« L’art à nos fenêtres « 

jeudi 25 juin 2020

En attendant la reprise des visites scolaires pour les élèves, le parcours d’éducation artistique et culturelle se poursuit par les fenêtres de nos écrans !

Dans le cadre du dispositif « L’art à nos fenêtres » initié par l’Académie de Rennes – DAAC Bretagne et le Ministère de la Culture – DRAC Bretagne, le FRAC Bretagne et La Criée centre d’art contemporain s’associent pour proposer des parcours d’éducation artistique et culturelle aux classes de cycle 3 et plus.

Partant de leur programmation respective, La Criée centre d’art contemporain et le Frac Bretagne proposent aux enseignant.e.s et à leurs élèves de découvrir les œuvres et la démarche de quatre artistes, via des vidéos aux formats courts, des ressources accessibles en ligne, des propositions d’ateliers faciles à réaliser. Le choix des œuvres offre d’observer, échanger et pratiquer autour de médiums différents (peintures, vidéos, photos, installation), tout en explorant les rapports entre images, textes et sons, avec une ouverture interculturelle.

Chaque entrée par artiste s’articule autour de trois volets :

  • Ressources culturelles : présentation d’une œuvre et d’une démarche artistique
  • Ressources pédagogiques pour les enseignant.e.s
  • Propositions d’ateliers de pratique artistique à expérimenter en classe ou en autonomie

Pour chaque artiste, une rubrique « Voir en musiques » est proposée : une action ou un atelier articulant des œuvres plastiques avec des musiques ou une chanson. En effet, les œuvres choisies émergent toutes dans des environnements culturels dont la musique fait partie ; parfois, elles sont même conçues dans un dialogue profond avec celles-ci.

En résonance avec les « petites cuisines musicales » de l’Opéra de Rennes autour des musiques traditionnelles et savantes.

À LA UNE !

Si vous ne pouvez pas venir voir les expositions dans les espaces de La Criée et du Frac, les expositions viennent à vous, avec des ressources à écouter, voir, échanger et pratiquer.

Amadou Sanogo

Né en 1977 au Mali, Amadou Sanogo réalise des peintures avec de grandes figures bordées d’aplats colorés ou composés de motifs répétitifs. Sa pratique s’ancre dans la culture traditionnelle de Ségou, tout en étant en prise avec l’actualité et sa vie quotidienne à Bamako. Pour son exposition De Paroles, en paraboles, on se sert à La Criée (du 26 mai au 30 août 2020), il présente une série de peintures inspirées de proverbes bambaras, des paroles de sagesse en images.

Martin Parr

Artiste britannique, né en 1952, M. Parr aime photographier les touristes, les foules au bord de la piscine, saisir les détails de la décoration des maisons, de scènes de rue, de vêtements, de repas… il examine et tourne en dérision les habitudes de la société anglaise et internationale avec des photographies en noir et blanc puis aux couleurs éclatantes. Son exposition rétrospective Parrathon au Frac Bretagne (du 13 juin 2020 au 24 janvier 2021) présente plus de 500 de ses photographies.

DES HISTOIRES PARTAGÉES

Certaines œuvres partagent une histoire avec une exposition de La Criée et la collection du Frac Bretagne, « L’art à nos fenêtres » est une occasion de s’y attacher.

David Horvitz

Artiste américain, né en 1982, David Horvitz développe une œuvre nomade et poétique, qui explore notre rapport au temps, au paysage, à l’écologie des espaces et réseaux numériques. À l’occasion de son exposition La forme d’une vague à l’intérieur d’une vague à La Criée centre d’art contemporain en 2019, il a produit l’œuvre Berceuse pour un paysage qui a rejoint les collections du Frac Bretagne.

Katia Kameli

Artiste franco-algérienne, née en 1973, son travail aborde la traduction, l’interprétation, l’archive et la mémoire, la construction identitaire individuelle et/ou nationale, entre documents et fiction. Associée au cycle artistique 2019-2021 Lili, la rozell et le marimba (vernaculaire et création contemporaine) de La Criée, elle a plusieurs œuvres dans la collection du Frac Bretagne, dont la vidéo ya Rayi qui raconte l’histoire de la musique raï de manière sensible et subjective.

L’ensemble des contenus sera bientôt disponible sur le site de la DAAC Bretagne !

