et teinté sur bois. Conçu en premier dans la série, il est plus sombre visuellement, et répète un motif de bicorne. Le mouvement de l’œuvre réside dans l’apparition et la disparition des cocardes, grâce à un système de rouages rudimentaires piloté par une carte électronique. Comme une cible dans un stand de tir lors d’une foire, ce bas-relief cinétique hypnotise par le mouvement imprévisible de ses cocardes. Les enfants avaient d’ailleurs introduit un jeu lors de l’exposition, l’objectif étant de deviner quand la cible allait surgir.

Bicorne de Mathis Collins

Ce système cinétique est en réalité un principe repris de nombreuses fois dans l’histoire de l’art contemporain. On peut noter par exemple le mouvement d’Art cinétique, introduit dans les années 60, qui propose des œuvres contenant des parties en mouvement. Les procédés employés dans l’Art cinétique captent l’attention de manière prolongée. Les motifs complexes, les répétitions, les mouvements aléatoires, les anamorphoses et les illusions d’optique participent a un effet d’hypnose, de fascination, que l’on retrouve dans Bicorne.

Trame altérée (1968), de Julio le parc (1928-), un artiste associé à l’art cinétique

Pourtant fortuit, le son produit par le panneau de Mathis Collins participe à l’immersion dans l’œuvre : le déclenchement aléatoire du mécanisme et de son vrombissement surprend et attire l’attention. On peut comparer ce procédé aux œuvres de Jean Tinguely. Cet artiste a produit des sculptures-machines, à la frontière entre industrie et art, qui produisent des sons stridents et répétés, en référence au monde industriel. Le chanteur Woodkid reprend d’ailleurs des échantillons sonores de ces machines comme matière première dans son dernier album S16

L’une des machines de l’artiste Jean Tinguely exposée à Bâle en Suisse.

D’autres artistes ont exploré des manières différentes de créer du mouvement au sein d’une sculpture. À défaut d’utiliser de l’électricité, Theo Jansen a lui employé l’énergie éolienne pour animer ses sculptures anthropomorphiques : ces myriapodes faits de plastiques et de bouteilles recyclées se déplacent au gré du vent. Theo Jansen les prénomme d’ailleurs les “strandbeest”, les bêtes de plages. 

L’une des “strandbeest » de Theo Jansen

Dans cette idée de biomimétisme, on remarque également les sculptures de Bob Potts qui imitent les mouvements, les rythmes que l’on retrouve dans la nature : battements d’ailes ou mouvements de rames de bateaux. Pour réaliser ses créations pleines de légèreté, quasi hypnotiques, il utilise pourtant des assemblages complexes de boulons, de rotors, de rouages de pièces mécaniques et métalliques en tout genre.

De son côté, David C. Roy propose des sculptures cinétiques qui reposent sur la mécanique de remontage. Comme dans l’horlogerie, il suffit de charger en énergie cinétique une pièce de la sculpture pour qu’elle s’anime en autonomie pendant plusieurs heures.

Bicorne fait donc partie d’un ensemble d’œuvres mouvantes conçues tout au long du XXIème siècle. Avec la démocratisation de l’électronique, il est aujourd’hui beaucoup plus accessible de mettre en mouvement les œuvres plastiques, permettant d’explorer une dimension toujours plus immersive des Beaux-Arts. Cette accessibilité nécessite néanmoins une certaine polyvalence, autour d’une pratique qui allie plasticité, ingénierie et artisanat. 

–  Lisa Ladent et Lilian Bruerre

 

 

L’humour slapstick dans l’oeuvre de Mathis Collins

mercredi 10 mars 2021

 

 

En quoi la mise en scène des personnages des panneaux de Mathis Collins renvoient-ils à l’humour slapstick?


Mathis Collins s’est inspiré dans ses panneaux de l’humour slapstick. En effet, on retrouve beaucoup de scènes inspirées de cartoons où l’un des personnages tient une batte s’apprêtant à taper sur son rival/ son acolyte. Ce sont les personnages qui s’entendent à merveille tel que “chien et chat”! Ses personnages sont très caricaturés et l’humour est exagéré. On retrouve la fameuse batte de baseball dans le théâtre des marionnettes et l’enclume sur le point de tomber sur l’un des personnages. Dans Artiste policier surpris par la mort, le personnage est pris au dépourvu par la mort (le squelette), seul le spectateur connaît la chute. 

 

Le cinéma burlesque américain

Les panneaux de Collins renvoient aux cinéma burlesque américain. Ils sont d’un comique extravagant et déroutant. En littérature, ce burlesque repose sur le jeu de décalage entre la grandeur et la trivialité. Dans les panneaux de Collins comme dans le cinéma, le comique est principalement joué par la gestuelle (coups portés sur un personnage, rire satirique, claque dans la tête, doigts dans les yeux, les gens tombent, etc.). Ici, le sujet de la violence est complètement dédramatisé. 

