Archive de décembre 2021

Sensible – court métrage

jeudi 23 décembre 2021

Sensible interroge les interactions entre humain et non humain. Dans l’exposition « Molusma », le criquet survie dans un environnement privilégié. L’homme prend conscience du temps naturel de chaque chose. Le paysage évolue sous son influence. Les cannettes se confondent aux cailloux, pendant que la patiente moisissure colonise les algues.

Le cadre précise et dévoile l’enfermement dans la même démarche que Mommy de Xavier Nolan où le cadrage se rétrécie pour signifier une extension de liberté.

Les petits criquets regardent avec étonnement cette agitation. Lors de cette rencontre, l’un prend conscience de sa folle démiurgie pendant que l’autre survie jusqu’à la prochaine exposition.

ENTRE TERRE ET MER

jeudi 23 décembre 2021

COMMENT LA RÉCUPÉRATION DES DÉCHETS LOCAUX, PEUT-ELLE FAIRE OEUVRE ?

À la Criée est exposée l’oeuvre  Molusma d’Elvia Teotski.

« Molusma », qui signifie la tâche ou la souillure, consiste en l’étude de l’impact des déchets sur les fonds marins. 

L’artiste Elvia Teotski dans son exposition Molusma a pour but de revaloriser ce nom en ré-employant, elle-même, des déchets. Elle travaille les matériaux sous forme expérimentale. 

Ici, les déchets sont utilisés dans leur forme d’origine, ils ne sont pas transformés ou modifiés avant leur réemploi. L’exposition est composée d’arcs fabriqués à l’aide d’adobes, et également de moulures d’algues en plâtre. Ces adobes, elles, sont composées de déchets, notamment de terre de récupération de chantier et d’algues de récupération du littoral. On retrouve donc une analogie entre terre et mer.

La terre des adobes provient de deux zones différentes. La terre blanche est issue de Marseille et la terre plus orangée de Bretagne. Elles proviennent des chantiers de construction. En effet, c’est sur ces zones qu’il y la plus grande quantité de déchets à exploiter, notamment à Rennes.

Quant aux algues, elles proviennent du littoral. Régulièrement ramassées par les villes, surtout à l’approche de l’été, ces tonnes d’algues sont ensuite inexploitées. C’est à cause de ces marées vertes que cette artiste a voulu travailler avec ce matériau.

Photographies de l’exposition :

         Adobes, briques, moules, briquet, algues.

C’est la ville de Quiberon qui a accepté qu’Elvia Teotski récupère ces déchets. Durant le ramassage des déchets plastiques ont été retrouvés, comme par exemple un briquet, tuyaux de chantier, bâtons de bois flottés, lunette de soleil. Mais aussi des déchets naturels comme des moules, coquillages et huîtres. Elle a choisi d’intégrer tous ces éléments dans la construction comme matériaux de fabrication.

L’artiste revalorise ce que nous considérons comme des déchets pour leur donner une valeur plastique, mais également pour une question écologique afin de montrer une façon de réutiliser des déchets. 

Avant d’être déchet, ces matériaux sont avant tout un objet que nous utilisons pour leurs qualités et leurs caractéristiques. Ce qui fait d’eux des déchets c’est simplement le fait que l’homme n’en ai plus l’utilité. 

Nous pouvons comparer cette œuvre aux œuvres de Sue Webster et Tim Noble. Ils sont un couple d’artistes britannique et réalisent des « sculptures-ombres». Elles sont réalisées à base d’objets mis au rebut et de déchets en tous genres. Ces objets sont ensuite éclairés pour former des ombres-portraits sur les parois environnantes.

Ilona Janet et Pauline Balleroy

L’impact de la scénographie sur le comportement de l’usager

jeudi 23 décembre 2021

Comment la scénographie impact-elle le comportement et la gestuelle de l’usager dans une exposition ?

Tout d’abord, la médiation présentée lors de l’exposition d’Elvia Teotski  intitulé « Molusma » à la Criée permet aux usagers d’arborer une liberté de mouvement. Cette liberté donnée à l’usager permet de découvrir sans contrainte l’exposition et son message. En effet, dès l’arrivé du visiteur, il est invité à découvrir librement l’exposition. 

(suite…)

Les conséquences du vivant sur l’environnement « exposition »

jeudi 23 décembre 2021

 

          Le vivant. Elvia Teotski questionne cette notion sous ses différents aspects au sein d’une exposition intitulée « Molusma ». 

