La forme d’une vague à l’intérieur d’une vague

lundi 14 janvier 2019

Pour sa première exposition personnelle dans un centre d’art en France, l’artiste californien David Horvitz propose une variation et un échange autour de nos perceptions du temps et de l’espace.
Son travail prend forme dans des médias variés, que ceux-ci soient matériels (photographies, livres, performances, sculptures) ou immatériels (interventions sur le web, récits, rumeurs). Héritier des romantiques autant que des conceptuels, il pratique un art du jeu, de la surprise, du rhizome et de la circulation.

À La Criée, David Horvitz choisit un élément de la culture immatérielle bretonne comme matière première de l’œuvre centrale de l’exposition : Berceuse pour un paysage est une installation de quarante cloches tubulaires en laiton, suspendus à la charpente du bâtiment, qui composent les quarante notes de la mélodie traditionnelle Luskellerez Vor (Berceuse de la Mer). Les cloches sont activés à deux occasions par des musiciens professionnels, lors de performances. Le reste du temps, c’est à chaque visiteur de les mettre en musique et d’en proposer une interprétation, à son rythme autant qu’à sa mesure.

La place du·de la visiteur·se est centrale pour David Horvitz, qui se plaît à créer un rapport d’échange avec lui·elle et à l’inclure dans le processus de son œuvre. Ainsi, pour toi, nuage, pluie, rivière, source, mer, océan, lac, neige, rosée, glace, buée, onde, le·la spectateur·rice est invité·e à utiliser librement les tampons encreurs posés sur une table, à proximité d’un tas de feuilles, puis à repartir avec sa composition. De même avec Nostalgia (15 000 photographies numériques, supprimées à La Criée à Rennes, France, entre le 18 janvier et le 10 mars 2019), un diaporama de quinze-mille images issues des archives photographiques de l’artiste. Un programme informatique diffuse chacune d’elle puis la supprime définitivement : nous sommes les seuls à la voir à cet instant et les seuls à la voir disparaître.

Issu d’une pratique nomade, simple et quotidienne, l’art de David Horvitz est également un art du déplacement. Carte de Bretagne un mercredi est un bouquet composé des mêmes fleurs, provenant de différents lieux – électifs – de Bretagne, mais collectées le même jour. Les affiches de Propositions pour horloges sont dispersées dans la ville, s’offrant subrepticement au regard des passants. Temps et espace s’entrecroisent ainsi pour créer une géopoétique, où la subjectivité de l’artiste se mêle à nos imaginaires.

Il y a chez David Horvitz une joie et une simplicité à vivre et à œuvrer, à modeler des idées autant que des formes, à flouter les limites entre art et vie, temps et espace, qui relèvent de l’évidence. De l’échappée aussi.

Le Graal en Doom-like

jeudi 6 décembre 2018

Dans le prolongement de la résidence d’Éric Giraudet de Boudemange à l’ESPE de Rennes, La Criée a invité l’artiste à développer ses recherches sous la forme d’une création numérique, en collaboration avec le game designer Tomavatars. Ensemble ils ont imaginé le premier volet d’un jeu vidéo inspiré de l’univers de l’artiste. Intitulé Yvain !, ce jeu d’aventure est une libre interprétation du roman courtois Yvain, le chevalier au lion de Chrétien de Troyes. On y découvre des références à la littérature médiévale, la figure de l’homme sauvage et de l’amoureux désabusé, mêlées à différents langages de la culture populaire (graffitis, films, séries TV).

Après cette première étape de recherche et d’expérimentation, Éric Giraudet et Tomavatars poursuivent leur collaboration lors d’une résidence de création et de transmission au collège de la Binquenais à Rennes en décembre 2018 et février 2019. Les élèves sont associés à la production d’un second volet du jeu, prenant appui sur le roman inachevé Le Conte du Graal ou le Roman de Perceval écrit au XII ème siècle par Chrétien de Troyes. Les collégiens sont invités à puiser dans leurs références, langages et ressources pour créer le scénario, les décors et les personnages de ce nouveau chapitre.

Le Graal en Doom-like est un projet à la croisée des disciplines (littérature, histoire, technologie, mathématiques, arts plastiques, etc), des cultures (savante/ populaire), des mondes (réel/ virtuel) et des générations (amours courtois / 2.0).

