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Une matinée à l’Edulab

vendredi 19 avril 2024

Cet atelier a eu lieu dans la matinée du mardi 12 mars. Il s’inscrit dans le cadre du parcours suivi par les élèves de la classe de CM2 de l’école Moulin du Comte. Après avoir visité les précédentes expositions présentées par La Criée, la classe se voit aujourd’hui proposer un atelier à l’Edulab, le laboratoire de pédagogie numérique de la ville de Rennes situé au sein de l’Hôtel Pasteur.

Les 27 élèves de la classe sont passés, tour à tour, par 5 ateliers différents pendant 2 heures. Chacun de ces ateliers était animé par un adulte, membre de l’équipe de l’Edulab, de La Criée ou encore un parent volontaire ayant précédemment été formé aux outils utilisés lors de l’atelier.

Ce temps de rencontre est le fruit d’un croisement entre la programmation de La Criée : l’exposition d’Anne Charlotte Finel Respiro et le festival de projection analogique Visiophare. Ces deux événements se croisent en ce qu’ils questionnent le rapport à la représentation, ils interrogent le rapport entretenu avec les images de grandes tailles et leur medium de projection.
L’objectif de cette matinée est de procéder à des créations autour du monde animal en utilisant le système de projections analogiques Visiophare. Ces derniers sont des rétroprojecteurs recyclés dans les écoles et augmentés d’une ampoule LED puissante. Comme les rétroprojecteurs classiques, il faut apposer sur la surface une feuille transparente, appelée rhodoïd, afin que le motif soit projeté en grand sur le mur. Grâce à ces rhodoïds et des feutres de couleurs, il est possible de projeter n’importe quel dessin en très grand. De plus, il est possible de superposer ceux-ci à des feuilles non transparentes découpées de certaines formes afin de dessiner les silhouettes voulues sur l’image.

1- Dessin d’animaux et mapping vidéo

Dans la première grande salle, les enfants ont pu expérimenter le mapping vidéo. En effet, après avoir dessiné et découpé les contours de leur animal, chaque élève a placé sa création devant le vidéoprojecteur. Grâce à la superposition de couleurs projetées, les animaux se parent de couleurs vibrantes.

2 – Imagination et création des chimères

Cette phase de l’atelier a commencé par une présentation de plusieurs livres sur les thèmes des animaux et des chimères. Ces exemples ont permis aux élèves de nourrir leur imagination et de les préparer à l’étape suivante : la création de leurs propres chimères. Une fois celles-ci dessinées sur du papier noir, ils ont découpé leur créature.

3 – Dessin du fond et découpe du cadre

Les élèves passaient ensuite dans la troisième et dernière salle. Il était question de dessiner l’environnement de leur créature. En utilisant deux feutres sur des rodoïds, ils ont pu dessiner le paysage qui correspondait à leur envie. Enfin, ils ont pu découper dans du papier la forme qu’ils souhaitaient donner aux contours de leur cadre.

À la fin des ateliers, les élèves ont pu présenter le fruit de leurs créations assemblées à l’ensemble de la classe en les projetant en grand grâce au visiophare.

 

Atelier 9 Mise en forme

vendredi 19 avril 2024

Ces ateliers se déroulent les jeudis 4 et vendredi 5 avril, dans le but de préparer la restitution qui aura lieu à l’école le jeudi 16 mai et se poursuivra à la Maison de Quartier de Villejean la semaine du 21 mai. Les séances 9 et 10 sont spécifiquement dédiées à la préparation de l’événement.

Chaque classe de CP-CE1 à l’occasion d’expérimenter un protocole différent lors de la seconde partie de la séance.

Les vrais insectes

Installés sur le tapis, les enfants débutent l’atelier par un exercice proposé par Gabrielle. Celui-ci vise à les recentrer grâce aux sensations ressenties les pieds ancrés dans le sol, tout en évoquant ce qui a des racines, leurs formes, etc.

Elle leur présente des tableaux d’entomologie apportés par une enseignante, exhibant différentes typologies d’insectes : des papillons, des sauterelles, des scarabées, etc. Les enfants, n’ayant jamais vu de tels objets, demandent tous :

« Est-ce que c’est des vrais ? »

Pour répondre à leurs questionnements sur ces « petites merveilles de la nature », Gabrielle partage un ouvrage illustré d’animaux marins et terrestres, permettant de découvrir et redécouvrir leurs caractéristiques physiques, leurs façons de se déplacer (nager, ramper, sauter), leurs environnements, etc.