_

En bonus sur le blog Correspondances : une œuvre à l’écoute produite par le duo d’artistes Ferruel & Guédon durant le confinement, dans le cadre d’un projet EAC en cours…

 

 

Tout un monde vu d’ici

lundi 9 mars 2020

Tout au long de son cycle artistique  Lili, la rozell et le marimba (2019-2021), consacré aux liens entre création contemporaine, productions et savoirs locaux, La Criée développe un projet de jumelage avec l’école élémentaire Trégain, intitulé Tout un monde vu d’ici. Pour cette première année, le projet est mené avec les quatre classes de CM1 -CM2 et associe l’artiste Amadou Sanogo.

Le jumelage comprend différents temps de rencontres à La Criée et à l’école : des présentations du centre d’art, de ses coulisses et de ses métiers ; des visites des expositions ; un travail mené en classe par les enseignants à partir de la découverte des œuvres ; des rencontres et ateliers avec des artistes de la programmation artistique ; des restitutions des productions des élèves et des échanges via le blog Correspondances.

Suite à la visite de l’exposition de Seulgi Lee en début d’année 2019-2020, les élèves de CM1-CM2 ont commencé un travail autour des proverbes et de leurs représentations. Cette recherche se prolonge avec la rencontre de l’artiste Amadou Sanogo, invité en résidence à Rennes pour la préparation de son exposition De Paroles ne paraboles, on se sert à La Criée centre d’art contemporain.

Du 9 au 13 mars 2020, Amadou Sanogo est intervenu à l’école Trégain. Il a répondu aux questions des élèves sur sa pratique, puis, en atelier, il a réalisé des esquisses inspirées de ses œuvres précédentes ou en cours. Il a ensuite invité les élèves à réaliser des peintures exprimant « ce qu’ils ont dans la tête ou dans leur cœur ». Sensible à la question de la transmission, Amadou Sanogo souhaite intégrer ces productions à son exposition à venir De paroles en paraboles, on se sert à La Criée.

_

Amadou Sanogo vit et travaille à Bamako au Mali où il réalise des toiles avec de grandes figures bordées d’aplats colorés qui construisent l’une après l’autre une « chronique picturale du quotidien ». Son travail et ses modalités sont en prise directe avec la société malienne, dans son épaisseur culturelle et historique autant que dans sa complexité politique et sociale actuelle. Pour La Criée, il réalise des toiles inédites à partir de proverbes bambaras, collectés dans la région de Ségou, sa ville natale. Pour l’artiste, la sagesse des hommes est dans les proverbes et la richesse provient de leur transmission.

 

 

 

De paroles en paraboles, on se sert

lundi 2 mars 2020

De paroles en paraboles, on se sert, Amadou Sanogo du 26 mai au 30 août 2020

Né en 1977 au Mali, Amadou Sanogo réalise des peintures avec de grandes figures bordées d’aplats colorés ou composés de motifs répétitifs. Sa pratique s’ancre dans la culture traditionnelle de Ségou, tout en étant en prise avec l’actualité et sa vie quotidienne à Bamako.

Dans le cadre de son exposition à La Criée centre d’art contemporain, Amadou Sanogo présente un ensemble de treize toiles grands formats spécialement réalisées pour l’occasion et inspirées de proverbes bambaras. Ces peintures sont l’écho du quotidien de l’artiste, qu’il s’agisse d’interrogations ou événements personnels ou liés à l’actualité sociale, politique, économique et culturelle. Elles sont des paroles de sagesse en images.

Pour préparer ou prolonger votre visite

Les Correspondants : découvrez ici quelques productions d’ateliers et les retours des participants aux jumelages Correspondances.

Les Ressources pédagogiques : pour en savoir plus sur les œuvres, l’artiste et ses sources d’inspirations. Vous trouverez une interview d’Amadou Sanogo, sa biographie, un abécédaire de l’exposition, une bibliographie jeunesse, un livret-jeux à télécharger, un dossier pédagogique « A pieds d’œuvres », une playlist de musiques du Mali, des articles thématiques sur l’histoire du mali, la technique du bogolan, etc.

Pour accéder aux articles, il suffit d’un clic sur les images !

 

Là où je suis, là d’où je viens, là où je vais

mercredi 5 février 2020

La Criée centre d’art contemporain invite les artistes Aurélie Ferruel & Florentine Guédon à mener un travail de recherche et de création à partir des collections patrimoniales des musées rennais, en regard de leur pratique et de la question du vernaculaire.

