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L’évolution des couleurs primaires dans les œuvres d’art

mercredi 10 mars 2021

Le symbolisme des couleurs est présent dans notre quotidien. Ces couleurs évoquent en nous des sensations, des sentiments dans certains cas. Elles ont des significations claires. Nous allons ici nous concentrer sur les couleurs primaires. Les couleurs primaires se retrouvent dans tous les domaines comme l’architecture, la peinture ou encore la sculpture. Elles sont utilisées par tous et sont généralement la base du vocabulaire de l’artiste. Chaque couleur primaire possède alors sa signification et son utilisation varie en fonction du style artistique.

Prenons comme exemples 3 périodes différentes avec leurs propres significations.

1.LE MOYEN-ÂGE :
C’est au Moyen Âge que le bleu est peu à peu devenu la couleur emblématique de l’Occident chrétien. Couleur de deuil éclaircie, égayée, elle est devenue celle de la Vierge
-Or (jaune) : richesse, noblesse, foi,avarice, fausseté, félonie, trahison, paresse, envie
-Gueules (rouge) : force, courage, largesse, charité; orgueil, cruauté, colère
-Azur (bleu) : loyauté justice, sagesse, science, fermeté, amour fidèle, sottise, roture, bâtardise

2.LA RENAISSANCE:
Au début du XIVe siècle, les théories sur la couleur issues de l’Antiquité et du Moyen-âge continuent à prédominer, alors que certains esprits scientifiques s’essayent à la construction des premiers espaces de couleurs. Parallèlement à cette évolution, les peintres et les artistes ont déjà une bonne connaissance des mélanges de couleurs. On découvre alors que l’ensemble des couleurs peuvent être obtenues à partir d’une base de trois couleurs primaires : le bleu, le rouge et le jaune.
Les artistes cherchent à imiter les couleurs de la nature sans forcement y apporter une symbolique.

3.L’ART CONTEMPORAIN:
Anish Kapoor fait des installations avec des pigments qu’il sculpte selon des formes variées. La couleur se fait œuvre et espace. La couleur a donc connu des périodes où elle a changé de sens pour passer du symbolique à la couleur locale à partir de la Renaissance. À l’époque contemporaine elle est utilisée pour ses qualités propres comme nous le montre Anish Kapoor. Elle devient sculpture monumentale avec sa densité propre. Elle s’expose avec les monochromes.
Aujourd’hui beaucoup d’artistes se basent sur la symbolique des couleurs dans leur oeuvres, or certains, comme Mathis Collins, qui n’y apporte peu d’importance.

Signification des couleurs d’après Michel Pastoureau:

 Michel Pastoureau est un historien médiéviste français, spécialiste de la symbolique et de l’histoire culturelle des couleurs, des emblèmes, de l’héraldique, et de l’histoire culturelle des animaux.
«Les couleurs ne sont jamais là par hasard, elles véhiculent des sens cachés, des codes, des tabous ou des préjugés. Elles pèsent sur notre vie quotidienne, notre langage et notre imaginaire. Elles ne sont ni immuables ni universelles et ont une histoire mouvementée.» Extrait d’un récit de Michel Pastoureau.

Rouge: Révolutionnaire, censeur et aguicheur, c’est la couleur archétypale. Le rouge appartient aux rois ou au Diable, à la charité ou aux guerriers. Le rouge est sans doute la couleur la plus ambivalente qui soit.

Bleu: Longtemps silencieux jusque dans le lexique latin où il ne trouve guère d’équivalent, le christianisme médiéval le pousse soudainement sur le devant de la scène. Dans le jeu hiérarchique des identités, Dieu devient lumière. «Et la lumière devient… bleue !», raconte Michel Pastoureau.
Fixé dans l’iconographie liturgique, le bleu a intégré un système de valeurs et s’est posé en nouveau contraire du rouge. Mais jamais, en Occident. Il éclate dans les vitraux gothiques, fait son entrée en politique en parant le roi de France.

Jaune: Celui à qui l’or a ravi son prestige depuis le Moyen Âge, absorbant les symboles positifs de la lumière et de la puissance. Aujourd’hui mal-aimé, le jaune ne l’a pas toujours été. Les peuples de l’Antiquité révèrent en lui le soleil et lui accordent une place importante dans les rituels religieux.

 

 

 

Ces 3 couleurs apparaissent dans le cubisme, l’abstraction le dadaïsme ou le fauvisme. On les retrouve dans des œuvres connues:                                                                                                                                                        Joan Miro, qui utilise une palette de couleur noir blanc et primaires et tout support comme architecture, sculpture et peinture.                                                                                                                                                Mondrian (1920, nouveau réalisme), avec le tableau New York, avec une accumulation de lignes et de couleurs primaires créant au public une vibration optique apportant un rythme à l’œuvre.

Et dans les oeuvres de Mathis Collins ?

Mathis Collins fait parti du mouvement d’art brut. On retrouve dans la plupart de ses œuvres du bleu, du jaune et du rouge. Parfois utilisé en fond ou alors pour colorer ses personnages. Nous pouvons alors nous demander s’il y a une signification particulière à l’utilisation de ces couleurs ?

L’Art brut est le terme par lequel le peintre désigne les productions de personnes sans culture artistique. Définissant un art de « ceux qui travaille en dehors des circuits classiques», un art qui comprend à la fois l’art des fous et celui de marginaux de toutes sortes : prisonniers, reclus, mystiques, anarchistes ou révoltés. Des couleurs pour déconstruire les idées reçues et tenter d’appréhender l’art brut :

-le rose pour l’enfance, évoquant cette confusion tenace entre le dessin d’enfant et l’art brut
-le noir pour les liens qui unissent malgré eux l’art brut et l’art primitif
-le rouge pour le génie ou la folie
-le vert pour le sauvage, prétexte à déconstruire l’idée d’un art non civilisé
-le gris pour la notion d’enfermement
-le bleu pour nous provoquer au point de vu politique

Dans ces œuvres, Mathis Collins aborde principalement des sujets liés a la politique. On peut voir sur plusieurs tableaux, le symbole de la Révolution Française. La cocarde avec les couleurs du drapeau français.
On peut donc alors faire un lien entre les œuvres de Mathis Collins et la symbolique des couleurs de Michel Pastoureau, avec la présence du bleu (politique) et du rouge (révolutionnaire).
L’utilisation des couleurs primaires n’a pas réellement d’importance, et n’est pas le sens principal du tableau, mais cela permet seulement de mettre en avant les caractéristiques de ses personnages.

 

 

 

Salomé Vidal et Coline Wepierre.

La sculpture sur bois : une technique propre à l’artiste

mercredi 10 mars 2021

 

Mime, Mathis Collins, La Criée, Rennes

Dans cet article, nous allons étudier la manière dont l’artiste s’approprie la technique de sculpture sur bois.

 

1. L’artiste

Mathis Collins est un artiste contemporain, autodidacte sur la pratique du bois. Très reconnu pour la mise en œuvre artisanale de ses sculptures, il se différencie des autres artistes en travaillant directement sur la matière. Ainsi cela nous amène à nous interroger sur la façon dont Mathis Collins s’approprie la sculpture sur bois.