Du grec, « tâche », « souillure » le terme fut proposé dans les années 1960 par le biologiste marin Maurice Fontaine afin de désigner l’ère géologique actuelle, marquée par la production des déchets. Cependant, le terme fut délaissé en faveur de la notion d’anthropocène. Elvia Teotski cherche donc à rendre compte de l’impact qu’entraîne la production de déchets en faisant intervenir le vivant, principal acteur dans ce processus. Pour illustrer la notion de « vivant », Elvia Teotski introduit des vivant d’ordre végétal, animal mais aussi alimentaire. Tous ces vivant aux rythmes de vie divers, entraînent, de ce fait, des conséquences observables modifiant la perception de l’exposition dans le temps et l’espace. Les réalisations d’Elvia Teotski aux tons marrons et verts contrastent avec la pièce d’un blanc éclatant dans laquelle ils sont exposés.

 

          Plusieurs espèces, macroscopiques comme microscopiques, habitent l’exposition Molusma. A commencer par les criquets. Initialement au nombre de 400, ces derniers ont été récupérés dans des élevages leur étant réservés. Ils ont été choisis par Elvia Teotski, comme point d’accroche à la thématique qu’explore l’artiste : l’agriculture intensive. En ce sens, riches en protéine, ils représentent une alternative (notamment pour les cultures asiatiques) à ces méthodes de production irraisonnées. Les conditions de l’exposition ont alors été repensées en leur faveur : augmentation de la température, installation de voilage à l’entrée et apport régulier de nourriture (pommes et salades) en provenance du marché de la Criée. 

Aussi, les criquets peuvent se déplacer librement dans toute l’exposition. Les visiteurs les trouveront plus particulièrement sur les différentes voûtes construites par l’artiste. Celles-ci sont composées de terre, de Marseille ou de Bretagne, et d’algues. La terre abrite de nombreux micro-organismes, qui interagissent avec le milieu, tandis que les algues sont à elles-seules des organismes vivants. La cohabitation entre ces deux éléments n’est pas anodine. Elle illustre la trace humaine et conte l’histoire de l’agriculture intensive. Cette dernière prend racine dans la terre et s’immisce par infiltration dans les nappes phréatiques, puis dans la mer. On observe alors une prolifération d’algues vertes, sur les plages. 

          L’exposition Molusma, donc richement habitée, a depuis son ouverture fortement évolué. Parmi les 400 criquets à l’origine introduits dans cet écosystème, plus des 3⁄4 sont morts. Il est néanmoins possible de voir les plus résistants se déplacer et se nourrir. 

Pommes et salades sont quotidiennement grignotées, même si, fréquemment remplacées. Le papier azyme et les encres alimentaires de Sans fin font aussi le bonheur gustatif de ces insectes. En outre, les feuilles de cette production sont altérées par l’humidité. Ce climat constitue un élément clef de l’exposition et notamment de l’oeuvre expérimentale, Le reste des vagues, sur laquelle apparait au cours du temps de la moisissure. ll participe en sus à l’évolution des voûtes. Celles-ci s’effritent et se craquellent, également à force d’être escalader et traverser par les criquets. Chaque structure présente alors une trace du temps différente qui dépend aussi de sa terre d’origine (Marseille ou Bretagne). Une fine poudre au sol témoigne de ce phénomène.

 

          Vous l’aurez donc compris, si vous vous êtes rendu à cette exposition dès le 25 septembre, vous n’avez sûrement pas vu la même chose que quelqu’un qui y est allé trois semaines après. L’exposition d’Elvia Teotski est une exposition évolutive au fil des jours, on peut même la qualifier d’éphémère. Les êtres vivants y naissent, se développent, y meurent, nous pouvons voir leur cycle de vie, là, ici, à La Criée. De plus, les criquets ont un rôle important dans l’exposition, pour la plupart, ils permettent de trouver des réponses dans l’intuitif, l’erreur, le hasard ou encore l’insoupçonné face aux différents phénomènes qui sont générés pendant l’exposition en raison de différents facteurs (humidité, moisissure).

Plusieurs autres expositions ont eu lieu, avec l’envie de faire apparaître du vivant et mettre en lumière les innombrables cycles de la matière vivante. Parmi elles, nous pouvons citer: Times in collapse de Nicolas Lamas, 23.01.20 – 29.08.21, CCCOD Tours, La fabrique du vivant, 20.02.19 – 15.04.19, Centre Pompidou, Paris, Toiles d’araignées, Tomás Saraceno, 17.10.18 – 06.01.19, Palais de Tokyo, Paris. Pour les curieux, l’exposition Vivants parmi le vivant, est visible actuellement à la Cité des sciences et de l’industrie, Paris.