Aurélie Ferruel & Florentine Guédon inscrivent leur réflexion plastique dans une perspective anthropologique. L’humain, son histoire, sa mémoire et son savoir, en est le sujet moteur. Pour mieux l’appréhender, elles mènent un travail d’analyse sur le terrain, en immersion conviviale et collective. Depuis 2010, elles partent à la rencontre de groupes, de clans et de tribus, proches et inconnus, dont elles décryptent les mœurs, les traditions, les rites, les costumes, les danses, les chants, les spécialités gastronomiques et toutes les spécificités qui les composent. Les deux artistes tentent de saisir les objets, les gestes, les mythes et les codes qui architecturent les microsociétés dont elles s’imprègnent.

Dans le cadre du cycle artistique Lili, la rozell et le marimba, Aurélie Ferruel et Florentine Guédon sont invitées à mener une résidence de recherche sur deux ans. Celle-ci se nourrit des rencontres et récits collectés auprès des professionnels et amateurs des musées des beaux-arts, du musée de Bretagne, de l’université Rennes 1 et de l’Écomusée du pays de Rennes.

En correspondances, La Criée développe un projet de jumelage avec le collège de la Binquenais, intitulé Là où je suis, là d’où je viens, là où je vais. Les élèves découvrent les collections muséales, les expositions d’art contemporain à La Criée, partagent les étapes de recherche et de création des artistes lors de rencontres et ateliers.

En 2019/2020, les élèves explorent la question « là où je suis, là d’où je viens », en constituant des collections d’objets personnels, d’objets choisis au musée de Bretagne ou par les artistes. Cette première année permet de comprendre comment se constitue une collection (en passant du privé au public, de l’individu au collectif, du vernaculaire au patrimoine). Elle a donné lieu à des enregistrements sonores autour de la « collection des chercheurs épatants » et à une création, Jolie Crâne, qui mêle des chants, des témoignages, des récits entre fictions et réalités.

En 2020-2021, il s’agit pour les élèves et les artistes de projeter « là où je vais » : à partir des matériaux collectés, quelle création imaginer ? Ferruel et Guédon choisissent d’orienter leur recherche autour des animaux parasites ; elles recueillent des histoires populaires, historiques, scientifiques ou artistiques, se référant aux animaux mal-aimés dans les collections patrimoniales et invitent les élèves à imaginer et construire leur habitat, en partenariat avec l’Écomusée.

L’Œuf pondu deux fois

lundi 2 décembre 2019

Intitulée L’Œuf pondu deux fois, l’exposition d’Éléonore Saintagnan à La Criée centre d’art contemporain rassemble une sélection de films, présentés dans des cabanes construites à partir de techniques et de matériaux glanés aux alentours. Des objets, jeux et poteries fabriqués par l’artiste, complètent cet ensemble.

Le titre de l’exposition est emprunté à un roman de Richard Brautigan dans lequel l’écrivain dresse une liste de livres jamais publiés, que le personnage principal recueille dans une bibliothèque dont il est le gardien*. L’Œuf pondu deux fois, est l’un de ces livres. Pour Béatrice Quinn Porter, son auteure, « [il est] la quintessence de toute la sagesse et la philosophie qu’elle [a] acquises en vingt-six ans passés à s’occuper d’un élevage de poules, à San José »*. Éléonore Saintagnan avait déjà utilisé le titre d’un des livres imaginaires de ce roman pour sa première exposition monographique, Dieu et la Stéréo. Selon elle, les personnages de ses films sont un peu comme les auteurs de ces livres non publiés.

L’artiste s’est d’abord fait connaître par ses films. Fruits d’un long travail de terrain et d’un art de la rencontre et du partage, ceux-ci imbriquent avec humour et sagacité réalité et fiction, conte et ethnographie, communautés et individus. S’y déroulent des micro-histoires, bien réelles bien que souvent fantaisistes (Les Malchanceux, La grande nouvelle) ou librement inspirées de la réalité (Une fille de Ouessant, Les petites personnes), qui font écho à la grande Histoire. Elle y développe un goût pour l’absurde, mêlé à des saillies d’humour et de dérision, ainsi qu’une tendresse furtivement mélancolique, souvent liée à l’enfance.

Ce goût pour l’absurde, doublé d’un intérêt nouveau pour l’artisanat, se retrouve dans ses objets. Ainsi, elle présente pour la première fois un ensemble de pots qui ont formes de visages et dont les motifs empruntent aux vocabulaires à la fois moderniste et primitiviste, qu’elle métisse avec humour, voire insolence, et élégance. Un tapis de jeu, confectionné par l’artiste en Asie à partir de costumes traditionnels coréens et japonais, permet aux visiteurs d’expérimenter et de réapprendre des jeux folkloriques oubliés.

