Archive de l'Auteur

Suite atelier Paralune

mercredi 18 décembre 2024

Le jeudi 28 et vendredi 29 novembre, Gabrielle Manglou est revenue dans la classe des élèves de CE2 de l’école Jean Moulin pour le deuxième atelier autour de son Å“uvre Paralune.

Au début de l’heure, les enfants et l’artiste se sont remémoré·e·s les gestes de la semaine précédente. Une élève a répondu : « On a fait des froissages pour faire apparaitre des lignes. ». Un autre a rétorqué : « On a fait des cravates. ». Gabrielle leur a proposé la formule : « On a fait de la poésie en volume ».

Gabrielle Manglou leur a ensuite proposé une méditation collective autour d’un objet, d’un livre, d’une Å“uvre d’art en soulignant le fait que c’est aussi une rencontre avec l’univers des créateur·ice·s. Après cet instant suspendu, les enfants ont récupéré leur pliage et leur objet sur la table centrale et ont cherché à assembler leurs deux Å“uvres en écoutant les conseils de Gabrielle. L’artiste leur a expliqué que les deux objets devaient se mettre mutuellement en valeur pour ne faire qu’un. Le creux d’un grand R a été rempli par un éventail, une patte d’ours a été jointe à une cravate en plis se transformant ainsi en fusée, un cÅ“ur décoré d’un arc-en-ciel est devenu la voile d’un navire en papier.

Après la récréation, la salle d’arts plastiques s’est métamorphosée en studio photo. Les tables ont été couvertes de grandes feuilles de couleur unie ; rose fuchsia, jaune soleil, vert sapin, bleu ciel. Les élèves ont imaginé un titre à leur Å“uvre comme l’avait fait Gabrielle avec son multiple intitulé Paralune. L’objet présenté par l’artiste peut évoquer pour les un·e·s un champignon, pour les autres un parapluie et susciter de multiples émotions et interprétations. Gabrielle a expliqué aux enfants qu’elle avait nommé son Å“uvre ainsi car le miroir figurant dessus pouvait évoquer la lune et l’accordéon en pliage posé sur celle-ci pouvait la protéger. Après cette présentation, les enfants ont trouvé aisément des noms à leur objet. Mirabranches, Fuséepattes, Baies de papier, Diamage (issu de l’assemblage entre les mots « diamant » et « fromage ») ou encore le Vase lune ont rejoint les rebords des fenêtres en attente d’être pris en photo par leur créateur·ice.

Les enfants ont choisi la couleur et la disposition qui correspondaient le mieux aux messages qu’ils et elles souhaitaient véhiculer à travers leurs Å“uvres. Les yeux dans le viseur, la main gauche sur le zoom et la droite prête à déclencher l’appareil, les élèves ont immortalisé leur objet riche en poésie.

Une fois l’objet fini et mis en scène sur son arrière-plan de couleur, Gabrielle a proposé aux élèves de réaliser une version miniature de leur création pour pouvoir réfléchir plus tard avec leur maîtresse à une scénographie d’exposition de l’ensemble de leurs Å“uvres.

Atelier Paralune

mercredi 27 novembre 2024

Le jeudi 21 et vendredi 22 novembre, premières journées enneigées à Rennes, les enfants des classes de CE2 de l’école Jean Moulin ont retrouvé Gabrielle Manglou pour terminer leur Å“uvre Les Merveilles.

En entrant dans la salle d’arts plastiques, les enfants étaient ravi·e·s de revoir Gabrielle Manglou. Gabrielle a également rencontré les nouveaux et nouvelles élèves. Elle a fait un bref rappel des ateliers faits dans le cadre de la résidence Les Merveilles et a expliqué que le nouvel atelier porterait sur les plis. « Notre corps est fait de plein de plis, nos pieds se plient pour marcher, notre bouche se plie pour dire « bonjour » tous les matins, nos yeux se plient pour s’endormir. ». Les plis peuvent être horizontaux, verticaux, en diagonale. Pour définir ce que signifie le mot « horizontal », une élève a répondu « c’est quand c’est plat ». Ensemble, les élèves ont mimé avec leurs bras et leur corps des lignes horizontales, verticales et diagonales.

