Remise en jeu

lundi 19 septembre 2016

Dans le cadre d’un partenariat inédit avec l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), La Criée invite l’artiste Clémence Estève aÌ€ développer un projet de création autour du chantier de fouilles de l’Hôtel Dieu, ilôt de la Cochardière aÌ€ Rennes, en lien avec l’école élémentaire Torigné.

Depuis 2008, La Criée – Ville de Rennes produit des résidences d’artistes dans des écoles primaires rennaises, avec le soutien de la DRAC Bretagne et de la Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale d’Ille-et-Vilaine. La résidence d’artiste en école est développée dans la perspective de soutenir la recherche, l’expérimentation, la production d’œuvres et d’inscrire durablement des projets d’éducation artistique et culturelle au cÅ“ur des quartiers rennais. Pour la première fois, La Criée s’associe aÌ€ l’Inrap proposant ainsi aÌ€ un artiste de travailler aÌ€ partir du contexte spécifique d’un chantier de fouilles et d’une école, en lien avec sa pratique artistique.

La fouille du site gallo-romain de l’Hôtel Dieu offre l’opportunité d’étudier l’évolution d’un quartier de la ville antique dans un secteur jusqu’alors archéologiquement méconnu : la partie nord de Condate (Rennes), fondée vers 10 avant notre ère.

Pour sa résidence sur le chantier et aÌ€ l’école Torigné, la jeune artiste rennaise Clémence Estève a imaginé le projet « Remise en jeu ». Celui-ci s’inspire de récits archéologiques qui ont mis en lumière les écarts d’interprétation possibles entre les utilisations et fonctions réelles des objets découverts et les hypothèses soulevées par les archéologues. L’artiste propose de questionner cette notion d’erreur avec les élèves, en les invitant aÌ€ créer des « éléments parasites » pouvant donner lieu aÌ€ diverses lectures ou interprétations du chantier de fouilles de l’hôtel Dieu.

En associant art et archéologie, ce projet cherche à lier compréhension du monde et des hommes, et développement de la créativité pour chaque enfant. Il offre l’opportunité de croiser les disciplines de recherche, de révéler la singularité et peut être la porosité des langages scientifiques et artistiques.

Ce projet comprend des visites du chantier de fouilles et aÌ€ la Criée, des ateliers de recherche et de pratique avec l’artiste et des rencontres avec les archéologues et professionnels de l’Inrap. Il donnera lieu aÌ€ une restitution prenant la forme d’une exposition aÌ€ l’Hôtel Pasteur du 6 au 23 avril 2017.

Incorporated!

mercredi 14 septembre 2016

Incorporated ! est le titre de la 5e édition des Ateliers de Rennes – biennale d’art contemporain. Il signifie en anglais « incorporé » ou intégré. Les 29 artistes réunis dans cette grande exposition travaillent sur des Å“uvres diverses dans leurs formes : peintures, sculptures, installations… mais ils ont tous en commun le désir de partager de façon sensible leur rapport aÌ€ notre monde d’aujourd’hui envahi par l’économie.
François Piron est le commissaire d’exposition de cette 5e édition des Ateliers de Rennes. Un accent particulier est mis sur la production d’œuvres nouvelles et l’exposition d’ensembles importants, aÌ€ caractère rétrospectifs ou réalisés spécialement. Il a également souhaité développer un projet artistique d’envergure, sous la forme d’un parcours dense d’expositions définies en complicité et partenariat avec les lieux et acteurs invités aÌ€ participer. Dix structures sont ainsi associées aÌ€ la biennale aÌ€ Rennes, auxquelles s’ajoutent deux lieux en Bretagne (aÌ€ Brest et Saint-Brieuc).

L’exposition de La Criée réunit cinq artistes qui tous entretiennent une relation à l’ici et l’ailleurs. Ismaïl Bahri, Karolina Krasouli, Jean-Marie Perdrix, Lucy Skaer, Darielle Tillon présentent de nouvelles productions qui ont en commun le rapport à l’origine, au voyage, à la migration. Ces artistes sont producteurs de gestes autant que de formes. Ils observent ce qui émerge des matériaux qu’ils transforment avec insistance. Tous inscrivent leur travail dans l’espace et le temps vécu en s’inspirant d’éléments biographiques.