S’enrouler comme un coquillage

Ensuite, Gabrielle invite les élèves à participer à un petit jeu pour se concentrer sur leurs sensations et leurs émotions. D’un bout à l’autre de la pièce, les enfants se tiennent les mains et s’enroulent en spirale tous ensemble. En tournant sur elle-même, Gabrielle évoque des mots et des phrases liés à l’environnement afin de « sentir la folie et la diversité de la nature ».

Une fois l’exercice terminé, les élèves prennent place sur les tables de l’atelier pendant que l’artiste allume une petite enceinte qui diffuse une musique calme et apaisante. L’artiste incite les enfants à se laisser aller à l’expression de leurs émotions.

Classe d’Audrey Crusson, dessins sur tissus

Pour cette première classe, Gabrielle écrit au tableau les différentes étapes de l’atelier, rappelant les diverses activités précédentes : découpe, collage, dessin, création sonore avec Fabrice, écriture de poèmes, peinture, collecte de matériaux et offrandes à la nature.

Chaque élève est invité à piocher au hasard une catégorie pour trouver un mot s’y rapportant. Pour étayer le vocabulaire, elle présente différents ouvrages illustrés avec des mots se rapportant au ciel, aux étoiles, à ce que l’on peut trouver sous la terre, dans les mers, etc. Les élèves écrivent ensuite chacun leur tour des mots de leur choix à la craie au tableau. Puis ils illustrent leurs mots en couleur avec des crayons sur des petits morceaux de tissus. Ces pièces seront ensuite cousues sur des coussins et exposées pour la restitution. Parmi les mots illustrés figurent : les coraux, un dauphin, des insectes, un arc-en-ciel, un champignon, etc.

Classe de Camille Robieu, formes du ciel

Cette fois-ci, les élèves peignent sur des supports en bois préalablement préparés par Gabrielle. Ils sont découpés en forme d’éléments appartenant au ciel : planètes et arc en ciel. Chaque enfant se voit confier la réalisation d’une pièce, qu’il est libre de peindre comme il le souhaite. Ces supports seront utilisés dans le cadre de l’exposition du 16 mai prochain.

Classe de Camille Guilmin, peintures sur carnets

Pour ce groupe-ci, Gabrielle invite les élèves à peindre dans leurs carnets en pensant à toutes les choses complexes de la nature, aux petites bêtes, aux formes, aux couleurs, etc. Les enfants prennent naturellement des voies très différentes et chacun créé une œuvre à l’image de sa personnalité.

Classe de Marine Mathel, vases en bois

Pour ce dernier atelier, les élèves ont pour objectif de peindre sur des planches en bois en forme de vases, tout en pensant à toutes les choses que produit la nature. Cet exercice les amène à colorer les silhouettes de vase de manière originale. Les pièces seront utilisées comme support à des bouquets de fleurs lors de la restitution du 16 mai.

Atelier 8 Offrandes

mercredi 10 avril 2024

Les 28 et 29 avril, les classes support de la résidence Les Merveilles se rendent au parc de Beauregard pour un atelier en plein air, suivi d’un pique-nique.

L’objectif est de poursuivre le développement des protocoles déjà établis, notamment en ce qui concerne la fabrication d’objets, le dessin d’observation et la création d’images avec des polaroids.

Composer avec le temps

Le choix du Parc de Beauregard comme lieu d’expérimentation s’impose naturellement en raison de ses vastes espaces naturels, de son environnement paisible et de sa proximité avec l’école. Lorsque les classes se dirigent vers le parc, la météo est changeante, avec des averses intermittentes tout au long de l’après-midi.
Le premier groupe, celui du jeudi, doit faire face à une forte averse au moment de la sortie, nous contraignant à pique-niquer à l’intérieur. En revanche, le groupe du vendredi bénéficie d’un soleil éclatant pour le déjeuner. C’est l’occasion pour les enfants d’en profiter pour découvrir l’œuvre d’art située à proximité du FRAC : L’alignement du XXIe siècle de l’artiste Aurélie Nemours.

Avant d’explorer le parc, les enfants sont encouragés à observer leur environnement en prêtant attention aux différentes sensations : le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles dans le vent, le son des gouttes de pluie tombant autour d’eux et les bourgeons sur le point d’éclore.