Une fois cette introduction corporelle réalisée, Gabrielle a saisi une feuille et a montré à la classe qu’il était possible de révéler ou de cacher des parties de celle-ci en la pliant de différentes manières. Elle leur a distribué des feuilles blanches, roses, bleues et vertes sur lesquelles étaient imprimées des photos réalisées lors de leur atelier intitulé « Reflets » durant lequel les enfants avaient capturé des bouts de nature à travers un miroir rond. Le tout avait été photographié. Sur certaines images, on voit un arc-en-ciel, des baies, des feuilles, des branches d’arbres. Au départ les enfants se raccrochaient à des formes connues de façon à reproduire un bateau, un avion, une cravate, un cornet de frites. Puis, ils et elles se sont mis à expérimenter de nouvelles choses, de nouveaux effets. Une enfant a cherché à reproduire l’effet du verre brisé en pliant sa feuille dans tous les sens. Une autre a froissé son image pour faire un « tableau chiffonné », en le voyant Gabrielle a déclaré : « Ce qui parfois nous semble de traviole, peut être poétique. ». Un élève a fait une enveloppe avec son image cachant ainsi son contenu. Une enfant voulait représenter une « casserole pour taper dessus avec des cuillers » en s’inspirant de l’atelier « Son » réalisé avec Fabrice, musicien et ami de Gabrielle.

Les élèves devenant un peu agité·e·s, Gabrielle leur a proposé de fermer les yeux et d’imaginer une grande forêt sous la pluie, des milliers de feuilles d’arbres différentes ; des feuilles de poireaux, des feuilles de rosiers, des feuilles de bouleaux et d’utiliser toutes ces belles images pour refaire cet exercice de pliage avec une nouvelle feuille en s’inspirant de toutes ces images que nous offrent la nature. Certain·e·s élèves ont pris conscience du poids des feuilles : « On dirait que la feuille est plus lourde quand elle est pliée. ». Les enfants tentaient de mettre leur feuille pliée dans d’autres conditions ; de placer des objets dessus, de les faire voler pour étudier leur trajectoire.

Après une pause bien méritée, les enfants ont été invité·e·s à choisir une nouvelle image issue de l’atelier « Reflets ». Gabrielle leur a expliqué que cette image sera associée à leur pliage réalisé dans la matinée « comme deux amis qui se tiennent la main ». L’artiste leur a distribué un brouillon sur laquelle les élèves ont dessiné une forme qu’ils et elles souhaitaient donner à cette image. Ensuite, ils et elles ont pu découper cette forme dans du carton plume, y coller l’image à l’endroit qu’ils et elles voulaient voir mis en valeur sur leur forme et couper ensuite l’image à la dimension de la forme du carton. C’est ainsi que se sont révélées des couronnes, des cÅ“urs, des lettres ou encore des formes non identifiées sur lesquelles étaient collées des détails des photos de la nature se reflétant dans un miroir.

présentation du projet Multiplicité des étoiles

mercredi 27 novembre 2024

Dans la matinée du mardi 05 novembre, les deux classes d’élèves de CE2 de l’école Jean Moulin à Villejean ont eu la présentation de la résidence d’artistes à laquelle elles participeront durant l’année scolaire 2024-2025.

En arrivant dans la classe, certain·e·s élèves ont immédiatement reconnu Amandine, la médiatrice culturelle qui les avait accompagné·e·s durant la résidence avec l’artiste Gabrielle Manglou au début de l’année 2024. Tout de suite, ils et elles se sont empressé·e·s de demander où elle était, ce qu’elle faisait, si elle allait bien. Leur enthousiasme a été immédiat. Les élèves n’ayant pas pris part au projet de l’artiste regardaient d’un Å“il curieux ce qu’il se préparait devant eux.

Tout d’abord, Amandine et les enfants ont échangé des idées autour de la définition du métier d’artiste. Une élève ayant participé au projet artistique de Gabrielle Manglou a levé rapidement la main en disant qu’un artiste pouvait être « pluridisciplinaire » en ajoutant qu’il pouvait faire de la peinture, de la sculpture, peindre avec des fleurs. Les enfants ont parlé de leur carnet qu’ils et elles avaient eu en cadeau par la Criée. Beaucoup l’ont terminé, d’autres en ont même acheté un nouveau. Une élève a expliqué qu’elle avait fait rouler un ballon trempé dans la peinture pour dessiner des formes sur celui-ci. Puis, les élèves et Amandine se sont souvenu·e·s des ateliers effectués avec Gabrielle durant la résidence. De nombreux·ses enfants se rappellent avoir « décoré la nature ». Une élève raconte qu’après cette résidence, elle a ramassé un bout de bois plat sur lequel elle a écrit « attention à la nature » et l’a posé sur son chemin.