 

2. Son procédé technique

En effet, l’artiste mène un procédé singulier en laissant de côté la phase d’esquisse, commune dans la sculpture du bois, afin d’exprimer son art de manière instinctive. Avant même de travailler la matière, il commence par l’assemblage de planches en bois de tilleul. Les planches sélectionnées, issues d’un atelier de menuiserie local, ont une épaisseur variant de 5 à 10 cm. Ce bois homogène de couleur claire, possède un grain tendre et fin qui facilite sa taille. Celui-ci est très apprécié dans la sculpture car il ne se rétracte pas et fissure peu, permettant d’éviter toutes déformations de l’œuvre. 

Une fois l’assemblage réalisé, il dégrossit différents plans dans l’épaisseur des planches. Puis, recouvre celles-ci de peinture noire afin de faire ressortir le dessin sculpté, en clair, qu’il creuse dans la surface à coups de gouge. Cette technique lui permet de marquer définitivement des volumes et des textures propres à chacune de ses œuvres. Afin de rehausser les bas-reliefs de couleurs, l’artiste peint certaines surfaces qu’il ponce. Ce travail fastidieux, met en valeur les couleurs incrustées dans les entailles du bois. Par ailleurs, le bois peut se révéler imprévisible par ses irrégularités (nœuds, trous) offrant une part de hasard à l’œuvre. 

Enfin, Mathis Collins termine ses œuvres en peignant des formes, de types personnages, décor ou autre, en couleur, en suivant la gravure. Pour parfaire son travail, il re-ponce l’ensemble et applique un vernis de finition.

À la suite de ces nombreuses étapes, le support final mesure environ 3 cm d’épaisseur. Il aura fallu deux mois à Mathis Collins pour réaliser 15 travaux (5 triptyques). 

 

3. La technique de la taille de tableaux de bois et d’autres types de tailles de bois

La taille du bois est un art répandu dans le monde avec plusieurs manières de sculpter qui dépendent de l’héritage de savoir-faire de chaque artisan et des matériaux disponibles. Elle se différencie des autres matières utilisées dans cette discipline, notamment pour deux raisons principales.

Premièrement, les finitions pour bois sont particulièrement variées. Chacune permet une mise en valeur tant du bois que du sujet. La plus connue mais aussi la plus simple est la cire d’abeille. De plus, il existe aussi le vernis tampon qui fait ressortir le veinage du bois et lui donne un effet miroir. La dorure à l’or, par placage de feuilles d’or, donne une finition très particulière. Il existe beaucoup plus d’autres finitions, mais chacune est utilisée pour mettre en valeur l’œuvre. 

Deuxièmement, comme mentionné auparavant, il faut fréquemment préparer le bois en assemblant différents morceaux. Cet assemblage varie selon ce que l’on désire réaliser : un bas-relief ou une sculpture statuaire. En effet, il existe différents types de techniques de sculpture sur bois. 

La sculpture en bas-relief, contrairement aux sculptures complètes, consiste à travailler des figures dans le bois. L’artiste commence par un morceau plat de bois, et il sculpte des figures dedans, en laissant l’arrière à plat. Les œuvres de Mathis Collins appartiennent à ce type de sculpture. Néanmoins, ses techniques lui sont propres, l’opposant à d’autres artistes réalisant des bas reliefs, tel que Rémy Amato. 

Le Grand Chêne, Rémy Amato, sculpture sur bois bas-relief

Amato, sculpteur français, fait également de la sculpture sur bois à la gouge, mais utilise différentes finitions dans chacune de ses œuvres. Il fait donc des sculptures sans teintures ou finitions apparentes, tel que Le Grand Chêne. L’artiste réalise également des œuvres avec des finitions, telles que la gravure sur bois de merisier Temple, représentant le Wat Siphoutthabath de Louang Prabang au Laos, doré à la feuille de cuivre jaune.

Home, Rémy Amato

D’autre part on peut aussi évoquer la sculpture en rond ou sculpture complète, où tous les côtés sont sculptés, contrairement aux sculptures en relief. Thierry Martenon, sculpteur français, fait partie des artistes qui se consacrent à ce type de sculpture. Suivant une taille directe, semblable à celle de Mathis Collins, il travaille néanmoins sur des œuvres complètes. Son travail est caractérisé par une texture abondante résultant d’une démarche qui se concentre sur la recherche esthétique des formes abstraites et de la matière. Ainsi, utilisant un même procédé intuitif et une même matière, deux artistes arrivent à créer deux sculptures différentes tant en typologie de sculpture qu’en sujet sculpté.

n°021219 – Épicéa / Spruce – Diam. 1700 x 90 mm, Thierry Martenon

Finalement, la sculpture de bois est une technique extrêmement variée et riche, qui comprend des œuvres très diverses. Au vu du développement de ce domaine, on pourrait imaginer que tout a été découvert et réinventé. Néanmoins, on retrouve, encore aujourd’hui, des artistes qui essaient de renouveler et d’innover dans l’utilisation du bois sculpté. On peut faire appel à l’artiste russe Sergei Bobkov, par exemple. Ce sculpteur a développé une technique unique de sculpture sur bois. Son procédé : tailler une centaine de morceaux de bois de 5 à 8 cm, les plonger dans l’eau plusieurs jours, puis les retailler pour donner les copeaux avant l’assemblage. Il utilise ces copeaux de bois de cèdre de Sibérie et  les assemblent de façon à créer d’incroyables animaux réalistes. 

Sculpture d’un hibou en copeaux de bois, Sergei Bobkov

 

– Article rédigé par Élodie, Juliette et Alexia

Bicorne ou l’Art contemporain en mouvement

mercredi 10 mars 2021

Dans l’exposition Mime consacrée à un ensemble de triptyques de Mathis Collins, l’une des œuvres présentées se démarque par le fait qu’elle soit en mouvement. Celle-ci se nomme Bicorne. C’est un panneau peint et teinté sur bois. Conçu en premier dans la série, il est plus sombre visuellement, et répète un motif de bicorne. Le mouvement de l’œuvre réside dans l’apparition et la disparition des cocardes, grâce à un système de rouages rudimentaires piloté par une carte électronique. Comme une cible dans un stand de tir lors d’une foire, ce bas-relief cinétique hypnotise par le mouvement imprévisible de ses cocardes. Les enfants avaient d’ailleurs introduit un jeu lors de l’exposition, l’objectif étant de deviner quand la cible allait surgir.

Bicorne de Mathis Collins

Ce système cinétique est en réalité un principe repris de nombreuses fois dans l’histoire de l’art contemporain. On peut noter par exemple le mouvement d’Art cinétique, introduit dans les années 60, qui propose des œuvres contenant des parties en mouvement. Les procédés employés dans l’Art cinétique captent l’attention de manière prolongée. Les motifs complexes, les répétitions, les mouvements aléatoires, les anamorphoses et les illusions d’optique participent a un effet d’hypnose, de fascination, que l’on retrouve dans Bicorne.

Trame altérée (1968), de Julio le parc (1928-), un artiste associé à l’art cinétique

Pourtant fortuit, le son produit par le panneau de Mathis Collins participe à l’immersion dans l’œuvre : le déclenchement aléatoire du mécanisme et de son vrombissement surprend et attire l’attention. On peut comparer ce procédé aux œuvres de Jean Tinguely. Cet artiste a produit des sculptures-machines, à la frontière entre industrie et art, qui produisent des sons stridents et répétés, en référence au monde industriel. Le chanteur Woodkid reprend d’ailleurs des échantillons sonores de ces machines comme matière première dans son dernier album S16

L’une des machines de l’artiste Jean Tinguely exposée à Bâle en Suisse.