Conception des offrandes

Nous nous dirigeons ensuite vers les sous-bois bordant le parc, les élèves sont immergés dans une ambiance de petite forêt dense. Certains enfants ramassent rapidement des bâtons et partent à l’aventure, tandis que d’autres sont plus hésitants, craignant de salir leurs chaussures ou de rencontrer des insectes. Sous l’impulsion du groupe, tous les enfants explorent finalement la petite forêt et prennent plaisir à découvrir les différentes plantes et animaux qui y vivent.

Gabrielle les rassemble pour leur expliquer les consignes : prolonger l’atelier précédent en fabriquant des offrandes pour la nature. Ils se répartissent en petits groupes selon leurs affinités, choisissant un arbre autour duquel construire leur petite sculpture. Avec les matériaux trouvés sur le sol de la forêt – morceaux de bois, feuilles, herbe, ficelle – et l’aide des adultes présents, ils donnent vie à une dizaine de constructions variées. Certains créent des tipis avec des morceaux de bois, d’autres ajoutent des éléments aériens avec des pâquerettes et des pissenlits, tandis que certains utilisent des feuilles pour embellir leurs créations.

Dessin d’observation

Une fois les offrandes terminées, Gabrielle propose aux enfants de réaliser des dessins d’observation dans leurs carnets, à la manière des ateliers précédents dans les squares de l’école. Munis d’un crayon de papier et de pigments naturels trouvés en forêt, ils reproduisent avec concentration les offrandes créées, capturant chaque détail avec soin.

Pendant ces quelques heures passées en forêt, Gabrielle immortalise les scènes avec son appareil photo polaroid, créant ainsi de nouvelles images en compagnie des enfants.

Atelier 7 Amulettes

mercredi 10 avril 2024

Les 21 et 22 mars ont lieu le 7ème séance des ateliers Les Merveilles avec les quatre classes de CP-CE1 et Gabrielle Manglou.

La nature comme partie de nous

Pour ce début de séance, Gabrielle invite les élèves à s’installer en cercle et à se tenir la main afin de permettre à l’énergie de circuler entre eux tous. L’artiste fait appel à leur mémoire pour évoquer un souvenir de la semaine dernière lorsqu’un petit jeu s’était mis en place entre elle et certains élèves. Gabrielle était devenue les élèves et les élèves sont devenus Gabrielle.

Ce matin, certains n’avaient pas oublié le jeu :
« Bonjour Tidjane », lança Tidjane dans le couloir.
« Bonjour Gabrielle », lui répondit-elle.

Elle leur explique que ce jeu apparemment anodin permet de comprendre la notion essentielle d’empathie. Comprendre l’autre est crucial, car nous faisons, d’une certaine manière, tous partis les uns des autres. Nous nous ressemblons tous et il est important de pouvoir ressentir ce que l’autre peut ressentir et de se mettre à sa place. Gabrielle rappelle que cela ne s’applique pas seulement aux humains, mais aussi à toutes les autres espèces vivantes. Comme nous, les animaux sont sensibles et peuvent ressentir des émotions.

Gabrielle leur explique qu’aujourd’hui, il s’agira de fabriquer des gris-gris, des sortes d’amulettes pour remercier la nature. Ces amulettes sont en quelque sorte des poèmes visuels.

 

 

Le protocole et la fabrication

Beaucoup de matériel est mis à la disposition des élèves, il s’étend sur toute la longueur des tables de la classe. Ils ont à leur disposition les trésors qu’ils ont ramassés la semaine dernière dans le parc : des morceaux de bois, des fleurs séchées, des pierres ou encore des coquillages. Pour agrémenter ces derniers, ils disposent de petits morceaux de tissu colorés, mais aussi des feutres et des crayons de couleur ainsi que des morceaux de papier rond et des images tirées de magazine.

Pour pouvoir procéder à la fabrication, les élèves peuvent utiliser les outils présents dans la classe comme des ciseaux ou une poinçonneuse. Il y a aussi des outils que seuls les adultes sont habilités à utiliser comme la scie ou le sécateur. Ils peuvent s’en servir pour réduire la taille d’une branche, ou couper des morceaux de tissus à la taille souhaitée.