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Les jeux vidéos Yvain! et Le Graal en Doom-like sont disponibles en téléchargement gratuit, sur PC et Mac, depuis : la-criee.itch.io

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Ce projet reçoit le soutien du Ministère de la Culture / Drac Bretagne, du département d’Ille-et-Vilaine et de Réseau Canopé.

A cris ouverts – Siham & Hafida

mercredi 12 septembre 2018

Dans le cadre de la 6e édition de la biennale des Ateliers de Rennes, intitulée A cris ouverts, La Criée présente l’exposition Siham & Hafida de Meriem Bennani (du 29 septembre au 2 décembre 2018)

Depuis New York, où elle vit depuis plusieurs années, Meriem Bennani remet en scène les images et clichés véhiculés sur la culture de son pays d’origine, le Maroc, s’intéressant principalement à la place des femmes et au détournement qu’elles opèrent des coutumes musicales ou vestimentaires. Célèbres au Maroc, Siham et Hafida ne s’étaient jamais rencontrées avant que Meriem Bennani ne décide d’en faire les deux protagonistes de son film (2017). Hafida, la plus âgée, est une chickha consacrée, une chanteuse populaire s’inscrivant dans la tradition orale de l’Aïta. Ce style musical aux paroles irrévérencieuses à l’égard de la société coloniale établie au Maroc à la fin du 19e siècle accompagnait habituellement la tenue d’événements importants et constituait un appel à l’émancipation. Aujourd’hui, cette tradition perdure mais à travers de nouvelles figures, comme la jeune Siham, dont les performances sont largement informées par Internet et relayées sur les réseaux sociaux. À la manière d’un docu-fiction, Meriem Bennani filme Siham et Hafida dans leurs singularités et divergences, interrogeant à leurs côtés, la mutation des traditions locales et de leurs modes de transmission à l’aune de la mondialisation. Dans l’espace de la Criée, le film éclate en une multitude de projections au sein desquelles la narration se diffracte et s’amuse parfois de l’apparition d’effets d’animation ; ici un crabe, là un papillon qui viennent chatouiller les convictions des deux protagonistes.

Découvrez la programmation et les autres lieux de la biennale A cris ouverts des Ateliers de Rennes.

 

 

 

L’Université Flottante

lundi 9 juillet 2018

Dans le cadre de ses recherches sur les processus de création et de transmission, La Criée centre d’art contemporain s’associe au projet de L’Université Flottante, initiée par l’artiste, comédien et metteur en scène Simon Gauchet, et suit les étapes de son premier workshop.

Qu’est ce que l’Université Flottante ?

« L’Université Flottante fait école par la tentative même de construire une école. Elle est à la fois le processus, l’expérience et l’objectif. Véhicule d’exploration d’un territoire, elle fait naître des enseignements de son itinérance et de la traversée d’un paysage.
En prolongeant les rives là où la terre s’arrête, elle devient un lieu imaginaire et hétérotopique où des savoirs réels et imaginaires naissent par l’expérience. Une nouvelle université est en train de naître dans le paysage rennais, elle est le lien et le trait d’union entre tous les lieux d’apprentissage. » Simon Gauchet, l’École Parallèle Imaginaire.

Initiée par l’École Parallèle Imaginaire, dans la continuité de l’expérience du Radeau utopique et déployée dans le cadre de l’année de la Vilaine avec la coopérative CUESTA, cette université se lance en plusieurs étapes et plusieurs formes :

Un premier temps se déploie à l’été 2018, sous la forme d’un workshop interdisciplinaire de deux semaines, où l’Université Flottante se formule par l’exploration du territoire par une dizaine d’étudiants de tous bords épaulés d’une dizaine de « maîtres ignorants », référence directe à l’ouvrage philosophique de Jacques Rancière qui, tout en en ravivant la mémoire d’un personnage singulier de l’histoire de l’éducation – Joseph Jacottot –, pose la question politique fondamentale de l’égalité dans les conditions d’accès au savoir et postule que le maître doit être ignorant pour que l’élève explique lui-même.