D’autres artistes ont exploré des manières différentes de créer du mouvement au sein d’une sculpture. À défaut d’utiliser de l’électricité, Theo Jansen a lui employé l’énergie éolienne pour animer ses sculptures anthropomorphiques : ces myriapodes faits de plastiques et de bouteilles recyclées se déplacent au gré du vent. Theo Jansen les prénomme d’ailleurs les “strandbeest”, les bêtes de plages. 

L’une des “strandbeest » de Theo Jansen

Dans cette idée de biomimétisme, on remarque également les sculptures de Bob Potts qui imitent les mouvements, les rythmes que l’on retrouve dans la nature : battements d’ailes ou mouvements de rames de bateaux. Pour réaliser ses créations pleines de légèreté, quasi hypnotiques, il utilise pourtant des assemblages complexes de boulons, de rotors, de rouages de pièces mécaniques et métalliques en tout genre.

De son côté, David C. Roy propose des sculptures cinétiques qui reposent sur la mécanique de remontage. Comme dans l’horlogerie, il suffit de charger en énergie cinétique une pièce de la sculpture pour qu’elle s’anime en autonomie pendant plusieurs heures.

Bicorne fait donc partie d’un ensemble d’œuvres mouvantes conçues tout au long du XXIème siècle. Avec la démocratisation de l’électronique, il est aujourd’hui beaucoup plus accessible de mettre en mouvement les œuvres plastiques, permettant d’explorer une dimension toujours plus immersive des Beaux-Arts. Cette accessibilité nécessite néanmoins une certaine polyvalence, autour d’une pratique qui allie plasticité, ingénierie et artisanat. 

–  Lisa Ladent et Lilian Bruerre

 

 

L’humour slapstick dans l’oeuvre de Mathis Collins

mercredi 10 mars 2021

 

 

En quoi la mise en scène des personnages des panneaux de Mathis Collins renvoient-ils à l’humour slapstick?


Mathis Collins s’est inspiré dans ses panneaux de l’humour slapstick. En effet, on retrouve beaucoup de scènes inspirées de cartoons où l’un des personnages tient une batte s’apprêtant à taper sur son rival/ son acolyte. Ce sont les personnages qui s’entendent à merveille tel que “chien et chat”! Ses personnages sont très caricaturés et l’humour est exagéré. On retrouve la fameuse batte de baseball dans le théâtre des marionnettes et l’enclume sur le point de tomber sur l’un des personnages. Dans Artiste policier surpris par la mort, le personnage est pris au dépourvu par la mort (le squelette), seul le spectateur connaît la chute. 

 

Le cinéma burlesque américain

Les panneaux de Collins renvoient aux cinéma burlesque américain. Ils sont d’un comique extravagant et déroutant. En littérature, ce burlesque repose sur le jeu de décalage entre la grandeur et la trivialité. Dans les panneaux de Collins comme dans le cinéma, le comique est principalement joué par la gestuelle (coups portés sur un personnage, rire satirique, claque dans la tête, doigts dans les yeux, les gens tombent, etc.). Ici, le sujet de la violence est complètement dédramatisé. 

L’humour que partage Collins avec le spectateur est le slapstick, “slap” signifiant taper et “stick”, le bâton. Un slapstick était à l’origine une pagaie inoffensive composée de deux morceaux de bois qui entrechoqués ensemble produisaient un coup retentissant lorsque la pagaie frappait sur quelqu’un. Ce terme provient aussi des “battochio” des bateleurs italiens, un objet très bruyant avant tout. Au Moyen-Âge, le bateleur est un jongleur qui joue sur une place publique, il fait partie du spectacle et le but de sa présence est de faire rire. Le slapstick semble être entré en service pour la première fois au XVIème siècle, lorsque Arlequin, l’un des personnages principaux de la commedia dell’arte italienne, l’a utilisé sur le postérieur de ses victimes.

 

Les dessin animés: les cartoons

L’enclume dans Artiste policier hué (détail) renvoie aux cartoons américains. Elle s’apprête à tomber sur la tête de Mathis Collins, l’artiste-policier. Il se moque de lui-même, comme s’il était un comédien hué sur scène et prêt à être assommé. Comme l’enclume, la batte renvoie à la matraque des gendarmes et à l’humour slapstick. Le scénario idéal correspond au gendarme qui court après le voleur/ le clown/ le vagabond et se prenant parfois lui-même des revers de bâtons comme Mathis Colins qui se moque de lui-même. La comédie slapstick est un genre qui tourne autour de l’humour physique, de l’exagération et de l’aspect comique de la violence. Souvent, l’histoire n’a pas d’intrigue concrète mais seulement une série de faits, d’actions sans explication mais qui font rire. 

Les cartoons référencés par Collins sont Tom et Jerry, Bip Bip et le coyote, Titi et Grosminet… Dans ces exemples, seulement une prémisse générique existe mais cela ne signifie pas que l’épisode est moins drôle. Le modèle des épisodes est répétitif: on a l’intro où l’un des personnages pose un piège à son rival puis arrive l’exécution où quelqu’un se fait frapper par une batte, une enclume, etc. Enfin les personnages sont atteints de blessures plus ou moins graves, ils sont couverts de bandages mais guérissent en un clin d’œil et repartent en bonne santé pour un nouvel épisode.

(Cliquer sur les images)

 

De même, dans le panneau Artiste policier et le Guignol’s Band, la marionnette est une représentation du théâtre de Guignol avec le castelet et des marionnettes : on retrouve le gendarme avec sa matraque et son chapeau bicorne dans 3 états : il est celui qui donne, reçoit le coup de bâton et s’apprête à être surpris par celui qui se cache derrière le rideau. On retrouve ici le même scénario que les cartoons.

 

(de gauche à droite et de haut en bas)
Artiste policier surpris par la mort; Artiste policier hué (détail); Artiste policier danseur de corde; Artiste policier et le Guignol’s Band (détail)

 

Les comédies burlesques

William Shakespeare a inclus beaucoup de scènes de poursuite et passages à tabac dans ses comédies, comme sa pièce La comédie des erreurs. Cette pièce repose sur des quiproquos et méprises entre jumeaux. Basé sur une farce du dramaturge romain Plautus, The Comedy of Errors est la comédie la plus folle du Barde – une œuvre pleine d’humour slapstick et de riche caractérisation centrée autour de deux ensembles de jumeaux identiques accidentellement séparés à la naissance.

 

Les Trois Stooges (The Three Stooges) illustre bien également l’humour slapstick. Cette troupe comique américaine a tourné de nombreux courts métrages au milieu du XXème siècle (1965). Dans la lignée du vaudeville américain et de la comédie, leur humour s’appuie essentiellement sur la farce et la bouffonnerie. Curly Howard, Moe Howard et Larry Fine sont les principaux personnages.

 

 

Encore, Les Fourberies de Scapin a été écrite en 1671 par Molière, comédien et dramaturge appartenant au classicisme. Dans cette pièce de théâtre, les histoires amoureuses se mêlent aux fourberies du valet Scapin. On retrouve du comique slapstick dans l’acte III de la scène 2, où Géronte, enfermé dans un sac, rendu aveugle, perd pour un temps son statut de maître et se retrouve condamné à subir les règles du jeu concoctés par Scapin ainsi que les coups de bâton de ce dernier. Les répliques « Ah, je suis roué » et « Pourquoi, diantre faut-il qu’ils tapent sur mon dos ? » montrent qu’il est en position de victime et ne maîtrise pas la situation.