Enfin, ils ont à leur disposition de quoi assembler grâce à plusieurs types de liens se trouvent à leur disposition : de la colle, mais aussi de la ficelle de lin, des tire-flex aux couleurs primaires et plusieurs rouleaux de scotch d’électricien multicolore.

 

 

La diversité des amulettes

Les enfants coupent, plient, assemblent. Ils essaient de comprendre la façon dont les différentes matières interagissent entre elles. Ils se dirigent tout naturellement vers la colle ; il faut leur expliquer comment ils peuvent trouver d’autres manières d’assembler les objets. Si certains rencontrent quelques difficultés à trouver l’inspiration, d’autres savent directement vers quel matériau se diriger. Des petits objets, tous différents, apparaissent dans les mains des enfants. Certains sont très aériens et tiennent gracieusement en équilibre, d’autres sont plus bruts et directement inspirés de la nature. D’autres encore prennent la forme de pancartes revendiquant leur amour de la nature ou en y dessinant le cosmos pour ensuite les apposer sur un morceau de bois percé transformé en socle.
Entre leurs mains, des instruments de musique prennent forme ; les sonnailles et les lithophones sont le souvenir des ateliers précédents sur le son. Après avoir créé une œuvre tout en longueur, une des enfants se met à danser et à tournoyer avec. Des formes familières de bateaux, de flûtes et de lance-pierres apparaissent aussi, mais sous des formes colorées et poétiques. La variété des couleurs et des manières d’utiliser les matériaux est impressionnante !

 

Sombres réalités

mercredi 3 avril 2024

Sombres réalités, exposition du 18 mars au 18 avril 2024
au CDI du Lycée Professionnel Alphonse Pellé à Dol-de-Bretagne

Sombres réalités est une exposition de 3 œuvres vidéo emblématiques du travail d’Anne-Charlotte Finel présentée au LP Alphonse Pellé, en partenariat avec La Criée centre d’art contemporain. Elle s’inscrit dans le cadre d’un projet pédagogique mené par les élèves de 2nde Bac Pro Coiffure et fait écho à Respiro, l’exposition de l’artiste à La Criée. Le titre Sombres réalités a été choisi par les élèves après un échange autour de leur réception de ces trois œuvres. Les élèves ont ensuite rédigé une « feuille de salle de l’exposition » présentant chaque vidéo avec l’accompagnement de leurs professeures documentaliste et de français.

Filmées sans artifice, au crépuscule, à l’aube où la nuit, les trois vidéos présentées troublent nos perceptions et interrogent nos représentations des espaces (sauvages, urbanisés ou industriels) et du vivant (animal, végétal ou humain). Nos réalités se placent alors à la lisière de la fiction et de l’artificiel.

 

Entre Chien et Loup, 2015, vidéo HD couleur, musique de Voiski, 5’44’’

Cette vidéo a été réalisée en 2015, elle dure 5 minutes 44. Son titre fait référence à l’expression « Entre chien et loup » qui signifie « à la tombée du jour » et qui définit ce moment de la journée, aux dernières du jour quand la lumière est incertaine. La vidéo a été filmée avec une caméra longue vue, équipée d’un système infra-rouge, généralement utilisée par les chasseurs. C’est l’utilisation de cette caméra et les jeux de réglages de l’objectif qui rendent l’image granuleuse. On parle alors de « bruit » sur l’image. Nous pouvons observer au premier plan de l’image des chevreuils dans un espace de nature et de végétation, à la lisère d’une ville. Cette ville, malgré ses lumières jaunes et bleutées, semble abandonnée et camouflée dans la brume. À un moment, les chevreuils fixent l’artiste ce qui donne la sensation aux spectateurs d’être eux-mêmes observés par les animaux. Cette scène fait naître en nous un sentiment de prédation. Sommes-nous les prédateurs ou les proies ? L’image granuleuse et floue ainsi que la musique nous plonge dans une sorte de rêve un peu angoissant. Elle nous fait quitter la réalité. Anne-Charlotte Finel nous place à proximité des animaux, nous sommes au cœur de leur intimité. Nous ressentons même leur peur et leur fragilité. C’est l’apparition du jogger dans la partie finale de la vidéo qui nous fait revenir au réel et à notre condition humaine.