Une autre expérience proposée aux visiteur·se·s – des cabanes dans lesquelles il faut grimper et s’installer pour regarder les films –, donne à l’exposition un air de campement néolithique et/ou utopique. On retrouve dans ces constructions la volonté de l’artiste de faire avec les mains, mais aussi son art de la rencontre, puisqu’elle a imaginé et réalisé ces cabanes en étroite collaboration avec l’équipe technique de La Criée, des stagiaires et des artisans locaux.

Les œuvres de l’exposition d’Éléonore Saintagnan L’Œuf pondu deux fois sont comme les différentes portes d’entrée ou chapitres d’un récit plurimédia et pluridimensionnel, qui se regarde et s’écoute autant qu’il se pratique. Ce récit serait celui d’une bibliothécaire attachée à nous faire connaître des histoires inconnues, minorées et pourtant riches, épaisses et parfois miraculeuses.

* Richard Brautigan, L’avortement : une histoire romanesque en 1966, 1970 (traduit en 1973 par Georges Renard)

Le plus tôt c’est deux jours mieux

jeudi 29 août 2019

Intitulée LE PLUS TÔT C’EST DEUX JOURS MIEUX, d’après le proverbe breton ’N abretañ ar gwellañ (en français : Le plus tôt c’est toujours mieux), l’exposition de Seulgi Lee à La Criée centre d’art contemporain présente un ensemble d’œuvres nourries de collaborations proches ou lointaines. Elle explore la notion de trope, une figure de style entraînant un changement ou un détournement de sens. L’artiste emprunte la notion de trope à Richard Sennett1. Définissant l’artisanat au‑delà d’un savoir‑faire spécialisé, le sociologue réévalue la contribution fondamentale de celui‑ci au développement des pratiques, mais aussi des théories humaines. L’approche de Richard Sennett trouve un écho dans l’œuvre de Seulgi Lee, qui «travaille depuis quelques années en étroite collaboration avec des artisans, dans une tentative de rendre visible le lien entre l’artisanat et la culture orale »2.

Le titre est le premier trope de l’exposition : l’écart de sens est lié ici à une appréhension décalée du proverbe par l’artiste, qui joue avec humour de son rapport d’étrangeté à la langue française. On retrouve également la figure de style dans l’ensemble d’œuvres U, dont six couvertures sont présentées à La Criée. Sur celles-ci, des compositions géométriques sont réalisées dans la technique traditionnelle du Nubi, chacune figure un proverbe très usité en Corée. Deux détournements se produisent simultanément via le traitement imagé de la langue et la puissance symbolique des dessins. Ainsi, dans Même la sandale en paille trouve sa paire, qui veut dire, une âme sœur existe pour chacun·e (짚신도짝 이있다 se lit en coréen, Jip Sin Do Jjak I It Da), on peut effectivement voir deux sandales dans les ovales en tissus colorés de la couverture qui se superposent légèrement.

L’intérêt pour la transmission orale amène Seulgi Lee à s’intéresser à la culture immatérielle des régions françaises à travers leurs répertoires de chansons traditionnelles. Les deux films présentés dans l’exposition en témoignent. Le premier, intitulé DEPATTURE, proche du documentaire, recueille les chants et témoignages de chanteuses et chanteurs du Poitou, animés par leur goût pour le chant autant que par la défense de leur répertoire. Y fait écho la fiction ÎLE AUX FEMMES, tournée cet été dans le Trégor, dans laquelle deux femmes chantent et dansent dans le crépuscule qui s’épaissit.
L’exposition de Seulgi Lee à La Criée floute les frontières et opère à des glissements multiples de l’artisanat à l’art, de la transmission orale à sa fixation, de l’universel au singulier, de l’immémorial passé au fugace contemporain. L’artiste transforme La Criée par la couleur et réunit pour la première fois des couvertures de Tongyeong, des papiers chamans du mont Gyeryong ou de l’île Jéju en Corée, de la vannerie Ixcatèque du Mexique, de la poterie rifaine du Maroc ou des chants des pays de Gargantua, ponctués par deux grands stabiles en métal peint – représentations abstraites et géantes de sexes féminins. Seulgi Lee propose de plier l’espace de La Criée pour ensuite le déplier lentement afin de faire (re)sortir les lumières du crépuscule.