 

 

De Salomé Vanneste-Bendelé, Tuanga Eden Wankana et Solène Hémart

 

 

 

 

 

Exposer le vivant

jeudi 23 décembre 2021

Classe de DSAA1 et Carole Brulard, Molusma, Elvia Teotski, 2021

L’exposition Molusma du 25 septembre au 19 décembre 2021, imaginée par Elvia Teotski, interroge très rapidement sur l’exposition du vivant.
Plus d’une centaine de criquets vivant (400 environs) ont trouvé résidence dans l’enceinte de la Criée, pour cette exposition qui explore les possibilités des matériaux vivants, mais aussi dits « rebuts » dans notre quotidien. Déchets, moisissures et insectes cohabitent donc dans l’espace d’exposition sans aucune restriction d’évolution, de mouvement.
Cette utilisation du vivant n’est certes pas nouvelle, mais demande à chaque artiste, lieux d’exposition et visiteurs une attention particulière. Il convient alors de s’intéresser aux contraintes qui peuvent naître d’une telle collaboration humain/vivant et les intérêts qui peuvent ressortir de cette pratique.  

Criquet, Molusma, Evia Teotski, 2021

Après discussion avec Carole Brulard, il a été plus facile pour nous de comprendre les enjeux d’une telle installation. Il est tout d’abord important de noter que parce que le vivant est aussi synonyme de fragilité et d’éphémérité les quelques 400 criquets n’étaient plus qu’une dizaine lors de notre visite (novembre), ce qui a à la fois modifié notre comportement (déambulation moins hésitante, vigilance décrue), mais en disait aussi beaucoup sur le facteur “hasard” d’une exposition avec des éléments vivants. L’exposition est évolutive et de plusieurs manières, contrôlée à différents degrés.
Pour le cas des criquets, ce n’était pas intentionnel, le centre d’art a dû faire face à des éléments qu’ils ne pouvaient que partiellement contrôler, la chute de température, la taille de l’espace d’exposition, et évidemment l’intervention humaine. Même avec de nombreuses précautions prises (augmentation du chauffage, lente chauffantes, partenariat avec des producteurs locaux des Halles à côté pour l’alimentation, l’installation de rideaux pour délimiter leur espace) le caractère aléatoire de l’installation s’en est trouvé impacté.
Cependant d’autres aspects du vivant on eût été une belle surprise pour l’artiste, le public et le lieu d’exposition. Comme les pièces en alginates moulées sur des algues, qui ont pu montrer une évolution (moisissure) due à l’humidité du matériau moulé et les conditions d’exposition. Il est donc possible d’observer pour les personnes ayant vu ces pièces en début d’exposition et enfin une différence notoire. Ce caractère évolutif montre l’impossibilité qu’à l’homme à contrôler l’ensemble du vivant qui l’entoure et permet un « renouvellement » dans les installations présentées, sur une certaine temporalité.

Elvia Teoski n’est pas la seule artiste à avoir fait intervenir le vivant dans son exposition et certains artistes se sont plongés dans cette dimension parfois beaucoup plus frontalement. Exposer le vivant veut aussi dire intéractif, il y a un lien étroit entre le public et l’œuvre et/ou artiste. Et cette interaction entre êtres vivants est aussi synonyme de hasards, ressentis particuliers. Abraham Pointcheval adepte des performances dont il fait partie intégrante a dû faire face au public pour la première fois lors de son installation “Oeuf” au Palais de Tokyo (2017). L’objectif est de faire éclore des œufs de poule en les couvant à 37° durant toute la période de couvaison. C’est peu commun qu’un artiste soit confronté au public à la manière d’une oeuvre, intouchable, sans possibilité d’intéraction (parole) directe. L’artiste a exprimé son malaise quant au fait de se retrouver autant exposé (enfermé dans une boîte en plexiglass) “Avant, je faisais corps, j’étais à l’intérieur des choses. Là, c’est une véritable transformation, je suis à l’extérieur, je suis celui qui entoure.”. Mais quelle réaction du public quand on floute la frontière de l’exposition en exposant le vivant Humain ?


