Le plus tôt c’est deux jours mieux

jeudi 29 août 2019

Intitulée LE PLUS TÔT C’EST DEUX JOURS MIEUX, d’après le proverbe breton ’N abretañ ar gwellañ (en français : Le plus tôt c’est toujours mieux), l’exposition de Seulgi Lee à La Criée centre d’art contemporain présente un ensemble d’œuvres nourries de collaborations proches ou lointaines. Elle explore la notion de trope, une figure de style entraînant un changement ou un détournement de sens. L’artiste emprunte la notion de trope à Richard Sennett1. Définissant l’artisanat au‑delà d’un savoir‑faire spécialisé, le sociologue réévalue la contribution fondamentale de celui‑ci au développement des pratiques, mais aussi des théories humaines. L’approche de Richard Sennett trouve un écho dans l’œuvre de Seulgi Lee, qui «travaille depuis quelques années en étroite collaboration avec des artisans, dans une tentative de rendre visible le lien entre l’artisanat et la culture orale »2.

Le titre est le premier trope de l’exposition : l’écart de sens est lié ici à une appréhension décalée du proverbe par l’artiste, qui joue avec humour de son rapport d’étrangeté à la langue française. On retrouve également la figure de style dans l’ensemble d’œuvres U, dont six couvertures sont présentées à La Criée. Sur celles-ci, des compositions géométriques sont réalisées dans la technique traditionnelle du Nubi, chacune figure un proverbe très usité en Corée. Deux détournements se produisent simultanément via le traitement imagé de la langue et la puissance symbolique des dessins. Ainsi, dans Même la sandale en paille trouve sa paire, qui veut dire, une âme sœur existe pour chacun·e (짚신도짝 이있다 se lit en coréen, Jip Sin Do Jjak I It Da), on peut effectivement voir deux sandales dans les ovales en tissus colorés de la couverture qui se superposent légèrement.

L’intérêt pour la transmission orale amène Seulgi Lee à s’intéresser à la culture immatérielle des régions françaises à travers leurs répertoires de chansons traditionnelles. Les deux films présentés dans l’exposition en témoignent. Le premier, intitulé DEPATTURE, proche du documentaire, recueille les chants et témoignages de chanteuses et chanteurs du Poitou, animés par leur goût pour le chant autant que par la défense de leur répertoire. Y fait écho la fiction ÎLE AUX FEMMES, tournée cet été dans le Trégor, dans laquelle deux femmes chantent et dansent dans le crépuscule qui s’épaissit.
L’exposition de Seulgi Lee à La Criée floute les frontières et opère à des glissements multiples de l’artisanat à l’art, de la transmission orale à sa fixation, de l’universel au singulier, de l’immémorial passé au fugace contemporain. L’artiste transforme La Criée par la couleur et réunit pour la première fois des couvertures de Tongyeong, des papiers chamans du mont Gyeryong ou de l’île Jéju en Corée, de la vannerie Ixcatèque du Mexique, de la poterie rifaine du Maroc ou des chants des pays de Gargantua, ponctués par deux grands stabiles en métal peint – représentations abstraites et géantes de sexes féminins. Seulgi Lee propose de plier l’espace de La Criée pour ensuite le déplier lentement afin de faire (re)sortir les lumières du crépuscule.

1 – Richard Sennett, Ce que sait la main : La culture de l’artisanat, Albin Michel, 2010
2 – Seulgi Lee, correspondance avec l’anthropologue Pierre Déléage, 17 juillet 2019

At The Gates

mardi 11 juin 2019

At the Gates met à l’honneur les voix puissantes et singulières d’artistes engagées dans les histoires sociales et la politique de l’intime. Défiant la loi et les institutions, les œuvres se font ici l’écho de la lutte pour l’émancipation des femmes et pour leur droit à disposer de leur corps. La loi Veil de 1975 en France, la révocation historique du huitième amendement de la Constitution et la légalisation de l’avortement en 2018 en Irlande, ainsi que toutes les luttes qui les ont précédées, sont parmi les sources à partir desquelles l’exposition prend corps.