Cette première expérience permettra de préfigurer avec la communauté étudiante le projet d’Université Flottante qui sera développé courant 2019, pour partie en partenariat avec la Criée centre d’art contemporain.

Une restitution du workshop se déroulera les 14-15 juillet 2018 le long de la Vilaine jusqu’à Laillé lors de l’évènement Traversée Embarquée, initié par la coopérative CUESTA.

C’est pas grave

lundi 18 juin 2018

La Criée centre d’art contemporain invite Vincent Gicquel pour sa première exposition personnelle dans un centre d’art. L’artiste réalise pour l’occasion une série inédite de grandes aquarelles.
C’est pas grave est produite par La Criée centre d’art contemporain en parallèle de l’exposition Debout ! de la Collection Pinault à Rennes, où l’artiste présente de nouvelles peintures.

Si la peinture coule dans les veines de Vincent Gicquel, comme l’artiste se plaît à le dire, la pratique du dessin lui est également chevillée au corps. Travailleur infatigable, le dessin, le plus souvent à l’aquarelle, est pour lui tour à tour étude préparatoire, exutoire momentané des ratés et autres impasses où la peinture le mène parfois, idée arrivée soudainement et jetée dans l’urgence, idée ruminée longuement et passée ici à tabac du trait, etc.
Dans la série de grandes aquarelles imaginées pour La Criée, Vincent Gicquel reprend et développe ses sujets de prédilections, à la fois sujets de peintre et sujets d’Homme : place du motif décoratif dans la peinture, place de la figure dans la composition, place tragico‑comique, misérable et risible, mais aussi et par là-même jubilatoire, de l’Homme dans la société et dans le monde : Ecce Homo.
En prolongement de sa peinture, les aquarelles de Vincent Gicquel permettent de prendre la mesure de l’extrême urgence à vivre et à peindre de l’artiste, observateur écorché et amusé de la comédie humaine, condensée ici dans son expression la plus nue.

Sculpter, faire à l’atelier

mercredi 7 mars 2018

« C’est une belle idée de donner la parole à la main »
Hugues Reip

Le Musée des beaux-arts, le Frac Bretagne et La Criée centre d’art contemporain s’associent pour proposer une exposition collective sur la sculpture depuis les années 80 en France.
Le faire et l’atelier sont au cœur de la problématique de cette manifestation, qui dessine les filiations, remises en jeux et extensions opérant d’une génération ou d’un contexte à l’autre, à travers les œuvres d’une soixantaine d’artistes français ou vivant en France.

Sculpter (faire à l’atelier) présente l’atelier du sculpteur comme le lieu du faire, mais également comme celui de la pensée, de l’expérimentation et de la recherche. Les artistes font feu de tout bois : ils utilisent aussi bien la pâte à modeler que le granit, le plastique que le végétal, des matériaux bruts autant que manufacturés, le geste aussi bien que le produit du geste, le corps, etc. Une place importante est ainsi accordée à la matière première qu’elle soit assemblée, déformée, composée ou recyclée. À l’atelier, on fabrique : parmi les artistes invités certains maîtrisent seuls la réalisation de leur œuvre, en s’appuyant parfois exclusivement sur la maîtrise d’une technique traditionnelle ou artisanale – le faire se revendique alors savoir-faire –, d’autres préfèrent s’entourer d’experts issus parfois du hors-champs de l’art pour réaliser leurs œuvres.

Sculpter (faire à l’atelier) se veut une exposition sans barrière ni de génération ni de matériaux ni de techniques, non plus que de « style ». Pour rendre compte de cette volonté, elle est conçue sans discontinuité entre les trois lieux et sans séparation ni cimaise à l’intérieur des salles ; elle privilégie donc la circulation d’œuvre en œuvre par capillarité plutôt que par thématiques ou générations. De ces proximités, naîtront, nous l’espérons, le même type d’accidents et autres miracles que ceux qui surviennent dans l’espace de l’atelier.

Résidence d’artiste à l’ESPE

mercredi 17 janvier 2018

Et si l’on envisageait la résidence d’artiste en établissement scolaire comme un espace d’expérimentation transdisciplinaire ? La Criée s’associe à l’École supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE Bretagne) et au Réseau Canopé pour développer un projet de recherche, de création et de transmission avec l’artiste Éric Giraudet, les étudiants, enseignants en Master « Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation » et les élèves du collège de la Binquenais à Rennes.