Lichens Never Lie (Les lichens ne mentent jamais)

jeudi 9 juin 2016

Lichens Never Lie (Les lichens ne mentent jamais) est la première exposition personnelle hors de la péninsule ibérique de la jeune lisboète Joana Escoval.

Ses œuvres résultent de gestes minimaux et sont en général composées par assemblage de matériaux bruts (chevrons, tiges de cuivres, terre cuite…) et/ou collectés dans la nature (feuilles, coquillages, pierres, arbres entiers parfois).

L’artiste présente un ensemble d’Å“uvres pour la plupart inédites construit autour de l’idée de passage, de transition, de contagion : d’un état aÌ€ un autre, d’une croyance ou d’un savoir aÌ€ un-e autre, d’une culture aÌ€ une autre, etc.

Joana Escoval porte une attention particulière aux lieux dans lequel ses œuvres prennent place, ainsi qu’aux flux visibles ou invisibles qui les traversent et qui font partie intégrante de ses propositions. Son exposition à La Criée prend autant en compte la spécificité de ses espaces que le chemin de la lumière estivale et de l’air qui les parcourent.

Les formes de Joana Escoval sont à la fois suffisamment suggestives pour que notre pensée s’y accroche et s’y déploie aisément et suffisamment flottantes pour qu’elle puisse ensuite y vagabonder : des œuvres ouvertes pour des pensées sauvages en quelque sorte.

L’Épais Réel

mercredi 18 novembre 2015

Bas Jan Ader, Dominique Blais, Katinka Bock, Simon Faithfull, Nicolas Floc’h, Ellie Ga, Giovanni Giaretta / Renato Leotta, Július Koller, Helen Mirra, Abraham Poincheval, Thomas Salvador, Jessica Warboys, Guido van der Werve

L’exposition collective L’Épais Réel s’intéresse aux rapports qu’entretiennent les artistes avec la force des éléments et la tangibilité du monde. Elle interroge la nécessité de s’enfoncer dans l’épaisseur des choses pour qu’émerge une œuvre ; le désir de basculement de l’immobilité à l’action. Regroupant des traversées mouvementées et des voyages immobiles, elle questionne la place de l’expérience sensible.

Plonger ou ne pas plonger ? Comment l’artiste entre en contact avec les choses, avec quelle énergie, quel courage ? En quoi la volonté est-elle un moyen artistique et comment l’expérience est-elle porteuse de forme ? Quelle est la place de l’épreuve, du danger ?

Bas Jan Ader est un point d’ancrage et d’inspiration de l’exposition. Artiste emblématique, disparu en mer dans l’accomplissement de son œuvre, sa manière de chercher une forme dans la confrontation de son corps avec la matérialité du monde trouve dans les œuvres présentées des échos différenciés.

Deux pôles aimantent les travaux présentés, qui mettent graduellement en question la présence de l’artiste.

Le premier est constitué d’œuvres dans lesquelles l’artiste met directement son corps à l’épreuve des éléments. En dépit de leur paradoxale et apparente fluidité, les œuvres de Thomas Salvador et Guido Van der Werve relèvent d’un vrai défi, sinon d’un danger. Le film de Giovanni Giaretta et Renato Leotta joue de la disparition ; ceux de Nicolas Floc’h et de Bas Jan Ader de la résistance. D’autres artistes, comme Abraham Poincheval ou Simon Faithfull, repoussent les frontières de l’impossible pour aller marcher au-dessus des nuages ou au fond des mers.

Július Koller est un centre de gravité de l’exposition. Par ses anti-performances, il provoque des situations minimales. La photographie qui en résulte propose des énigmes irrésolues qui replacent le geste artistique et la présence de l’artiste à une sorte de point de départ.