Commissariat

Tessa Giblin, directrice de la Talbot Rice Gallery d’Édimbourg, avec Sophie Kaplan pour l’adaptation à La Criée centre d’art contemporain

Personne, pas même la pluie, n’a de si petites mains

mercredi 20 mars 2019

À l’inquiétude, à la démesure, aux replis qui nous traversent, à cet âge de la terre accéléré, précipité, la nouvelle exposition collective de La Criée centre d’art contemporain répond en proposant une pause, une suspension. Elle le fait avec la candeur oublieuse promise par le jour qui se lève.

Son titre, Personne, pas même la pluie, n’a de si petites mains, est le dernier vers d’un célèbre poème d’amour du poète et peintre américain e. e. cummings, écrit en 1931.

Rassemblant des œuvres qui se caractérisent par une attention à l’invisible, au fugace, Personne, pas même la pluie, n’a de si petites mains oppose à la fureur tapageuse de nos quotidiens la beauté fragile de ce qui pousse et bat lentement.

Comme le poète, qui floute les frontières entre l’humain et la nature en personnifiant la pluie, les œuvres de cette exposition se situent au point de jonction entre artefacts naturels et objets fabriqués, entre sensation et sentiment.

Comme le poète, qui prête des mains à la pluie et inversement, les œuvres rassemblées ici interrogent une distance – au temps, à l’espace, au présent – qui, se mesurant, se réduit ou du moins s’apprivoise.

Comme le poète, qui aime, l’exposition se veut le reflet d’une tendresse, sinon d’un éblouissement.

Et demain nous retournerons au feu.

La forme d’une vague à l’intérieur d’une vague

lundi 14 janvier 2019

Pour sa première exposition personnelle dans un centre d’art en France, l’artiste californien David Horvitz propose une variation et un échange autour de nos perceptions du temps et de l’espace.
Son travail prend forme dans des médias variés, que ceux-ci soient matériels (photographies, livres, performances, sculptures) ou immatériels (interventions sur le web, récits, rumeurs). Héritier des romantiques autant que des conceptuels, il pratique un art du jeu, de la surprise, du rhizome et de la circulation.

À La Criée, David Horvitz choisit un élément de la culture immatérielle bretonne comme matière première de l’œuvre centrale de l’exposition : Berceuse pour un paysage est une installation de quarante cloches tubulaires en laiton, suspendus à la charpente du bâtiment, qui composent les quarante notes de la mélodie traditionnelle Luskellerez Vor (Berceuse de la Mer). Les cloches sont activés à deux occasions par des musiciens professionnels, lors de performances. Le reste du temps, c’est à chaque visiteur de les mettre en musique et d’en proposer une interprétation, à son rythme autant qu’à sa mesure.

La place du·de la visiteur·se est centrale pour David Horvitz, qui se plaît à créer un rapport d’échange avec lui·elle et à l’inclure dans le processus de son œuvre. Ainsi, pour toi, nuage, pluie, rivière, source, mer, océan, lac, neige, rosée, glace, buée, onde, le·la spectateur·rice est invité·e à utiliser librement les tampons encreurs posés sur une table, à proximité d’un tas de feuilles, puis à repartir avec sa composition. De même avec Nostalgia (15 000 photographies numériques, supprimées à La Criée à Rennes, France, entre le 18 janvier et le 10 mars 2019), un diaporama de quinze-mille images issues des archives photographiques de l’artiste. Un programme informatique diffuse chacune d’elle puis la supprime définitivement : nous sommes les seuls à la voir à cet instant et les seuls à la voir disparaître.

Issu d’une pratique nomade, simple et quotidienne, l’art de David Horvitz est également un art du déplacement. Carte de Bretagne un mercredi est un bouquet composé des mêmes fleurs, provenant de différents lieux – électifs – de Bretagne, mais collectées le même jour. Les affiches de Propositions pour horloges sont dispersées dans la ville, s’offrant subrepticement au regard des passants. Temps et espace s’entrecroisent ainsi pour créer une géopoétique, où la subjectivité de l’artiste se mêle à nos imaginaires.