Ensuite, un diaporama présentant l’ensemble des ateliers que les enfants ont effectué leur a été montré. À chaque diapositive, ils et elles étaient plein d’entrain de voir leur travail projeté sur l’écran, de reconnaître leurs camarades et les différents lieux de leur pérégrination artistique. Les nouveaux et nouvelles élèves rejoignant le projet ont tout de suite été conquis et conquises par ces ateliers et par l’idée d’en faire partie cette nouvelle année scolaire.

La résidence La multiplicité des étoiles débutera au début de l’année 2025 et se terminera en avril de la même année. Les enfants ont eu une présentation des deux artistes Lucie Férézou et Margaux Janisset et de leur production artistique. L’objectif de cette résidence est de voyager ensemble dans un monde poétique dont le résultat sera la création de multiples exposé·e·s au cÅ“ur de l’école et dans le quartier Villejean.

Pour terminer cette rencontre, Amandine a demandé s’ils ou elles souhaitaient transmettre un message à Gabrielle avant de la retrouver une dernière fois pour la restitution de leurs travaux le mois suivant : « Je voudrais te souhaiter joyeux anniversaire si c’est passé », « Je veux lui faire un cadeau comme des fleurs ou des bonbons », « On a hâte de te revoir », « Quand est-ce qu’on te revoit ? »

visite de Biomimetic Stories avec les CE2 de l’école Jean Moulin

mercredi 27 novembre 2024

Le mercredi 06 novembre et le vendredi 08 novembre, les élèves de CE2 de la classe de Madame Ory et de Madame Huet ont découvert l’exposition Biomimetic Stories réalisée par l’artiste Pierre Jean Giloux dans l’espace d’exposition de La Criée. Cette exposition fictionne un potentiel futur de la planète et de son urbanisme à travers la projection de quatre vidéos tournées en Inde. Le biomimétisme, étude de la nature pour créer des technologies durables au service des humains, est ici abordée dans les villes montrées et augmentées par l’artiste pour répondre aux futurs défis de l’Humanité.

Amandine, médiatrice culturelle à la Criée, a accueilli les enfants et leurs accompagnantes devant l’affiche de l’exposition. Ensemble, ils et elles se sont interrogé·e·s sur cette image et ont évoqué l’Inde. Ils ont ensuite été invité·e·s à l’intérieur de l’exposition à un voyage au cÅ“ur de ce pays. À l’entrée, le bruit du marché d’Ahmedabad les a intrigué·e·s. En face de la photographie du cotonnier de soie rouge, une élève a demandé si c’était le bruit de la forêt que l’on entendait en arrière-plan. Après avoir rangé leurs manteaux, ils et elles ont déambulé dans l’exposition pour se créer une première interprétation.

Les enfants ont ensuite été divisé·e·s en petits groupes de trois ou quatre, chacun accompagné par une adulte et ont reçu huit images par groupe. Ces cartes représentaient des moments précis des vidéos ou des dessins présents dans l’exposition. Les enfants devaient retrouver où se trouvaient ces images dans l’espace de La Criée. Derrière chaque carte se trouvaient quelques questions qui invitaient les enfants à lire et à s’interroger sur les différentes significations des Å“uvres et à intégrer un nouveau vocabulaire. Comme lors d’une chasse au trésor, ils et elles ont arpenté l’exposition muni·e·s de leur carte imagée et se questionnaient entre elleux.

Une fois réuni·e·s, Amandine leur a montré chacune des vidéos dans un ordre déterminé. Disposé·e·s en deux grandes lignes, la médiatrice leur proposait des affirmations sur la véracité des vidéos et les enfants devaient avancer d’un pas s’ils et elles étaient d’accord, reculer s’ils et elles désapprouvaient la phrase ou rester à leur place s’ils et elles ne savaient pas. Face à l’étonnante vraisemblance des vidéos, les élèves n’étaient pas toutes et tous du même avis. Cela leur a permis de participer activement à l’exposition et d’en apprendre les rouages de manière ludique et dynamique.

À la sortie de l’exposition, les enfants étaient heureux·ses d’avoir découvert cette exposition et d’avoir appris de nouvelles informations sur l’Inde. Ils et elles ont fait preuve d’une écoute active et ont partagé leur interprétation des Å“uvres tout au long de la visite.

Les élèves de terminale du lycée Saint-Martin découvrent la risographie à l’édulab-Pasteur

mercredi 27 novembre 2024

Les élèves de terminale arts plastiques du lycée Saint-Martin, site de Sainte Geneviève se sont rendu·e·s pour la première fois à l’édulab le jeudi 07 novembre. Ils et elles ont visité l’exposition Biomimetics stories réalisée par l’artiste vidéaste Pierre Jean Giloux en compagnie d’Amandine, médiatrice culturelle de la Criée avant de se familiariser avec le risographe de l’édulab Pasteur.