Un malaise, des questionnements, de l’incompréhension, de la compassion peuvent être relevées, mais aussi et surtout de la curiosité. C’est ce qui a pu être observé lors de l’exposition Carte blanche à Tino Sehgal au Palais de Tokyo en 2016. Imaginez vous trouver dans un espace d’exposition totalement vide, aucune œuvre accrochée au mur, aucune installation déployée, aucune signalétique, toutes les portes sont ouvertes. Seuls les visiteurs en grand nombre sont présents, sont-ils vraiment tous.tes des visiteurs ?
C’est l’interrogation tout le long de la visite passant de pièce en pièce, chacunes animées par des groupes de personnes qui ne portent aucun signe distinctif et pourtant ça émerveille parce qu’au fur et à mesure le public se rend compte qu’il fait partie intégrante de l’installation vivante. Cette liberté donnée au public a cependant été un challenge pour le personnel du Palais de Tokyo, des spectateurs perdus dans les salles techniques, difficulté pour identifier les personnes ayant payé (pas de ticket), gestion de la centaine de figurants guidant les installations humaines. Toutes ces problématiques sont propres aux expositions interactives et faisant intervenir le vivant. Pourtant ces nouvelles pratiques se font de plus en plus nombreuses, nous questionnant sur ce qui pousse les artistes et lieux d’expositions à explorer ces pistes.

Œuf, Abraham Pointcheval, 2017

Exposer le vivant. Exposer signifie disposer de manière à mettre en vue une matière qui vit ; dont les fonctions de la vie se manifestent de manière perceptible.
Molusma, exposition de la Criée, Abraham Pointcheval en poule humaine ou encore Tino Sehgal au Palais de Tokyo, nous ont montré la complexité de travailler avec le vivant et ses résultats. Mais finalement, pourquoi l’utiliser ? Quels intérêts et qu’est ce que ces performances apportent-elles vraiment ? À travers la déambulation dans l’exposition de la Criée, le spectateur a pu se confronter et se questionner sur son rapport au vivant dans l’art contemporain. Mais aussi une confrontation avec les problèmes environnementaux. Le spectateur est mis face à des matériaux vivants qui re-questionnent nos pratiques et nos habitudes face à la nature. On comprend alors que le vivant est utilisé ici pour réveiller les consciences et proposer des alternatives.  Il en est de même dans les performances de Michel Blazy. Artiste contemporain, Michel Blazy travaille avec l’organique et le spatiotemporel. Ses installations sont souvent vivantes : elles incluent, respectueusement, des formes de vie en train de persévérer dans leur être. Insectes, moisissures (fungi), végétaux… Michel Blazy explore les interstices du vivant, les formes évolutives (solitaires, grégaires) et les distributions des entités animées, dans le temps et l’espace (celui des lieux d’exposition). En ouvrant l’environnement contrôlé du musée à l’imprévisibilité des processus naturels, en créant ainsi une expérience multi-sensorielle et en constante évolution à mesure que ces matériaux périssables changent physiquement, les installations de Blazy encouragent le public à remettre en question les notions de répulsion et de dégoût et à repenser nos hypothèses sur la beauté esthétique. L’intérêt d’utiliser le vivant chez ses artistes relèvent donc de problématiques et enjeux sociétaux qui les animent et tentent de s’exprimer à travers ces œuvres.

Timeline, Michel Blazy, galerie des Ponchettes à Nice

Cependant, utiliser le vivant n’est pas uniquement utilisé pour provoquer le spectateur. Il est également envisagé pour l’artiste lui-même. Lors de ses performances en solitaire, Abraham Poincheval repousse ses limites physiques et mentales. Dans cette performance, Abraham Poincheval se confronte pour la première fois au monde vivant. À travers son intention étonnante de couver des œufs de poules jusqu’à leur éclosion, A. Poincheval y voit un moyen de défier le temps et les lois naturels.

Dispositifs évolutifs et installations éphémères leur permettent d’explorer la prolifération incontrôlée de micro-organismes dont les métamorphoses, transformations et changements d’état sont autant de moments nécessaires à l’activation des œuvres de ces artistes et à leur développement. Exposer le vivant est ainsi une expérience imprévisible qui ne dépend plus de l’artiste après sa conception, provoquant de nouvelles interrogations et de nouveaux intérêts supplémentaires. Utilisés de manière réfléchie et conceptuelle, ces dispositifs sont le fruit de plusieurs interrogations auxquels les artistes tentent d’apporter solutions ou analyses en provoquant, questionnant le spectateur ou eux-mêmes. Et vous, dans l’exposition Molusma, quelles contraintes et intérêts y avez-vous vécu ? 