Il y a chez David Horvitz une joie et une simplicité à vivre et à œuvrer, à modeler des idées autant que des formes, à flouter les limites entre art et vie, temps et espace, qui relèvent de l’évidence. De l’échappée aussi.

A cris ouverts – Siham & Hafida

mercredi 12 septembre 2018

Dans le cadre de la 6e édition de la biennale des Ateliers de Rennes, intitulée A cris ouverts, La Criée présente l’exposition Siham & Hafida de Meriem Bennani (du 29 septembre au 2 décembre 2018)

Depuis New York, où elle vit depuis plusieurs années, Meriem Bennani remet en scène les images et clichés véhiculés sur la culture de son pays d’origine, le Maroc, s’intéressant principalement à la place des femmes et au détournement qu’elles opèrent des coutumes musicales ou vestimentaires. Célèbres au Maroc, Siham et Hafida ne s’étaient jamais rencontrées avant que Meriem Bennani ne décide d’en faire les deux protagonistes de son film (2017). Hafida, la plus âgée, est une chickha consacrée, une chanteuse populaire s’inscrivant dans la tradition orale de l’Aïta. Ce style musical aux paroles irrévérencieuses à l’égard de la société coloniale établie au Maroc à la fin du 19e siècle accompagnait habituellement la tenue d’événements importants et constituait un appel à l’émancipation. Aujourd’hui, cette tradition perdure mais à travers de nouvelles figures, comme la jeune Siham, dont les performances sont largement informées par Internet et relayées sur les réseaux sociaux. À la manière d’un docu-fiction, Meriem Bennani filme Siham et Hafida dans leurs singularités et divergences, interrogeant à leurs côtés, la mutation des traditions locales et de leurs modes de transmission à l’aune de la mondialisation. Dans l’espace de la Criée, le film éclate en une multitude de projections au sein desquelles la narration se diffracte et s’amuse parfois de l’apparition d’effets d’animation ; ici un crabe, là un papillon qui viennent chatouiller les convictions des deux protagonistes.

Découvrez la programmation et les autres lieux de la biennale A cris ouverts des Ateliers de Rennes.

 

 

 

C’est pas grave

lundi 18 juin 2018

La Criée centre d’art contemporain invite Vincent Gicquel pour sa première exposition personnelle dans un centre d’art. L’artiste réalise pour l’occasion une série inédite de grandes aquarelles.
C’est pas grave est produite par La Criée centre d’art contemporain en parallèle de l’exposition Debout ! de la Collection Pinault à Rennes, où l’artiste présente de nouvelles peintures.

Si la peinture coule dans les veines de Vincent Gicquel, comme l’artiste se plaît à le dire, la pratique du dessin lui est également chevillée au corps. Travailleur infatigable, le dessin, le plus souvent à l’aquarelle, est pour lui tour à tour étude préparatoire, exutoire momentané des ratés et autres impasses où la peinture le mène parfois, idée arrivée soudainement et jetée dans l’urgence, idée ruminée longuement et passée ici à tabac du trait, etc.
Dans la série de grandes aquarelles imaginées pour La Criée, Vincent Gicquel reprend et développe ses sujets de prédilections, à la fois sujets de peintre et sujets d’Homme : place du motif décoratif dans la peinture, place de la figure dans la composition, place tragico‑comique, misérable et risible, mais aussi et par là-même jubilatoire, de l’Homme dans la société et dans le monde : Ecce Homo.
En prolongement de sa peinture, les aquarelles de Vincent Gicquel permettent de prendre la mesure de l’extrême urgence à vivre et à peindre de l’artiste, observateur écorché et amusé de la comédie humaine, condensée ici dans son expression la plus nue.