Dans un premier temps, une médiation active de l’exposition leur a été proposée. Par le biais d’une première visite en autonomie puis d’un débat mouvant, ils et elles ont pu exprimer leur propre interprétation de l’exposition en regard du projet de l’artiste et des problématiques que les vidéos soulèvent : réalité ou virtuel, science ou science-fiction, solution technologiques ou biomimetiques au réchauffement climatique. Un temps leur a ensuite été donné pour qu’ils et elles puissent réaliser quelques croquis et photos des Å“uvres de l’artiste afin de nourrir leurs futures créations.

Yvan, médiateur à l’édulab, leur a ensuite montré le fonctionnement du risographe. Les élèves ont pu étudier les différentes possibilités que leur offre ce médium et voir quelles encres peuvent être utilisées pour leurs futures affiches. Ils et elles ont reçu pour consigne d’envoyer une photo d’une architecture de leur choix en amont à Yvan pour qu’il prépare des fonds d’impressions, support de leur affiches à venir.

La semaine d’après, les étudiant·e·s se sont retrouvé·e·s à l’édulab de l’Hôtel Pasteur pour réaliser leur risographies à partir de cette photo imprimée en encre dorée. Leur professeure leur a donné pour consigne d’imaginer l’environnement choisi s’il était soumis aux nouveaux enjeux de l’humanité : changement du climat, montée des eaux, nouveaux partages de l’espace urbain. Ils et elles ont fait preuve d’imagination pour proposer des solutions afin d’améliorer le confort de vie de ses occupant·e·s.

C’est ainsi que la façade de la cathédrale de Rennes s’est vêtue d’un vitrail central capable de récupérer l’énergie solaire et de la redistribuer à travers toute la ville par le biais de tuyaux transparents. Un temple thaïlandais s’est, quant à lui, vu attribuer deux géantes fleurs de lotus, symbole du pays, sur ses deux tourelles pour capter l’humidité ambiante et devenir une source d’eau. L’internat du lycée Sainte-Geneviève a été paré d’un toit-terrasse avec des pergolas laissant passer un peu de lumières grâce à des losanges stylisés. Une autre élève a créé une façade d’angle totalement végétalisée avec des lampadaires dont les abat-jours sont des fleurs. Certain·e·s élèves se sont directement inspiré·e·s de l’exposition de Pierre Jean Giloux pour réaliser leur affiche. L’un d’entre elleux a imaginé Rennes inondée et ses bâtiments surélevés. Au bout de la rue on peut voir un grand arbre qui abrite ces habitations à l’image de l’Å“uvre Biomimetic Stories #1 Madurai. Un autre élève a imaginé le ciel de sa ville craquelé comme le sol de la vidéo Biomimetic Stories #3 Dholera. Ils et elles ont exploré les différents médiums (crayon à papier, feutre noir, stylo bic) pour jouer avec les niveaux de transparences de l’imprimante. Les couleurs vives de l’encre ont fait ressortir leurs augmentations sur le papier blanc.

À la fin de la séance, les lycéen·e·s ont pu emporter quelques exemplaires de leurs risographies. Les autres sont visibles à l’édulab.

Les élèves de 3e du lycée professionnel Alphonse Pellé rencontrent Pierre Jean Giloux

mercredi 27 novembre 2024

Dans la matinée du 15 novembre, les élèves de la classe de 3e prépa -métier du lycée professionnel Alphonse Pellé de Dol De Bretagne ont rencontré l’artiste Pierre Jean Giloux, auteur des Å“uvres de l’exposition Biomimetic Stories à La Criée. L’après-midi, ils et elles ont réalisé une fresque intitulée « ville d’aujourd’hui, ville de demain » dans les locaux de l’Hôtel Pasteur à Rennes.

Après un rapide tour des prénoms, les étudiant·e·s ont fait une première visite en autonomie de l’exposition. La médiatrice de la Criée les a fait participer ensuite à un débat mouvant pour découvrir ensemble les Å“uvres présentées.