 

Gerridae, 2020, vidéo HD couleur, musique de Voiski, 4’11’’

Cette vidéo s’intitule Gerridae, elle date de 2020 et dure 4 minutes 11. Pour son tournage, Anne-Charlotte Finel a vraisemblablement utilisé une caméra avec un zoom très puissant. Dans cette vidéo, nous observons des gerridaes se déplacer à la surface d’une étendue d’eau. Les gerridaes sont des insectes prédateurs plus communément appelés « araignées d’eau ». Leurs pattes sont hydrophobes, elles leur permettent de se déplacer rapidement et de communiquer entre elles à travers les ondes produites à la surface de l’eau. Dans cette vidéo, lorsque les araignées d’eau s’entrechoquent, des étincelles apparaissent. Associées aux sons de la musique, ces étincelles créent une ambiance vibrante presque électrique. Les insectes semblent alors agités, nerveux. L’image est lumineuse et étincelante. Anne-Charlotte Finel nous plonge dans un univers digne de la science-fiction. L’imagination du spectateur est stimulée et les interprétations deviennent fantasques. Les gerridaes deviennent alors des soldats combattants avec des sabres lasers ou se lançant des étincelles du bout de leur pattes, ou encore des vaisseaux spatiaux s’affrontant dans l’espace.

 

Hors-sol, 2020, vidéo HD couleur, musique de Voiski, 10’23’’

Cette vidéo a été réalisée en 2020. Elle dure 10 minutes 23 et a été tournée de nuit et au lever du jour. Anne-Charlotte Finel donne à voir les serres gigantesques de l’industrie agricole dans lesquelles sont cultivées de façon intensive des tomates. Le titre de la vidéo fait d’ailleurs référence à ce mode de culture dit « hors-sol » car les tomates y poussent la tête en bas et racines en l’air, sans contact avec le sol.
Les lumières roses et jaunes proviennent des lampes à sodium présentes dans les serres et utilisées pour accélérer la croissance des végétaux. Ces couleurs contrastent fortement avec le noir de la nuit. Anne-Charlotte Finel filme les environs immédiats des serres : les animaux, la végétation et les habitations. Les oiseaux volent dans cette nuit colorée comme en plein jour. L’artiste joue avec les réglages de sa caméra. Certaines séquences sont tournées au ralenti. Pour d’autres, elle utilise son zoom. Les changements de vitesse, le grain de l’image, les jeux de lumière et la musique mystérieuse nous plongent dans un univers de science-fiction lent et vaporeux. Notre réalité n’est plus naturelle, elle est devenue fantastique. La crainte gagne peu à peu le spectateur. Anne-Charlotte Finel témoigne ainsi de la déconnexion de l’Homme vis-à-vis de la nature. L’artiste nous pousse à nous interroger sur ce qui aujourd’hui constitue notre réalité, notre sombre réalité.

Les inspirations d’Anne-Charlotte Finel

jeudi 28 mars 2024

En préparation de la carte-blanche proposée à Anne-Charlotte Finel pour une programmation de vidéos, le 18 avril à La Criée, l’artiste de Respiro nous partage ses inspirations.

Jacques Perconte, né en 1974 à Grenoble, est un artiste plasticien et un réalisateur des films expérimentaux. Les œuvres, visibles sur son site, sont empreintes d’une atmosphère inquiétante, de couleurs vives comme sur une palette, avec une pixellisation progressive. C’est la matérialité de l’image, les compressions du sujet chez Perconte, qui ont inspiré Anne-Charlotte Finel. Le film Après le feu, avec ses énergies picturales et le son alarmant, a fait le tour du monde des festivals. Comme le note Nicole Brenez, professeur de cinéma à l’université Paris 3, Jacques Perconte « inverse les vapeurs de l’histoire technologique » en utilisant le principe d’imprécision de l’image. Il est possible de trouver les films de cet artiste sur YouTube, par exemple, les Corps & Paysages :