Extrait de la scène du sac et du bâton (acte III-scène 2)

SCAPIN.- (…) » Oh ! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent point à des gens comme lui, et ce n’est pas un homme à être traité de la sorte. « (..)

En se plaignant et remuant le dos, comme s’il avait reçu les coups de bâton.

GÉRONTE, mettant la tête hors du sac. – Ah, Scapin, je n’en puis plus.

SCAPIN.- Ah, Monsieur, je suis tout moulu, et les épaules me font un mal épouvantable.

GÉRONTE.- Comment, c’est sur les miennes qu’il a frappé.

SCAPIN.- Nenni, Monsieur, c’était sur mon dos qu’il frappait.

GÉRONTE.- Que veux-tu dire ? J’ai bien senti les coups, et les sens bien encore.

SCAPIN.- Non, vous dis-je, ce n’est que le bout du bâton qui a été jusque sur vos épaules.

GÉRONTE.- Tu devais donc te retirer un peu plus loin, pour m’épargner…

SCAPIN lui remettant la tête dans le sac. […]

 

Le slapstick aujourd’hui…

Contrairement aux cartoons, The Mask est un parfait exemple pour illustrer un film de comédie slapstick moderne. Cette comédie fantastique de Chuck Russell date de 1994. Les acteurs Jim Carrey, Cameron Diaz et Peter Green y figurent. L’histoire ne se réinitialise pas et tout ce qui se passe a un impact significatif sur l’histoire. Une intrigue est présente: Stanley Ipkiss est un banal employé de banque plutôt timide. Il voue une passion aux cartoons de Tex Avery. Un soir, il trouve un masque ancien doté de pouvoirs surnaturels révélant et exagérant la personnalité de son possesseur. Chaque fois qu’il le porte, il devient The Mask, personnage loufoque, sûr de lui et plein de ressources qui défraie la chronique.

 

 

Aussi, dans Maman j’ai raté l’avion, film de 1990 réalisé par Chris Columbus, le personnage de Kevin, un enfant de 8 ans, installe successivement des pièges pour stopper les “casseurs flotteurs”, des brigands essayant d’entrer dans sa maison. Ici, les personnages se retrouvent frappés, bousculés par les pièges posés par Kevin. Ces situations sont mortelles dans la vraie vie alors qu’ici elles sont tournées en ridicule.  

 

 

 

Un exemple plus contemporain de slapstick est MTV Jackass. Jackass (« casse-cou » ou « bourricot ») est une émission de télévision américaine dont les épisodes durent une vingtaine de minutes. Les acteurs se livrent à une série de cascades toutes plus dangereuses et irresponsables les unes que les autres. Et, dans ce cas, les interprètes ont pris la basse humeur et la violence à un nouveau niveau. Les créateurs de Jackass prônent la comédie physique basée sur l’humiliation. 

 

 

 

 

 

Dans Deadpool, film de Tim Miller de 2016, les scènes violentes sont dédramatisées, frivoles, grotesques et burlesques. Le personnage est l’anti-héros le plus atypique de l’univers Marvel. À l’origine, il s’appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie.

 

 

Margaux et Charlotte

 

Les dualités soulevées par le travail de Mathis Collins

mercredi 10 mars 2021

Mathis Collins, artiste autodidacte, à travers de l’exposition Mime s’approprie la technique artisanale de la sculpture à la gouge en s’affranchissant des codes pour la relier à son processus de création. Il alimente ainsi le débat éternel entre l’art, un travail centré sur l’esthétique, la sémantique et l’artisanat.

L’artisanat et plus précisément le travail du bois, est régi par des codes, un savoir-faire ancestrale demandant un long apprentissage ainsi qu’une rigueur dans le travail. L’artisanat ne laisse rien au hasard.

L’artisanat dans l’Art a été mis en valeur par le mouvement stylistique des Arts and Crafts dont William Morris a été le pionnier. Selon lui, la reconnaissance des savoir-faire des ouvriers permet un travail de qualité qui fait sens pour celui qui le pratique et pour le client. William Morris crée alors une rupture avec la société industrielle de l’époque, concentrée sur une production quantitative plutôt que qualitative.

Mathis Collins met, dans son travail de création, en valeur le travail artisanal en lui donnant une dimension artistique. Son support, le bois, n’est utilisé que comme canevas. Il laisse apparent les trames du bois mais pas son veinage. Sa taille du bois est généreuse, ses panneaux de bois laissent peu de place au vide, l’espace est rempli. Le travail du bois et l’utilisation des bas-reliefs lui permet de développer une forme d’expression proche de l’art de rue, où les palissades sont supports d’expression libre. Son travail vient alors en opposition aux planches de théâtre et aux tréteaux utilisés dans le théâtre académique qui utilise également ce même matériau.

L’utilisation du travail de la sculpture sur bois permet à Mathis Collins de donner une dimension intuitive à son œuvre, il utilise une approche libre de la création. Il travaille sans plans, sans pré-esquisses, sans finalités fonctionnelles. Il contourne ainsi les règles de bases du travail de l’artisanat.

L’utilisation du bois permet à Mathis Collins de mettre en exergue la naissance des arts vivants et des arts de la rue accessible à tous en opposition avec des formes d’arts plus académiques. L’utilisation de ce support nomade, glané autour de lui, permet à l’artiste de manifester son attachement à une forme artistique libre, proche du peuple comme l’était les théâtres de marionnettes et qui permettaient une parole libre et d’opposition.

Le bois est depuis toujours un médium utilisé à travers tous les arts, par tous et sans distinction sociale. C’est en cela qu’est sa force.

Myriam, Marie, Rosalie

Les organisations de scénographies muséales : exemples à La Criée

mercredi 10 mars 2021

Dans cet article, nous nous interrogerons sur plusieurs définitions afin de comprendre les multiples organisations de scénographie, à travers La Criée, le « White Cube » ainsi que l’exposition « Mime » de Mathis Collins. Afin de mieux comprendre les scénographies, nous vous expliquons comment le « White Cube » intervient dans cette mise en scène. À travers le « White Cube » du centre d’art de la Criée, comment s’appliquent différentes scénographies muséales ?  Dans un premier temps pour introduire le thème, nous abordons les définitions de scénographie, de commissaires d’expositions et du « White Cube ». Puis, nous expliquons plus précisément le lieu de la Criée à travers le « White Cube » et comment a-t-il été appliqué à l’exposition « Mime ». Et pour finir nous présentons différentes organisations de scénographies existantes et qui ont été appliquées au centre d’art de la Criée avec l’aide des commissaires d’expositions.

Scénographie :

La scénographie, du grec “scène” et “écrire” désigne aujourd’hui l’étude de l’art de la scène par des moyens techniques de mouvements ordonnés et scéniques. C’est l’art de concevoir et de mettre en forme l’espace propice à la représentation d’une œuvre, d’un objet, d’un événement.

Cette mise en espace peut se traduire par la fabrication des différents éléments de muséographie tels que des podiums, des banquettes, des tables, du mobilier, des vitrines, des trottoirs, des socles, des velums, des décors, des signalétiques, des supports accrochés sur cimaise. Différentes mises en lumière peuvent être intégrées dans l’espace avec des éclairages : focalisée, frontale, libéral, 3 côtés ou encore en contre plongée. Il existe plusieurs types d’expositions : des expositions permanentes, temporaires ou itinérantes. Elles sont soumises à des contraintes de normes et d’accessibilité PMR. 