Marie et Romane

Installation > Mutation > Sensations

jeudi 23 décembre 2021

 

Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, le sens figuré du terme immersion renvoie au fait d’être plongé dans une ambiance particulière. C’est un concept que de nombreux artistes utilisent dans leurs œuvres et notamment sous la forme d’installations. Ces dernières leur permettent de plonger les spectateurs dans une atmosphère singulière faisant appel à tous leurs sens, leur procurant ainsi différentes émotions. C’est le cas notamment de l’exposition On Air de Thomas Saraceno au Palais de Tokyo où il expérimente autour de notre rapport au vivant. Il s’agit d’une excursion dans un environnement mêlant le naturel à l’espace aseptisé d’une salle d’exposition. Le spectateur est confronté à une installation en constante évolution puisqu’une multitude d’araignées tissent leurs toiles au sein même de l’espace d’exposition. Il pose ainsi la question suivante : Le caractère évolutif d’une installation immersive possède-t-il un impact sur le ressenti de l’usager ? C’est une problématique qu’aborde Elvia Teotski dans son œuvre Molusma en introduisant 400 criquets à La Criée. Les émotions des spectateurs sont multiples et évoluent au cours de leur visite. Comment Elvia Teotski place ce ressenti au service d’un message à véhiculer ?

 

Courtesy the artist; Andersen’s, Copenhagen; Esther Schipper, Berlin; Pinksummer Contemporary Art, Genoa; Ruth Benzacar, Buenos Aires; Tanya Bonakdar Gallery, New York. © Photography Andrea Rossetti, 2018.

 

L’exposition Molusma, du grec tâche, souillure, met en avant une forme de revalorisation des déchets en ré-employant des matériaux déclassés ou abandonnés. Elle nous accueille dans un environnement mêlant l’habité et l’expérimental. Un lieu où des mouvements presque perceptibles s’en détachent, amenant une déambulation qui se veut attentive, dans un environnement où cohabitent différentes composantes organiques en constante évolution. Cette dernière est dûe à la présence d’êtres vivants (criquets) qui occupent l’espace de l’installation et impactent directement les œuvres. Au fur et à mesure de l’exposition, une altération s’opère, témoignant de la présence de ces insectes sur les productions de l’artiste (traces de terre sur le sol, disparition voulue et progressive des œuvres parfois comestibles, etc.). 

 

 

De leur côté, les visiteurs de l’exposition se retrouvent directement confrontés à ces êtres vivants. Selon la période à laquelle ils se rendent à La Criée, leurs ressentis varient. En effet, cette installation évolutive témoigne du cycle de vie des criquets. Sa mutation est perceptible par la quantité d’insectes présents aux différents stades de l’exposition : au début de l’installation, il y en avait environ 400, à la fin, seulement une dizaine. Cela change complètement l’expérience des visiteurs vis à vis des œuvres. Dans un premier temps, nous pouvons observer un certain inconfort chez les spectateurs, dû au foisonnement de ces êtres vivants. Leur démarche et déambulation se voient adaptées : ils prennent leur temps, les observent et leur accordent une attention particulière afin de ne pas les écraser. Une certaine empathie s’en dégage, renforcée par le rapport d’échelle entre les humains et ces petits êtres vivants. Dans un second temps, dès lors que le nombre d’insectes diminue, le ressenti des spectateurs évolue. Ils cherchent dorénavant les criquets, là où, au départ, ces derniers venaient à eux. Les visiteurs ne ressentent plus vraiment la peur de s’immiscer dans un environnement qui ne leur est pas dédié. L’évolution des émotions provoquées par l’exposition pousse les spectateurs à questionner leur rapport à l’environnement naturel, en dehors du cadre de La Criée.

 

Cette prise de conscience pousse les spectateurs à questionner leur attitude globale face à la nature et leur place dans l’environnement. Les productions d’Elvia Teotski se composent de matériaux déclassés. Elles poussent les visiteurs à se questionner sur la façon dont on considère ces matières, perçues comme envahissantes et nuisibles. 