L’enjeu du projet est d’expérimenter des dispositifs de médiation, d’éducation et de formation mêlant plusieurs disciplines en prenant appui sur la démarche de création d’un artiste invité en résidence à l’ESPE – site de Rennes, Éric Giraudet.
Les projets d’Éric Giraudet commencent généralement par un travail de terrain, une expérience ethnographique en dehors de l’atelier.

Après un temps d’immersion en octobre 2017, Eric Giraudet revient en janvier/ février 2018 à l’ESPE. En résidence, il propose d’explorer le récit de la transmission, le rapport au langage et la notion de rite de passage (de l’élève/ étudiant à l’enseignant). Comment verbaliser le savoir, faire du savoir un récit ?

Sa résidence donnera lieu à une exposition à la galerie Ec’arts et à la production d’un film basé sur des protocoles d’improvisation.

« Il s’agira de plonger les étudiants (M2 arts plastiques, CPE, documentalistes…) dans des «situations» rappelant l’établissement scolaire pour créer de nouvelles fictions reflétant les enjeux du rite de passage que constitue le chemin à l’ESPE, mais aussi la traversée du parcours scolaire. Ces fictions improvisées seront ponctuées par des expérimentations avec un travail autour du corps et de la voix. J’imagine un décor sculptural à mi-chemin entre une salle de classe et un gymnase (tableau, tables, chaises, tapis épais, formes géométriques empilables de couleur) qui permettront un jeu de superpositions à l’image comme dans les fictions. Lors de la prise de vue, plusieurs scènes pourront avoir lieu au même moment dans la salle de tournage. J’aimerais tourner à la steadycam de manière à sauter d’une scène à l’autre en toute fluidité, créant des « sauts » d’une fiction à l’autre comme dans le protocole de superpositions et d’incrustations. » (note d’intention d’Eric Giraudet, novembre 2017)

En parallèle, le projet comprend des temps de recherches appliquées autour de la question de la trace de la résidence et des outils pédagogiques, développés en atelier à La Criée.

Rendez-vous :

Résidence de recherche et de création à l’ESPE – site de Rennes : du 15 janvier au 26 février 2018

Finissage de la résidence avec les participants le jeudi 25 février à 16h à l’espace de convivialité

Vernissage le jeudi 7 février à 17h à la galerie Ec’arts

Exposition Yvain, mout fus or oublians du 8 au 16 février à la galerie Ec’arts

ESPE Bretagne – site de Rennes, 153 rue de St Malo

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Production
La Criée centre d’art contemporain
ESPE Bretagne
Réseau Canopé
avec le soutien du Ministère de la Culture / Drac Bretagne

 