Une autre influence est Tania Mouraud, – photographe, vidéaste, performatrice sonore, dont le travail artistique est connu depuis les années 1960. Sa première exposition des Peintures médicales a lieu en 1966, mais 2 ans après, l’artiste brûle toutes ses toiles et commence à travailler sur des installations. Les séries photographiques de Tania Mouraud apparaissent à partir des années 1980, tandis que ses premières vidéos datent de 1990. L’artiste radicalise ses films par le son qu’elle travaille elle-même, et qui est, selon Anne-Charlotte Finel, un élément « important pour des performances audiovisuelles ». En faisant des recherches sur le mot et le signe comme manifestations plastiques, Tania Mouraud se concentre également sur les thèmes de l’anxiété et de la responsabilité. Sur son site personnel, on trouve des nombreuses œuvres qui impliquent une pensée sur la nature et notre relation à elle, par exemple, Façade (2006) et Ad Infinitum (2007-2009). Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’artiste, vous pouvez écouter une interview donnée pour l’exposition Peinture à la galerie Claire Gastaud en 2020 :

Le dernier artiste apprécié d’Anne-Charlotte Finel est Daniel Steegmann Mangrané, né à Barcelone en 1977. Son travail est présenté dans des collections internationales et dans plusieurs biennales de Lyon à São Paulo. Il s’intéresse à la nature, à la crise écologique, et soulève des questions philosophiques dans ses œuvres. Dans ses installations, on trouve un mélange des différents techniques et matériaux, qui jouent avec notre perception. Anne-Charlotte a choisi les œuvres de Steegman Mangrane, pour leurs liens avec l’architecture et la scénographie de l’exposition Respiro. Comme exemple, on trouve sur le site de l’artiste un commentaire sur son film Phasmides : « La vidéo des Phasmides rend compte de la réflexion écologique de l’artiste à travers la figure du phasme ».

 

 

Atelier 6 Collecte

mercredi 27 mars 2024

L’atelier se déroule les jeudis 14 et vendredi 15 mars. Cette fois, les classes sont regroupées par deux comme pour les classes « école dehors ».

L’introduction

Avant le début de la séance, Gabrielle prend soin d’afficher au tableau des images. Ces images, agrandies et colorisées, sont des polaroïd pris avec les enfants lors de l’atelier 5 sur le thème du Miroir. Elle les dispose et les accroche au tableau de manière à former une composition. Les mots, sensibles, toucher et voir sont également inscrits au tableau pour introduire le thème de la séance aux enfants.

Gabrielle leur demande d’imaginer ce qu’ils pourront observer dans le parc : des herbes, des insectes, des champignons, etc. En leur faisant lire les mots écrits au tableau, elle leur explique que cette sortie n’est pas une simple récréation. Dehors, ils devront être attentifs à ce qu’ils voient, entendent et sentent. Ils devront se concentrer sur les odeurs des fleurs ou du gazon fraîchement coupé. Elle les invite à ressentir avec leurs cinq sens l’arrivée du printemps et les changements autour d’eux.

Les élèves devront collecter des objets qui leur semblent intéressants mais toujours avec « amour et délicatesse ». Ces objets serviront pour la prochaine séance, où les enfants fabriqueront des Amulettes à partir de leurs trouvailles.

La deuxième mission des enfants lors de cette sortie est de réaliser des dessins d’observation. Il est important qu’ils dessinent ce qu’ils voient et non ce qu’ils imaginent. Comme Gabrielle leur a appris précédemment : dessiner, c’est d’abord savoir regarder.

Par exemple, pour dessiner une jonquille, il existe plusieurs techniques. Ils peuvent dessiner le contour de chaque pétale ou commencer par le cœur de la fleur.

Le square

La sortie se déroule au square du Dauphiné, un petit espace vert entre les immeubles, à quelques dizaines de mètres seulement de l’école. À cette période de l’année, le square est déjà très verdoyant et fleuri.

Chaque binôme reçoit une barquette de collecte et commence à explorer les alentours. En suivant le chemin, ils ramassent leurs premiers trésors : des cosses de fèves, des fleurs de toutes les couleurs, des feuilles de toutes les formes, des cailloux de différentes tailles, mais aussi quelques déchets dissimulés dans les herbes. La coquille de moule ou le papier de bonbon deviennent des trésors dans les barquettes des enfants.

Les dessins d’observation

Armés de crayons de couleurs et de bois, les enfants doivent maintenant réaliser des dessins d’observation dans leur carnet. Certains choisissent de dessiner ce qu’ils ont trouvé et ramassé, d’autres préfèrent se placer directement devant leur sujet. Certains s’installent sur des bancs ou des tables, d’autres préfèrent s’asseoir dans l’herbe malgré la présence des d’insectes.