Sculpter, faire à l’atelier

mercredi 7 mars 2018

« C’est une belle idée de donner la parole à la main »
Hugues Reip

Le Musée des beaux-arts, le Frac Bretagne et La Criée centre d’art contemporain s’associent pour proposer une exposition collective sur la sculpture depuis les années 80 en France.
Le faire et l’atelier sont au cœur de la problématique de cette manifestation, qui dessine les filiations, remises en jeux et extensions opérant d’une génération ou d’un contexte à l’autre, à travers les œuvres d’une soixantaine d’artistes français ou vivant en France.

Sculpter (faire à l’atelier) présente l’atelier du sculpteur comme le lieu du faire, mais également comme celui de la pensée, de l’expérimentation et de la recherche. Les artistes font feu de tout bois : ils utilisent aussi bien la pâte à modeler que le granit, le plastique que le végétal, des matériaux bruts autant que manufacturés, le geste aussi bien que le produit du geste, le corps, etc. Une place importante est ainsi accordée à la matière première qu’elle soit assemblée, déformée, composée ou recyclée. À l’atelier, on fabrique : parmi les artistes invités certains maîtrisent seuls la réalisation de leur œuvre, en s’appuyant parfois exclusivement sur la maîtrise d’une technique traditionnelle ou artisanale – le faire se revendique alors savoir-faire –, d’autres préfèrent s’entourer d’experts issus parfois du hors-champs de l’art pour réaliser leurs œuvres.

Sculpter (faire à l’atelier) se veut une exposition sans barrière ni de génération ni de matériaux ni de techniques, non plus que de « style ». Pour rendre compte de cette volonté, elle est conçue sans discontinuité entre les trois lieux et sans séparation ni cimaise à l’intérieur des salles ; elle privilégie donc la circulation d’œuvre en œuvre par capillarité plutôt que par thématiques ou générations. De ces proximités, naîtront, nous l’espérons, le même type d’accidents et autres miracles que ceux qui surviennent dans l’espace de l’atelier.

Alors que j’écoutais moi aussi Simon, Zin, Virginie, etc

jeudi 14 décembre 2017

Alors que j’écoutais moi aussi David, Eleanor, Mariana, David, Jean, Mark, Genk, Daphne, Pierre, Shima, Simon, Zin, Christian et Virginie est la dernière exposition du cycle de La Criée centre d’art contemporain autour du récit.
Elle est la face B, le miroir légèrement déformé de la première exposition du cycle, qui présentait quasiment les mêmes artistes, exceptions faites de Daphne Oram, qui succède à Delia Derbyshire et de Christian Xatrec, proche de Jean Dupuy.
Des histoires sont arrivées aux oeuvres présentées dans la première exposition, qui les ont parfois transformées, parfois projetées dans le passé, dans le futur, dans les nuages même… et toujours épaissies.
Ainsi, certaines oeuvres sont simplement retournées et laissent apparaître leur face habituellement cachée : après avoir vu les rectos des cartes postales d’Eleanor Antin, nous en découvrons les versos et donc certains des destinataires auxquels ces cartes avaient été adressées.
L’exposition se compose par ailleurs de différentes archives, pour la plupart inédites, et pose ainsi la question de la pérennité de l’oeuvre par la trace, par ses marges aussi. Ainsi, après avoir écouté Delia Derbyshire, c’est une autre pionnière de la musique électronique, Daphne Oram, dont on peut découvrir quelques morceaux, partitions et projets ; après avoir présenté un ensemble d’oeuvres réalisées par Jean Dupuy à partir du souvenir de performances dont il fut acteur et initiateur dans le New York des années 80, sont présentées les affiches, de la main de l’artiste, qui annonçaient ces mêmes performances : back and forward donc. De David Antin, on découvre les archives du projet des Skypoems : deux poèmes écrits dans le ciel par des avions fumigènes publicitaires, dont chaque vers était écrit sur une distance d’environ un kilomètre et demi. Quant à David Horvitz, après avoir interrogé la connivence entre l’eau des nuages et celle des robinets, il rassemble ici un certain nombre d’indices témoignant du potentiel artistique de l’océan.
L’exposition prolonge également les rencontres entre destins individuels, histoire de l’art et histoire. Après avoir présenté des catalogues de musées découpés, Mariana Castillo Deball nous raconte ici, à travers l’histoire d’un (autre) livre, le difficile passage (ou rapt) de culture entre colonisateurs et colonisés ; 10 ans après sa première aventure en canoë, qui nous avait emmené à la recherche de l’okapi, Simon Starling nous propose quant à lui, dans une toute nouvelle vidéo, de tenter de traverser la Mer Morte, d’Israël en Jordanie.
Certains artistes ajoutent un nouveau chapitre aux histoires qu’ils avaient commencé l’hiver dernier : relisant une pièce de Ray Bradbury, Virginie Yassef nous en présente les premiers personnages, après nous en avoir laissé deviner le décor ; Zin Taylor nous dévoile ce qu’il est arrivé depuis un an aux figures et formes qu’il avait dessiné sur les murs du centre d’art ; gerlach en koop proposent de nouveaux Pillow Objects dont les formes et les sens découlent de celui exposé l’hiver dernier ; et l’on suit avec jubilation Shimabuku dans la suite de ses aventures avec les pieuvres.
Enfin, avec Mark Geffriaud, Christian Xatrec et Pierre Paulin, la question est à nouveau posée et toujours ouverte : est-ce qu’une oeuvre peut vivre seulement par les récits qu’on en fait ?
Pour renforcer et interroger cet effet de répétition dans les oeuvres, les oeuvres de chaque artiste sont placées aux mêmes endroits ou presque que dans la première exposition.
Avec Alors que j’écoutais moi aussi […], nous vous proposons donc de faire avec nous ce rêve étrange et pénétrant d’une exposition qui ne serait jamais ni tout à fait la même ni tout à fait une autre.
Et de nous demander : qu’est-ce qui varie d’une exposition, d’un récit, d’une oeuvre à l’autre? En quoi l’oeuvre d’art est-elle une variation, une traduction, une transmission, une attitude ?