Un échange a été organisé avec Pierre-Jean Giloux pour que chacun et chacune puissent lui poser les questions relatives à ses Å“uvres, ses processus de création et l’environnement dans lequel elles ont été réalisées. Beaucoup d’élèves ont été intrigué·e·s par le mode de vie en Inde. Après le visionnage de la vidéo Piranah Dumb Yard montrant la montagne de déchets d’Ahmedabad, une étudiante s’est interrogée sur le futur de ses habitant·e·s lorsque la ville subira une augmentation de température de 4ºC. Que deviendront ces personnes s’ils et elles ne peuvent plus partir ? Cela a permis à Pierre Jean Giloux d’expliciter le système des castes de la société indienne et d’évoquer les conditions de vie des intouchables, au pied de cette hiérarchie sociale. Un autre élève a demandé pourquoi il n’y avait pas de sanctions pour les personnes qui contribuent à cette décharge à ciel ouvert. Beaucoup se sont demandé·e·s quelles ont été les premières impressions de l’artiste en arrivant en Inde. Il leur a répondu que ça a été un choc absolu. Il était parti avec cette volonté d’être déplacé dans ses propres représentations mais cela a dépassé toutes ses attentes. C’était très dur de découvrir cette réalité de castes. Les disparités étant partout et très fortes.

Les élèves ont ensuite partagé leur appréciation de l’exposition :

« Piranha Dumb Yard est la vidéo qui nous a le plus déstabilisé, c’est choquant et on comprend tous les problèmes injustes qui sont liés à cette pollution »

Madurai est sans conteste leur vidéo préférée car : « en la regardant , on oublie tous les problèmes qui existent, notamment le réchauffement climatique », c’est un « imaginaire apaisant », qui « propose des solutions ».

Montrer les dessins du story board de Bioluminescenttower est selon elleux une bonne idée, « Pierre Jean Gilou est un très bon dessinateur, on sent qu’il a voulu exprimer quelque chose, les dessins sont intrigants »

 

 

La « smart city » de Dholera

lundi 7 octobre 2024

Pierre Jean Giloux, Biomimetic Stories #3 Dholera (capture d’écran du film), 2024, © adagp, courtesy de l’artiste et Solang Production.

Le film Biomimetic Stories #3 Dholera de Pierre Jean Giloux présente une projection virtuelle de ce que pourrait être la ville nouvelle de Dholera, demeurée à l’état de chantier. En 2015, le gouvernement indien a lancé le programme de construction « 100 smart cities » (des villes intelligentes) et a annoncé l’investissement de 1,2 milliard de dollars dans les vingt prochaines années. Parmi elles, la ville de Dholera a été imaginée sur 920 km2 dans l’état du Gujarat. Elle est située à 100 kms de la ville d’Ahmedabad, où Pierre Jean Giloux a tourné Biomimetic Stories #2 Pirana Dump Yard.

À l’origine, Dholera était une petite ville portuaire avec des maisons de pêcheurs. L’ancien gouverneur du Gujarat, l’actuel premier ministre Narendra Mody, a lancé en 2009 l’idée de construire une ville high-tech dans l’axe du corridor industriel Delhi-Mumbai. La ville marque l’évolution vers une « urbanisation entrepreneuriale »[1] ; elle a été planifiée par le cabinet de conseil international Halcrow, basé au Royaume-Uni, financée par l’état indien qui en a fait une « région spéciale d’investissement » (SIR) et des entreprises étrangères[2]. Le site de Dholera SIR (région spéciale d’investissement) présente la future « smart city » comme « une « ville verte » spectaculaire qui prendra en compte tous les composants nécessaires au développement d’un environnement vert vivant avec une empreinte carbone minimale. […] Dholera aspire à se développer comme une ville intelligente qui s’engage durablement pour le bien-être de la terre mère, de son environnement et des personnes qui y vivent. » Le site promeut une ville indienne où chaque maison est connectée à internet, au gaz, à l’eau et à l’électricité via un réseau intelligent. Tous les citoyens seront reliés les uns aux autres et aux installations municipales en temps réel. La ville utilisera des énergies renouvelables et ses systèmes de transport seront contrôlés par des centres de commande centraux afin de réduire le trafic et la pollution. C’est l’utopie urbaine du 21e siècle, une « smart city » semblable à celles développées en Chine, au Japon ou à Dubaï.

Le chantier a débuté avec l’installation de pilonnes et de bornes électriques, l’assèchement des zones inondées avec du béton et la plantation de quelques arbres. Le film de Pierre Jean Giloux montre l’état actuel du chantier qui lui est apparu comme « la promesse non tenue d’un futur envisagé[3] ».

La « smart city » de Dholera est actuellement en suspens. La viabilité économique du projet a été remise en cause par des organisations paysannes. Plusieurs investisseurs qui avaient initialement signé le protocole d’accord pour développer le projet se sont retirés et ont refusé d’investir.