Commissaire d’exposition : 

Au sein de la Criée c’est un commissaire d’exposition qui échange avec l’artiste pour déterminer l’organisation de l’exposition. Un commissaire d’exposition est une personne qui conçoit une exposition (artistique, historique, scientifique, etc.) et en organise la réalisation. Ainsi, il détermine le choix des pièces présentées, la problématique ou la thématique de l’exposition. Il choisit, en collaborant avec l’artiste, la mise en scène des œuvres dans le lieu accueillant le projet. Et leur restitution auprès des publics sous toutes formes de diffusion.

« White Cube » : 

L’espace d’exposition de la Criée se définit sous la forme d’un “White Cube”. C’est un type d’espace d’exposition, un “dispositif scénique” qui a la forme d’une grande enceinte aux murs blancs, généralement refermée sur elle-même par l’absence de fenêtres. Le « White Cube » contient une installation de système d’éclairage homogène provenant du plafond. Il est fréquemment composé de néons blancs faisant écho à la couleur des murs. Apparu dans les années 1970, il vise, par sa propreté et sa neutralité, à supprimer tout contexte autour de l’art que l’on y montre. Il est aujourd’hui considéré par les galeries et les musées comme l’espace d’exposition par excellence. Ce qui ne va pas sans susciter des critiques. En s’apparentant à un laboratoire aseptisé, il participerait à isoler et stériliser l’art contemporain. Ce modèle s’est imposé comme une norme tacite influençant la production en arts visuels. 

Explication du système et influence :

Les institutions artistiques ont adopté ce modèle, le « White Cube », dont l’objectif est d’assurer la médiation des œuvres comme faisant partie du modèle. Ce modèle est un espace-temps, et toutes les informations qui peuvent y contribuer en conditionnant l’appréhension esthétique, la lecture de l’espace et l’interprétation au sens large, sont à inclure dans la définition même du modèle. Ses fonctions sont de créer des liens entre les spectateurs et les artistes, de définir une logique politique et institutionnelle cohérente et de proposer un espace-temps pour la réception des œuvres. Par conséquent l’objectif sous-jacent du « White Cube » est d’être un lieu prétendument atemporel accueillant des œuvres destinées à devenir atemporelles, sa fonction est méliorative et résulte d’une “artialisation” en marquant une césure entre le quotidien et le temps de l’appréhension esthétique.

Le « White Cube » représente l’espace temps qui sert d’intermédiaire. Il n’est ni totalement dans le Chronos, ni totalement dans l’Aiôn. D’après le Chronos, seul le présent existe dans le temps. Le présent est la quotidienneté ou la temporalité de l’atelier de l’artiste. Mais dès qu’une œuvre est exposée, elle change de nature par la médiation qui génère un espace-temps spécifique : celui du « White Cube ». Dès l’instant où l’œuvre franchit le seuil de la galerie et où elle y est accrochée un autre regard est posé sur elle. D’après l’Aiôn, seul le passé et le futur insistent ou subsistent dans le temps. A l’inverse, l’Aiôn seul ne permet pas de changement paradigmatique et il maintient ses propres paramètres jusqu’à être pétrifié. Il rend le langage possible, le langage de l’œuvre ne peut être saisi qu’en rapport à un passé-futur car le pur présent ne fournit pas d’unité de mesure stable. L’œuvre d’art nait alors de cette tension entre Chronos et Aiôn.

C’est-à-dire, s’il n’est pas totalement dans le Chronos c’est parce que ses fenêtres sont condamnées, ce qui réduit son espace temps a une bulle hors du temps. Et qu’il n’entretient qu’un rapport indirect avec le monde extérieur, dans la mesure où il représente des productions artistiques plus qu’il ne les présente. Et il n’est pas totalement dans l’Aiôn, parce que son aspect clinique est sans cesse compensé par la visite de spectateurs, le « White Cube » et les œuvres, qui lui permettent d’exister comme modèle.

Par exemple, lorsqu’un spectateur entre dans une galerie d’art contemporain, il s’attend consciemment ou inconsciemment à ce que les murs soient blanc mat et que l’éclairage soit homogène. Dans le cas contraire, il aura tendance à considérer qu’il s’agit d’un dispositif scénique plus informel et ceci conditionnera son appréhension esthétique. 

C’est le contact présent qui s’établit entre l’artiste, le « White Cube » et les œuvres, puis entre les spectateurs, le « White Cube » et les œuvres, qui lui permet d’exister comme modèle.

« White Cube » au sein de la Criée : 

Ce « White Cube » perturbe face à son environnement architectural extérieur. L’espace est blanc et efface les caractéristiques architecturales du lieux existant ainsi que son histoire, son patrimoine. La charpente visible par la grande hauteur sous plafond, a été repeinte en blanc. Les fenêtres ont toutes été condamnées, seule la porte d’entrée et la sortie de secours / accès PMR sont ouvertes et laissent entrer la lumière. À l’intérieur, l’espace a été aménagé de façon à retrouver une grande pièce rectangulaire et une petite pièce cloisonnée liée par une ouverture. Aucun autre élément ne parasite cet espace blanc. Le mur est lisse, uniforme, aucune brique n’est visible à travers le blanc. Des néons blancs sont accrochés à la charpente devenue invisible.

 

Scénographie de « Mime » :

Pour la scénographie de Mime, le choix de Mathis Collins était d’accrocher ses productions sur chaque mur et laisser un espace vacant au centre. Une volonté de ne pas produire d’avantage et d’exposer ses 15 tableaux sur une palissade de rue. L’artiste ne souhaitait pas occuper le sol ni le plafond, pour garder l’esprit de l’art de rue. Afin que les visiteurs puissent observer les œuvres de loin comme de près sans être perturbés par d’autres éléments. Il souhaitait un affichage classique avec des œuvres éloignées les unes des autres afin de les mettre en valeur. Il voulait poser et retirer ses œuvres de la même façon que l’on change un décor de théâtre. Dans le but d’évoquer l’esprit de la fête foraine, du stand de tir, les tableaux sont tous placés à hauteur des yeux. Toutes ces productions sont perceptibles sur une ligne d’horizon.

En effet, les œuvres ne possèdent aucun cartel, un choix longuement discuté entre Mathis Collins et les commissaires, mais l’artiste ne voulait qu’aucun texte n’interfère avec ses œuvres, elles parlent d’elles-mêmes. Étant musicien, la question des audios pour accompagner ses œuvres s’est posée. Dans l’optique de masquer le bruit des moteurs de l’un de ses triptyques en composant une petite musique digne des fêtes foraines pour plonger les visiteurs dans son univers. Sachant que la mise en scène principale est celle du théâtre de rue, par définition faire ce que l’on peut avec ce que l’on a, afficher et coller, sans rajouter d’artifices autour de ses œuvres. Il n’y avait aucunement l’idée de faire spectacle.

Le spectateur peut apercevoir la différence entre les deux salles : la salle centrale et la petite salle distinguant les travaux du père et du fils Collins. Afin de respecter le travail du père comme celui du fils, les commissaires du centre d’art ont choisi de séparer les deux artistes. Le contraste est trop présent entre les productions. L’histoire racontée est toute aussi différente : l’usage de triptyque et de la couleur pour le fils et l’usage du noir et du blanc en tableau unique pour le père.