L’humour que partage Collins avec le spectateur est le slapstick, “slap” signifiant taper et “stick”, le bâton. Un slapstick était à l’origine une pagaie inoffensive composée de deux morceaux de bois qui entrechoqués ensemble produisaient un coup retentissant lorsque la pagaie frappait sur quelqu’un. Ce terme provient aussi des “battochio” des bateleurs italiens, un objet très bruyant avant tout. Au Moyen-Âge, le bateleur est un jongleur qui joue sur une place publique, il fait partie du spectacle et le but de sa présence est de faire rire. Le slapstick semble être entré en service pour la première fois au XVIème siècle, lorsque Arlequin, l’un des personnages principaux de la commedia dell’arte italienne, l’a utilisé sur le postérieur de ses victimes.

 

Les dessin animés: les cartoons

L’enclume dans Artiste policier hué (détail) renvoie aux cartoons américains. Elle s’apprête à tomber sur la tête de Mathis Collins, l’artiste-policier. Il se moque de lui-même, comme s’il était un comédien hué sur scène et prêt à être assommé. Comme l’enclume, la batte renvoie à la matraque des gendarmes et à l’humour slapstick. Le scénario idéal correspond au gendarme qui court après le voleur/ le clown/ le vagabond et se prenant parfois lui-même des revers de bâtons comme Mathis Colins qui se moque de lui-même. La comédie slapstick est un genre qui tourne autour de l’humour physique, de l’exagération et de l’aspect comique de la violence. Souvent, l’histoire n’a pas d’intrigue concrète mais seulement une série de faits, d’actions sans explication mais qui font rire. 

Les cartoons référencés par Collins sont Tom et Jerry, Bip Bip et le coyote, Titi et Grosminet… Dans ces exemples, seulement une prémisse générique existe mais cela ne signifie pas que l’épisode est moins drôle. Le modèle des épisodes est répétitif: on a l’intro où l’un des personnages pose un piège à son rival puis arrive l’exécution où quelqu’un se fait frapper par une batte, une enclume, etc. Enfin les personnages sont atteints de blessures plus ou moins graves, ils sont couverts de bandages mais guérissent en un clin d’œil et repartent en bonne santé pour un nouvel épisode.

(Cliquer sur les images)

 

De même, dans le panneau Artiste policier et le Guignol’s Band, la marionnette est une représentation du théâtre de Guignol avec le castelet et des marionnettes : on retrouve le gendarme avec sa matraque et son chapeau bicorne dans 3 états : il est celui qui donne, reçoit le coup de bâton et s’apprête à être surpris par celui qui se cache derrière le rideau. On retrouve ici le même scénario que les cartoons.

 

(de gauche à droite et de haut en bas)
Artiste policier surpris par la mort; Artiste policier hué (détail); Artiste policier danseur de corde; Artiste policier et le Guignol’s Band (détail)

 

Les comédies burlesques

William Shakespeare a inclus beaucoup de scènes de poursuite et passages à tabac dans ses comédies, comme sa pièce La comédie des erreurs. Cette pièce repose sur des quiproquos et méprises entre jumeaux. Basé sur une farce du dramaturge romain Plautus, The Comedy of Errors est la comédie la plus folle du Barde – une œuvre pleine d’humour slapstick et de riche caractérisation centrée autour de deux ensembles de jumeaux identiques accidentellement séparés à la naissance.

 

Les Trois Stooges (The Three Stooges) illustre bien également l’humour slapstick. Cette troupe comique américaine a tourné de nombreux courts métrages au milieu du XXème siècle (1965). Dans la lignée du vaudeville américain et de la comédie, leur humour s’appuie essentiellement sur la farce et la bouffonnerie. Curly Howard, Moe Howard et Larry Fine sont les principaux personnages.

 

 

Encore, Les Fourberies de Scapin a été écrite en 1671 par Molière, comédien et dramaturge appartenant au classicisme. Dans cette pièce de théâtre, les histoires amoureuses se mêlent aux fourberies du valet Scapin. On retrouve du comique slapstick dans l’acte III de la scène 2, où Géronte, enfermé dans un sac, rendu aveugle, perd pour un temps son statut de maître et se retrouve condamné à subir les règles du jeu concoctés par Scapin ainsi que les coups de bâton de ce dernier. Les répliques « Ah, je suis roué » et « Pourquoi, diantre faut-il qu’ils tapent sur mon dos ? » montrent qu’il est en position de victime et ne maîtrise pas la situation.

Extrait de la scène du sac et du bâton (acte III-scène 2)

SCAPIN.- (…) » Oh ! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent point à des gens comme lui, et ce n’est pas un homme à être traité de la sorte. « (..)

En se plaignant et remuant le dos, comme s’il avait reçu les coups de bâton.

GÉRONTE, mettant la tête hors du sac. – Ah, Scapin, je n’en puis plus.

SCAPIN.- Ah, Monsieur, je suis tout moulu, et les épaules me font un mal épouvantable.

GÉRONTE.- Comment, c’est sur les miennes qu’il a frappé.

SCAPIN.- Nenni, Monsieur, c’était sur mon dos qu’il frappait.