Depuis, le gouvernement du Gujarat a lancé la construction d’un nouvel aéroport international pour la ville d’Ahmedabad à Dholera et projette la construction d’une autoroute reliant les deux villes.

Aujourd’hui, seul un petit panneau le long de l’autoroute indique la direction de Dholera SIR et comme le montre les images du film de Pierre Jean Giloux, la ville est une étendue de terre basse et stérile.

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[1] Ce concept est développé par la Dr Ayona Datta, professeure de géographie à l’université de Leeds, dans son article « Nouvelles utopies urbaines de l’Inde postcoloniale : l’urbanisation entrepreneuriale dans la ville intelligente de Dholera, Gujarat », 2015

[2] « En tant que ville intelligente, Dholera n’est pas pilotée par des architectes et des planificateurs visionnaires, mais plutôt par le secteur des entreprises qui cherchent à créer de nouveaux marchés mondiaux en Inde (comme par IBM).», Dr Ayona Datta dans l’article cité ci-dessus.

[3] extrait d’une interview de Pierre Jean Giloux dans « Biomimetic stories », in L’Art-Même N°94, sept-déc 2024

Le Corbusier et Chandigarh en Inde

lundi 7 octobre 2024
  1. Le Palais de l’Assemblée situé dans le complexe du Capitole de Chandigarh conçu par Le Corbusier, destiné à l’origine à servir de bâtiment à l’Assemblée législative de l’État bicaméral du Pendjab oriental

Dans le film Biomimetic Stories #4 BioluminescentTTower, Pierre Jean Giloux projette une réplique virtuelle de la Tour d’ombres de Le Corbusier qui se trouve dans la ville de Chandigarh en Inde. Cette ville, construite dans l’état du Penjab, a fait partie d’une vaste plan d’urbanisation projeté par le gouvernement indien, au lendemain de l’indépendance de l’Inde en 1947. Confiée à l’architecte français Le Corbusier, elle a été conçue comme un symbole de la Nouvelle République indienne, de la modernisation du pays, une utopie sociale avec un idéal d’équité et d’esthétique moderniste. Les travaux ont débuté en 1951 et ce sont achevés en 1965.

Les plans urbanistiques, réalisés par Le Corbusier, divise la ville en 61 secteurs, organisés autour de quatre fonctions : l’habitation, le travail, les loisirs et la circulation. L’architecte choisit d’abandonner la verticalité de ses Unités d’Habitations au profit de l’horizontalité, avec des maisons ouvertes sur l’extérieur avec des jardins. Il organise la ville et ses voies de circulation pour que tous les services soient accessibles en dix minutes.

Le Corbusier dessine également les plans du complexe du Capitole, le cÅ“ur du pouvoir régional. On y trouve quatre « édifices » : la Cour suprême, l’Assemblée législative, le Secrétariat et le Musée de la connaissance (qui symbolisent les fonctions principales de la démocratie), ainsi que six monuments disposés chacun au cÅ“ur d’un espace vert avec un aménagement paysagé particulier. Ces architectures monumentales sont réalisées en béton armé, avec des formes rectilignes et des structures légères. Le Corbusier suit la réalisation de ces édifices et monuments, mais aussi du mobilier, des luminaires, des tapisseries monumentales et des sculptures en bas-relief, coulées dans le béton.

Moins connu que son illustre cousin, l’architecte Pierre Jeanneret s’est installé à Chandigarh de 1951 à 1966 et a conçu une centaine de bâtiments et de nombreuses pièces de mobilier.

L’ensemble représente le Modernisme européen avec l’emploi des matériaux du XXe siècle et suit les principes directifs propres à Le Corbusier, en étant adapté aux contraintes locales. Il a ainsi pris en compte la demande de veiller aux conditions climatiques tropicales sans faire appel à des interventions mécaniques couteuses. Ces choix se manifestent dans l’orientation des bâtiments, la conception des brise-soleil et des systèmes complexes d’aération.

Disposés autour de l’axe central de l’Esplanade, les « Monuments » de Le Corbusier sont des éléments sculpturaux avec une portée symbolique. On y retrouve La Main ouverte qui incarne la devise de la ville (« ouverte pour recevoir les richesses créés… ouverte pour les distribuer à son peuple… »), le Modulor qui représente les principes de la « mesure harmonique à l’échelle humaine » conçus par l’architecte ou le Monument au Martyr, qui rend hommage aux morts pour l’indépendance indienne.