Mathis Collins a voulu faire reconnaître le travail de son père en décloisonnant les arts et montrer deux pratiques distinguées. Paul Collins fut invité afin d’aborder l’histoire du théâtre de rue et de l’artisanat, transmettre l’art populaire en passant par la question de transmission, un fil conducteur entre les artistes. Une seule peinture incarne la collaboration et lie les deux artistes,  qui est visible depuis les deux salles, situé en face de l’ouverture de la petite salle, où Mathis est intervenu sur une peinture de son père par une touche de couleur et la représentation d’un mime.

 

Différentes scénographies possible au sein de la Criée :

  • Scénographie qui inclut du mobilier d’exposition : 

Intégration dans l’espace de modules telles que des vitrines, des cloches ou des niches avec des feuillures ou non. Cette mise en œuvre permet aux visiteurs de pouvoir s’approcher des œuvres sans les abîmer tout en leur donnant un côté précieux.

 

Exposition « Les Horizons » – 14/03/2013 – 11/05/2014 – Scoli Acosta, Francis Alÿs, Taysir Batniji, Julien Berthier, Blaise Drummond, Larissa Fassler, Les Frères Ripoulain, Ann Veronica Janssens, Bertrand Lamarche et Józef Robakowski

Un espace blanc avec une vitrine disposée sur le côté qui permet de visualiser des œuvres. 

Les Horizons – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

Exposition “Household temple yard” – 25/09/2014 – 30/11/2014 – Gareth Moore 

Un espace avec des objets et des sculptures posés sur des socles collés contre les murs.

Household Temple Yard – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

 

  • Scénographie interactives / participatives : 

Intégration dans l’espace de zone d’échanges, de moments de partages, de convivialité et de transmission des savoirs.

 

Exposition “Art envie” – 12/09/2003 – 17/10/2003 – Marika Bührmann, Cirrus, Rozenn Nobilet et Pedro Pereira

Un espace qui comprend une zone d’échanges et de création au sol avec des coussins. 

Art envie – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

Exposition “Risk” – 19/09/2008 – 31/11/2008  – Claire Daudin, Julien Duporté, Estrella Estevez, Aline Morvan et Julien Quentin

Un espace généré par la participation d’élèves et une collaboration entre des étudiants des beaux arts et des artistes.

Risk – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

 

  • Scénographie immersive, interactive : 

Intégration dans l’espace d’une ambiance par une mise en lumière avec un filtre de couleur.

 

Exposition “Habiter” – 20/04/2007 – 31/06/2007 – Lafita Laâbissi

Un espace pour “habiter” à Rennes, un lieu qui à un potentiel de fiction et qui est habité par le public, avec une ambiance froide et de mise en lumière bleue.  

Habiter – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

Exposition “Superstars” – 22/09/2006 – 12/11/2006- Trafik

Une installation qui permet de réaliser son propre portrait, avec une ambiance sombre et une mise en lumière rouge ou noir.

SUPERSTARS – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

  • Scénographie avec un parcours intérieur et extérieur : 

Un espace qui est pensé à l’intérieur et l’extérieur, les œuvres se prolongent dedans et dehors.

 

Exposition “Devil’s Island” – 22/05/2009 –  26/07/2009 – Hubert Czerepok

Un dispositif extérieur lumineux qui invite à entrer dans un espace sombre à l’intérieur. 

Devil’s Island – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

 

Exposition “La table gronde” – 2015 – Yves Chaudouët 

Un dispositif de grande tablée divisé en 3 parties, pensée à l’intérieur et à l’extérieur.

Yves Chaudouët – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

 

-Scénographie avec un parcours multiple : 

Un espace blanc avec des œuvres frontales sont accrochés aux murs et aucun élément autre ne diffère le parcours.

 

Exposition “C’est pas grave”  –  23/06/2018 –  26/09/2018 – Vincent Gicquel

Un espace blanc avec des œuvres accrochées sur les murs. 

C’est pas grave – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

 

Exposition “Mîme– 26/09/2020 – 30/12/2020  – Mathis Collins & Paul Collins

Un espace blanc avec des œuvres frontales dans 2 salles différentes pour différencier 2 artistes.

 Mime – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

 

  • Scénographie avec un parcours unique : 

Intégration dans l’espace de cimaise ou d’éléments de décors qui influencent la direction de l’usager, une seule direction s’impose.

 

Exposition “Palaispopeye” – 07/04/2006 – 04/06/2006 – Alexandre Perigot

Un labyrinthe composé de cimaises rythme l’espace et indique le cheminement de déambulation aux spectateurs.

https://www.la-criee.org/fr/palaispopeye/ 

 

Exposition “Emmanuelle Villard” – 17/01/2002 – 01/04/2002  – Emmanuelle Villard 

Plusieurs tables sont connectées, elles imposent un sens unique de déambulation.

 

 

-Scénographie avec un parcours libre (déambulation libre) :

Intégration dans l’espace de nombreux éléments et de supports différents. Aucun marquage au sol n’indique un sens de circulation défini, l’usager est donc libre de déambuler où il souhaite.

 

Exposition ”Le plus tôt c’est deux jours mieux” – 21/10/2019 –  17/11/2019 – Seulgi Lee

Un espace avec des objets au sol et sur les murs, un mur entier a été peint en rose pastel. 

 LE PLUS TÔT C’EST DEUX JOURS MIEUX – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

Exposition “Slow season” – 13/06/2013 – 14/08/2013 – Mahony

Un espace composé de différents volumes et des photographies en noir et blanc. 

Slow Season – La Criée centre d’art contemporain (la-criee.org)

 

Le « White Cube » nous réserve encore bien des surprises. Les scénographies n’ont de cesse d’être modifié au fils des expositions pour valoriser les œuvres. Au fur et à mesure des saisons, les visiteurs se trouvent face à des espaces qui changent, qui déstabilisent leurs perceptions. Telle une page blanche qui laisse libre cours à l’imagination de chaque artiste. Ils viennent raconter sur cette page blanche leur histoire en s’appropriant l’espace tel Mathis Collins. Le « White Cube » permettrai-t-il une plus grande liberté d’expression à travers la scénographie ?

Roxane, Mélanie, Irène

Polichinelle, un personnage aux multiples facettes

mardi 9 mars 2021

Polichinelle, un personnage aux multiples facettes.

La commedia dell’arte est un genre de théâtre populaire apparu en Italie vers 1550. Ce genre théâtral se caractérise par des personnages stéréotypés et des situations burlesques. À l’exception des rôles amoureux, tous les acteurs portent des masques. Parmi ce panel de personnages, Mathis Collins choisit d’utiliser Polichinelle. Sous son nom italien Pulcinella, il est un serviteur tantôt idiot, astucieux, courageux ou poltron. Il a un caractère retors, inquiétant, un peu diabolique et magouilleur. Il aime se battre, est fanfaron, naïf et enfantin dans le langage. Il peut adopter plusieurs rôles: valet, boulanger, aubergiste, gardien de monastère, paysan, marchand, soldat, bandit, voleur. Il ne garde aucun secret, de là l’expression « un secret de Polichinelle ». Du côté de son physique, il est bossu, ventru, et difforme avec un nez crochu. Pour son costume, il a une chemise blanche, serrée dans une ceinture. Il porte également un long chapeau typique gris et un masque noir ridé et au nez crochu. Il ne se sépare jamais d’un énorme gourdin. Ce personnage n’occupe pas une grande place dans la littérature dramatique mais est beaucoup plus présent dans le théâtre de marionnettes.