GÉRONTE.- Que veux-tu dire ? J’ai bien senti les coups, et les sens bien encore.

SCAPIN.- Non, vous dis-je, ce n’est que le bout du bâton qui a été jusque sur vos épaules.

GÉRONTE.- Tu devais donc te retirer un peu plus loin, pour m’épargner…

SCAPIN lui remettant la tête dans le sac. […]

 

Le slapstick aujourd’hui…

Contrairement aux cartoons, The Mask est un parfait exemple pour illustrer un film de comédie slapstick moderne. Cette comédie fantastique de Chuck Russell date de 1994. Les acteurs Jim Carrey, Cameron Diaz et Peter Green y figurent. L’histoire ne se réinitialise pas et tout ce qui se passe a un impact significatif sur l’histoire. Une intrigue est présente: Stanley Ipkiss est un banal employé de banque plutôt timide. Il voue une passion aux cartoons de Tex Avery. Un soir, il trouve un masque ancien doté de pouvoirs surnaturels révélant et exagérant la personnalité de son possesseur. Chaque fois qu’il le porte, il devient The Mask, personnage loufoque, sûr de lui et plein de ressources qui défraie la chronique.

 

 

Aussi, dans Maman j’ai raté l’avion, film de 1990 réalisé par Chris Columbus, le personnage de Kevin, un enfant de 8 ans, installe successivement des pièges pour stopper les “casseurs flotteurs”, des brigands essayant d’entrer dans sa maison. Ici, les personnages se retrouvent frappés, bousculés par les pièges posés par Kevin. Ces situations sont mortelles dans la vraie vie alors qu’ici elles sont tournées en ridicule.  

 

 

 

Un exemple plus contemporain de slapstick est MTV Jackass. Jackass (« casse-cou » ou « bourricot ») est une émission de télévision américaine dont les épisodes durent une vingtaine de minutes. Les acteurs se livrent à une série de cascades toutes plus dangereuses et irresponsables les unes que les autres. Et, dans ce cas, les interprètes ont pris la basse humeur et la violence à un nouveau niveau. Les créateurs de Jackass prônent la comédie physique basée sur l’humiliation. 

 

 

 

 

 

Dans Deadpool, film de Tim Miller de 2016, les scènes violentes sont dédramatisées, frivoles, grotesques et burlesques. Le personnage est l’anti-héros le plus atypique de l’univers Marvel. À l’origine, il s’appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie.

 

 

Margaux et Charlotte

 

Les dualités soulevées par le travail de Mathis Collins

mercredi 10 mars 2021

Mathis Collins, artiste autodidacte, à travers de l’exposition Mime s’approprie la technique artisanale de la sculpture à la gouge en s’affranchissant des codes pour la relier à son processus de création. Il alimente ainsi le débat éternel entre l’art, un travail centré sur l’esthétique, la sémantique et l’artisanat.

L’artisanat et plus précisément le travail du bois, est régi par des codes, un savoir-faire ancestrale demandant un long apprentissage ainsi qu’une rigueur dans le travail. L’artisanat ne laisse rien au hasard.

L’artisanat dans l’Art a été mis en valeur par le mouvement stylistique des Arts and Crafts dont William Morris a été le pionnier. Selon lui, la reconnaissance des savoir-faire des ouvriers permet un travail de qualité qui fait sens pour celui qui le pratique et pour le client. William Morris crée alors une rupture avec la société industrielle de l’époque, concentrée sur une production quantitative plutôt que qualitative.

Mathis Collins met, dans son travail de création, en valeur le travail artisanal en lui donnant une dimension artistique. Son support, le bois, n’est utilisé que comme canevas. Il laisse apparent les trames du bois mais pas son veinage. Sa taille du bois est généreuse, ses panneaux de bois laissent peu de place au vide, l’espace est rempli. Le travail du bois et l’utilisation des bas-reliefs lui permet de développer une forme d’expression proche de l’art de rue, où les palissades sont supports d’expression libre. Son travail vient alors en opposition aux planches de théâtre et aux tréteaux utilisés dans le théâtre académique qui utilise également ce même matériau.

L’utilisation du travail de la sculpture sur bois permet à Mathis Collins de donner une dimension intuitive à son œuvre, il utilise une approche libre de la création. Il travaille sans plans, sans pré-esquisses, sans finalités fonctionnelles. Il contourne ainsi les règles de bases du travail de l’artisanat.

L’utilisation du bois permet à Mathis Collins de mettre en exergue la naissance des arts vivants et des arts de la rue accessible à tous en opposition avec des formes d’arts plus académiques. L’utilisation de ce support nomade, glané autour de lui, permet à l’artiste de manifester son attachement à une forme artistique libre, proche du peuple comme l’était les théâtres de marionnettes et qui permettaient une parole libre et d’opposition.

Le bois est depuis toujours un médium utilisé à travers tous les arts, par tous et sans distinction sociale. C’est en cela qu’est sa force.

Myriam, Marie, Rosalie