Cette installation questionne le rapport aux œuvres et la distance que l’on instaure habituellement avec celles-ci dans les lieux d’expositions (distance, préciosité, etc). Cependant, le fait de placer des êtres vivants dans ce contexte d’installation, élève le statut de la nature au grade d’œuvre d’art. Le spectateur peut transposer ce lien directement avec les êtres vivants dans un environnement naturel. En effet, lors d’une promenade en forêt, on ne pense pas aux insectes que l’on est susceptible d’écraser, alors que dans cette exposition, on y porte une attention plus particulière. En même temps de créer une distance, ces êtres vivants viennent chercher cette proximité avec le spectateur en re-questionnant cette posture habituelle auquelle l’exposition fait appel. Le spectateur se sent donc légitime de briser cette barrière et un certain équilibre se met en place entre les deux entités.

 

 

Ainsi, l’installation d’Elvia Teotski développe chez le visiteur des émotions différentes, selon sa personnalité, sa sensibilité envers l’environnement, ou encore la période à laquelle il se rend à l’exposition. La présence de criquets dans l’installation le confronte directement à une problématique environnementale qu’est l’impact de l’homme sur notre planète. Le spectateur peut ressentir un certain inconfort qui va accentuer et intensifier ses réflexions. Cette sensation de mal être face aux êtres vivants a notamment été développée par Hitchcock dans son film Les oiseaux. Une ambiance de terreur est instaurée par une multitude d’oiseaux venant attaquer un village américain. En sortant de la projection, le public est sous le choc, beaucoup ont, depuis, développé une peur inconditionnelle de ces volatiles. L’immersion dans le milieu naturel des êtres vivants peut ainsi provoquer chez le spectateur des sensations fortes, au service de messages à véhiculer, en particulier l’urgence écologique dans laquelle nous nous trouvons. 

 

Les Oiseaux (The Birds) est un thriller américain, réalisé par Alfred Hitchcock, sorti en 1963.

 

Camille Correia, Mathilde Galy et Léa Garait

Atelier 2 : choisir et mettre en commun

vendredi 17 décembre 2021

Atelier 2 : choisir et mettre en commun

Par Clément L.

 

Pour le 2ème atelier, nous avons commencé par travailler en classe sur le projet et plus particulièrement sur les images à graver sur les 4 côtés du coffre mais aussi sur les objets que nous allons créer individuellement.

Nous avons commencé par comprendre la demande du travail à faire. Il s’agit de réaliser un objet en 3D, en bois, à partir de gravures anciennes représentant des systèmes hydrauliques. Pour cela, nous avons pris du papier calque pour « capturer » les formes qui nous intéressent pour ensuite les reproduire sur du papier Bristol au marqueur noir pour ne pas pouvoir l’effacer. Nous avions du mal à comprendre le travail demandé car Julien nous explique les choses d’une manière professionnelle par rapport à nous qui n’avons aucune expérience dans le domaine artistique, mais au final il n’y avait rien de bien compliqué. Il était aussi difficile pour nous de faire preuve de créativité d’autant plus qu’il s’agissait de dessiner au marqueur noir sans possibilité d’effacer alors qu’au quotidien nous sommes plus habitués à tracer au crayon à papier. Mais même si la tâche était complexe, nous avons apprécié cet atelier.

Dans un second temps, nous avons mis en commun nos idées pour le choix des photos prises lors de la sortie dans les marais de Dol. Nous avons classé les images selon 5 thèmes : le marais noir, le paysage, la tangue, la végétation, les troncs de saule. Les photos étaient dimensionnées aux côtés de notre futur coffre et découpées à l’échelle 1/10e. Lors de la sortie dans le marais, nous avions pris toutes nos photos grâce à des cadres en bois dimensionnés à l’échelle 1. Pour nous aider à choisir les 5 images qui représenteront les 5 faces visibles de notre coffre, nous les avons positionné en vue éclatée du coffre. Le plus difficile pour nous a été de réussir à nous mettre d’accord collectivement. Chacun a pu exposer ses arguments et en faisant preuve d’écoute et de compréhension mutuelle nous avons pu faire un choix qui correspond aux envies de tous.

Pour finir, nous nous sommes répartis en 3 groupes. Le premier groupe devait travailler sur le débit des panneaux à sculpter. Le deuxième groupe devait s’occuper de réaliser avec des chutes de bois, une maquette du coffre à l’échelle 1/10e. Et le troisième groupe devait travailler sur le plan du coffre et trouver des solutions pour assembler les panneaux de contre-plaqué pour la structure de celui-ci. Nous avons tous apprécié rentrer dans la fabrication de notre œuvre.