 

 

Au XVIIe et XVIIIe siècle, Jean Brioché importe Polichinelle dans le monde de la marionnette. Les interdits royaux sur la parole provoquent l’émergence d’une littérature consacrée au théâtre de marionnettes, portées par des auteurs comme Fuzelier, Lesage et d’Orneval, séduits par une liberté d’expression retrouvée. En 1808, Laurent Mourguet s’inspire du théâtre italien et notamment de Polichinelle issue de la Commedia Dell’arte pour donner vie à ses personnages de marionnettes dans son théâtre, Guignol. Emblème de la ville de Lyon, Guignol est tout à la fois l’héritier des traditions du XIXe et un support vivant des traditions théâtrales du spectacle français de la marionnette. À cette époque, le théâtre de marionnettes est souvent improvisé selon l’humeur du marionnettiste et l’actualité, il remplit une fonction de gazette et se dresse de manière ludique et drôle contre les injustices que subissent le peuple. Guignol apparaît donc comme le porte-parole du peuple, prenant la place d’un Polichinelle qui laisse le public dans le courant individualiste et libertaire du Premier Empire.

 

 

On retrouve cette revendication populaire et cet engagement politique dans le travail de Mathis Collins au travers du personnage de Polichinelle qu’il utilise dans ses œuvres accompagnées de son gourdin. Dans son tableau Artiste policier danseur de corde la figure du polichinelle est représentée en équilibre tel un funambule. Cette représentation fait écho aux artistes de rue italiens de la Commedia dell’arte, qui pour éviter la censure devaient s’élever. En effet, au-delà d’une certaine hauteur la liberté de parole leur était accordée. Les comédiens ont dû s’adapter pour contourner la censure qui sévissait à cette époque.

Ainsi donc, le travail de Mathis Collins s’inscrit dans une continuité vis à vis des valeurs et de l’esthétique des personnages de la commedia dell arte. De par l’emploi de ces codes visuels qui ont su traverser le temps, Collins s’amuse à les réemployer dans un contexte politique et social actuel complexe.

 

Jeanne Hannecart, Morgane Bigot

 

 

La place du mime dans l’œuvre de Collins

jeudi 4 mars 2021

Le titre de l’exposition l’illustre bien, les mimes ont une place d’importance dans les oeuvre de Mathis Collins. L’artiste évoque par le mime le fait que les artistes de rues se sont, à travers les siècles, retrouvés confrontés à la censure. 

Collins nous raconte l’histoire des comédiens de la Renaissance, privés de parole sur scène quand seule la troupe du roi pouvait s’exprimer en français. Le mime permet de contrer cette censure, et Collins se retrouve dans le mime puisqu’il lui permet de transmettre par l’image. Il est question de la place de l’artiste dans son œuvre. Ici, l’artiste est absent. Alors, c’est le mime qui lui donne la parole. L’artiste se retrouve projeté dans l’œuvre et détourne ainsi la censure, il se synchronise à son oeuvre dans une habile mise en abîme de lui-même. 

L’expressivité des mimes se concrétise par le dessin mais aussi par ses attributs : que ce soit un gros ventre ou un nez crochu, la caricature est proéminente, instaurant une satyre à l’image de l’oeuvre de Chaplin qui se créé un personnage accessoirisé. On est alors face à des codes presque théâtraux où tout est exagéré. 

Libre à chacun d’interpréter à sa façon la présence du mime. Le premier degrés le rend risible de naïveté et de décadence comme dans les premières comédies. Même si l’artiste se base sur des opposés, comme L’artiste vs. Le policier, ce n’est pas tout blanc-tout noir, il n’y a pas forcément de gentil et de méchant. Cela peut être beaucoup plus subtile que cela, plusieurs niveaux de lecture sont envisageables et placent l’œuvre de Collins en témoin de la société humaine, de ses dérives et de ses bas instincts.

Une certaine grossièreté se dégage de ces oeuvres. Propre à l’humour en France et en Grande-Bretagne du XVIIe et XVIIIe siècle, il s’agit notamment d’une façon de renverser l’orde établi, de faire de l’art un outil de transcendance face au pouvoir et à la répression. À l’image de la cour du Roi qui jalousait le théâtre de rue pour son succès, une dénonciation des puissants est indéniable dans l’œuvre de Collins. 

-Triana et Marin

 

 

 

 

 

 

 

 

Le geste artisanal dans les oeuvres d’art de Mathis Collins

jeudi 4 mars 2021

Ci dessus : Mathis Collins,
Artiste policier contre l’art et l’artisanat (détail), 2020
tilleul et teinte à bois, 200 × 120 × 3 cm

 

Intéressons-nous plus particulièrement à la façon dont le geste artisan de Mathis Collins participe à brouiller la frontière entre arts majeurs et arts mineurs.

 

          Le geste est un mouvement du corps, révélant un état d’esprit ou visant à exprimer quelque chose. L’artisan en tant que véritable technicien du geste utilise ce dernier pour exercer un art mécanique ou un métier manuel exigeant des savoir-faire particuliers. Pendant longtemps art et artisanat ont été deux termes presque opposés : le terme “majeur” attribué à certaines formes d’art était destiné aux activités comme l’architecture, la sculpture, la musique… et l’appellation “mineur” était liée aux activités comme la joaillerie, l’ébénisterie… À l’origine ces termes étaient surtout utilisés pour définir le degré d’investissement et d’apprentissage nécessaire (supposé) pour maîtriser l’art en question. Ainsi en mélangeant travail du bois et sculpture, représentation du réel et thématiques populaires, c’est la limite entre ces deux typologies que Mathis Collins vient brouiller dans ses travaux. 

 

                                     

 

Artisan du bois ©artisanat-marocain.fr

 

          Le geste artisanal est très visible dans le travail de Mathis Collins, il s’agit d’un geste instinctif. Il dessine la scène au préalable puis il sculpte directement dans le bois en dégrossissant dans l’épaisseur et en creusant à la gouge. Le dessin se révèle alors sous ses gestes répétés. Une fois le dessin gravé, il souligne et insiste sur les détails qui lui paraissent importants en peignant et en ponçant. De ce fait, il réalise un véritable travail de technicien du bois au service d’une œuvre d’art et de son sujet. Ce type de geste du créateur est également visible dans de nombreuses oeuvres connues dans l’histoire des arts. On y retrouve des artistes comme Giacometti dont les sculptures arborent les traces de leur façonnage : ses oeuvres traduisent le geste créateur de l’artiste/artisan grâce à la fabrication des moules dans lesquels est coulé le bronze des sculptures. Les aspérités créées dans le métal par les irrégularités du moule sont volontairement visibles. Cette technique autour du moulage remonte à l’antiquité, c’est un savoir faire qui a su se transmettre de siècle en siècle tout comme le travail du bois et qui a permis à l’artiste de créer des oeuvres originales et singulières. 