Sibyl Sybil

mardi 13 juin 2017

« Chère Marion,
Je n’arrête pas d’effacer ce que je viens
d’enregistrer, sans l’écouter, en recommençant
rien qu’avec le souvenir de ce que je viens
d’effacer.
J’ai du mal à décrire l’exposition ou ses œuvres.
J’ai du mal à les faire entrer dans l’espace du
langage de cette manière là, à cet endroit là.
Je préfère vous raconter autre chose. Je préfère
vous parler du titre par exemple. La sibylle est
une figure de la mythologie grecque. C’est une
prophétesse, dont les prédictions sont écrites
sous forme énigmatique sur des feuilles de chêne,
qui sont ensuite dispersées par le vent. Héraclite
parle de sa « bouche délirante ». Virgile décrit
les « cent portes immenses » de sa demeure qui
« s’ouvrent spontanément et lancent dans les airs
les réponses » de la sibylle.
Je voulais accrocher cette exposition à un
nom comme on accroche un manteau à un
portemanteau. Je voulais que ce nom soit celui
d’une figure et la figure qui m’est venue à l’esprit
fut celle de la sibylle. Il y en a en fait plusieurs.
Je pourrai vous décrire les oeuvres en cours.
Je pourrai vous dire qu’il y aura une vidéo, des
images, des objets, mais aussi des marques et
des traces au mur, au sol, aux fenêtres ou aux
portes. Et que je montrerai aussi des collections,
des collections de choses que je croise et que je
récolte, et qui prennent domicile dans mon atelier,
et servent de jalons à mes pensées.
Mais je préfère continuer à parler de la sibylle.
J’aime l’idée d’un texte qui est reçu, capté. J’aime
l’idée d’un texte en fragments dispersés. Il y a
une passivité dans ce qu’on appelle le processus
créatif. Une réceptivité qui permet de recevoir ou
de rencontrer une phrase, une forme, une idée.
Une chose aveugle, à tâtons de sa forme. »
Julien Bismuth, mai 2017