 

Groupe Actions Difficultés rencontrées
Groupe 1, groupe débit : Irvin, Benjamin, Boubacar – Sélectionner dans le parc à bois les bonnes essences (tilleul et noyer).

– Tracer les mesures (110 cm) pour préparer le débit des panneaux toutes longueurs.

– Débiter le bois à la tronçonneuse en travers fil.

– Passer les planches débitées à la déligneuse pour enlever les défauts et constituer des panneaux pour un collage à plat-joints.

Il fallu optimiser nos découpes en éliminant les défauts du bois (l’aubier, les gerces, les nœuds, le cœur…)
Groupe 3, groupe plan du coffre : Ophélie, Clément L., Clément G. – Chercher des solutions pour assembler les panneaux de contre-plaqué de la structure du coffre.

– Discuter entre nous pour trouver des solutions et mutualiser nos idées.

– Esquisser des dessins techniques pour penser l’étude de la construction (vue globale du meuble à l’échelle ¼ mais penser les solutions techniques à l’échelle 1).

Trouver une solution technique solide et efficace.

 

Atelier 1 : visiter le Marais

vendredi 17 décembre 2021

Atelier 1 : visiter le Marais

Par Benjamin

Jeudi 18 novembre 2021, nous sommes allés visiter le marais de Dol pour découvrir ses caractéristiques et capturer des images pour la suite du projet. Nous étions accompagnés de Julien Laforge, de l’équipe de La Criée et de Marion Perez, animatrice du patrimoine pour la communauté de communes du Pays de Dol et de la Baie du Mont-Saint-Michel.

Nous sommes d’abord allés voir le marais noir sur la commune de La Fresnais, près du pont de La Goutte. La terre y est noire comme du charbon. Elle est pauvre en nutriments, c’est plutôt une terre d’élevage. Nous nous trouvons alors 6 à 7 mètres en-dessous du niveau de la mer, à l’emplacement des anciennes tourbières. Ces tourbières ont été asséchées entre le 14ème et le 15ème siècle par un système de drainage et d’irrigation. En atteste encore la présence de biais (il s’agit de petits canaux) et d’écluses. Dans le marais noir, nous avons capturé des images de terre labourée, de la géographie de l’environnement, des végétaux et de bois coupe…

Ensuite, nous sommes allés sur la commune du Vivier-sur-mer, à la découverte du marais blanc et d’un environnement plus boisé et plus aménagé. La terre y est plus claire grâce au dépôt des sédiments marins. Ils la rendent également plus fertile, c’est une terre propice à la culture. Nous nous arrêtés juste entre le Guyoult (cours d’eau) et le Cardequin (un biais). La végétation est plus boisée, avec notamment de nombreux peupliers.

Pour notre dernière escale, nous nous sommes rendus dans le port du Vivier-sur-mer, sur les bords de l’estran. Devant nous, le paysage s’étendait de Cancale au Mont-Saint-Michel, la marée était montante. Sous nos pieds, le sol n’était pas de la terre comme précédemment mais un mélange calcaire de sable, de sédiments marins et de débris coquilliers appelé la tangue. Son aspect est vaseux et sa couleur oscille entre le gris clair, le beige et le marron claire. Il garde les traces des passages d’animaux et des ruissellements de l’eau. Ce sont principalement ces traces que nous avons photographiées ainsi que la végétation.

Tout au long de la journée, nous avons pris des photos à l’aide de cadres en bois dimensionnés aux faces de notre future œuvre. De retour au Lycée nous avons dessiné de mémoire une carte de nos trajets de la journée, à l’aide de fusain. Et nous avons également enregistrés quelques sons pour garder une trace sonore de cette sortie.

Nous avons passé une très bonne journée en compagnie de Julien Laforge, de Marion notre guide et de l’équipe de La Criée. Il était intéressant de découvrir une si grande variété de paysages et de végétation en si peu de kilomètres. La faune et la flore étaient différentes à chacune de nos étapes. A présent, nous sommes curieux de voir comment nous allons retranscrire ces environnements sur le bois.

expérience autour de la terre:essai de fabrication de briques

jeudi 16 décembre 2021

Pour fabriquer des petites briques en terre, on a prélevé dans le jardin de la terre dans une grosse boite.

Ce jour là, la terre était humide grâce à la pluie il a été facile de modeler  des petites boules et de les poser dans les moules à financier.