La Tour des Ombres, dite aussi Tour des quatre horizons, témoigne quant à elle des préoccupations corbuséennes : l’influence du soleil sur la vie quotidienne des hommes et les défis architecturaux que représentaient les complexités climatiques de Chandigarh. Ses façades proposent différentes solutions au problème de la maîtrise du soleil, suivant les quatre points cardinaux. Elles sont conçues avec Xenakis, ingénieur et géomètre, qui a travaillé à « l’étude Théorique de l’ensoleillement ». Il a pour cela réalisé un diagramme solaire et calculé tous les angles pour que le soleil n’entre pas directement dans le bâtiment.

Dans le film Biomimetic Stories #4 BioluminescentTTower, Pierre Jean Giloux associe ces recherches sur la prise en compte des déplacements du soleil en architecture à celles menées aujourd’hui sur la création de la lumière avec de la biologie cellulaire. Il projette dans la Tour d’ombres, un laboratoire de recherche biologique spécialisé dans la bioluminescence des végétaux.

 

Qu’est-ce que le biomimétisme ?

lundi 7 octobre 2024

Frei Otto, architecture inspirée des toiles d’araignées

« Prenez vos leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur… » Léonard De Vinci

L’exposition Biomimetic Stories de Pierre Jean Giloux présente des fictions prospectives sur des utopies urbaines inspirées du biomimétisme. Ce concept a été développé en 1997[1] par la scientifique américaine Janine M. Benyus dans son ouvrage Biomimétisme (quand la nature inspire des innovations durables), traduit en français en 2022. Elle définit cette approche scientifique comme l’étude et l’imitation consciente du « génie de la nature » pour créer des technologies durables au service des humains[2]. Par exemple, il peut s’agir de s’inspirer de l’efficacité énergétique de la photosynthèse, de la solidité du corail ou de la résistance des fils de soie de l’araignée, pour penser de nouveaux modèles et répondre aux enjeux de l’urgence climatique. Parmi ceux-ci, il y a la question de la production de l’énergie future. La bioluminescence des bactéries et des végétaux est explorée comme une piste possible pour l’éclairage urbain dans les films Biomimetic Stories #1 Madurai et #4 BioluminescenTTower de Pierre Jean Giloux.

Pour son projet de quadrilogie filmique, l’artiste s’est particulièrement intéressé au biomimétisme en architecture et à ses adaptations dans le contexte urbain en Inde. Les villes indiennes sont confrontées aujourd’hui à la densification des habitations, aux chaleurs extrêmes et au manque d’eau. Comment la science et la technologie peuvent-elles répondre à ces enjeux ?

L’ouvrage Biomimétisme et Architecture de Michael Pawlyn abonde d’exemples de changements à l’Å“uvre dans l’usage des matériaux, les structures, l’énergie, les fonctions et les formes qui s’inspirent des systèmes vivants, pour faire en sorte que nos sociétés deviennent durables. L’auteur note bien la distinction entre le biomimétisme (qui s’attache aux aspects fonctionnels des organismes biologiques) et le biomorphisme qui s’attache davantage à imiter les formes de la nature ou ses structures organiques, avec parfois une portée symbolique (par exemple les colonnes arborescentes de la Sagrada Família de Gaudi, ou le terminal de l’aéroport JFK à New York de Eero Saarinen).

Pour son film Biomimetic Stories #1 Madurai, Pierre Jean Giloux a été particulièrement inspiré par les recherches menées par Frei Otto (1925-2015) sur les structures légères tendues. Cet architecte et ingénieur allemand est le premier à avoir construit des bâtiments avec des structures en nappes de câbles (par exemple, le pavillon de l’Allemagne de l’ouest pour l’Expo 1967 de Montréal, inspiré des toiles d’araignées). Il a créé dans les années 1970 l’institut des structures légères à Stuttgart et publié de nombreux ouvrages sur les principes de conception des structures observées dans la nature.

Pierre Jean Giloux s’est aussi nourri des recherches menées par l’architecte Mick Pearce sur la circulation de l’air dans les termitières. Les termites-boussoles en Australie ont la particularité de développer des constructions « zéro-déchet » dotées d’un système de climatisation avec des galeries internes et une couverture qui capte l’énergie solaire. Pour les ingénieurs et les architectes, la termitière offre une solution biologique de thermorégulation, permettant d’éviter la climatisation artificielle. Mick Pearce s’en est inspiré pour adapter ses constructions aux régions chaudes, comme par exemple l’Eastgate Center construit à Harare au Zimbabwe.