Alors que j’écoutais moi aussi Simon, Zin, Virginie, etc

jeudi 14 décembre 2017

Alors que j’écoutais moi aussi David, Eleanor, Mariana, David, Jean, Mark, Genk, Daphne, Pierre, Shima, Simon, Zin, Christian et Virginie est la dernière exposition du cycle de La Criée centre d’art contemporain autour du récit.
Elle est la face B, le miroir légèrement déformé de la première exposition du cycle, qui présentait quasiment les mêmes artistes, exceptions faites de Daphne Oram, qui succède à Delia Derbyshire et de Christian Xatrec, proche de Jean Dupuy.
Des histoires sont arrivées aux oeuvres présentées dans la première exposition, qui les ont parfois transformées, parfois projetées dans le passé, dans le futur, dans les nuages même… et toujours épaissies.
Ainsi, certaines oeuvres sont simplement retournées et laissent apparaître leur face habituellement cachée : après avoir vu les rectos des cartes postales d’Eleanor Antin, nous en découvrons les versos et donc certains des destinataires auxquels ces cartes avaient été adressées.
L’exposition se compose par ailleurs de différentes archives, pour la plupart inédites, et pose ainsi la question de la pérennité de l’oeuvre par la trace, par ses marges aussi. Ainsi, après avoir écouté Delia Derbyshire, c’est une autre pionnière de la musique électronique, Daphne Oram, dont on peut découvrir quelques morceaux, partitions et projets ; après avoir présenté un ensemble d’oeuvres réalisées par Jean Dupuy à partir du souvenir de performances dont il fut acteur et initiateur dans le New York des années 80, sont présentées les affiches, de la main de l’artiste, qui annonçaient ces mêmes performances : back and forward donc. De David Antin, on découvre les archives du projet des Skypoems : deux poèmes écrits dans le ciel par des avions fumigènes publicitaires, dont chaque vers était écrit sur une distance d’environ un kilomètre et demi. Quant à David Horvitz, après avoir interrogé la connivence entre l’eau des nuages et celle des robinets, il rassemble ici un certain nombre d’indices témoignant du potentiel artistique de l’océan.
L’exposition prolonge également les rencontres entre destins individuels, histoire de l’art et histoire. Après avoir présenté des catalogues de musées découpés, Mariana Castillo Deball nous raconte ici, à travers l’histoire d’un (autre) livre, le difficile passage (ou rapt) de culture entre colonisateurs et colonisés ; 10 ans après sa première aventure en canoë, qui nous avait emmené à la recherche de l’okapi, Simon Starling nous propose quant à lui, dans une toute nouvelle vidéo, de tenter de traverser la Mer Morte, d’Israël en Jordanie.
Certains artistes ajoutent un nouveau chapitre aux histoires qu’ils avaient commencé l’hiver dernier : relisant une pièce de Ray Bradbury, Virginie Yassef nous en présente les premiers personnages, après nous en avoir laissé deviner le décor ; Zin Taylor nous dévoile ce qu’il est arrivé depuis un an aux figures et formes qu’il avait dessiné sur les murs du centre d’art ; gerlach en koop proposent de nouveaux Pillow Objects dont les formes et les sens découlent de celui exposé l’hiver dernier ; et l’on suit avec jubilation Shimabuku dans la suite de ses aventures avec les pieuvres.
Enfin, avec Mark Geffriaud, Christian Xatrec et Pierre Paulin, la question est à nouveau posée et toujours ouverte : est-ce qu’une oeuvre peut vivre seulement par les récits qu’on en fait ?
Pour renforcer et interroger cet effet de répétition dans les oeuvres, les oeuvres de chaque artiste sont placées aux mêmes endroits ou presque que dans la première exposition.
Avec Alors que j’écoutais moi aussi […], nous vous proposons donc de faire avec nous ce rêve étrange et pénétrant d’une exposition qui ne serait jamais ni tout à fait la même ni tout à fait une autre.
Et de nous demander : qu’est-ce qui varie d’une exposition, d’un récit, d’une oeuvre à l’autre? En quoi l’oeuvre d’art est-elle une variation, une traduction, une transmission, une attitude ?

Professionnelles de la vie quotidienne

mercredi 22 novembre 2017

 

La recherche artistique de Thomas Tudoux prend de multiples formes (dessin, vidéo, texte, installation…) et explore essentiellement notre rapport à l’hyperactivité telle qu’elle se manifeste dans le monde de l’entreprise, le système éducatif, dans l’espace urbain, ou à travers des fictions. A l’invitation de La Criée, Thomas Tudoux propose de développer un processus de recherche et de création autour des temps de vie avec les étudiant.e.s en BTS et Diplôme d’État Économie sociale familiale du lycée professionnel Jeanne d’Arc à Rennes.

« Dans notre société où le temps est présenté comme une matière première en train de s’épuiser, il semble exister une hiérarchisation du bon usage de son temps. Par le biais d’une grille d’évaluation tacitement partagée, un certain nombre de questions est appliqué aux activités de chacun : est-ce utile ? Est-ce source de création de valeur ? Est-ce du temps de gagné ou du temps perdu ? D’après quels critères ? Sont-ils appliqués à tous et à toutes ?

À travers ce projet, je souhaite créer une nuance dans nos temps – temps du quotidien comme temps de la vie – afin d’interroger cette hiérarchisation implicite de nos activités.

Le projet se découpe en trois parties : la réalisation d’un nuancier de nos temps quotidiens, une rencontre entre le temps des études et le temps de la retraite et enfin une création vidéo comme brouillage des temps ».

Thomas Tudoux, septembre 2017