 

                         

 

Mathis Collins,
zooms issus d’oeuvres diverses :
Traces de peinture, de ponçage, de gravure à la gouge et à la pointe

 

 

Alberto GIACOMETTI
Buste de Diego, 1954 bronze 26.2 x 19.2 x 10.0 cm

 

          Mathis Collins est dans une démarche d’appropriation d’un savoir-faire artisanal, celui du travail du bois, pour le réemployer dans sa propre pratique artistique et sa narration. Au delà
de la sculpture, il modèle les surfaces. Le geste raconte ici des histoires,
il ancre l’œuvre d’art dans ce qu’elle a de singulier : les traces de gouges, de pinceaux et de ponçage ajoutent à ses tableaux  une surface brute qui participe véritablement à la communication de son sujet. Cette narration du geste complète ses choix de personnages, d’histoires qu’il souhaite raconter. La mise en scène de ses peintures et de ses tableaux est induite et dépendante du geste d’artisan du bois. Ainsi on peut réellement affirmer que, même au delà des histoires racontées, tout dans son œuvre réfère aux cultures populaires. On pourrait ici comparer son travail à celui de Pierre di Sciullo qui réalise un travail à l’image d’un ancien peintre en lettres à l’heure des typographies numériques normées. Se servant de sa connaissance des signes typographiques et exploitant une dimension instinctive de la peinture Di Sciullo propose de vraies expériences graphiques dont le geste manuel assumé et visible vient appuyer la lecture de l’oeuvre. Collins et di Sciullo racontent des histoires, non seulement grâce aux images qu’ils produisent mais grâce au procédé. di Sciullo peint des mots, Collins ponçe et grave mais tout deux produisent des oeuvres. Est-ce alors un geste artisan ? Ou un geste d’artiste ? Peut-on dire qu’il s’agit des deux ?

 

 

Pierre DI SCIULLO
« Tout foutre par terre », photo de l’artiste en action

 

             

Julien RAOUT, peintre en lettres ©étapes

 

          Cet intérêt tout particulier pour les arts mineurs est propre à Mathis Collins, cela fait partie des différences notables entre son travail et le travail de son père, Paul Collins. Dans toutes ses œuvres il fait référence aux arts mineurs (théâtre de boulevard, spectacles populaires, artisanat) ce qui témoigne de sa volonté de s’intéresser à ce qui est “en marge” et de se réapproprier le geste qui va avec. La réappropriation est ici presque une revalorisation, les outils se voient et c’est volontaire. En cela on peut comparer le travail de l’artiste avec celui de Thomas Trum qui a pris le choix de montrer son appropriation de l’outil industriel : bras mécaniques et machines viennent tracer l’oeuvre d’art. Si Trum est considéré par tous comme un artiste est-il pour autant commun de qualifier un travail fait à l’outil industriel d’oeuvre d’art (au sens majeur du terme) ? Il établit un parallèle entre le monde de l’industrie et le monde de l’art tout comme Mathis Collins établit un lien entre les arts majeurs et l’artisanat. Dans leur façon d’envisager leur pratique artistique, ces deux artistes rendent leur noblesse à des procédés originaux et innovants pour Trum, et artisanaux et historiques pour Collins.

 

 

Thomas TRUM en pleine réalisation dans son atelier.
Il est équipé d’une machine industrielle de peinture pour réaliser ses aplats.

 

          L’art et l’artisanat ne sont pas opposés. Nous avons prouvé grâce à Mathis Collins et les autres artistes cités que la qualification d’une œuvre en tant que telle reposait davantage sur le geste au service de l’idée que sur la nature de ce dernier. Dans Système des Beaux-arts, Alain souligne que “la peinture naît sous le pinceau”. C’est quand l’imagination et la réalisation ne font plus qu’un et qu’outil et geste sont au service de l’idée que Mathis Collins crée de véritables œuvres d’art.

 

Laure & Lucie

La cocarde ou la Révolution d’un symbole

vendredi 5 février 2021

Mathis Collins évoque, au sein de son exposition à la Criée, divers sujets étroitement liés à une représentation politique via des œuvres qui détournent les symboles de la Révolution Française, afin d’exposer plus clairement la censure de l’État sur l’art contemporain. C’est par l’utilisation de la cocarde tricolore qu’ils ciblent les personnages de leurs œuvres et invoquent donc les couleurs de la nation française pour mieux la tourner en dérision. Cependant, en étudiant plus particulièrement la cocarde et son esthétique au sein de l’œuvre, par quels moyens lie-t-elle les œuvres entre elles ?

Ce symbole de la Révolution Française représente l’union de la nation française au XVIIIe siècle. À travers trois couleurs qui resteront celles utilisées pour le drapeau de la République Française, elle lie les citoyens comme elle va venir lier les œuvres de l’exposition Mime en se dissimulant plus ou moins dans les créations exposées. Sa forme circulaire ressemble à une cible, élément avec lequel l’artiste a clairement joué sur Stand de tir. En usant des cercles concentriques comme d’une cible à abattre, le symbole est tourné en dérision : les bicornes aux attributs apparaissants sont alors visés comme dans une fête foraine.

 

 

Il règne une certaine ambivalence dans la signification de la cocarde avec, d’un côté ce qu’elle dit et de l’autre ce qu’elle veut dire. En effet historiquement, et ce, pour la royauté, les trois couleurs de celle-ci ont des valeurs fortes : le rouge pour la puissance, le blanc synonyme de nation et de royauté et enfin le bleu la couleur de Paris. Néanmoins et ce malgré la transparence de la cocarde, un sens nouveau se dessine pour les artistes qui la dépeignent dans Artiste policier surpris par la mort. Suite à la censure de l’art par le roi Louis XIV,  elle devient un symbole de censure cachée dans un tableau par sa forme ciblant le policier artiste ou dans la bouche d’un des protagonistes de l’œuvre Artiste policier mime qui vient le faire taire. Elle rappelle aussi les cibles dispersées ici et là dans une fête, cibles sur lesquelles le peuple se défoule, comme s’il s’en prenait au Pouvoir via ce Stand de tir. Ce qui est assez paradoxal lorsque l’on pense que la majorité des artistes de cette époque sont justement financés par l’État, l’artiste se met à la place de la cible, il la critique et l’incarne aussi.

 

 

La cocarde tricolore devient donc le symbole de la République Francaise, composée des trois couleurs du drapeau actuel de la France, avec le bleu au centre, le blanc ensuite et le rouge à l’extérieur. Confectionnée en laine ou à l’aide de rubans, la cocarde tricolore est dès le début de la Révolution française le symbole du patriotisme, notion importante de la Révolution. La cocarde devient rapidement un signe d’engagement politique. Son port est rendu obligatoire pour les hommes le 8 juillet 1792, pour les femmes le 21 septembre 1793.

Les chercheurs institutionnels interrogés sur le sujet ramènent son origine au XVIIème siècle. Le Roi Soleil, Louis XIV, disposait d’un régiment de soldats croates distingués par une cocarde, faite d’une gerbe de plumes de coq portée sur leur coiffe. Par ailleurs, en étymologie, on retrouve dans le terme de cocarde le mot coq. Dès lors, les armées françaises se distingueront de plus en plus par cette cocarde, dont l’emploi est généralisé dès la guerre de succession d’Espagne au début du XVIIIème siècle. Louis Philippe la supprime pendant la Restauration, lui reconnaissant ainsi toute sa valeur politique. Elle renaît définitivement en 1830, avec les couleurs dans l’ordre bleu, blanc et rouge. La Troisième République la consacre comme emblème national et la dispose sur le bonnet phrygien de la République en 1871.

Le 21 novembre 1911, en prévision d’un futur conflit, la décision officielle est prise de faire figurer sur tous les appareils militaires français un emblème national unique. Elle devra être identifiable depuis le sol, elle sera donc placée sous les ailes des appareils. Ce n’est que dans le courant de l’année 1912 que les premiers avions français en seront ornés. La cocarde est finalement un symbole militaire, patriotique et citoyen.

 

Maëlle Picaud, Pierre Monget et Marie Dessi.