Si le biomimétisme ne résoudra pas tous les problèmes écologiques auquel le monde est confronté, il offre un point de vue incontournable sur les arbres et la transition en cours, selon Gauthier Chapelle[3]. « Les arbres le savent, après les incendies, les forêts repoussent ». Cette résilience des arbres nous est donnée à voir dès l’entrée de l’exposition Biomimetic Stories de Pierre Jean Giloux, comme un futur possible.

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[1] 1997 est l’année de signature du protocole de Kyoto, le premier accord international sur le climat. 25 ans après, les hommes ont libéré dans l’atmosphère autant de gaz à effet de serre que toute l’humanité avant cette date.

[2] J. M. Benyus précise à ce sujet : « Contrairement à la révolution industrielle, la révolution biomimétique ouvre une ère qui ne repose pas sur ce que nous pouvons prendre dans la nature, mais sur la possibilité de changer notre façon de cultiver, de fabriquer des matériaux, de produire de l’énergie, de nous soigner, de stocker de l’information et de gérer nos entreprises, en allant chercher l’inspiration dans le vivant… »

[3] Gauthier Chapelle est un ingénieur agronome et docteur en biologie, conférencier et auteur d’ouvrages relatifs aux questions de transition écologique, de collapsologie et de résilience collective. Il est porte-parole et pionnier du concept de biomimétisme en Europe et auteur de la préface du livre Biomimétisme de Janine M. Benyus, réédité en français en 2022

Bibliographie Biomimetic Stories

lundi 7 octobre 2024

Bibliographie proposée par l’équipe du service des publics de La Criée et Rachel Guitton, professeure documentaliste, conseillère-relais pour le centre d’art autour de l’exposition Biomimetic Stories de Pierre Jean Giloux.

Catalogue de l’artiste

  • Pierre Jean Giloux, Invisible Cities, Zéro2 éditions, 2018 (version numérique gratuite)

Biomimétisme

  • Emanuel Delanoix, Biomiméthique – Répondre à la Crise du vivant par le Biomimétisme
  • Gauthier Chapelle et Michèle Decoust, Le Vivant comme modèle, Albin Michel, 2015,
  • Mat Fournier, Quand la nature inspire la science, Plume de carotte, 2016
  • Agnès Guillot et Jean-Arcady Meye, Poulpe fiction – Quand l’animal inspire l’innovation et L’or vert, 2014
  • Agnès Guillot et Jean-Arcady Meye, Quand les plantes inspirent l’innovation, 2020
  • Michael Pawlyn, Biomimétisme et architecture, Paris, Rue de l’échiquier, 2019

Biomimétisme, jeunesse

  • Veronika Kapsali, Le Grand Livre du Biomimétisme (s’inspirer de la nature pour inventer demain), Dunod, 2017
  • Carina Louart, Toutes les idées sont dans la nature (album documentaire sur le biomimétisme), Actes Sud jeunesse, 2019
  • Séraphine Menu, Biomimétisme, La nature comme modèle, les éditions La Pastèque, 2019

Architecture, urbanisme et utopie

  • Italo Calvino, Les villes invisibles, 1972
  • Kornelia Imesch (sous la dir.de), Utopie et réalité de l’urbanisme, La Chaux-de-Fonds-Chandigarh-Brasilia, Archigraphy, 2015.
  • François SHUITEN & Benoît PEETERS, BD, Les Murailles de Samaris, La fièvre d’Urbicande, Les Portes des possibles, Revoir Paris…

Architecture, urbanisme et utopie, jeunesse

  •  Julie Lardon, Les villes du futur, Albert le journal, Ed. La poule qui pond, 2021
  • Didier Cornille, La ville, quoi de neuf ?, Hélium éditions, 2019
  • Olivier Dain-Belmont, Permacité, la ville de mes rêves, éd. Sarbacane, 2021
  • Didier Cornille, Toutes les maisons sont dans la nature, Hélium, 2013
  • Didier Cornille, Le vaisseau de verre de Franck Gehry, Hélium, 2014
  • Magazine Georges n°65 : Architecture, Collectif Maison Georges (7-12 ans)
  • Olivier Morel, Caroline Larroche, Bauhaus : naissance de l’architecture du futur, Courtes et Longues, 2008
  • Caroline Larroche, Architecture, Palette, 2012
  • Florence Huguenin-Richard, Une ville verte, Fleurus, 2021
  • Yukiko Noritake, Forêt des frères, Actes sud jeunesse, 2020

Quelle relations entretenons-nous au vivant ?

  • Nous les arbres, catalogue de l’exposition à la Fondation Cartier, 2020
  • L’arbre monde, Richard Powers (essai)