Concentrés, ils dessinent et colorent ce qu’ils voient. Gabrielle remarque l’initiative d’une élève. Au lieu d’utiliser des crayons de couleur, elle utilise directement les plantes pour colorier ses dessins. En frottant les feuilles sur les pages de son carnet, elle réussit à obtenir plusieurs nuances de vert. Gabrielle partage cette initiative avec le reste du groupe, qui essaie à son tour la pigmentation naturelle.

Les CM2 de l’école Moulin du Comte en visite à La Criée

jeudi 7 mars 2024

Au cours de la visite du 23 février, la Criée a proposé un atelier aux élèves de CM2, inspiré des œuvres d’Anne-Charlotte Finel. Son exposition inclut des photos, vidéos, installations et projections, qui nous rapprochent du monde animal. Anne-Charlotte Finel a filmé différents animaux en France, en Afrique et aux États-Unis pour nous montrer leur environnement de vie et des détails de la nature. Lors de l’atelier des silhouettes, 24 élèves de l’école Moulin du Comte ont créé des photos et vidéos liées à l’exposition.

L’équipe de la Criée a préparé à l’avance des images de chimères de divers animaux, de leurs peaux, d’objets naturels et artificiels et les a imprimé sur du papier transparent. Les feuilles du papier transparent ont été laissées à la disposition des enfants ainsi que des tables lumineuses. Chacun leur tour, les élèves plaçaient des silhouettes transparentes sur la zone éclairée, créant ainsi des combinaisons d’images superposées. Certains parmi les enfants ont créé des histoires avec des personnages suggérés.

ACF

Silhouette d’un papillon et d’un paon posé sur la fenêtre de la table lumineuse

ACF

Silhouette d’un renard superposé à une photo des lichens marins

Les images obtenues ont été photographiées sur des tablettes. Nous avons collecté ces photos et les avons montées en vidéos sans son, associées à l’ambiance sonore de l’exposition.

Vous pouvez regarder les vidéos ci-dessous.

P. S. Si vous avez participé à l’atelier, mais vous ne voyez pas vos photos, il est probable que nous n’ayons pas pu les inclure en raison de la répétition des motifs ou à cause de la qualité de l’image.

Merci de votre compréhension et bravo à tous les élèves pour leurs récits créatifs !

Atelier 5 Reflets

jeudi 7 mars 2024

Cet atelier a eu lieu les jeudi 22 et vendredi 23 février avec les quatre classes de CP-CE1 de la résidence Les Merveilles.

Lecture des mots et des images au tableau

L’atelier commence par une réflexion sur le thème de la séance, introduit par les mots, les dessins et les affiches présents au tableau. Gabrielle interroge les enfants sur les raisons qui l’ont amenée à écrire ces mots au tableau : Miroir, Regard, Reflet.

Elle commence par aborder le concept de miroir. Nos yeux fonctionnent comme des miroirs, offrant différentes perspectives. Par exemple, elle explique que lorsqu’elle est reposée, elle perçoit la beauté et la poésie dans son environnement, tandis que lorsqu’elle est agacée, elle se ferme au monde extérieur. Les enfants comprennent ainsi que nous ne percevons pas toujours les choses de la même manière.

Ensuite, elle évoque les images affichées au tableau, des grandes images monochromes représentant de la végétation. Ces images ont été prises à l’aide d’un polaroid lors de la résidence qu’elle a effectuée avec Fabrice au domaine de Kuerguennec. Les enfants découvrent ainsi le principe des photos instantanées du polaroid et la manière dont Gabrielle les a agrandies à l’aide d’une photocopie. Pour obtenir ces couleurs, elle a utilisé une technique spécifique appelée risographie. C’est ce processus qui lui a permis de fabriquer les images présentes au tableau. De la même manière, elle va créer des images avec les enfants en utilisant les photos qu’ils vont prendre aujourd’hui.

Elle aborde le mot « miroir » et leur explique qu’une flaque d’eau après la pluie peut servir de miroir. Gabrielle souligne également l’importance de ne pas se concentrer uniquement sur son image, soulignant que cela s’appelle le narcissisme. Il est important de regarder au-delà de soi pour évoluer, même pour les adultes qui continuent à apprendre chaque jour. Elle leur explique que chacun est responsable du regard qu’il porte sur le monde et sur les autres, en insistant particulièrement sur le cadre de la question du racisme.