Le terre était pleine de cailloux et de copeaux qu’on enlevait au fur et à mesure

Le lendemain, la terre  était toute sèche, car elle est restée dans la classe bien chauffée.La terre sèche à la chaleur.

Comment continuer notre fabrication de brique?

On a décidé de casser les grosses mottes de terre et de  rajouter de l’eau…On en a trop mis, trop liquide pour faire les briques aujourd’hui.Une idée!On a rajouté de la pâte à bois pour qu’elle s’épaississe, pour que puisse fabriquer les briques le jour même..

la terre du jardin juste bien pour être modelée et pour fabriquer les briques

Le lendemain terre trop sèche pour être modelée

Rajout d’eau.La terre est trop liquide.

 

On rajoute de la pâte à bois afin que la terre durcisse et on remplit les moules de terre.

Voici le résultat

Les briques ont séché et on a essayé de les fixer avec de la terre mais les briques se sont détachées les jours suivants.

La rencontre avec Julien Laforge

jeudi 16 décembre 2021

La rencontre avec Julien Laforge

Par Ophélie

En ce jeudi 23 septembre 2021, nous avons rencontré pour la première fois Julien Laforge, un artiste sculpteur qui sera en résidence dans notre classe toute l’année. Voici le récit de cette rencontre.

Avant de découvrir le travail de Julien Laforge. Nous avons fait connaissance avec tous les partenaires de ce beau projet : Amandine, Carole et Jeanne du Centre d’Art La Criée mais aussi, Madame Dorchies, Monsieur Seradin, Monsieur Bailleul et Madame Guitton., nos professeurs. Nous nous sommes tous présentés à tour de rôle.

Nous avons joué avec Julien et Amandine au jeu Lizellba créé par l’équipe de La Criée et trois artistes. C’est un jeu qui a pour but de construire une exposition à partir des œuvres exposées à la Criée. J’ai beaucoup aimé ce jeu car c’est un jeu collectif où il n’y a ni gagnant ni perdant. Nous avons juste joué pour le plaisir et pour découvrir des œuvres et nous initier à l’art. Grâce à Lizellba, nous avons créé notre propre exposition fictive en manipulant des œuvres miniatures. Nous avons intitulé notre exposition « le temps s’écroule ». Je trouve que jouer à ce jeu lors de cette première rencontre était intéressant car cela m’a permis d’apaiser mes craintes vis-à-vis du monde artistique et du projet que nous devons mener tous ensemble.

Après avoir joué à Lizellba, Julien Laforge nous a présenté son travail. Il a apporté de grandes photos de ses œuvres ainsi que des modules en bois constituant ses sculptures. J’ai trouvé qu’il avait un savoir-faire incroyable ! Je n’aurais jamais imaginé que l’on puisse faire « couler le bois » et créer de tels arrondis et de telles courbes avec ce matériau. J’ai été impressionnée par la grandeur de ses œuvres et par sa démarche de création. Julien nous a expliqué qu’il aime travailler le hêtre et le tilleul. Au fil du temps, il s’est constitué un répertoire de formes en bois, un peu comme un « vocabulaire ». Il produit ses formes en séries à partir de gabarits. Il les découpe à la scie à ruban puis il les travaille à la fraiseuse pour créer des imperfections. Il ne cherche pas la forme parfaite. Julien Laforge assemble et combine les formes de son vocabulaire pour créer ses sculptures.

Après la théorie, place à la pratique ! Après la pause, nous nous sommes retrouvés au CDI pour nous lancer de façon concrète dans notre projet de création artistique. Avec Julien, nous allons travaillé autour du paysage de Dol-de-Bretagne. En effet, ce paysage est depuis toujours façonné par l’eau. Il semble sculpté par les méandres de la rivière et par le ruissellement de l’eau dans la terre. Julien nous a donné à chacun un jeu de gabarits circulaires en carton que nous utiliserons durant tout le projet. Avec ces gabarits, nous avons tracé un circuit de courbes sur une grande feuille de papier. Puis, nous avons tracé de nouvelles courbes sur des images proposées par Julien. Ces images étaient toutes en lien le thème de l’eau et des méandres. Nous avons ensuite découpé ces courbes illustrées pour enfin les assembler comme un puzzle sur le circuit en papier. J’ai trouvé cet atelier génial car il nous a demandé de faire preuve d’imagination, de créativité et d’ingéniosité.

Cette première journée était pour moi une vraie réussite ! Vivement la suite du projet !