1 – Richard Sennett, Ce que sait la main : La culture de l’artisanat, Albin Michel, 2010
2 – Seulgi Lee, correspondance avec l’anthropologue Pierre Déléage, 17 juillet 2019

At The Gates

mardi 11 juin 2019

At the Gates met à l’honneur les voix puissantes et singulières d’artistes engagées dans les histoires sociales et la politique de l’intime. Défiant la loi et les institutions, les œuvres se font ici l’écho de la lutte pour l’émancipation des femmes et pour leur droit à disposer de leur corps. La loi Veil de 1975 en France, la révocation historique du huitième amendement de la Constitution et la légalisation de l’avortement en 2018 en Irlande, ainsi que toutes les luttes qui les ont précédées, sont parmi les sources à partir desquelles l’exposition prend corps.

Commissariat

Tessa Giblin, directrice de la Talbot Rice Gallery d’Édimbourg, avec Sophie Kaplan pour l’adaptation à La Criée centre d’art contemporain

Yvain!

mercredi 22 mai 2019

Dans le prolongement de la résidence d’Éric Giraudet de Boudemange à l’ESPE de Rennes, La Criée a invité l’artiste à développer ses recherches sous la forme d’une création numérique, en collaboration avec le game designer Tomavatars.

Ensemble ils ont imaginé le premier volet d’un jeu vidéo inspiré de l’univers de l’artiste. Intitulé Yvain !, ce jeu d’aventure est une libre interprétation du roman courtois Yvain, le chevalier au lion de Chrétien de Troyes. On y découvre des références à la littérature médiévale, la figure de l’homme sauvage et de l’amoureux désabusé, mêlées à différents langages de la culture populaire (graffitis, films, séries TV).

Le jeu a été présenté sous forme de performances avec Éric Giraudet et Tomavatars en janvier 2019 à la Fondation Ricard (Paris) et en février 2019 à La Criée centre d’art contemporain (Rennes). Il est en libre accès dans l’espace des Sources de La Criée et en téléchargement gratuit sur Mac et PC sur : la-criee.itch.io

Tes chansons

mardi 9 avril 2019

Imaginons un vélo. Un vélo qui circule dans la ville, qui s’arrête, se pose :
un point mouvant dans l’espace. Maintenant imaginons que ce vélo soit en fait une radio : une radio nomade, qui vient à la rencontre – qui déplace autant qu’elle se déplace : une métaphore. En grec ancien, métaphoron veut dire transport. Une image qui transporte, un véhicule imaginaire fait de mots et de mélodies. Imaginons une métaphore qui se promène, un vélo-radio
qui prendrait le temps de s’arrêter pour écouter, pour recueillir.
Il serait question de chansons, de ce qu’on se chantonne, des refrains
qu’on a dans la tête. Ce serait un vélo-radio pour glaner des mots,
des souvenirs, des témoignages sur les chansons qui nous habitent :
des impressions, des souvenirs, des fictions pourquoi pas. Des mots sur
ce que les chansons nous font, sur ce qu’elles activent, remuent, rappellent. Ce vélo est une radio est une chanson est une fiction. Il suffirait de laisser cette métaphore agir, infuser dans l’espace. Espace social, géographique, espace mémoriel et physique, espace interstitiel, où mots et mélodies s’entremêlent. À la rencontre de cette métaphore, qui s’arrêtera ici, ou là, au hasard des lieux et des individus. À côté de chez vous pourquoi pas ?
G. A.

Personne, pas même la pluie, n’a de si petites mains

mercredi 20 mars 2019

À l’inquiétude, à la démesure, aux replis qui nous traversent, à cet âge de la terre accéléré, précipité, la nouvelle exposition collective de La Criée centre d’art contemporain répond en proposant une pause, une suspension. Elle le fait avec la candeur oublieuse promise par le jour qui se lève.

Son titre, Personne, pas même la pluie, n’a de si petites mains, est le dernier vers d’un célèbre poème d’amour du poète et peintre américain e. e. cummings, écrit en 1931.

Rassemblant des œuvres qui se caractérisent par une attention à l’invisible, au fugace, Personne, pas même la pluie, n’a de si petites mains oppose à la fureur tapageuse de nos quotidiens la beauté fragile de ce qui pousse et bat lentement.

Comme le poète, qui floute les frontières entre l’humain et la nature en personnifiant la pluie, les œuvres de cette exposition se situent au point de jonction entre artefacts naturels et objets fabriqués, entre sensation et sentiment.

Comme le poète, qui prête des mains à la pluie et inversement, les œuvres rassemblées ici interrogent une distance – au temps, à l’espace, au présent – qui, se mesurant, se réduit ou du moins s’apprivoise.

Comme le poète, qui aime, l’exposition se veut le reflet d’une tendresse, sinon d’un éblouissement.

Et demain nous retournerons au feu.