En ce qui concerne le mot “reflet”, sous lequel est écrit au tableau “pareil mais pas pareil”, Gabrielle questionne les enfants sur sa signification. Ils évoquent la manière dont les ombres créent des reflets. Certains mentionnent également la façon dont le paysage se reflète dans l’eau ou encore dans les fenêtres.

Les reflets dans les miroirs

Chaque élève se voit remettre un petit miroir rond. Juste avant, Gabrielle leur explique qu’ils doivent être particulièrement prudents avec les miroirs, car ce sont des objets fragiles pouvant facilement se briser en morceaux, coupants et dangereux. Elle en prend un dans ses mains et leur montre en le tournant vers eux. Les enfants voient leur reflet et celui de leur camarade dans le miroir que Gabrielle tient.

Un miroir est distribué à chaque enfant. Immédiatement, ils commencent à expérimenter avec ces objets. Ils s’observent, tentent de les placer face à face, jouent avec les reflets provoqués par le soleil…

Avant de sortir, Gabrielle leur explique ce qu’ils vont devoir faire avec les miroirs. L’objectif est de réussir à fabriquer des images. Pour cela, les enfants vont devoir faire en sorte que la nature se reflète dans leur miroir. Ils doivent capturer des éléments de la nature et faire trace de cette prise par une photo.

Une fois dans la cour de récréation, un élément vient quelque peu compliquer l’atelier : la météo. Le ciel est généralement gris, avec quelques éclaircies rapides. Cependant, cela n’empêche pas les enfants de réussir à fabriquer des photos remarquables en reflétant le ciel, les branches des arbres, l’herbe ou même leurs propres mains. Ils font preuve d’une grande créativité et proposent sans cesse de nouvelles idées.

Soudain, lors d’une rare éclaircie, un arc-en-ciel apparaît. C’est l’euphorie.

« Vite, vite, venez prendre une photo, j’ai réussi à capturer l’arc-en-ciel ! » pressent les enfants

Tout au long de cette sortie, Gabrielle prend des photos avec son appareil photo polaroid. Les enfants sont chargés de tenir les précieuses images jusqu’à ce qu’elles se révèlent. Certains élèves particulièrement chanceux ont même l’occasion de prendre des photos avec le polaroid. Comme Gabrielle leur a expliqué auparavant, les élèves essaient de porter une attention particulière au cadrage des photos qu’ils prennent.

Une fois de retour dans la classe, les enfants admirent le résultat de leur travail. Les images réalisées par les différentes classes sont étalées sur le grand tapis de l’atelier, et les élèves peuvent en percevoir la diversité.

Les pistes d’ateliers

mercredi 6 mars 2024

Qu’est-ce que les classes vont faire en classes ?

  • carnet de bord : prise de notes, croquis, couleurs jetées, sensations, dessins d’observation
  • leçon de choses « expansées » (l’eau, le fleuve, le feu, le paysage… )
  • miniherbier « augmenté » (feuille, papiers de bonbon, petits débris…)
  • pratiquer la météorologie du corps (dénomination poétique d’un travail corporel créé et transmis au Japon par le danseur de butô Tanaka Min), toucher, marcher, sentir à l’aveugle
  • créer un inventaire de formes, un répertoire de gestuelles (plier-déplier, nouer, couvrir-révéler, creuser-remplir, unir, détacher…) , un répertoire de sensations associées aux couleurs et/ou aux sons
  • jouer des proportions, collecter, assembler par des procédés intuitifs ou artisanaux, mélanger, associer de manière informelle et/ou intemporelle
  • fabrication d’objets de type amulettes, fétiches, talisman ou shimenawa (corde tressée qui annonce un espace sacré) qui transmettent notre profond respect à la nature avec une intention de protection

Pistes d’actions pour les autres classes :

Les autres classes et les ateliers périscolaires pourront s’associer au projet au travers de différents temps de rencontres :

  • visites de l’atelier de l’artiste
  • écriture de micro-fictions à partir des collectes issues des arpentages
  • reportages radiophoniques sur les étapes de la résidence (interview de l’artiste et des élèves)
  • correspondances avec l’artiste et La Criée via le blog correspondances-lacriee.fr
  • participation à la restitution publique du projet : création de décors, de cartels, scénographie, livret…
  • visites d’expositions à la Criée et au Musée des beaux-arts (parcours la nature dans tous ses états…)