Le second pôle est constitué d’œuvres-traces ou résultant d’un processus. On y trouve les sténopés d’Ellie Ga, qui a résidé sur un navire pris dans les glaces et la nuit polaire. Ceux-ci introduisent dans l’exposition un présent silencieux où les noirs donnent aÌ€ voir l’épaisseur de l’air autour d’elle. Les empreintes d’Helen Mirra, artiste qui marche, attestent d’une relation cherchée avec le fil des heures. Les toiles maritimes et processuelles de Jessica Warboys éprouvent la picturalité de la mer. Le film de Katinka Bock sonde la densité de l’eau et questionne la disparition de l’objet. La pièce sonore de Dominique Blais, parti au Svalbard pour récolter des fréquences radio naturelles gomme en quelque sorte le souvenir de sa présence, pour rendre audible le son d’un paysage polaire. L’expérience du réel imprime ici, littéralement autant que métaphoriquement les artistes et les Å“uvres rapportées.

C’est en tous ces endroits que l’exposition se pose : dans la fragilité d’une renverse, sur le fil d’une incertitude qui devient geste, là où le centre de gravité dérape et marque le réel, volontairement et pour faire sens.

 

They watched us for a very long time

mercredi 23 septembre 2015

Pour la première exposition de sa saison Fendre les Flots, La Criée présente They Watched Us For a Very Long Time de l’artiste Runo Lagomarsino. Né en 1977 aÌ€ Lund, en Suède, de parents émigrés argentins d’origines italienne et espagnole, l’artiste vit et travaille aujourd’hui entre Malmö en Suède et Sao Paulo au Brésil. Ces multiples traversées atlantiques, aÌ€ la fois racines familiales et parcours personnel, sont fondatrices de sa pratique. Par le biais de sculptures, d’installations ou encore de vidéos, Runo Lagomarsino explore les constructions identitaires et la permanence de l’héritage colonial dans notre monde globalisé. Son travail a été présenté entre 2012 et 2015 lors d’expositions individuelles ou collectives en Suède, aÌ€ Copenhague, aÌ€ Sao Paulo, Stockholm, aÌ€ la 56e biennale de Venise et au musée Guggenheim aÌ€ New York. Son exposition aÌ€ La Criée aborde en particulier la question du point de vue, du langage, la construction de l’Histoire (individuelle ou collective) et de ses représentations, au travers de symboles ou de figures, comme celle de l’explorateur Christophe Colomb.

La table gronde

mercredi 29 juillet 2015

Le principe originel de la Table ronde était de pouvoir se réunir en évacuant le principe même de préséance, le « risque » d’une présidence. Yves Chaudouët part de cette utopie pour installer à La Criée une table ronde si grande – quarante mètres de circonférence – qu’elle ne peut entrer toute entière dans l’espace du centre d’art.

La partie centrale de La table gronde – c’est son titre – est installée à La Criée. Les deux autres parties de la table se retrouvent, demi-lunes satellites, Au bout du plongeoir à Thorigné-Fouillard et au Théâtre de Poche à Hédé. Activées régulièrement, elles se fondent dans le paysage et se confondent au temps qui passe et qu’il fait, ainsi La table gronde dans le paysage !

Que ses morceaux soient en ville ou à la campagne, La table gronde est une invitation à s’y asseoir, à s’y mettre : pour échanger, feuilleter, faire, contempler, ou écouter, etc. Son plateau n’est pas qu’un clin d’œil au spectacle vivant : se transformant à l’occasion en scène nomade, il porte réellement des acteurs, des orateurs, des musiciens.

À La Criée, autour de la table, sont accrochées des peintures sur bois de 40 x 40 cm. Ces tableaux sont des portraits de personnes qui ont posé une ou plusieurs fois pour l’artiste. Partiellement effacés et repris à chaque séance de pose, palimpsestes du temps sur les visages, ces portraits vont et viennent, mobiles, transportables, de passage.

Dans les autres salles du centre d’art, Yves Chaudouët présente deux films inédits : une fiction qui raconte la quête d’un artiste-saumon – interprété par l’acteur Yann Boudaud – à la recherche d’une source perdue  ; un film en 3D qui prolonge les propos des tableaux et de la fiction en égrenant des portraits filmés, sonorisés par la voix du même Yann Boudaud en train de lire des passages de la dernière parution de l’artiste*.

L’exposition La table gronde est une invitation à se demander qui est l’autre : l’autre peint, l’autre filmé, l’autre dit, l’autre lointain, l’autre présent. Il y est question de nomadisme, de donnant-donnant, de jardinage sur le terrain de l’art.
Se demander aussi : comment (va) l’autre  ?